2. Révolution française

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    Publié à 30 mars 2021, 08:09 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 23 sept. 2018, 11:29 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 27 déc. 2017, 07:51 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 13 nov. 2017, 15:41 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 5 août 2018, 09:49 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 15 juil. 2019, 04:55 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 1 juil. 2014, 12:36 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 4 janv. 2014, 03:44 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 4 juin 2015, 06:46 par Jean-Pierre Rissoan
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  • A propos de la « violence » révolutionnaire… (1ère partie)     La campagne contre la Révolution française et son leader emblématique, Robespierre, continue, relayée par les médias comme Le Monde, France2, etc… Des parlementaires d’extrême-droite signent une proposition de ...
    Publié à 19 août 2013, 08:50 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 24 sept. 2012, 12:18 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 14 mars 2013, 02:53 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 12 févr. 2019, 09:21 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 15 sept. 2016, 15:30 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 14 août 2018, 00:59 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 13 oct. 2016, 06:36 par Jean-Pierre Rissoan
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    Publié à 16 août 2016, 03:18 par Jean-Pierre Rissoan
  • II. Révolution, laïcité, instruction publique…   17/12/2010  Seconde partie de la conférence de P. DAZORD. J’attire particulièrement l’attention du lecteur sur la distinction entre instruction et éducation, entre vérité et opinion. J ...
    Publié à 3 juil. 2011, 02:47 par Jean-Pierre Rissoan
  • I. Révolution, laïcité, instruction publique…   16/12/2010  J’entreprends aujourd’hui la publication d’une conférence de Pierre Dazord sur la laïcité, spécificité française qui remonte, non point à la loi célèbre de 1905 ...
    Publié à 3 juil. 2011, 02:42 par Jean-Pierre Rissoan
  • MARAT, l’Ami du peuple… (2ème partie)   29/11/2010  Pour des raisons que les lecteurs n’indiquent pas -et c’est bien regrettable- l’article sur « Marat, l’ami du peuple » qui remonte au mois d ...
    Publié à 13 nov. 2017, 15:34 par Jean-Pierre Rissoan
  • Marat, l’ami du peuple…   21/04/2010      Dans son édition du 22 avril, LE MONDE publie un article de Guillaume Mazeau, Maître de conférences à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, dont voici le ...
    Publié à 13 nov. 2017, 15:36 par Jean-Pierre Rissoan
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1791 : l'invention du mètre ou le triomphe de la raison

publié le 28 mars 2021, 10:03 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 30 mars 2021, 08:09 ]

    
    Le 26 mars 1791, l’Assemblée nationale approuve le rapport de l’Académie des sciences qui définit une unité de mesure de la longueur à portée universelle. Mais tout n'est pas encore gagné pour le mètre, dont l'adoption se fera... pied à pied.

Science. 1791, l’adoption révolutionnaire du mètre

Vendredi 26 Mars 2021

(illustration à venir)
Seize mètres étalons ont été placés dans la capitale entre 1796 et 1797. L’un deux a résisté au temps et se trouve à deux pas de l’entrée du Sénat. Heritage Images/Leemage

    La mesure des longueurs est chose délicate. Il est difficile d’exprimer dans la même unité la distance entre les villes, la longueur d’une bande de tissu, l’éloignement du voisin, les tailles de la Terre, d’un individu ou d’un objet. Pour les grandes distances, on utilisait la lieue, parcourue en une heure. Les bannis étaient éloignés à une lieue, une heure de marche, de la cité, c’est l’origine de banlieue !

Pour les petites distances, la longueur d’un pied était bien commode… encore fallait-il se mettre d’accord sur le pied de référence. Celle-ci était souvent la longueur du pied du gisant d’un souverain défunt. Pour les longueurs plus petites, le pouce : un douzième de pied, la ligne : un douzième de pouce, enfin le point : un douzième de ligne. Quelques autres unités étaient utilisées : la toise (envergure des bras, six pieds), l’aune (quatre pieds), la coudée (longueur de l’avant-bras, du coude à l’extrémité du majeur). Tout cela manquait cruellement de précision et restait localisé.

La longueur du pendule battant la seconde

En 1583, Galilée, âgé de 19 ans, découvre que la durée du battement d’un pendule ne dépend que de sa longueur, quelle que soit la masse de l’objet oscillant. Dans les années 1650, Christiaan Huygens met au point un pendule qui bat la seconde. On pense alors avoir trouvé un étalon universel de longueur. Il est proposé que la longueur du pendule battant la seconde mesure trois pieds horaires ! 86 400 secondes séparant le retour du Soleil au méridien, on dispose d’un étalon universel et précis. L’Italien Tito Livio Burattini propose de nommer ce pendule metro, issu du grec metron, la mesure. C’est ainsi que trois pieds horaires, une moitié de toise, vont s’apparenter au mètre. Malheureusement, on découvre rapidement que la longueur du pendule battant la seconde dépend du lieu où elle est mesurée. Il est nécessaire de procéder à des ajustements.

Les travaux de Picard sur le méridien

Au XVIIe siècle, la précision des mesures menées par les astronomes permet d’établir enfin les grandes distances. Pour passer des mesures angulaires (longitude, latitude) aux distances (lieues), il faut mesurer avec précision la longueur d’arcs terrestres. C’est ce qu’avait entrepris Picard, en mesurant la longueur d’une portion du méridien passant par l’Observatoire de Paris. Dès 1672, à partir de la mesure de la plus grande base accessible dans le royaume de France – la distance Paris-Cayenne –, la distance de la Terre au Soleil est enfin établie : 33 millions de lieues de 2 000 toises de Paris, ou toises du Châtelet, dont la longueur « universalisée » est établie à partir de celle du pendule à seconde.

Le 26 mars 1791, l’Assemblée nationale adopte un rapport de l’Académie (encore royale) des sciences ayant pour objectif de réaliser un système de mesures « ne présentant rien d’arbitraire, ni de particulier à la situation d’aucun peuple sur le globe ». L’Assemblée avait confié la préparation de cette étude à l’Académie dès mars 1790, l’étude étant officialisée le 8 mai et avalisée par Louis XVI le 22 août de la même année. Il est proposé que l’unité de longueur soit la dix millionième partie du quart du méridien terrestre et que l’unité soit calculée à partir de mesures qui seront faites entre Dunkerque et Barcelone. Les astronomes Méchain et Delambre sont chargés d’établir la longueur du méridien. Ils poursuivent les travaux initiés en 1669 par Jean Picard, puis suivis, depuis plus d’un siècle, par La Hire, Lacaille, les Cassini concernant la mesure de la Terre, dont les premières mesures fiables remontent au IIIe siècle avant l’ère moderne.

Le trajet parcouru dans le vide par la lumière

Les mesures de la ligne Dunkerque-Barcelone commencent en juin 1792, à quelque temps de la chute de la royauté… Méchain et Delambre se heurtent à de nombreuses difficultés, ils sont pris pour des espions. Les autorisations validées par Louis XVI semblent suspectes, l’accès aux points élevés des Pyrénées est extrêmement difficile. Le travail avance très lentement. La Convention décide d’adopter un mètre provisoire, issu des mesures faites en 1740. L’Académie est dissoute, la mission est interrompue fin 1793 et reprend le 7 avril 1795, pour se terminer à l’automne 1798. La longueur du mètre est adoptée, légèrement plus courte que celle du mètre provisoire (1/3 de millimètre). Les étalons sont construits en juin 1799, en platine iridié, alliage particulièrement solide et indéformable (90 % de platine, 10 % d’iridium). Le système métrique va pouvoir s’imposer presque partout dans le monde.

Les longueurs des étalons matériels ne peuvent être mesurées qu’à la précision d’un cent millième de millimètre. Cela est insuffisant pour les mesures de longueur d’ondes lumineuses et pour les mesures spatiales… Il a donc fallu améliorer la précision de l’étalon. Une nouvelle définition du mètre a été adoptée en 1960 : longueur égale à 1 650 763,73 fois la longueur d’onde correspondant à une transition particulière du krypton 87. Depuis le 20 octobre 1983, le mètre est la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière en 1/299 792 458 seconde. L’unité « universelle » de longueur est ainsi liée à la vitesse de la lumière… qui fut mesurée pour la première fois en 1676, à l’Observatoire de Paris.


4 août 1789 : révolution incomplète ... par Thomas Branthôme

publié le 10 août 2020, 08:15 par Jean-Pierre Rissoan

    À l’occasion de l’anniversaire de la nuit du 4 août 1789, Thomas Branthôme, historien du droit et des idées politiques, coauteur d’une Histoire de la République en France, revient sur ce moment révolutionnaire, dont les échos résonnent aujourd’hui.

On associe la nuit du 4 août à l’abolition des privilèges, pourtant celle-ci n’est effective qu’en 1793, après la mort du roi. Est-ce seulement une date symbolique de la Révolution française ?

Thomas Branthôme La nuit du 4 août est sujette à controverse. S’agit-il d’une « nuit d’ivresse » ou d’un authentique moment révolutionnaire ? Je considère qu’il faut distinguer question juridique et question sociale. La nuit à proprement parler aboutit au décret du 4 août-3 novembre 1789 qui abolit juridiquement le régime féodal. Ce n’est pas rien. En « détruisant » – c’est le mot du décret – ce vaste « complexum feudale » composé de droits seigneuriaux et de résidus de vieux contrats de fief, on met fin à tout ce qui entravait la liberté de la personne (servitude, mainmorte). Mais cela ne règle pas pour autant ce qui a trait aux droits de propriété : doit-on considérer que les seigneurs renoncent à ces droits ou ces derniers ne sont-ils que rachetables ? Au vu des conditions économiques de l’immense majorité des Français d’alors, refuser la première proposition, c’est laisser cette abolition au rang de pur principe. Cette discussion qui porte en germe une véritable mutation du métabolisme social va ainsi durer quatre ans jusqu’à ce que la « loi de colère » proclame le 17 juillet 1793 l’abolition totale des droits féodaux sans contrepartie. À ce titre, il est possible de dépasser la controverse en percevant le 4 août non pas comme la fin de la féodalité, mais comme l’amorce de sa fin et en affirmant que l’abolition des privilèges fut moins le fruit d’un jour unique que le résultat d’un processus.

Que reste-t-il, en 2020, de l’héritage politique du 4 août ?

Thomas Branthôme La nuit du 4 août appartient à la mythologie de la Révolution, dans tous les sens du terme. Les plus sceptiques diront que cette nuit n’est qu’un mythe car elle n’a pas abouti réellement à la propriété pour tous. Ce n’est pas faux, mais en matière de mythe, il est plus avantageux de se référer à la notion de «  mythe mobilisateur » de Georges Sorel. Avec la proclamation de la souveraineté nationale (17 juin) et le serment du Jeu de paume (20 juin), le 4 août est de ces dates qui figurent pour les révolutionnaires la marche de l’Histoire. Relisons par exemple Camille Desmoulins au moment où il prend connaissance des événements : « C’est cette nuit (…) que nous sommes sortis de la misérable servitude. » Relativiser cet événement, c’est négliger d’une part le signal révolutionnaire envoyé au monde mais d’autre part ne pas voir le mécanisme à l’œuvre derrière cette décision. C’est parce qu’il y a eu la Grande Peur dans les campagnes et le début d’une flambée anti-féodale que la Constituante a agi. Le 4 août acte l’irruption des masses paysannes sur la scène de l’histoire révolutionnaire et entérine, après les décisions qui ont suivi le 14 Juillet (reconnaissance de la garde nationale, cocarde…), que l’action du peuple est un combustible politique. Je crois qu’en 2020, aucun esprit sérieux ne peut avoir oublié ces données : la force motrice des idées de liberté et d’égalité, le poids politique du peuple en mouvement, la haine des privilèges…

De nos jours, les privilèges demeurent, sous une autre forme. La Révolution est-elle un processus encore en cours ?

Thomas Branthôme La Révolution nous a légué cette haine des privilèges comme trait caractéristique de l’âme française. Le privilège, sous l’Ancien Régime, c’est la loi particulière accordée par le monarque à un de ses sujets. En 1789, ce privilège blesse l’émergence française de ce que Tocqueville a appelé la « passion de l’égalité » autant que l’énoncé révolutionnaire de la nation défini par Sieyès comme « un corps d’associés vivant sous une loi commune ». Encore aujourd’hui, l’exil fiscal, la corruption ou l’esprit de caste heurtent l’opinion publique car ces phénomènes dérogent à la « loi commune » et menacent la cohésion du corps social. Mais les héritiers de la Révolution ont aussi en mémoire la phrase de Robespierre fustigeant « l’aristocratie des riches », qui a succédé à « l’aristocratie de naissance ». Il n’y a plus de privilèges au sens juridique du terme mais les inégalités demeurent, on est donc en droit de dire que la Révolution n’est pas encore parvenue à son terme.

Entretien réalisé par Cyprien Caddeo, L'Humanité du 4 août 2020

Les massacres de septembre 1792 à Lyon

publié le 7 oct. 2019, 09:57 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 5 déc. 2020, 02:22 ]


    Je publie la préface au livre de Côme SIMIEN "Les massacres de septembre 1792 à Lyon", préface écrite par Michel BIARD, professeur à l'université de Rouen. Le livre est publié aux éditions ALEAS (18€). NB. les notes infrapaginales sont de moi ainsi que la mise en gras de certains mots ou expressions.
    J.-P. R. .

À Lyon, le 9 septembre 1792, une foule émeutière s'empare de huit officiers détenus dans les geôles de Pierre-Scize, la fameuse "Bastille" lyonnaise, les décapite puis promène les sanglants trophées dans la ville. Dans deux autres prisons de Lyon, celles de Saint-Joseph et de Roanne[1], deux prêtres réfractaires sont encore tués. Un troisième ecclésiastique, reconnu et arrêté en pleine rue, subit le même sort. Ces exécutions sommaires font donc onze morts, en écho sinistre aux massacres de septembre qui ont ensanglanté la capitale quelques jours plus tôt. Malgré l'intérêt que lui a porté une historiographie locale ayant vite dénoncé cette "justice populaire" pour le moins sommaire, avec parfois une sorte d'acharnement narratif, l'événement n'était guère connu de manière précise. Le travail minutieux d'un jeune historien, Côme Simien, vient fort heureusement combler cette lacune, au prix d'importants dépouillements d'archives et surtout d'un esprit critique toujours en alerte. L'historien n'a point à se transformer en procureur ou en juge, pas davantage qu'en avocat. Pour autant, la Révolution française est depuis plus de deux siècles au centre de si nombreuses légendes noires qu'un travail historique digne de ce nom peut vite se révéler décapant. Qui plus est, les affrontements ont été si sévères à Lyon, notamment avec en 1793 la révolte, le siège de la ville et la sévère répression qui l'a suivi, que les mémoires affrontées ont souvent contribué à obscurcir les réalités historiques. Ainsi, a-t-on pu lire et peut-on parfois hélas encore lire que les massacres de Lyon, en septembre 1792, ont été organisés par des "agitateurs" stipendiés et par une bande criminelle de gens sans aveu. Semblable vision est souvent pratique en ce qu'elle permet, d'une part, de minimiser, voire de taire, les tensions antérieures à l'événement, d'autre part, de séparer une poignée d'assassins d'un "peuple" supposé être naturellement "bon". Non seulement le récit de l'événement, reconstitué presque heure par heure par Côme Simien, nous offre une tout autre vision, mais, de plus, son enquête replace ces exécutions sommaires dans leur contexte, d'évidence décisif.

II ne s'agit évidemment pas, ici comme en d'autres cas, de trouver des justifications qui permettraient sinon d'innocenter les meurtriers, au moins de leur trouver des circonstances atténuantes, mais bien de chercher à comprendre ce qui a pu porter de telles violences. Comment des citoyens "ordinaires" peuvent-ils en venir à tuer des captifs désarmés, à trancher des têtes et à parcourir les rues en un terrible cortège visant, par l'exemplarité du châtiment, à imprimer la terreur dans le cœur des opposants à la Révolution ? La même question s'est d'ailleurs posée à Paris dès le 22 juillet 1789, lorsque, à la différence du 14, nul combat n'est venu justifier la mise à mort de l'intendant de Paris, Bertier, et de son beau-père Foullon.

Plusieurs journaux ont alors commenté ce double meurtre, en cherchant davantage à en déceler les origines et les motivations qu'en se contentant de l'approuver ou de le condamner. S'agissant des massacres lyonnais de septembre 1792, Côme Simien fait la part des nouvelles venues de Paris (l'annonce du massacre de 1200 à 1400 prisonniers), de la situation militaire (voisinage de la Savoie ennemie, mais aussi de la Suisse perçue comme le berceau des mercenaires qui ont défendu les Tuileries le 10 août), des inquiétudes sur les subsistances tant réelles que fantasmées, des tensions entre les autorités locales à propos de la répression contre les prêtres réfractaires (oppositions entre la municipalité et les autorités du département), enfin du souvenir encore frais de violences antérieures illustré surtout par le cas d'Antoine Lagier, soldat suisse battu à mort et pendu par une foule en colère. Par ailleurs, les victimes du 9 septembre 1792 ne sont pas choisies au hasard, même si l'un des prêtres perd la vie en raison d'une rencontre inopinée avec ses bourreaux improvisés. Pour comprendre la haine portée aux prêtres réfractaires, il convient de se souvenir du poids croissant des tensions religieuses depuis le début de 1791, voire dès l'année précédente, et plus encore des menées antirévolutionnaires de nombreux réfractaires[2]. La rigueur accrue de la répression en témoigne à l'échelle nationale, avec, entre autres, un décret de l'Assemblée législative du 27 mai 1792 qui a ordonné la déportation des prêtres dénoncés comme fauteurs de troubles, décret que le roi a refusé de transformer en loi, grâce à son droit de veto. De même, pour saisir à quel point des officiers "aristocrates" peuvent alors apparaître comme des suspects potentiels, force est de ne pas oublier l'ampleur des abandons de poste dans l'armée, mais aussi la hantise récurrente d'un péril "césariste". Bouillé en juin 1791 puis La Lafayette dans l'été 1792 ont déjà donné corps à la crainte d'un coup de force militaire. Avant la fuite royale avortée à Varennes en juin 1791, environ 6 à 7% des officiers français avaient quitté leur poste, une minorité rejoignant en émigration le comte d'Artois ou le prince de Condé. Mais, entre cet épisode de Varennes et le 20 avril 1792, jour de la déclaration de guerre, quelque 3.800 officiers ont abandonné l'armée, soit environ 28% des 13.500 officiers en poste à la veille de la Révolution. Aux lendemains immédiats de l'assaut contre les Tuileries le 10 août suivant, cette proportion atteint la moitié et, si l'on ajoute les mises à la retraite, ce sont trois quarts des officiers de 1789 qui ne sont plus en activité lorsque naît la République (le 21 septembre 1792, JPR). Comme chacun le sait, cela explique en partie le visage nouveau de l'encadrement des troupes et les promotions fulgurantes d'officiers remarquables tels Hoche, Marceau, Masséna, Davout, etc. Mais comme on l'oublie trop souvent, cette véritable hémorragie a joué un rôle non négligeable dans l'affaiblissement initial de l'armée française[3] et plus encore a renforcé la suspicion à l'égard des nobles servant comme officiers. Or, Côme Simien souligne que les huit officiers massacrés en septembre à Lyon ont démissionné justement en juin ou juillet 1792, qu'ils ont été soupçonnés par la municipalité de vouloir rester à Lyon pour y favoriser la Contre-Révolution et ont été incarcérés pour cette raison. Qu'ils aient ou non comploté importe finalement peu, l'essentiel est que l'idée d'un complot à anéantir s'est greffée sans peine sur des peurs et des tensions antérieures.

Lorsque, le 9 septembre, après qu'une cérémonie "patriotique" se soit déroulée le matin, un rassemblement se forme en début d'après-midi, les esprits ont donc de multiples raisons de s'échauffer et ces officiers prisonniers deviennent, comme les prêtres réfractaires emprisonnés, des cibles tentantes pour la colère des manifestants. Pour exorciser la peur, pour anéantir un complot supposé de "1'ennemi intérieur", mais aussi pour prendre le relais d'une justice trop timorée, des citoyens "ordinaires" se transforment alors en bourreaux. Nul besoin de voir là le fruit d'une organisation patiemment voulue par des "agitateurs", pas davantage une servile imitation des militants populaires de Paris, a fortiori les prétendues pulsions criminelles de gens sans aveu. Ce sont les tensions et leur radicalisation qui ont conduit à ces massacres, de même que dans le cas de nombreuses autres violences entre 1789 et 1792, et, bien sûr, au-delà. Le livre de Côme Simien permet de le comprendre, et son mérite est d'autant plus grand, que la Révolution française souffre encore à Lyon, en dépit des siècles écoulés, du poids des idées reçues, voire des légendes noires. Non content de nous offrir un récit détaillé de l'événement et une "géographie" lyonnaise des massacres, ce travail donne à penser. L'histoire dite "locale" ne se limite pas à une accumulation de monographies, elle peut aussi nourrir une réflexion à l'échelle du territoire national. Ce livre l'illustre à bien des égards, ce qui renforce encore sa richesse.

 

Michel BIARD Professeur à l'Université de Rouen

 



[1] Il s’agit de la prison de la place de Roanne, dans l’actuel 5° arrondissement, où s’étalent les 24 colonnes du Palais de justice ancien (construit en 1848).

[2] Voir des exemples lyonnais de ces menées dans mon livre, sur ce site, chapitre VI, « la terreur blanche ».

[3] On sait que Louis XVI avait prévu cet affaiblissement, cette désorganisation, et qu’il avait joué le jeu des Brissotins qui voulaient la guerre à tout prix. Louis XVI pensait que la Révolution s’effondrerait et que les Français n’auraient dès lors plus que la solution de « se jeter dans (ses) bras ».

4 août 1789 : « Une nuit qui fait tomber ce château qu’on croyait de pierre »

publié le 5 août 2019, 07:50 par Jean-Pierre Rissoan


Le 5 août 1789 à 2 heures du matin, les députés mettent à bas la domination féodale en proclamant l’abolition des privilèges, faisant de chaque Français un citoyen égal à tous les autres. L’Ancien Régime est mort.
interview de l'historienne Mathilde LarrèreHistorienne et animatrice des Détricoteuses.


Dans ses Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand a écrit que « la monarchie fut démolie à l’instar de la Bastille, dans la séance du soir de l’Assemblée nationale du 4 août ». Quelles sont les origines politiques de cet acte, et leurs conséquences ?

Mathilde Larrère Il y a une différence entre origines et causes ; les causes, c’est la Grande Peur. Les origines, c’est le vaste mouvement de remise en cause des privilèges seigneuriaux et nobiliaires, présent depuis avant 1788. Les conséquences, c’est l’abolition d’une grande partie des privilèges, mais pas l’abolition de tous, qui est l’erreur commune à ce sujet, il y a des privilèges et des droits qui existent jusqu’en 1793. Symboliquement, c’est une rupture fondamentale, la fin inattendue de la société d’ordre.

En quoi l’abolition des privilèges, couplée à la préservation de la propriété privée, a-t-elle été constituante du système politique et économique français après la Révolution ?

Mathilde Larrère Presque personne ne remet en cause la propriété comme un des droits de l’homme avant les mouvements socialistes, où elle devient centrale. Le droit de propriété est constitutif depuis le XVIIe siècle. L’abolition des privilèges devient tellement constitutive de la société française que même après le retour des Bourbons, en 1814-1815, on ne reviendra pas sur les privilèges abolis le 4 août.

Est-ce que la notion de nécessité d’abolition des privilèges est en quelque sorte entrée dans la culture politique française depuis août 1789, et y reste très présente aujourd’hui ?

Mathilde Larrère Il y a un écart entre ce qu’il s’est passé le 4 août, et ce qu’il en reste dans la mémoire collective. Ce qui est dingue dans la nuit du 4 août c’est son caractère expiatoire : ce sont les privilégiés, les nobles et le clergé, qui renoncent à leurs privilèges sous la pression des classes populaires, via la Grande Peur. Ce que je dis toujours à mes élèves, c’est que la Grande Peur des paysans est devenue la grande peur des possédants. À partir du moment où les paysans ont eu peur et se sont attaqués aux propriétés des seigneurs, ça a créé une grande peur des possédants, qui ont hésité entre deux stratégies, écraser les révoltes par la force, ce que voulaient les députés du tiers état, et la renonciation aux droits sous la pression populaire.

C’est au cœur de la nuit du 4 août, cette dimension expiatoire, où ce ne sont pas les révolutionnaires qui arrachent cette abolition par  la force, mais le duc d’Aiguillon, deuxième fortune de France, qui monte à la tribune et qui annonce qu’il renonce aux droits seigneuriaux, etc. La rédaction des décrets dans la semaine qui suit corrige également certains abandons, en abandonnant les droits sur les personnes mais pas les droits sur la terre, ce qui rend la nuit du 4 août un peu décevante pour les paysans par exemple. L’imaginaire privilégiant 1789 à 1793, on a tendance à oublier cette partie des faits au profit d’une nuit magnifique qui fait tomber ce château qu’on croyait de pierre mais qui est de cartes et qui emporte la société féodale avec lui, parce que l’image est porteuse d’espoir contre tous les systèmes injustes.

Quel rapport peut-on établir entre abolition des privilèges et création de nouvelles classes sociales, et donc réorganisation de la lutte des classes ?

Mathilde Larrère L’abolition de la société d’ordre, couplée au libéralisme politique, crée une grande confusion sociale, via la suppression des classes sociales légales. On se retrouve donc avec une société d’individus en théorie égaux entre eux, ce qui crée un réveil très angoissant, notamment pour les libéraux ; la société de l’Ancien Régime était profondément inégalitaire, mais elle était lisible et claire. Cette lisibilité était rassurante pour les dominants du XVIIIe siècle. On a des textes de Guizot, de Rémusat, qui s’angoissent de cette société incompréhensible pour eux. Ils vont donc, pour redonner un sens à cette société, inventer la lecture de classe, et ce bien avant Marx, qui reprendra le concept plus tard. Les libéraux inventent l’ordre des classes et s’octroient la place la plus haute, celle de la bourgeoisie. Marx reprend le terme lutte des classes aux libéraux pour en retourner le stigmate, donnant naissance à la conscience de classe du prolétariat, et réarme la notion de lutte des classes pour en faire un moteur de l’histoire au service des dominés.

Que pensez-vous d’une lecture qualifiant la Révolution française de « bourgeoise » ?

Mathilde Larrère Ce terme ne me va pas complètement, je préfère distinguer les différentes phases de la Révolution, la première phase libérale, puis la phase démocratique et sociale en 1793, avant le retour au libéralisme du Directoire. Je trouve plus pertinent de qualifier l’orientation politique de la Révolution plutôt que les bourgeois qui la constituent. Ce qui m’a toujours gênée, c’est que la Révolution a été populaire, du début à la fin, via le mouvement social, populaire qui l’accompagne. Au sommet, elle a toujours été bourgeoise, avec des contenus politiques variables, libéraux ou sociaux-démocrates. Cependant, elle est populaire, autonome et en conflit avec le sommet durant toute la période. Le terme « révolution bourgeoise », qui vient du marxisme, n’est pour moi pas assez complet pour la qualifier, bien qu’il permette d’en comprendre les limites. C’est pour cela que je préfère le terme de « révolution libérale », qui permet de faire la différence avec les révolutions suivantes, qui seront sociales, puis socialistes. 

Entretien réalisé par Daphné Deschamps, L'Huma du 5 août 2019.

Premier congrès des sociétés amies de la Révolution française

publié le 20 sept. 2018, 12:55 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 23 sept. 2018, 11:29 ]

    L'ARBR(Amis de Robespierre pour le Bicentenaire de la Révolution) a pour objet de rassembler les éléments de la vie et de l'action de Robespierre et d'une manière plus générale des réalités de la Révolution Française, de les faire connaître dans le cadre du bicentenaire de 1789 et au-delà.

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Premier congrès des sociétés amies de la Révolution française

L’ARBR est heureuse de vous inviter à ce premier congrès .

Elle espère vous y retrouver nombreux.

Premier congrès des sociétés amies de la Révolution française

Ivry-sur-Seine, salle Robespierre, samedi 22 septembre 2018

Matin.

  • 10 h. Ouverture officielle du premier congrès – Hervé Leuwers (Président SER, univ. Lille) et Philippe Bouyssou (maire d’Ivry-sur-Seine)
  • 10 h 15 – 11 h. Table ronde : Associations et transmission de la mémoire de la Révolution
    Serge Aberdam (SG SER, INRA, modérateur), avec Michel Aurigny (Ass. Babeuf), Micheline Blangy (Ass. Condorcet), Alcide Carton (ARBR), Alain Nice (Carmagnole liberté), Daniel Somogyi (AMRID).
    Par leurs engagements dans la vie de la cité, ou par leurs missions muséographiques ou didactiques, nombre d’associations sont confrontées à la problématique de la transmission d’une mémoire républicaine de la Révolution. La table ronde permettrait d’échanger sur ces enjeux, leurs modalités et les difficultés rencontrées dans cette dimension de l’engagement associatif.
  • 11 h 00 – 11 h 30. Pause et échanges autour des stands d’associations.
  • 11 h 30 - 12 h 30. Table ronde : Représenter la Révolution 
    Annie Duprat (SER, univ. Cergy-Pontoise, modératrice), avec Laurent Brassart (SER, univ. Lille), Paul Chopelin (SER, univ. Lyon 3), Antoine Resche (« Histony », youtuber), Pierre Schoeller (cinéaste).
    Quelle image pour la Révolution dans dans le cinéma, la BD, le théâtre, le Web ?

12 h 30 - 13 h 45 – Repas libre (chacun apporte son sandwich...) ; boissons offertes par la SER.

Après-midi.

  • 13 h 45 - 15 h. Table ronde : Un réseau de sociétés amies de la Révolution française... Pour quoi faire ?
    Michel Biard (SER, univ. Normandie, modérateur), avec Philippe Gallet (Ass. Desmoulins), Daniel Jouteux (SARF), Anne Quennedey (Ass. Saint-Just), Jean-Marc Schiappa (Ass. Babeuf), Bernard Vandeplas (ARBR).
    Le premier congrès des sociétés amies de la Révolution française est également l’occasion de réfléchir sur la nature du réseau à établir entre sociétés amies, les collaborations possibles, et les prochains congrès.
  • 15 h - 15 h 30 – Pause et échanges autour des stands d’associations
  • 15 h 30 - 17 h 30 – Projection, en avant-première, de la nouvelle version du film Robespierre, d’Hervé Pernot (1 h 30), puis débat sur Robespierre et sa perception dans notre société.
    Dominique Godineau (SER, univ. Rennes II, modératrice)

Rencontre organisée par :

Société des Études Robespierristes
Amis de Robespierre pour le bicentenaire de la Révolution (ARBR)
Association Camille Desmoulins
Association Condorcet (Ribemont)
Association Maximilien Robespierre pour l’idéal démocratique (AMRID)
Association pour la sauvegarde de la maison de Saint-Just
Comité Républicain de La Roche-de-Mûrs (Maine-et-Loire)
Les amis de Gracchus Babeuf
Les joyeux Jacobins (Saintes)
L’Improbable (Lyon)
Le peuple souverain s’avance (Paris
Société des amis de la Révolution de la Sarthe (SARF)

Les portraits de Robespierre sont de notre amie britannique Marianne Gilchrist.

Documents joints


nuit du 4 août 1789 : naissance d'une nation ?

publié le 4 août 2018, 08:39 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 4 août 2018, 08:42 ]


    La nuit du 4 au 5 août (la séance s'achève à 2 heures du matin), dite "nuit du 4 août" est historique. Après la prise de la Bastille, le 14 juillet, qui fut la révolution de la Liberté, c'est la révolution de l’Égalité. Sont notamment abolies -sans indemnité - la servitude personnelle (il restait des serfs, notamment en France-Comté), l'exclusivité seigneuriale sur les colombiers et la chasse (voir plus bas), l'exclusivité sur l'accès à certaines professions (dès le 4 août, on pourrait appliquer le mot de Napoléon : "dorénavant, chaque Français a, dans son berceau, son bâton de maréchal), les justices seigneuriales (droit de basse justice), les dîmes au clergé (1/10° de la récolte), la vénalité des offices (les postes que nous appelons aujourd'hui de "fonctionnaires" s'achetaient), etc...
    Durant cette nuit du 4 août, la noblesse renonça en effet à son droit exclusif de chasse, ce qui fut inscrit dans le marbre des deux premiers articles du décret. Bien plus que d’autres droits, c’était une victoire concrète qui marqua la paysannerie et assura en grande partie son adhésion à la Révolution, tout en libérant les centaines d’hommes condamnés aux galères pour faits de chasse. Comme le relate Jacques Bernet dans sa présentation du Journal d’un maître d’école d’Île-de-France, 1771-1792 (PUS, 2000), la chasse, que l’on ne saurait regarder avec nos yeux contemporains au risque de l’erreur anachronique, fut ainsi une des conquêtes démocratiques les plus fortes de la Révolution (P. Serna).
    Très vite, certains députés voulurent revenir sur ce qui avaient été pour eux un moment d'égarement. Et cet enthousiasme à abandonner ses privilèges fut souvent moqué car, par exemple, les droits seigneuriaux n'étaient pas réellement abolis : il aurait fallu attendre trente ans pour ce faire ! A cet égard, la pièce d'Ariane Mnouchkine reste pour moi un souvenir inoubliable. Mais 1793, autre moment très fort de la Révolution, régla ce problème de façon radicale.
    le 4 août mérite d'être célébré autant que le 14 juillet...
    Je publie ce texte de Pierre Serna, paru dans L'Humanité du 3 août 2018.
    J.-P. R.

Révolution.

La nuit du 4 août, ou la naissance d’un pays libre

    Le 5 août 1789 à 2 heures du matin, les députés mettent à bas la domination féodale en proclamant l’abolition des privilèges, faisant de chaque Français un citoyen égal à tous les autres. L’Ancien Régime est mort.

    L’analyse de Karl Marx demeure juste lorsqu’en 1848, dans la Nouvelle Gazette rhénane, il constate à propos des révolutions de 1789 et de 1848 qu’« elles étaient le triomphe de la bourgeoisie, mais le triomphe de la bourgeoisie était alors le triomphe d’un nouveau système social, la victoire de la propriété bourgeoise sur la propriété féodale ». L’été 1789 reste pour le philosophe allemand la matrice du monde contemporain, celui de la « Révolution la plus gigantesque qu’ait connue l’Histoire », faisant référence à cette nuit magique, celle du mardi 4 août 1789, lorsque, entre 8 heures du soir et 2 heures du matin, le système féodal qui corsetait la France depuis les Carolingiens et renforcé par les Capétiens depuis 1 200 ans s’effondra en quelques heures, faisant naître un monde nouveau.

    Tout avait commencé la veille, le soir du 3 août, lors de la réunion du club breton à Versailles. C’est ainsi que l’on désignait le club des députés patriotes à la pointe du combat depuis le mois de juin lorsque, après s’être déclarés Assemblée nationale le 17 juin, ils désobéirent au pouvoir exécutif du roi le 23 juin leur intimant l’ordre de se séparer. En ce temps-là, les députés faisaient justement la loi. Or, les nouvelles qui remontent des provinces depuis la mi-juillet sont alarmantes. Une « grande peur » s’est emparée des campagnes. Les paysans effrayés par des rumeurs de pillage se sont mis sur les chemins et ont décidé de se rendre dans les châteaux, pour vérifier les chartriers, là où sont entreposés ces fameux documents dont se servent les seigneurs pour imposer toujours davantage les communautés de travailleurs sur leur fief. Les impôts de toutes sortes ne cessent de s’appesantir sur la masse paysanne, sans compter les vexations anciennes, ni même les impôts en nature, ou bien les caprices. Ici, il faut refaire gratuitement les chemins du seigneur, là il faut l’inviter de force à la noce des enfants, partout il est interdit de chasser un gibier qui pullule lorsque tous ont faim.

Le vicomte de Beauharnais demande l’égalité des peines, la même justice pour tous

C’est décidé, les députés vont donner une réponse forte à ces « brûlements de château » et faire cesser cette domination féodale qui n’a plus de sens au moment où naît la nation. Le vicomte de Noailles suggère d’emblée l’allégement des droits féodaux, mais surtout l’abolition des privilèges devant l’impôt, faisant de chaque Français un citoyen égal à tous les autres, devant par ses contributions aider à la fortune nationale. Plus prudent, le duc d’Aiguillon approuve ces décisions en soulignant que, la propriété privée devenant le socle de la nouvelle notabilité, il faudra racheter les droits seigneuriaux durant un laps de temps de trente ans. S’ensuit alors un moment électrique dans l’Assemblée, où les prises de parole ne cessent plus, rivalisant de générosité civique. Le clergé renonce à la dîme, impôt qui s’il n’est pas le plus lourd est le plus détesté, car unanimement levé dans tout le royaume. Le vicomte de Beauharnais demande l’égalité des peines, et donc la même justice pour tous. Le duc de La Rochefoucauld, qui préside la séance, va jusqu’à évoquer l’abolition de l’esclavage.

Le pouvoir n’était plus à vendre, ni aux nobles ni aux bourgeois

    À 2 heures du matin, il clôt le débat, constatant que les privilèges, les inégalités et les particularismes ont été abolis. De fait, il faudra plus de six jours pour que toutes les propositions de la nuit soient rédigées sous forme de décrets, beaucoup revenant, après l’ivresse de la nuit, sur ce qu’ils ont cédé et tentant d’amoindrir la force des déclarations. Mais le pas a été franchi lorsque, le 11 août, la loi est votée. Une France nouvelle est née, un ancien régime est mort. Il n’y a plus en France de système féodal.

    Les mesures ne furent pas seulement économiques ou sociales. Elles furent aussi politiques. Les provinces avaient renoncé à leurs barrières et les villes à leurs privilèges. La France devenait un tout égal et uni. Surtout, en abolissant la vénalité des charges et la vente des offices, désormais la propriété privée était séparée du pouvoir. Désormais le pouvoir n’était plus à vendre, ni aux nobles ni aux bourgeois. Tous pouvaient participer librement et également à toutes les charges publiques. C’en était fini des prébendes. Désormais le talent et le travail honnête garantissaient seuls la juste place de chacun dans la société. Plus que la fin de l’ancienne royauté, la nuit du 4 août porte le germe de la République. Loustallot, journaliste des Révolutions de Paris, peut conclure, se souvenant de cette nuit : « La Fraternité, la douce fraternité régnait partout. ».


   

    Pierre SERNA, Historien

    Vendredi, 3 Août, 2018

Ce qu'ils ont dit de ROBESPIERRE...

publié le 27 nov. 2017, 02:59 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 27 déc. 2017, 07:51 ]

 

Du colloque d’Arras qui s’est tenu du 24 au 26 novembre 2017, organisé par nos amis de l’ARBR, j’ai ramené – entre mille autres choses – cette suite de déclarations faites par des hommes éminents sur Robespierre, l’Incorruptible. C’est un RELIGIEUX D'AMIENS, dans un courrier daté du 11 juillet 1790, qui lui attribue ce surnom d'INCORRUPTIBLE.

BARERE (1755-1841)

Barère fut plus que Robespierre l'homme central du Comité de salut public, Robespierre dut affronter son opposition jusqu'au 9 Thermidor. Il dira bien après : "J'ai réfléchi sur cet homme [Robespierre], j'ai vu que son idée dominante était l'établissement du gouvernement républicain... Nous ne l'avons pas compris, il avait le tempérament des grands hommes et la postérité lui accordera ce titre... C'était un homme pur, intègre, un vrai républicain."

CAMBON

"Nous avons tué la République, au 9 thermidor, en croyant ne tuer que Robespierre. Je servis à mon insu les passions de quelques scélérats. Que n'ai-je péri, ce jour-là, avec eux ! La liberté vivrait encore... "

BILLAUD-VARENNE (membre du CSP 6 septembre 1793 – 1er septembre 1794)

"Nous nous sommes bien trompés ce jour-là ! La Révolution a été perdue le 9 thermidor. Depuis, combien de fois j'ai déploré d'y avoir agi de colère... Pour quoi ne laisse-t-on pas ces intempestives passions et toutes les vulgaires inquiétudes aux portes du pouvoir ? Le malheur des révolutions, c'est qu’il faut agir trop vite, vous n'avez pas le temps d'examiner, vous n'agissez qu'en pleine et brûlante fièvre... Si Danton, Robespierre et Camille fussent restés unis, il n’y aurait pas eu de 18 brumaire possible".

VADIER (1736-1828)

"Pardonne-moi le 9 thermidor ! Nous avons méconnu Robespierre, nous l'avons assassiné". A 92 ans, il déclarait qu'il n'y avait pas dans sa vie un seul acte qu'il se reprochât (et pourtant, il y en avait ! JPR), sinon d'avoir méconnu Robespierre.

SOUBERBIELLE (médecin et ami personnel de Robespierre)

"Robespierre était la conscience de la Révolution, ils l'ont immolé parce qu'ils ne l'ont pas compris".

BABEUF

Babeuf qui avait applaudi à la chute de Robespierre exprime peu après, le 6 novembre 1795, le profond désenchantement du peuple : "Osons dire que la Révolution, malgré les obstacles et toutes les oppositions, a avancé jusqu'au 9 thermidor et qu'elle a reculé depuis". En 1796, il déclarait encore: "Nous ne faisons que succéder à de premiers généreux défenseurs du peuple [Robespierre, Saint Just] qui, avant nous, avaient marqué le même but de justice et de bonheur auquel le peuple doit atteindre".

Futur LOUIS XVIII

En 1797, le frère du ci-devant Louis XVI déclarait : "il serait injuste de regarder Robespierre comme un homme cruel et de l'appeler tyran, il faudrait au contraire voir en lui, comme dans Sylla, une forte tête, un grand Homme d’État. Richelieu eut fait plus que Robespierre s'il se fût trouvé dans une position semblable".

NAPOLÉON BONAPARTE

En 1797, encore simple général, Bonaparte évoque "le seul gouvernement fort qu'a eu la France depuis les origines de la Révolution, celui de Robespierre". Pour mémoire, en 1803, il a reconnu le travail et l'intégrité des frères Robespierre en attribuant à leur sœur Charlotte une pension à vie, il considérait Robespierre comme "l'homme-clef" de la Révolution.

CHATEAUBRIAND

L'écrivain monarchiste affirmera :"Aux yeux de la postérité, Mirabeau restera le champion de l'aristocratie et Robespierre, celui de la démocratie"

ROMAIN ROLLAND

"Le Robespierre de 1794 n'était plus celui de 1789 à 1793. A mon avis, il n’a jamais été plus grand que dans son rôle de lucide et intrépide opposant pendant l'Assemblée Constituante; il a été vraiment alors la voix du peuple et sa lumière. Mais les révolutions usent les hommes. Il avait une chétive santé et il porta une tâche surhumaine, c'est miracle qu'il ait pu tenir jusqu'en juillet 1794".

Les Sans-culottes de la révolution française

publié le 13 nov. 2017, 15:41 par Jean-Pierre Rissoan


    artcile à lire avec ce lien :

    5. Les Sans-culottes de la révolution française

La Révolution partagée : le siège de Lille ( 25 septembre - 8 octobre 1792)

publié le 21 sept. 2014, 10:00 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 5 août 2018, 09:49 ]

        Voici un article écrit et publié par la revue L’Incorruptible, n°89, bulletin de la société des Amis de Robespierre. Il traite de la résistance vigoureuse des Lillois assiégés par les Autrichiens en 1792. Ce genre d’article est trop rare. Face à l’adversaire de toujours, coriace, contre-révolutionnaire, qui voit dans la Révolution l’œuvre d’un tyran qui aurait mené les Français au fouet de la dictature, on voit ici des Lillois, parfaitement déterminés, qui décident librement de faire front à l’envahisseur autrichien. On lira la réponse du maire à la demande du commandant autrichien de rendre les armes. On admirera tout autant la conduite du maître-canonnier qui répond, quand on lui annonce que sa maison brûle, que sa place est aux côtés de sa pièce d’artillerie. Je l’ai dit dans mon livre : quand on est prêt, ainsi, à abandonner son patrimoine pour la défense de ses idées, la Révolution est invincible. Où est Robespierre dans ce combat ? Qui oblige les Lillois à se battre ? Personne. Rien. Rien sinon le sens de l’honneur, de la patrie, et de la vertu révolutionnaire.

        J.-P. R.

 

 LE SIÈGE DE LILLE

    Le 20 avril 1792, sur la proposition du roi Louis XVI, l'Assemblée législative déclare la guerre au "roi de Bohème et de Hongrie" et engage ainsi la France dans une guerre qui, hormis la paix de Lunéville (9 février 1801) va durer vingt-deux ans.

    Les révolutionnaires ont pour objectif premier de libérer la Belgique placée sous la dépendance de la Maison d'Autriche (on parlait des "Pays-Bas autrichiens, JPR").

    Le 28 avril, les troupes françaises passent à l'offensive, mais les opérations militaires tournent aussitôt à la catastrophe. L'incurie de l'état-major français, l'inefficacité d'une armée composée de mercenaires et de patriotes volontaires mais inexpérimentés convainquent les Autrichiens et les Prussiens de leur supériorité militaire. Le 19 août 1792, tes armées de la coalition (austro-prussienne, JPR) franchissent les frontières de l'Est. Surprises par les pluies de septembre, décimées par la dysenterie, les troupes prussiennes s'enlisent dans les boues de l’Argonne et sont arrêtées à Valmy par Kellermann et Dumouriez le 20 septembre 1792. Néanmoins, le 25 septembre, 13000 Autrichiens commandés par Albert de Saxe-Teschen mettent le siège devant Lille.

    Dans la guerre qui oppose la France à la coalition austro-prussienne, Lille est en première ligne et ne se trouve nullement dépourvue lorsque l'archiduc Albert de Saxe-Teschen vient y mettre le siège. La garnison française commandée par le maréchal de camp Ruault est forte d'environ 10000 hommes, renforcés par les 132 canonniers de la garde nationale sédentaire, citoyenne de la ville, et par la population lilloise activement mobilisée.

    Le 26 septembre, l'armée autrichienne installe de formidables batteries dans les faubourgs : 24 canons de gros calibre, 12 mortiers et de nombreux obusiers. On entasse des provisions de bombes, d'obus, de mitraille ; on dispose des grils pour faire rougir les boulets. Le 29 septembre, le duc de Saxe-Teschen fait savoir qu'il est disposé à épargner la ville contre reddition. Pierre André-Bonte, maire de Lille, répond "nous venons de renouveler notre serment d’être fidè1es à la Nation, de maintenir la Liberté et l’Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures. " Le 29 septembre, à 15 heures, bombes et boulets rouges incendiaires commencent à pleuvoir sur la cité, notamment sur le quartier Saint-Sauveur et sur la Grand-Place. Des incendies s'allument partout. Le 30 septembre, le maire de Lille lance un appel désespéré aux villes voisines : "Exposés au bombardement le plus vif de la part de l’ennemi qui ne cesse de tirer sur notre ville à boulets rouges et à bombes, nous vous prions au nom de la Patrie de nous envoyer vos pompes... ". Appel dont l'écho est entendu par Béthune, Aire, Saint-Omer et Dunkerque qui mettent tout en œuvre pour aider les assiégés.

    L'artillerie lilloise répond sans discontinuer. Tous les hommes sont à leur poste, sur les remparts et dans les ouvrages extérieurs. Certains montent sur les toits pour surveiller l'arrivée des projectiles ennemis. Dans la ville, les femmes, les vieillards et les enfants s'efforcent d'arrêter les ravages du feu.

   Les exemples de courage et d'abnégation sont nombreux. Le commandant Charlemagne Ovigneur, chef des canonniers, était auprès d'une pièce qu'il pointait ; on accourt l'avertir que sa maison brûle ; il regarde du côté où elle se trouvait et la voit en effet, entourée de flammes: "Ma place est ici, dit-il, laissons ma maison brûler et rendons à l'ennemi feu pour feu".

  

ce tableau restitue cette séquence, avec à droite, le soldat qui prévient Ovigneur et au centre, monté sur la pièce d’artillerie, Ovigneur, lui-même, très serein (JPR). Tableau de Le Dru (1)


 Le bombardement et la canonnade durent sans relâche six jours entiers. Six mille bombes et trente mille boulets sont tombés sur la ville. Plus de deux mille maisons sont détruites ou touchées. Mais le feu des Autrichiens commence à se ralentir et le 6 octobre, il cesse. À bout de munitions, fatigué de la résistance des Lillois, inquiet des succès de Dumouriez en Champagne et aussi de la concentration d'une armée française au camp de Lens, le duc de Saxe-Teschen se replie sur Tournai le 8 octobre.

    L'héroïque défense de Lille excite l'enthousiasme de la France entière ; le 12 octobre 1792, la Convention vote aux braves citoyens qui ont si bien combattu pour la patrie et leurs foyers, une somme de 2 millions comme secours provisoire, et une bannière d'honneur portant cette inscription : "À la ville de Lille, la Nation reconnaissante".

    Docteur Michel CSANYI

 

La colonne de la Déesse est un monument commémoratif inauguré le 8 octobre 1845, au centre de la Grand-Place de Lille aujourd'hui place du Général-de-Gaulle. (…). Chacun des quatre côtés du piédestal de la colonne porte des inscriptions : Devant : " Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèles à la Nation, de maintenir la Liberté et l''Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures". Sur le côté droit :"Levée du Siège, nuit du 7 au 8 octobre 1792". Sur le côté gauche: "Les habitants de Lille ont bien mérité de la patrie (Décret du 12 octobre 1792) ". Derrière: "Aux Lillois de 1792. Hommage de nos concitoyens. 1842".


Les amis de Robespierre, Maison des Sociétés, rue Aristide Briand, 62000 ARRAS

    www.amis-robespierre.org 

    (1) Albert-Ferdinand Le Dru est un peintre français (1848- ?). Élève du peintre de genre et de sujets militaires Louis-Antoine Tiremois, il est connu comme peintre de sujets militaires. Il expose au Salon à partir de 1876 et obtiendra en 1894 une médaille de troisième classe pour sa représentation du Siège de Lille en 1792 (le capitaine Ovigneur commandant les canonniers reste stoïque alors qu'on lui apprend que sa maison est en feu) (Fiche Wiki).

NB. Un descendant de la famille OVIGNEUR, Thomas, me transmet ceci :
https://www.facebook.com/136751596396996/photos/a.284157198323101.65909.136751596396996/594333537305464/?type=1&theater

  vous pourrez y trouver une page spéciale sur Charlemagne Ovigneur, héros du siège de Lille, et une foule de documents authentiques reproduits par Thomas Ovigneur.


FACEBOOK     : https://www.facebook.com/OVIGNEUR/

le 14 juillet 1789 et la prise de la Bastille ... en images

publié le 12 juil. 2014, 10:57 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 15 juil. 2019, 04:55 ]


    Le premier texte est extrait du Hors-série de l'Humanité  1789-2019 L'égalité, Une passion Française.  Vous pouvez vous le procurer chez votre marchand de journaux ou dans la boutique en ligne du site www.humanite.fr . Je le fais suivre d'une série d'illustrations qui permettent de comprendre c qu'a été la Bastille et sa prise par les Parisiens et les soldats des Gardes françaises.

    La Fête de la Fédération, célébration de la prise de la Bastille le 14 juillet 1790, n’est pas sans conséquence. C’est oublier la Ire République et nous plier à une fête nationale liée à une monarchie.

    Par Michel Biard Historien
 

    Chaque 14 juillet, nous bénéficions d’un jour férié, agrémenté de bals, feux d’artifice et jets de pétard. L’immense majorité des Françaises et Français pense que ce jour marque l’anniversaire de la prise de la Bastille. Pourtant, lorsque, en 1880, la IIIe République le choisit comme fête nationale, de vifs débats agitèrent le monde politique, avant qu’un consensus ne soit trouvé autour de l’idée de fêter le 14 juillet de 1790 et non directement celui de 1789. Mettre en avant 1790 signifiait jeter un voile sur les violences de juillet 1789, donc éviter de raviver des clivages politiques hérités de la Révolution, alors encore vivaces. Mais ce choix de 1790 implique aussi un double tour de passe-passe politique. D’une part, cela suppose de taire les contradictions de cette année, d’autre part et surtout, cela entraîne une absence de célébration de la République elle-même.

En effet, la Fête de la Fédération, qui se déroula au Champ-de-Mars de Paris le 14 juillet 1790, avec de nombreuses répliques dans les départements, entendait mettre en scène une Révolution achevée dans la concorde autour de Louis XVI, assimilé à un « restaurateur de la liberté ». Le choix du Champ-de-Mars, et non de l’emplacement de la Bastille, fut alors hautement symbolique, tout comme le fait que, du 18 au 21 juillet, des fêtes populaires se déroulèrent, elles, sur les ruines de la forteresse (démolie dès l’été 1789). Bals, illuminations, mascarade accompagnant l’enterrement d’un cercueil représentant l’aristocratie… tout donna à ces réjouissances populaires un autre sens que celui de la concorde de façade affichée dans la fête officielle. Autrefois à la Bastille « on y trouvait la mort ! Aujourd’hui l’on y danse », commente un auteur du temps. Autant dire qu’en juillet 1790 chacun ne fête pas la même chose, a fortiori lorsque circule une estampe à la légende sans ambiguïté quant à l’idée fausse d’une Révolution achevée dans la concorde : « Aristocrates vous voilà donc foutus, le Champ-de-Mars vous fout la pelle au cul, Aristocrates vous voilà donc foutus, nous baiserons vos femmes et vous nous baiserez le cul. »

Mais, au-delà de ces premières ambiguïtés politiques, et sociales, de juillet 1790, la célébration du 14 juillet décidée en 1880 pose un second problème, infiniment plus grave : notre actuelle République ne célèbre pas l’anniversaire de sa propre naissance et associe ainsi toujours sa fête nationale à une monarchie constitutionnalisée. Nous ne fêtons ni le 21 septembre, jour où la Convention vota en 1792 un décret abolissant la royauté, ni le 22, lorsqu’elle décida que les actes officiels seraient datés du premier jour de la République. Continuer aujourd’hui à oublier la Ire République, en raison des violences qui l’ont accompagnée, nous condamne à une fête nationale liée à une monarchie. Ironie du sort « jupitérienne » ? À ceci près que les Françaises et Français pensent bel et bien fêter la prise de la Bastille, n’en déplaise à ceux qui auront tout fait pour l’éviter.

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    Voici maintenant quelques documents qui permettent de situer cette fameuse Bastille, ancien château-fort défensif contre des envahisseurs type Normands... devenu prison d’État avec des hôtes illustres comme Diderot ou Voltaire. Symbole de l'absolutisme et de l'arbitraire royaux, elle fut le cible des Parisiens qui voyaient -légitimement - ce château devenir une arme dirigée contre eux.



    Ce plan du Paris de Charles V (fin du XV° siècle) montre que la Bastille n'est qu'un élément d'un ensemble : la muraille qui protège Paris sur 360° - la Seine est protégée par des chaînes énormes que l'on tend le soir d'une rive à l'autre pour barrer la voie aux navires ennemis -. La Bastille est un élément plus important que les autres, son pendant à l'ouest est la forteresse du Louvre. La Bastille est flanquée de la porte St-Antoine.


    Cette gravure (photo Jaunet) montre l'ampleur du Château. Il ne compte pas moins de huit tours. On voit parfaitement la rue saint-Antoine intra-muros qui, hors Paris, se prolonge par la rue du faubourg Saint-Antoine. Pour cela il faut franchir la porte Saint-Antoine : la vieille porte médiévale avec ses échauguettes, puis la porte du XVIII° siècle avec ses colonnes décoratives et, enfin, une troisième porte, également médiévale et fortifiée.
    La vue est orientée vers le Nord. On observe à gauche un pont-levis (à l'opposé de la porte St-Antoine qui est à l'est) : c'est par là que passeront les révolutionnaires. Il porte le numéro 2 sur le croquis ci-dessous.


Sur ce croquis les éléments d’architecture et d'urbanisme construits ultérieurement sont indiqués par des pointillés.
Avec le temps, des éléments d'habitation ou de servitude sont venus s’agréger à la Bastille. Ainsi que le montre cette gravure ci-dessous (photo Jaunet). Là, on voit les assaillants passer par le pont-levis n°1. D'autres, à l'arrière-plan franchissent le second pont-levis et pénètrent dans la cour du château-fort.


"Le peuple crie aux soldats sur les tours « Nous voulons la Bastille ! en bas la troupe ». Deux hommes, Davanc et Denain, prenant appui sur une boutique de parfumeur adossée au chemin de ronde, montent sur ce chemin de ronde, sautent dans une cour intérieure et brisent les chaînes d'un pont-levis qui retombe. La masse des combattants qui n'a pas vu l'escalade croit que les ponts s'abaissent sur les ordres du gouverneur ; elle envahit la cour. De Launay fait alors ouvrir le feu. C'est ainsi que la bataille s'engage vers une heure de l'après-midi. Les assiégeants allument des voitures de paille mouillée poux se protéger du feu de la garnison par un rideau de fumée,..."

extrait du livre Jean Michaud "les États généraux et la 14 juillet 1789", Éditions sociales, collection "pages d'histoire populaire".

Ce ne fut pas une rigolade comme tenta de le faire croire la presse aristocratique. Après quatre heures de combat, il y eut 83 tués du côtés des révolutionnaires plus 15 autres qui ne survécurent pas à leurs blessures.


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