le 14 juillet 1789 et la prise de la Bastille ... en images

publié le 12 juil. 2014, 10:57 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 15 juil. 2019, 04:55 ]

    Le premier texte est extrait du Hors-série de l'Humanité  1789-2019 L'égalité, Une passion Française.  Vous pouvez vous le procurer chez votre marchand de journaux ou dans la boutique en ligne du site www.humanite.fr . Je le fais suivre d'une série d'illustrations qui permettent de comprendre c qu'a été la Bastille et sa prise par les Parisiens et les soldats des Gardes françaises.

    La Fête de la Fédération, célébration de la prise de la Bastille le 14 juillet 1790, n’est pas sans conséquence. C’est oublier la Ire République et nous plier à une fête nationale liée à une monarchie.

    Par Michel Biard Historien
 

    Chaque 14 juillet, nous bénéficions d’un jour férié, agrémenté de bals, feux d’artifice et jets de pétard. L’immense majorité des Françaises et Français pense que ce jour marque l’anniversaire de la prise de la Bastille. Pourtant, lorsque, en 1880, la IIIe République le choisit comme fête nationale, de vifs débats agitèrent le monde politique, avant qu’un consensus ne soit trouvé autour de l’idée de fêter le 14 juillet de 1790 et non directement celui de 1789. Mettre en avant 1790 signifiait jeter un voile sur les violences de juillet 1789, donc éviter de raviver des clivages politiques hérités de la Révolution, alors encore vivaces. Mais ce choix de 1790 implique aussi un double tour de passe-passe politique. D’une part, cela suppose de taire les contradictions de cette année, d’autre part et surtout, cela entraîne une absence de célébration de la République elle-même.

En effet, la Fête de la Fédération, qui se déroula au Champ-de-Mars de Paris le 14 juillet 1790, avec de nombreuses répliques dans les départements, entendait mettre en scène une Révolution achevée dans la concorde autour de Louis XVI, assimilé à un « restaurateur de la liberté ». Le choix du Champ-de-Mars, et non de l’emplacement de la Bastille, fut alors hautement symbolique, tout comme le fait que, du 18 au 21 juillet, des fêtes populaires se déroulèrent, elles, sur les ruines de la forteresse (démolie dès l’été 1789). Bals, illuminations, mascarade accompagnant l’enterrement d’un cercueil représentant l’aristocratie… tout donna à ces réjouissances populaires un autre sens que celui de la concorde de façade affichée dans la fête officielle. Autrefois à la Bastille « on y trouvait la mort ! Aujourd’hui l’on y danse », commente un auteur du temps. Autant dire qu’en juillet 1790 chacun ne fête pas la même chose, a fortiori lorsque circule une estampe à la légende sans ambiguïté quant à l’idée fausse d’une Révolution achevée dans la concorde : « Aristocrates vous voilà donc foutus, le Champ-de-Mars vous fout la pelle au cul, Aristocrates vous voilà donc foutus, nous baiserons vos femmes et vous nous baiserez le cul. »

Mais, au-delà de ces premières ambiguïtés politiques, et sociales, de juillet 1790, la célébration du 14 juillet décidée en 1880 pose un second problème, infiniment plus grave : notre actuelle République ne célèbre pas l’anniversaire de sa propre naissance et associe ainsi toujours sa fête nationale à une monarchie constitutionnalisée. Nous ne fêtons ni le 21 septembre, jour où la Convention vota en 1792 un décret abolissant la royauté, ni le 22, lorsqu’elle décida que les actes officiels seraient datés du premier jour de la République. Continuer aujourd’hui à oublier la Ire République, en raison des violences qui l’ont accompagnée, nous condamne à une fête nationale liée à une monarchie. Ironie du sort « jupitérienne » ? À ceci près que les Françaises et Français pensent bel et bien fêter la prise de la Bastille, n’en déplaise à ceux qui auront tout fait pour l’éviter.

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    Voici maintenant quelques documents qui permettent de situer cette fameuse Bastille, ancien château-fort défensif contre des envahisseurs type Normands... devenu prison d’État avec des hôtes illustres comme Diderot ou Voltaire. Symbole de l'absolutisme et de l'arbitraire royaux, elle fut le cible des Parisiens qui voyaient -légitimement - ce château devenir une arme dirigée contre eux.



    Ce plan du Paris de Charles V (fin du XV° siècle) montre que la Bastille n'est qu'un élément d'un ensemble : la muraille qui protège Paris sur 360° - la Seine est protégée par des chaînes énormes que l'on tend le soir d'une rive à l'autre pour barrer la voie aux navires ennemis -. La Bastille est un élément plus important que les autres, son pendant à l'ouest est la forteresse du Louvre. La Bastille est flanquée de la porte St-Antoine.


    Cette gravure (photo Jaunet) montre l'ampleur du Château. Il ne compte pas moins de huit tours. On voit parfaitement la rue saint-Antoine intra-muros qui, hors Paris, se prolonge par la rue du faubourg Saint-Antoine. Pour cela il faut franchir la porte Saint-Antoine : la vieille porte médiévale avec ses échauguettes, puis la porte du XVIII° siècle avec ses colonnes décoratives et, enfin, une troisième porte, également médiévale et fortifiée.
    La vue est orientée vers le Nord. On observe à gauche un pont-levis (à l'opposé de la porte St-Antoine qui est à l'est) : c'est par là que passeront les révolutionnaires. Il porte le numéro 2 sur le croquis ci-dessous.


Sur ce croquis les éléments d’architecture et d'urbanisme construits ultérieurement sont indiqués par des pointillés.
Avec le temps, des éléments d'habitation ou de servitude sont venus s’agréger à la Bastille. Ainsi que le montre cette gravure ci-dessous (photo Jaunet). Là, on voit les assaillants passer par le pont-levis n°1. D'autres, à l'arrière-plan franchissent le second pont-levis et pénètrent dans la cour du château-fort.


"Le peuple crie aux soldats sur les tours « Nous voulons la Bastille ! en bas la troupe ». Deux hommes, Davanc et Denain, prenant appui sur une boutique de parfumeur adossée au chemin de ronde, montent sur ce chemin de ronde, sautent dans une cour intérieure et brisent les chaînes d'un pont-levis qui retombe. La masse des combattants qui n'a pas vu l'escalade croit que les ponts s'abaissent sur les ordres du gouverneur ; elle envahit la cour. De Launay fait alors ouvrir le feu. C'est ainsi que la bataille s'engage vers une heure de l'après-midi. Les assiégeants allument des voitures de paille mouillée poux se protéger du feu de la garnison par un rideau de fumée,..."

extrait du livre Jean Michaud "les États généraux et la 14 juillet 1789", Éditions sociales, collection "pages d'histoire populaire".

Ce ne fut pas une rigolade comme tenta de le faire croire la presse aristocratique. Après quatre heures de combat, il y eut 83 tués du côtés des révolutionnaires plus 15 autres qui ne survécurent pas à leurs blessures.


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