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2. Révolution française
1791 : l'invention du mètre ou le triomphe de la raison
Le 26 mars 1791, l’Assemblée nationale approuve le rapport de l’Académie
des sciences qui définit une unité de mesure de la longueur à portée
universelle. Mais tout n'est pas encore gagné pour le mètre, dont
l'adoption se fera... pied à pied. Vendredi 26 Mars 2021 Jean-Louis Heudier, ASTRONOME (illustration à venir) Seize mètres étalons ont été placés dans la capitale entre 1796 et 1797.
L’un deux a résisté au temps et se trouve à deux pas de l’entrée du
Sénat. Heritage Images/Leemage La mesure des longueurs est chose délicate. Il est difficile d’exprimer dans la même unité la distance entre les villes, la longueur d’une bande de tissu, l’éloignement du voisin, les tailles de la Terre, d’un individu ou d’un objet. Pour les grandes distances, on utilisait la lieue, parcourue en une heure. Les bannis étaient éloignés à une lieue, une heure de marche, de la cité, c’est l’origine de banlieue ! Pour les petites distances, la longueur d’un pied était bien commode… encore fallait-il se mettre d’accord sur le pied de référence. Celle-ci était souvent la longueur du pied du gisant d’un souverain défunt. Pour les longueurs plus petites, le pouce : un douzième de pied, la ligne : un douzième de pouce, enfin le point : un douzième de ligne. Quelques autres unités étaient utilisées : la toise (envergure des bras, six pieds), l’aune (quatre pieds), la coudée (longueur de l’avant-bras, du coude à l’extrémité du majeur). Tout cela manquait cruellement de précision et restait localisé. La longueur du pendule battant la secondeEn 1583, Galilée, âgé de 19 ans, découvre que la durée du battement d’un pendule ne dépend que de sa longueur, quelle que soit la masse de l’objet oscillant. Dans les années 1650, Christiaan Huygens met au point un pendule qui bat la seconde. On pense alors avoir trouvé un étalon universel de longueur. Il est proposé que la longueur du pendule battant la seconde mesure trois pieds horaires ! 86 400 secondes séparant le retour du Soleil au méridien, on dispose d’un étalon universel et précis. L’Italien Tito Livio Burattini propose de nommer ce pendule metro, issu du grec metron, la mesure. C’est ainsi que trois pieds horaires, une moitié de toise, vont s’apparenter au mètre. Malheureusement, on découvre rapidement que la longueur du pendule battant la seconde dépend du lieu où elle est mesurée. Il est nécessaire de procéder à des ajustements. Les travaux de Picard sur le méridienAu XVIIe siècle, la précision des mesures menées par les astronomes permet d’établir enfin les grandes distances. Pour passer des mesures angulaires (longitude, latitude) aux distances (lieues), il faut mesurer avec précision la longueur d’arcs terrestres. C’est ce qu’avait entrepris Picard, en mesurant la longueur d’une portion du méridien passant par l’Observatoire de Paris. Dès 1672, à partir de la mesure de la plus grande base accessible dans le royaume de France – la distance Paris-Cayenne –, la distance de la Terre au Soleil est enfin établie : 33 millions de lieues de 2 000 toises de Paris, ou toises du Châtelet, dont la longueur « universalisée » est établie à partir de celle du pendule à seconde. Le 26 mars 1791, l’Assemblée nationale adopte un rapport de l’Académie (encore royale) des sciences ayant pour objectif de réaliser un système de mesures « ne présentant rien d’arbitraire, ni de particulier à la situation d’aucun peuple sur le globe ». L’Assemblée avait confié la préparation de cette étude à l’Académie dès mars 1790, l’étude étant officialisée le 8 mai et avalisée par Louis XVI le 22 août de la même année. Il est proposé que l’unité de longueur soit la dix millionième partie du quart du méridien terrestre et que l’unité soit calculée à partir de mesures qui seront faites entre Dunkerque et Barcelone. Les astronomes Méchain et Delambre sont chargés d’établir la longueur du méridien. Ils poursuivent les travaux initiés en 1669 par Jean Picard, puis suivis, depuis plus d’un siècle, par La Hire, Lacaille, les Cassini concernant la mesure de la Terre, dont les premières mesures fiables remontent au IIIe siècle avant l’ère moderne. Le trajet parcouru dans le vide par la lumièreLes mesures de la ligne Dunkerque-Barcelone commencent en juin 1792, à quelque temps de la chute de la royauté… Méchain et Delambre se heurtent à de nombreuses difficultés, ils sont pris pour des espions. Les autorisations validées par Louis XVI semblent suspectes, l’accès aux points élevés des Pyrénées est extrêmement difficile. Le travail avance très lentement. La Convention décide d’adopter un mètre provisoire, issu des mesures faites en 1740. L’Académie est dissoute, la mission est interrompue fin 1793 et reprend le 7 avril 1795, pour se terminer à l’automne 1798. La longueur du mètre est adoptée, légèrement plus courte que celle du mètre provisoire (1/3 de millimètre). Les étalons sont construits en juin 1799, en platine iridié, alliage particulièrement solide et indéformable (90 % de platine, 10 % d’iridium). Le système métrique va pouvoir s’imposer presque partout dans le monde. Les longueurs des étalons matériels ne peuvent être mesurées qu’à la précision d’un cent millième de millimètre. Cela est insuffisant pour les mesures de longueur d’ondes lumineuses et pour les mesures spatiales… Il a donc fallu améliorer la précision de l’étalon. Une nouvelle définition du mètre a été adoptée en 1960 : longueur égale à 1 650 763,73 fois la longueur d’onde correspondant à une transition particulière du krypton 87. Depuis le 20 octobre 1983, le mètre est la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière en 1/299 792 458 seconde. L’unité « universelle » de longueur est ainsi liée à la vitesse de la lumière… qui fut mesurée pour la première fois en 1676, à l’Observatoire de Paris. |
4 août 1789 : révolution incomplète ... par Thomas Branthôme
Les massacres de septembre 1792 à Lyon
Je publie la préface au livre de Côme SIMIEN "Les massacres de septembre 1792 à Lyon", préface écrite par Michel BIARD, professeur à l'université de Rouen. Le livre est publié aux éditions ALEAS (18€). NB. les notes infrapaginales sont de moi ainsi que la mise en gras de certains mots ou expressions. J.-P. R. . À Lyon, le 9 septembre 1792, une foule émeutière s'empare de huit officiers détenus dans les geôles de Pierre-Scize, la fameuse "Bastille" lyonnaise, les décapite puis promène les sanglants trophées dans la ville. Dans deux autres prisons de Lyon, celles de Saint-Joseph et de Roanne[1], deux prêtres réfractaires sont encore tués. Un troisième ecclésiastique, reconnu et arrêté en pleine rue, subit le même sort. Ces exécutions sommaires font donc onze morts, en écho sinistre aux massacres de septembre qui ont ensanglanté la capitale quelques jours plus tôt. Malgré l'intérêt que lui a porté une historiographie locale ayant vite dénoncé cette "justice populaire" pour le moins sommaire, avec parfois une sorte d'acharnement narratif, l'événement n'était guère connu de manière précise. Le travail minutieux d'un jeune historien, Côme Simien, vient fort heureusement combler cette lacune, au prix d'importants dépouillements d'archives et surtout d'un esprit critique toujours en alerte. L'historien n'a point à se transformer en procureur ou en juge, pas davantage qu'en avocat. Pour autant, la Révolution française est depuis plus de deux siècles au centre de si nombreuses légendes noires qu'un travail historique digne de ce nom peut vite se révéler décapant. Qui plus est, les affrontements ont été si sévères à Lyon, notamment avec en 1793 la révolte, le siège de la ville et la sévère répression qui l'a suivi, que les mémoires affrontées ont souvent contribué à obscurcir les réalités historiques. Ainsi, a-t-on pu lire et peut-on parfois hélas encore lire que les massacres de Lyon, en septembre 1792, ont été organisés par des "agitateurs" stipendiés et par une bande criminelle de gens sans aveu. Semblable vision est souvent pratique en ce qu'elle permet, d'une part, de minimiser, voire de taire, les tensions antérieures à l'événement, d'autre part, de séparer une poignée d'assassins d'un "peuple" supposé être naturellement "bon". Non seulement le récit de l'événement, reconstitué presque heure par heure par Côme Simien, nous offre une tout autre vision, mais, de plus, son enquête replace ces exécutions sommaires dans leur contexte, d'évidence décisif. II ne s'agit évidemment pas, ici comme en d'autres cas, de trouver des justifications qui permettraient sinon d'innocenter les meurtriers, au moins de leur trouver des circonstances atténuantes, mais bien de chercher à comprendre ce qui a pu porter de telles violences. Comment des citoyens "ordinaires" peuvent-ils en venir à tuer des captifs désarmés, à trancher des têtes et à parcourir les rues en un terrible cortège visant, par l'exemplarité du châtiment, à imprimer la terreur dans le cœur des opposants à la Révolution ? La même question s'est d'ailleurs posée à Paris dès le 22 juillet 1789, lorsque, à la différence du 14, nul combat n'est venu justifier la mise à mort de l'intendant de Paris, Bertier, et de son beau-père Foullon. Plusieurs journaux ont alors commenté ce double meurtre, en cherchant davantage à en déceler les origines et les motivations qu'en se contentant de l'approuver ou de le condamner. S'agissant des massacres lyonnais de septembre 1792, Côme Simien fait la part des nouvelles venues de Paris (l'annonce du massacre de 1200 à 1400 prisonniers), de la situation militaire (voisinage de la Savoie ennemie, mais aussi de la Suisse perçue comme le berceau des mercenaires qui ont défendu les Tuileries le 10 août), des inquiétudes sur les subsistances tant réelles que fantasmées, des tensions entre les autorités locales à propos de la répression contre les prêtres réfractaires (oppositions entre la municipalité et les autorités du département), enfin du souvenir encore frais de violences antérieures illustré surtout par le cas d'Antoine Lagier, soldat suisse battu à mort et pendu par une foule en colère. Par ailleurs, les victimes du 9 septembre 1792 ne sont pas choisies au hasard, même si l'un des prêtres perd la vie en raison d'une rencontre inopinée avec ses bourreaux improvisés. Pour comprendre la haine portée aux prêtres réfractaires, il convient de se souvenir du poids croissant des tensions religieuses depuis le début de 1791, voire dès l'année précédente, et plus encore des menées antirévolutionnaires de nombreux réfractaires[2]. La rigueur accrue de la répression en témoigne à l'échelle nationale, avec, entre autres, un décret de l'Assemblée législative du 27 mai 1792 qui a ordonné la déportation des prêtres dénoncés comme fauteurs de troubles, décret que le roi a refusé de transformer en loi, grâce à son droit de veto. De même, pour saisir à quel point des officiers "aristocrates" peuvent alors apparaître comme des suspects potentiels, force est de ne pas oublier l'ampleur des abandons de poste dans l'armée, mais aussi la hantise récurrente d'un péril "césariste". Bouillé en juin 1791 puis La Lafayette dans l'été 1792 ont déjà donné corps à la crainte d'un coup de force militaire. Avant la fuite royale avortée à Varennes en juin 1791, environ 6 à 7% des officiers français avaient quitté leur poste, une minorité rejoignant en émigration le comte d'Artois ou le prince de Condé. Mais, entre cet épisode de Varennes et le 20 avril 1792, jour de la déclaration de guerre, quelque 3.800 officiers ont abandonné l'armée, soit environ 28% des 13.500 officiers en poste à la veille de la Révolution. Aux lendemains immédiats de l'assaut contre les Tuileries le 10 août suivant, cette proportion atteint la moitié et, si l'on ajoute les mises à la retraite, ce sont trois quarts des officiers de 1789 qui ne sont plus en activité lorsque naît la République (le 21 septembre 1792, JPR). Comme chacun le sait, cela explique en partie le visage nouveau de l'encadrement des troupes et les promotions fulgurantes d'officiers remarquables tels Hoche, Marceau, Masséna, Davout, etc. Mais comme on l'oublie trop souvent, cette véritable hémorragie a joué un rôle non négligeable dans l'affaiblissement initial de l'armée française[3] et plus encore a renforcé la suspicion à l'égard des nobles servant comme officiers. Or, Côme Simien souligne que les huit officiers massacrés en septembre à Lyon ont démissionné justement en juin ou juillet 1792, qu'ils ont été soupçonnés par la municipalité de vouloir rester à Lyon pour y favoriser la Contre-Révolution et ont été incarcérés pour cette raison. Qu'ils aient ou non comploté importe finalement peu, l'essentiel est que l'idée d'un complot à anéantir s'est greffée sans peine sur des peurs et des tensions antérieures. Lorsque, le 9 septembre, après qu'une cérémonie "patriotique" se soit déroulée le matin, un rassemblement se forme en début d'après-midi, les esprits ont donc de multiples raisons de s'échauffer et ces officiers prisonniers deviennent, comme les prêtres réfractaires emprisonnés, des cibles tentantes pour la colère des manifestants. Pour exorciser la peur, pour anéantir un complot supposé de "1'ennemi intérieur", mais aussi pour prendre le relais d'une justice trop timorée, des citoyens "ordinaires" se transforment alors en bourreaux. Nul besoin de voir là le fruit d'une organisation patiemment voulue par des "agitateurs", pas davantage une servile imitation des militants populaires de Paris, a fortiori les prétendues pulsions criminelles de gens sans aveu. Ce sont les tensions et leur radicalisation qui ont conduit à ces massacres, de même que dans le cas de nombreuses autres violences entre 1789 et 1792, et, bien sûr, au-delà. Le livre de Côme Simien permet de le comprendre, et son mérite est d'autant plus grand, que la Révolution française souffre encore à Lyon, en dépit des siècles écoulés, du poids des idées reçues, voire des légendes noires. Non content de nous offrir un récit détaillé de l'événement et une "géographie" lyonnaise des massacres, ce travail donne à penser. L'histoire dite "locale" ne se limite pas à une accumulation de monographies, elle peut aussi nourrir une réflexion à l'échelle du territoire national. Ce livre l'illustre à bien des égards, ce qui renforce encore sa richesse. Michel BIARD Professeur à l'Université de Rouen
[1] Il s’agit de la prison de la place de Roanne, dans l’actuel 5° arrondissement, où s’étalent les 24 colonnes du Palais de justice ancien (construit en 1848). [2] Voir des exemples lyonnais de ces menées dans mon livre, sur ce site, chapitre VI, « la terreur blanche ». [3] On sait que Louis XVI avait prévu cet affaiblissement, cette désorganisation, et qu’il avait joué le jeu des Brissotins qui voulaient la guerre à tout prix. Louis XVI pensait que la Révolution s’effondrerait et que les Français n’auraient dès lors plus que la solution de « se jeter dans (ses) bras ». |
4 août 1789 : « Une nuit qui fait tomber ce château qu’on croyait de pierre »
Le 5 août 1789 à 2 heures du matin, les députés mettent à bas la
domination féodale en proclamant l’abolition des privilèges, faisant de
chaque Français un citoyen égal à tous les autres. L’Ancien Régime est
mort. interview de l'historienne Mathilde Larrère, Historienne et animatrice des Détricoteuses. Dans ses Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand a écrit que « la monarchie fut démolie à l’instar de la Bastille, dans la séance du soir de l’Assemblée nationale du 4 août ». Quelles sont les origines politiques de cet acte, et leurs conséquences ? Mathilde Larrère Il y a une différence entre origines et causes ; les causes, c’est la Grande Peur. Les origines, c’est le vaste mouvement de remise en cause des privilèges seigneuriaux et nobiliaires, présent depuis avant 1788. Les conséquences, c’est l’abolition d’une grande partie des privilèges, mais pas l’abolition de tous, qui est l’erreur commune à ce sujet, il y a des privilèges et des droits qui existent jusqu’en 1793. Symboliquement, c’est une rupture fondamentale, la fin inattendue de la société d’ordre. En quoi l’abolition des privilèges, couplée à la préservation de la propriété privée, a-t-elle été constituante du système politique et économique français après la Révolution ? Mathilde Larrère Presque personne ne remet en cause la propriété comme un des droits de l’homme avant les mouvements socialistes, où elle devient centrale. Le droit de propriété est constitutif depuis le XVIIe siècle. L’abolition des privilèges devient tellement constitutive de la société française que même après le retour des Bourbons, en 1814-1815, on ne reviendra pas sur les privilèges abolis le 4 août. Est-ce que la notion de nécessité d’abolition des privilèges est en quelque sorte entrée dans la culture politique française depuis août 1789, et y reste très présente aujourd’hui ? Mathilde Larrère Il y a un écart entre ce qu’il s’est passé le 4 août, et ce qu’il en reste dans la mémoire collective. Ce qui est dingue dans la nuit du 4 août c’est son caractère expiatoire : ce sont les privilégiés, les nobles et le clergé, qui renoncent à leurs privilèges sous la pression des classes populaires, via la Grande Peur. Ce que je dis toujours à mes élèves, c’est que la Grande Peur des paysans est devenue la grande peur des possédants. À partir du moment où les paysans ont eu peur et se sont attaqués aux propriétés des seigneurs, ça a créé une grande peur des possédants, qui ont hésité entre deux stratégies, écraser les révoltes par la force, ce que voulaient les députés du tiers état, et la renonciation aux droits sous la pression populaire. C’est au cœur de la nuit du 4 août, cette dimension expiatoire, où ce ne sont pas les révolutionnaires qui arrachent cette abolition par la force, mais le duc d’Aiguillon, deuxième fortune de France, qui monte à la tribune et qui annonce qu’il renonce aux droits seigneuriaux, etc. La rédaction des décrets dans la semaine qui suit corrige également certains abandons, en abandonnant les droits sur les personnes mais pas les droits sur la terre, ce qui rend la nuit du 4 août un peu décevante pour les paysans par exemple. L’imaginaire privilégiant 1789 à 1793, on a tendance à oublier cette partie des faits au profit d’une nuit magnifique qui fait tomber ce château qu’on croyait de pierre mais qui est de cartes et qui emporte la société féodale avec lui, parce que l’image est porteuse d’espoir contre tous les systèmes injustes. Quel rapport peut-on établir entre abolition des privilèges et création de nouvelles classes sociales, et donc réorganisation de la lutte des classes ? Mathilde Larrère L’abolition de la société d’ordre, couplée au libéralisme politique, crée une grande confusion sociale, via la suppression des classes sociales légales. On se retrouve donc avec une société d’individus en théorie égaux entre eux, ce qui crée un réveil très angoissant, notamment pour les libéraux ; la société de l’Ancien Régime était profondément inégalitaire, mais elle était lisible et claire. Cette lisibilité était rassurante pour les dominants du XVIIIe siècle. On a des textes de Guizot, de Rémusat, qui s’angoissent de cette société incompréhensible pour eux. Ils vont donc, pour redonner un sens à cette société, inventer la lecture de classe, et ce bien avant Marx, qui reprendra le concept plus tard. Les libéraux inventent l’ordre des classes et s’octroient la place la plus haute, celle de la bourgeoisie. Marx reprend le terme lutte des classes aux libéraux pour en retourner le stigmate, donnant naissance à la conscience de classe du prolétariat, et réarme la notion de lutte des classes pour en faire un moteur de l’histoire au service des dominés. Que pensez-vous d’une lecture qualifiant la Révolution française de « bourgeoise » ? Mathilde Larrère Ce terme ne me va pas complètement, je préfère distinguer les différentes phases de la Révolution, la première phase libérale, puis la phase démocratique et sociale en 1793, avant le retour au libéralisme du Directoire. Je trouve plus pertinent de qualifier l’orientation politique de la Révolution plutôt que les bourgeois qui la constituent. Ce qui m’a toujours gênée, c’est que la Révolution a été populaire, du début à la fin, via le mouvement social, populaire qui l’accompagne. Au sommet, elle a toujours été bourgeoise, avec des contenus politiques variables, libéraux ou sociaux-démocrates. Cependant, elle est populaire, autonome et en conflit avec le sommet durant toute la période. Le terme « révolution bourgeoise », qui vient du marxisme, n’est pour moi pas assez complet pour la qualifier, bien qu’il permette d’en comprendre les limites. C’est pour cela que je préfère le terme de « révolution libérale », qui permet de faire la différence avec les révolutions suivantes, qui seront sociales, puis socialistes. Entretien réalisé par Daphné Deschamps, L'Huma du 5 août 2019. |
Premier congrès des sociétés amies de la Révolution française
Accueil > Actualités > Premier congrès des sociétés amies de la Révolution française L’ARBR est heureuse de vous inviter à ce premier congrès . Elle espère vous y retrouver nombreux. Ivry-sur-Seine, salle Robespierre, samedi 22 septembre 2018 Matin.
12 h 30 - 13 h 45 – Repas libre (chacun apporte son sandwich...) ; boissons offertes par la SER. Après-midi.
Rencontre organisée par : Société des Études Robespierristes Les portraits de Robespierre sont de notre amie britannique Marianne Gilchrist. Documents joints
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nuit du 4 août 1789 : naissance d'une nation ?
Ce qu'ils ont dit de ROBESPIERRE...
Du colloque d’Arras qui s’est tenu du 24 au 26 novembre 2017, organisé par nos amis de l’ARBR, j’ai ramené – entre mille autres choses – cette suite de déclarations faites par des hommes éminents sur Robespierre, l’Incorruptible. C’est un RELIGIEUX D'AMIENS, dans un courrier daté du 11 juillet 1790, qui lui attribue ce surnom d'INCORRUPTIBLE. BARERE (1755-1841) Barère fut plus que Robespierre l'homme central du Comité de salut public, Robespierre dut affronter son opposition jusqu'au 9 Thermidor. Il dira bien après : "J'ai réfléchi sur cet homme [Robespierre], j'ai vu que son idée dominante était l'établissement du gouvernement républicain... Nous ne l'avons pas compris, il avait le tempérament des grands hommes et la postérité lui accordera ce titre... C'était un homme pur, intègre, un vrai républicain." CAMBON "Nous avons tué la République, au 9 thermidor, en croyant ne tuer que Robespierre. Je servis à mon insu les passions de quelques scélérats. Que n'ai-je péri, ce jour-là, avec eux ! La liberté vivrait encore... " BILLAUD-VARENNE (membre du CSP 6 septembre 1793 – 1er septembre 1794) "Nous nous sommes bien trompés ce jour-là ! La Révolution a été perdue le 9 thermidor. Depuis, combien de fois j'ai déploré d'y avoir agi de colère... Pour quoi ne laisse-t-on pas ces intempestives passions et toutes les vulgaires inquiétudes aux portes du pouvoir ? Le malheur des révolutions, c'est qu’il faut agir trop vite, vous n'avez pas le temps d'examiner, vous n'agissez qu'en pleine et brûlante fièvre... Si Danton, Robespierre et Camille fussent restés unis, il n’y aurait pas eu de 18 brumaire possible". VADIER (1736-1828) "Pardonne-moi le 9 thermidor ! Nous avons méconnu Robespierre, nous l'avons assassiné". A 92 ans, il déclarait qu'il n'y avait pas dans sa vie un seul acte qu'il se reprochât (et pourtant, il y en avait ! JPR), sinon d'avoir méconnu Robespierre. SOUBERBIELLE (médecin et ami personnel de Robespierre) "Robespierre était la conscience de la Révolution, ils l'ont immolé parce qu'ils ne l'ont pas compris". BABEUF Babeuf qui avait applaudi à la chute de Robespierre exprime peu après, le 6 novembre 1795, le profond désenchantement du peuple : "Osons dire que la Révolution, malgré les obstacles et toutes les oppositions, a avancé jusqu'au 9 thermidor et qu'elle a reculé depuis". En 1796, il déclarait encore: "Nous ne faisons que succéder à de premiers généreux défenseurs du peuple [Robespierre, Saint Just] qui, avant nous, avaient marqué le même but de justice et de bonheur auquel le peuple doit atteindre". Futur LOUIS XVIII En 1797, le frère du ci-devant Louis XVI déclarait : "il serait injuste de regarder Robespierre comme un homme cruel et de l'appeler tyran, il faudrait au contraire voir en lui, comme dans Sylla, une forte tête, un grand Homme d’État. Richelieu eut fait plus que Robespierre s'il se fût trouvé dans une position semblable". NAPOLÉON BONAPARTE En 1797, encore simple général, Bonaparte évoque "le seul gouvernement fort qu'a eu la France depuis les origines de la Révolution, celui de Robespierre". Pour mémoire, en 1803, il a reconnu le travail et l'intégrité des frères Robespierre en attribuant à leur sœur Charlotte une pension à vie, il considérait Robespierre comme "l'homme-clef" de la Révolution. CHATEAUBRIAND L'écrivain monarchiste affirmera :"Aux yeux de la postérité, Mirabeau restera le champion de l'aristocratie et Robespierre, celui de la démocratie" ROMAIN ROLLAND "Le Robespierre de 1794 n'était plus celui de 1789 à 1793. A mon avis, il n’a jamais été plus grand que dans son rôle de lucide et intrépide opposant pendant l'Assemblée Constituante; il a été vraiment alors la voix du peuple et sa lumière. Mais les révolutions usent les hommes. Il avait une chétive santé et il porta une tâche surhumaine, c'est miracle qu'il ait pu tenir jusqu'en juillet 1794". |
La Révolution partagée : le siège de Lille ( 25 septembre - 8 octobre 1792)
Voici un article écrit et publié par la revue L’Incorruptible, n°89, bulletin de la société des Amis de Robespierre. Il traite de la résistance vigoureuse des Lillois assiégés par les Autrichiens en 1792. Ce genre d’article est trop rare. Face à l’adversaire de toujours, coriace, contre-révolutionnaire, qui voit dans la Révolution l’œuvre d’un tyran qui aurait mené les Français au fouet de la dictature, on voit ici des Lillois, parfaitement déterminés, qui décident librement de faire front à l’envahisseur autrichien. On lira la réponse du maire à la demande du commandant autrichien de rendre les armes. On admirera tout autant la conduite du maître-canonnier qui répond, quand on lui annonce que sa maison brûle, que sa place est aux côtés de sa pièce d’artillerie. Je l’ai dit dans mon livre : quand on est prêt, ainsi, à abandonner son patrimoine pour la défense de ses idées, la Révolution est invincible. Où est Robespierre dans ce combat ? Qui oblige les Lillois à se battre ? Personne. Rien. Rien sinon le sens de l’honneur, de la patrie, et de la vertu révolutionnaire. J.-P. R.
LE SIÈGE DE LILLE Le 20 avril 1792, sur la proposition du roi Louis XVI, l'Assemblée législative déclare la guerre au "roi de Bohème et de Hongrie" et engage ainsi la France dans une guerre qui, hormis la paix de Lunéville (9 février 1801) va durer vingt-deux ans. Les révolutionnaires ont pour objectif premier de libérer la Belgique placée sous la dépendance de la Maison d'Autriche (on parlait des "Pays-Bas autrichiens, JPR"). Le 28 avril, les troupes françaises passent à l'offensive, mais les opérations militaires tournent aussitôt à la catastrophe. L'incurie de l'état-major français, l'inefficacité d'une armée composée de mercenaires et de patriotes volontaires mais inexpérimentés convainquent les Autrichiens et les Prussiens de leur supériorité militaire. Le 19 août 1792, tes armées de la coalition (austro-prussienne, JPR) franchissent les frontières de l'Est. Surprises par les pluies de septembre, décimées par la dysenterie, les troupes prussiennes s'enlisent dans les boues de l’Argonne et sont arrêtées à Valmy par Kellermann et Dumouriez le 20 septembre 1792. Néanmoins, le 25 septembre, 13000 Autrichiens commandés par Albert de Saxe-Teschen mettent le siège devant Lille. Dans la guerre qui oppose la France à la coalition austro-prussienne, Lille est en première ligne et ne se trouve nullement dépourvue lorsque l'archiduc Albert de Saxe-Teschen vient y mettre le siège. La garnison française commandée par le maréchal de camp Ruault est forte d'environ 10000 hommes, renforcés par les 132 canonniers de la garde nationale sédentaire, citoyenne de la ville, et par la population lilloise activement mobilisée. Le 26 septembre, l'armée autrichienne installe de formidables batteries dans les faubourgs : 24 canons de gros calibre, 12 mortiers et de nombreux obusiers. On entasse des provisions de bombes, d'obus, de mitraille ; on dispose des grils pour faire rougir les boulets. Le 29 septembre, le duc de Saxe-Teschen fait savoir qu'il est disposé à épargner la ville contre reddition. Pierre André-Bonte, maire de Lille, répond "nous venons de renouveler notre serment d’être fidè1es à la Nation, de maintenir la Liberté et l’Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures. " Le 29 septembre, à 15 heures, bombes et boulets rouges incendiaires commencent à pleuvoir sur la cité, notamment sur le quartier Saint-Sauveur et sur la Grand-Place. Des incendies s'allument partout. Le 30 septembre, le maire de Lille lance un appel désespéré aux villes voisines : "Exposés au bombardement le plus vif de la part de l’ennemi qui ne cesse de tirer sur notre ville à boulets rouges et à bombes, nous vous prions au nom de la Patrie de nous envoyer vos pompes... ". Appel dont l'écho est entendu par Béthune, Aire, Saint-Omer et Dunkerque qui mettent tout en œuvre pour aider les assiégés. L'artillerie lilloise répond sans discontinuer. Tous les hommes sont à leur poste, sur les remparts et dans les ouvrages extérieurs. Certains montent sur les toits pour surveiller l'arrivée des projectiles ennemis. Dans la ville, les femmes, les vieillards et les enfants s'efforcent d'arrêter les ravages du feu. ce tableau restitue cette séquence, avec à droite, le soldat qui prévient Ovigneur et au centre, monté sur la pièce d’artillerie, Ovigneur, lui-même, très serein (JPR). Tableau de Le Dru (1) Le bombardement et la canonnade durent sans relâche six jours entiers. Six mille bombes et trente mille boulets sont tombés sur la ville. Plus de deux mille maisons sont détruites ou touchées. Mais le feu des Autrichiens commence à se ralentir et le 6 octobre, il cesse. À bout de munitions, fatigué de la résistance des Lillois, inquiet des succès de Dumouriez en Champagne et aussi de la concentration d'une armée française au camp de Lens, le duc de Saxe-Teschen se replie sur Tournai le 8 octobre. L'héroïque défense de Lille excite l'enthousiasme de la France entière ; le 12 octobre 1792, la Convention vote aux braves citoyens qui ont si bien combattu pour la patrie et leurs foyers, une somme de 2 millions comme secours provisoire, et une bannière d'honneur portant cette inscription : "À la ville de Lille, la Nation reconnaissante". Docteur Michel CSANYI
La colonne de la Déesse est un monument commémoratif inauguré le 8 octobre 1845, au centre de la Grand-Place de Lille aujourd'hui place du Général-de-Gaulle. (…). Chacun des quatre côtés du piédestal de la colonne porte des inscriptions : Devant : " Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèles à la Nation, de maintenir la Liberté et l''Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures". Sur le côté droit :"Levée du Siège, nuit du 7 au 8 octobre 1792". Sur le côté gauche: "Les habitants de Lille ont bien mérité de la patrie (Décret du 12 octobre 1792) ". Derrière: "Aux Lillois de 1792. Hommage de nos concitoyens. 1842". Les amis de Robespierre, Maison des Sociétés, rue Aristide Briand, 62000 ARRAS www.amis-robespierre.org (1) Albert-Ferdinand Le Dru est un peintre français (1848- ?). Élève du peintre de genre et de sujets militaires Louis-Antoine Tiremois, il est connu comme peintre de sujets militaires. Il expose au Salon à partir de 1876 et obtiendra en 1894 une médaille
de troisième classe pour sa représentation du Siège de Lille en 1792
(le capitaine Ovigneur commandant les canonniers reste stoïque alors
qu'on lui apprend que sa maison est en feu) (Fiche Wiki). NB. Un descendant de la famille OVIGNEUR, Thomas, me transmet ceci : vous pourrez y trouver une page spéciale sur Charlemagne Ovigneur, héros du siège de Lille, et une foule de documents authentiques reproduits par Thomas Ovigneur. FACEBOOK : https://www.facebook.com/OVIGNEUR/ |
le 14 juillet 1789 et la prise de la Bastille ... en images
Le premier texte est extrait du Hors-série de l'Humanité 1789-2019 L'égalité, Une passion Française. Vous pouvez vous le procurer chez votre marchand de journaux ou dans la boutique en ligne du site www.humanite.fr . Je le fais suivre d'une série d'illustrations qui permettent de comprendre c qu'a été la Bastille et sa prise par les Parisiens et les soldats des Gardes françaises. La Fête de la Fédération, célébration de la prise de la Bastille le
14 juillet 1790, n’est pas sans conséquence. C’est oublier la
Ire République et nous plier à une fête nationale liée à une monarchie. Par Michel Biard Historien Chaque 14 juillet, nous bénéficions d’un jour férié, agrémenté de bals, feux d’artifice et jets de pétard. L’immense majorité des Françaises et Français pense que ce jour marque l’anniversaire de la prise de la Bastille. Pourtant, lorsque, en 1880, la IIIe République le choisit comme fête nationale, de vifs débats agitèrent le monde politique, avant qu’un consensus ne soit trouvé autour de l’idée de fêter le 14 juillet de 1790 et non directement celui de 1789. Mettre en avant 1790 signifiait jeter un voile sur les violences de juillet 1789, donc éviter de raviver des clivages politiques hérités de la Révolution, alors encore vivaces. Mais ce choix de 1790 implique aussi un double tour de passe-passe politique. D’une part, cela suppose de taire les contradictions de cette année, d’autre part et surtout, cela entraîne une absence de célébration de la République elle-même. En effet, la Fête de la Fédération, qui se déroula au Champ-de-Mars de Paris le 14 juillet 1790, avec de nombreuses répliques dans les départements, entendait mettre en scène une Révolution achevée dans la concorde autour de Louis XVI, assimilé à un « restaurateur de la liberté ». Le choix du Champ-de-Mars, et non de l’emplacement de la Bastille, fut alors hautement symbolique, tout comme le fait que, du 18 au 21 juillet, des fêtes populaires se déroulèrent, elles, sur les ruines de la forteresse (démolie dès l’été 1789). Bals, illuminations, mascarade accompagnant l’enterrement d’un cercueil représentant l’aristocratie… tout donna à ces réjouissances populaires un autre sens que celui de la concorde de façade affichée dans la fête officielle. Autrefois à la Bastille « on y trouvait la mort ! Aujourd’hui l’on y danse », commente un auteur du temps. Autant dire qu’en juillet 1790 chacun ne fête pas la même chose, a fortiori lorsque circule une estampe à la légende sans ambiguïté quant à l’idée fausse d’une Révolution achevée dans la concorde : « Aristocrates vous voilà donc foutus, le Champ-de-Mars vous fout la pelle au cul, Aristocrates vous voilà donc foutus, nous baiserons vos femmes et vous nous baiserez le cul. » Mais, au-delà de ces premières ambiguïtés politiques, et sociales, de juillet 1790, la célébration du 14 juillet décidée en 1880 pose un second problème, infiniment plus grave : notre actuelle République ne célèbre pas l’anniversaire de sa propre naissance et associe ainsi toujours sa fête nationale à une monarchie constitutionnalisée. Nous ne fêtons ni le 21 septembre, jour où la Convention vota en 1792 un décret abolissant la royauté, ni le 22, lorsqu’elle décida que les actes officiels seraient datés du premier jour de la République. Continuer aujourd’hui à oublier la Ire République, en raison des violences qui l’ont accompagnée, nous condamne à une fête nationale liée à une monarchie. Ironie du sort « jupitérienne » ? À ceci près que les Françaises et Français pensent bel et bien fêter la prise de la Bastille, n’en déplaise à ceux qui auront tout fait pour l’éviter. * * * Ce plan du Paris de Charles V (fin du XV° siècle) montre que la Bastille n'est qu'un élément d'un ensemble : la muraille qui protège Paris sur 360° - la Seine est protégée par des chaînes énormes que l'on tend le soir d'une rive à l'autre pour barrer la voie aux navires ennemis -. La Bastille est un élément plus important que les autres, son pendant à l'ouest est la forteresse du Louvre. La Bastille est flanquée de la porte St-Antoine. Cette gravure (photo Jaunet) montre l'ampleur du Château. Il ne compte pas moins de huit tours. On voit parfaitement la rue saint-Antoine intra-muros qui, hors Paris, se prolonge par la rue du faubourg Saint-Antoine. Pour cela il faut franchir la porte Saint-Antoine : la vieille porte médiévale avec ses échauguettes, puis la porte du XVIII° siècle avec ses colonnes décoratives et, enfin, une troisième porte, également médiévale et fortifiée. Sur ce croquis les éléments d’architecture et d'urbanisme construits ultérieurement sont indiqués par des pointillés. Avec le temps, des éléments d'habitation ou de servitude sont venus s’agréger à la Bastille. Ainsi que le montre cette gravure ci-dessous (photo Jaunet). Là, on voit les assaillants passer par le pont-levis n°1. D'autres, à l'arrière-plan franchissent le second pont-levis et pénètrent dans la cour du château-fort. "Le peuple crie aux soldats sur les tours « Nous voulons la Bastille ! en bas la troupe ». Deux hommes, Davanc et Denain, prenant appui sur une boutique de parfumeur adossée au chemin de ronde, montent sur ce chemin de ronde, sautent dans une cour intérieure et brisent les chaînes d'un pont-levis qui retombe. La masse des combattants qui n'a pas vu l'escalade croit que les ponts s'abaissent sur les ordres du gouverneur ; elle envahit la cour. De Launay fait alors ouvrir le feu. C'est ainsi que la bataille s'engage vers une heure de l'après-midi. Les assiégeants allument des voitures de paille mouillée poux se protéger du feu de la garnison par un rideau de fumée,..." extrait du livre Jean Michaud "les États généraux et la 14 juillet 1789", Éditions sociales, collection "pages d'histoire populaire". Ce ne fut pas une rigolade comme tenta de le faire croire la presse aristocratique. Après quatre heures de combat, il y eut 83 tués du côtés des révolutionnaires plus 15 autres qui ne survécurent pas à leurs blessures. |
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