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f. La DECOLONISATION et ses suites
3ème partie : Le Tiers-Monde dans l'abîme : 1973-1985
Dans sa lancée des années 60', le Tiers Monde se bat pour un N.O.E.I.. Mais cette revendication n'aboutira pas à cause de l’opposition des pays riches occidentaux. Le choc pétrolier donne des apparences de puissance aux pays pauvres -la hausse du cours des matières premières et sources d’énergie[1] leur donne une apparente solvabilité- qui croient pouvoir s'endetter pour rattraper leur retard mais 1982 est une année charnière qui voit éclater "la crise de la dette"[2].
I. L'ÉCHEC DU DIALOGUE NORD-SUD
Forts de leurs positions après le premier choc pétrolier, les P.V.D. exigent un N.O.E.I., mais l'opposition des pays riches conduit à un échec qui n'ose pas dire son nom. A. L'exigence du N.O.E.I.Le document ci-contre donne les grandes lignes de ce qu’aurait pu être un nouvel ordre économique mondial. Une critique : ce document ne parle pas de la souveraineté permanente intégrale de chaque Etat sur ses ressources naturelles et sur toutes les activités économiques. Souveraineté qui eût été un barrage à l’influence des firmes multi-nationales[3].L'idée d'une charte solennelle des "droits et des devoirs des États" avait germé lors de la 3° C.N.U.C.E.D.[4] tenue en 1972, où le président mexicain avait déclaré : "un ordre juste et un monde stable ne sont possibles que si l'on crée des obligations et des droits qui protègent les faibles". Reprise par la conférence des Non-alignés à Alger de 1973, cette idée s'impose en 1974 à l'ONU où règne, selon le point de vue américain, "la majorité automatique". Les Américains, auteurs de "l’idée O.N.U.", où -grâce à leurs alliés et vassaux- ils disposaient de la majorité statutaire des deux-tiers des votes à l’Assemblée générale, voient leur outil se retourner contre eux : la décolonisation et le mouvement tiers-mondiste font que les nouveaux États sont maintenant majoritaires à l’Assemblée générale où ils bénéficient du vote des pays "socialistes" du bloc soviétique. C’est une majorité qui vote -selon les dires des Américains - automatiquement contre le point de vue de Washington et des Occidentaux.[5] L'ONU approuve par consensus la déclaration et le programme d'action relatifs à l'instauration d'un NOEI qui prône, notamment, "la souveraineté permanente intégrale de chaque Etat sur ses ressources naturelles et sur toutes les activités économiques". La charte est votée plus tard le 12 décembre 1974. La 4° CNUCED de Nairobi (1976), sous l'influence du groupe des 77, prône, elle, une autre idée majeure : le programme intégré. Le principe est le suivant : pour chaque produit de base (coton, café, minerai métallique, etc.), un accord serait passé entre les pays producteurs et pays consommateurs pour réguler le marché. Pour chaque produit, serait créé un stock régulateur, avec prix plafond et prix plancher, avec stockage -quand on atteint le prix plancher- et déstockage -quand on atteint le prix plafond- selon l'état du marché. Tous ces accords seraient ensuite rendus solidaires par le moyen d'un fonds commun central qui assurerait le financement des accords par produit. B. L'opposition des Pays richesLa charte de l'ONU de 1974 a été refusée par les E.-U., le R.U. et la R.F.A. avec abstention de la France et du Japon, de plus, ce ne sera pas un texte contraignant. De même, à Nairobi (1976), E.-U., R.U., RFA et Japon s'opposent au programme intégré comme "contraire aux règles de l'économie libérale". En 1975, face au problème pétrolier et, plus généralement, face au problème du prix et de la commercialisation des matières premières et sources d’énergie, le président V. Giscard d’Estaing avait proposé une "conférence pour la coopération économique internationale" (C.C.E.I.), rapidement appelée par les journalistes "conférence nord-sud". La conférence réunit, à Paris, 27 pays, hors du cadre de l'ONU. Pour préparer cette réunion les Américains exigent une concertation des pays industrialisés : c'est la naissance du G7 mais aussi le début du déclin de l'ONU[6]. La conférence dure deux ans. L'opposition est nette sur les points fondamentaux. Elle s'achève sur une liste d'accords et de désaccords. L'idée d'un fonds commun est acceptée mais on achoppe sur son financement. Les suivantes CNUCED confirment cet échec mais les P.V.D. sont alors endettés et ne sont plus en position de force.
II. LES PROBLÈMES CROISSANTS DU TIERS MONDE
Avec la crise de l'énergie, le "front" des pays du Tiers Monde se disloque et la fuite en avant dans l'endettement aboutit à la crise financière de 1982. A. Le "piège" de l'endettementLes pays pétroliers à faible population (style monarchies du Golfe) recyclent leur argent dans le circuit bancaire international. Les banques occidentales ont un excès d'épargne. Il y a conjonction d'intérêts : les pays développés à économie de marché (P.D.E.M.) peuvent financer leurs opérations de redéploiement -qui prennent souvent la forme d’une délocalisation de leurs industries de main d’œuvre- et les P.V.D. exploitent la conjoncture (hausse du prix des M.P. et S.E.) qui les rend solvables et s’endettent. C'est l'époque des projets grandioses ("éléphants blancs") : barrages hydroélectriques, voies ferrées d'exportation, usines-clés en main, aciéries, etc…) qui désarticulent toujours plus l'espace économique des ces pays en les intégrant dans l'espace mondial. Le "piège" se referme avec trois éléments : - en 1979, les E.U. adoptent une politique de libéralisation des taux d'intérêt qui montent jusqu'à 20% (or, les dettes ont été contractées à taux variables) - en 1980, le dollar -qui est devenu monnaie mondiale déconnectée de l’or, en 1976- monte jusqu'à 10 FF (les dettes sont libellées en dollars US) (la parité habituelle est de 5 FF). - la récession mondiale (1982), la politique de diversification énergétique des P.D.E.M. et la lutte contre le gaspillage provoquent une baisse de la demande donc une baisse du cours des matières premières donc des recettes d'exportation des P.V.D. (On va vers le "contre-choc" de 1985). Les P.V.D. doivent rembourser leurs dettes avec des dollars surévalués, des taux d’intérêt excessifs alors que leurs recettes d’exportation diminuent. En 1982, le Mexique se déclare insolvable, il sera suivi par de nombreux pays. Les banques créancières redoutent la faillite. C'est l'époque de "l'ajustement structurel" qui commence voulu par le F.M.I.. Exploitation du
document de l’O.C.D.E sur l’endettement extérieur des P.V.D.. Il faut s’appliquer pour exploiter ce document. La première colonne dispache les pays en quatre groupes (numérotés de 1 à 4). Les PFR -pays à faibles revenus- sont appelés PMA -pays les moins avancés- à l’ONU[7]. Les PRI sont les pays à revenus intermédiaires (type = Côte d’Ivoire, Algérie, pays d’Amérique centrale, etc.). Les NPI sont les nouveaux pays industrialisés, surtout asiatiques : Hong-Kong ; Taïwan, Singapour, Corée du Sud…Vous remarquerez le sous-total Non OPEP. L’OPEP regroupe les pays exportateurs de pétrole. Le "total PVD" est la somme de la dette de ces quatre groupes de pays. Le service de la dette, c’est le remboursement annuel des emprunts (intérêts et principal) en milliards de dollars américains. La seconde colonne indique la dette totale pour chaque groupe de pays à quatre années de référence, avec pour chacun, le service de la dette (en $ US.). Les quatre colonnes suivantes indiquent des pourcentages : la somme horizontale est égale à 100. Chaque colonne correspond à un type d’endettement : L’ APD, c’est l’aide publique au développement ; "publique" c’est-à-dire accordée par un gouvernement à un autre. A un pays "ami", bien sûr. Le Multilatéral non libéral indique aussi des prêts publics, de plusieurs gouvernements (type Europe de Bruxelles à l’égard des anciennes colonies des pays-membres), en dehors des banques commerciales, la concurrence ne joue pas. Les "marchés privés" correspondent à des prêts effectués par des banques privées mastodontes, là joue la concurrence entre elles.Total crédits exports : ce sont les prêts consentis aux PVD pour qu’ils puissent acheter les exportations des pays riches. Que constate-t-on ? D’abord, la hausse rapide de l’endettement total en une seule décennie : on passe de 90 milliards en 1971 à 626 milliards en 1982. Cette année-là, $131,3 milliards devaient retourner dans les caisses des pays riches, au titre des intérêts dus et du capital à rembourser annuellement, flux du Sud vers le Nord. Les banques privées négligent totalement les PFR - PMA. Ces derniers pays bénéficient surtout de l’ APD (presque les ¾ de l’endettement, 69% en 1982) : en fait, c’est une aide politique. Par exemple, la France à l’égard du Mali, du Tchad, etc... La Françafrique se régale. A l’opposé, les banques privées se nourrissent grassement des prêts aux N.P.I. : les 2/3 de la dette de ces pays viennent des banques occidentales ou japonaises. Peu d’aides publiques pour ces NPI asiatiques, en revanche. Les N.P.I. sont ceux qui ont accumulés le plus de dettes : 266 milliards en 1982. Les pays de l’OPEP sont relativement peu endettés. Leurs dettes concernent surtout leurs achats de technologie occidentale notamment militaire (colonne Crédits export). B. Du singulier au plurielLes pays du Tiers Monde n'ont plus d'unité économique. Au cours des années 70' apparaissent quatre types de pays. - les pays à hauts revenus pétroliers et à faible population qui bénéficient d'une véritable rente mais qui ne sont pas pour autant "développés". Ils achètent des bons du Trésor américains, investissent les sociétés anonymes occidentales en achetant des actions. Achètent le PSG, mais ne nous égarons pas. - les N.P.I. : ce sont les quatre dragons d'Asie, qui ont "décollés" mais qui conservent de nombreux stigmates du sous-développement. Parmi ces pays, on classe parfois, le Mexique, le Brésil, l'Inde et la Malaisie[8]. Ces pays ont bénéficié de prêts massifs car ils apparaissent "porteurs" avec leurs ressources naturelles et leur main-d’œuvre peu chère et docile. Les investissements des FMN y sont extrêmement élevés et les productions viennent concurrencer celles des P.D.E.M. (textile, sidérurgie, chantier naval, électronique...). - à l'autre bout de l'échelle : les P.M.A., ils gardent tous les critères traditionnels du sous-développement. Pour eux, l'aide internationale est une question de survie. - le groupe intermédiaire des P.R.I. comme l'Algérie, la Côte d'Ivoire... Ces pays n'ont pas le même point de vue sur la situation économique, de surcroît, les clivages politiques Est-Ouest, capitalisme-socialisme mettent en jeu la notion de "pays non-alignés". Les années quatre-vingt voient l’entrée en scène tonitruante du F.M.I. qui existe certes depuis les accords de Bretton Woods (1944) mais qui multiplie ses interventions à partir des années 80’ contribuant largement à la mondialisation de l’économie. En quoi le F.M.I. a-t-il accéléré la mondialisation ? Un Etat demande de l’argent -généralement des US dollars- pour pouvoir honorer ses dettes. Un créancier n’accepte comme remboursement que de la monnaie internationalement reconnue. Le F.M.I. a été créé pour cela. Les Etats-Unis y règnent en maîtres. Mais à chaque prêt, le F.M.I. pose ses conditions : "vous êtes en déficit" dit-il au débiteur "parce que vos structures économiques sont mal ajustées à la situation contemporaine". Il faut augmenter ses recettes, réduire ses dépenses. D’où l’expression "ajustement structurel". - augmenter ses recettes : privatiser les entreprises publiques (qui peut les acheter à cette date, sinon les pays riches d’Occident ?), augmenter les recettes d’exportation : passer à l’agriculture commerciale, fût-ce aux détriments de l’agriculture vivrière, développer des industries d’exportation. - baisser les dépenses : bloquer les salaires, ce qui réduira les importations et donc les sorties de devises, accepter les investissements étrangers en lieu et place des investissements nationaux (qui s’effectuaient par des emprunts à l’étranger à des taux d’intérêts élevés). Au total, outre le F.M.I., l’État dépensier doit entrer dans le GATT devenu aujourd’hui l’OMC : organisation mondiale du commerce. Sur le rôle du F.M.I., exceptionnellement, je vous renvoie à des articles de ce site : STRAUSS-KAHN, la Tunisie et le F.M.I.,... Ou STRAUSS-KAHN, LE F.M.I., BELPHEGOR REBORN… Dans lesquels vous verrez que le F.M.I. n’est pas qu’un truc de classes terminales mais une réalité bien concrète pour des millions de gens sur la planète.
[1] Tous les "produits de base" -et pas seulement le pétrole- sont devenus plus chers après le premier (1973) et le second (1979) chocs pétroliers. Se souvenir du doc. 3 de la leçon précédente. [2] A ne pas confondre avec celle d’aujourd’hui, qui concerne les "Pays riches" ("O tempora, ô Mores"). [3] Or la mondialisation se développe : après le "kennedy round" des années 60’, il y eut le "Tokyo round" des années 70’. Les "rounds" sont les conférences du GATT pour l’ouverture des frontières et le libre-échange généralisé. [4] Je rappelle qu’une C.N.U.C.E.D. est une institution de l’O.N.U., universelle, où les pays riches sont représentés. Avant chaque conférence, les pays PVD du "groupe des 77" se réunissent pour harmoniser leurs discours. La conférence des Non-alignés, on s’en souvient, ne concernent que des pays du Tiers-Monde. [5] C’est la raison qui fait que les Américains s’éloigneront progressivement de l’O.N.U. qui deviendra, dans les années 80’, selon le mot de Reagan, "la maison des morts" : les décisions stratégiques étant prises au G7 (ancêtre du G8) et actuellement le G20. Quid des autres pays ? trop pauvres…(lire l’article un G8 inédit au sommet du Mont Rose). [6] Pourquoi ne réunir que 27 pays à Paris alors que l’O.N.U. est la structure d’accueil du dialogue mondial ? [7] L’ O.C.D.E. (organisation de coopération et de développent économique) est l’héritière de l’O.E.C.E. (voir le cours sur la formation des blocs), donc "occidentale". L’ O.C.DE. intègre des pays riches comme le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et ne peut plus, dès lors, se dire "européenne" (O.E.C.E. = organisation européenne). L’O.C.D.E., c’est le club des pays riches, l’influence des Américains y est dominante, la lecture de ses documents est intéressante à ce titre. [8] Nous sommes, ici, au début des années 80’. Le renversement de politique économique en Chine-Pékin n’a pas encore produit ses effets. |
2ème partie : Le TIERS MONDE pendant les "Trente Glorieuses"
Le Tiers Monde est divers : lire le texte de Tibor Mende (doc 1 ci-contre) qui présente cette diversité et conteste la dénomination « Tiers Monde ». Mais ce dernier présente malgré tout beaucoup de traits communs qui permettent d’en brosser un portrait général. C’est surtout au cours des années 70’ et suivantes qu’il faudra parler DES Tiers-Monde. Pendant notre période, il y a croissance du P.I.B. de ces pays mais cette évolution économique se fait avec des problèmes de plus en plus graves dont l'ensemble constitue le "sous-développement" ou le "mal développement" (1ère partie). Organisés au sein de l'O.N.U., ces pays vont cependant tenter de créer un nouvel ordre économique international (N.O.E.I.) (2ème partie).
I. UNE CROISSANCE SANS DÉVELOPPEMENT
L'écart entre pays riches et pays pauvres existait dès le premier XX°siècle -c’est-à-dire avant la Seconde guerre mondiale- mais il s'accroît pendant la période et prend des proportions inquiétantes. Les causes sont à chercher dans la dépendance extérieure mais aussi du côté de carences internes. A. Les faitsLe rapport de revenus par tête entre pays du Tiers Monde et pays nantis était de 1 à 7 en 1930, il atteint 1 à 13 en 1975. a) L'héritage colonialLa décolonisation ne règle pas les problèmes économiques. Lire le texte de Panikkar (doc. 2) très explicite à cet égard. Ces pays se spécialisent -ont été spécialisés par les coloniaux- dans l'exportation des produits bruts ce qui les rend totalement dépendants des marchés extérieurs. Par exemple, le Sénégal français vendait son arachide à la France qui en faisait de l’huile, etc… Le Sénégal indépendant vend son arachide à la France qui en fixe le prix). La dépendance à l’égard de la mono-exportation est très fréquente. Le doc. 3 fourni par l’O.N.U. est très intéressant. Le cas du Viêt-Nam explique l’intérêt de Michelin pour cette colonie.b) Le contact avec l'Occident :L'introduction de la médecine occidentale provoque une forte baisse de la mortalité. La population double à chaque génération. C'est une croissance artificielle, importée, alors que pour les pays industrialisés le progrès de l'hygiène et de la médecine se sont faits parallèlement aux progrès économiques et alimentaires. Les techniques et le mode de vie de l'Occident créent de nouveaux besoins (TV, voitures) alors que les populations ont des besoins plus fondamentaux. La formation de nouveaux cadres (médecins...) n'est parfois pas adaptée aux besoins et génère un "brain drain" (ces médecins vont travailler dans l’ancienne métropole) qui est un gaspillage de ressources. Contre-exemple : les Chinois de Mao inventeront les "médecins aux pieds-nus", davantage infirmiers que médecins, mais plus rapides à former et qui peuvent supprimer assez rapidement les causes les plus élémentaires de maladie (l’absence d’hygiène par exemple). c) Le problème alimentaire devient dramatique :Le croît démographique est hors de proportion avec les progrès de la productivité agricole : sous-nutrition et mal-nutrition deviennent le lot quotidien de millions d'hommes. Le taux de morbidité (nombre de malades pour mille habitants) est élevé et aggrave la faible productivité du travail. d) L'explosion démographiqueElle naît de l’effondrement de la mortalité et du maintien de la natalité à un taux élevé vois supérieur à la situation coloniale grâce aux progrès médicaux. Elle crée des besoins en politique sociale : santé, éducation... qui ne sont satisfaits que partiellement car les progrès de la production sont absorbés par la croissance démographique et il n'y a guère d'investissements indigènes possibles. La conférence de l'O.N.U. à Bucarest (1974) montre que les pays du Tiers Monde n'ont alors aucune conscience des problèmes (Cf. l’apophtegme de Mao : "un chinois de plus, c'est deux bras de plus". Certes, mais c’est aussi d’abord un bébé qu’il faut soigner, c’est ensuite un écolier puis un étudiant, c’est une bouche à nourrir pendant deux décennies sans apport immédiat à la production nationale). e) La période voit une extrême accélération du phénomène urbain :Les villes deviennent des mégapoles[1]. Les travailleurs en surnombre à la campagne partent à la ville. Mais l'urbanisation n'est pas synonyme de progrès comme en Occident, au contraire, elle est souvent accompagnée de chômage, sous-emploi, petits métiers, prostitution, drogue. f) L'économie est duale :L’exploitation minière ou usines avec capitaux occidentaux font face aux artisanats d'autrefois ; l’agriculture commerciale réduit la place de l’agriculture ouvrière, les immeubles de standing côtoient les bidonvilles, le tourisme de luxe rend plus aiguë l’extrême misère. Au total, les deux universitaires, Cazès & Domingo (doc. 4), pouvaient, en 1975, lister les critères du sous-développement -comme on disait à l’époque, expression aujourd’hui abandonnée parce que jugée péjorative-[2].B. Les causes de cette situationElles sont à chercher dans le néo-colonialisme mais aussi à l'intérieur de ces pays. Voir ci-dessous la "grille d'analyse". Cette grille énumère la liste des facteurs explicatifs possibles. Elle a surtout un intérêt méthodologique. Elle montre que selon les opinions de l’observateur, on exploite tel et tel arguments délaissant les autres. La théorie du cercle vicieux est d’une dénomination contestable. On a là plutôt une analyse traditionaliste et/ou climatique. On trouvait chez un éminent géographe (P. Gourou) la thèse du climat : ces pays étaient pauvres à cause du climat tropical. Sujets à la désertification, avec des sols fragiles emportés lors des inondations suite à des pluies saisonnières torrentielles, ces pays dont les hommes sont soumis à des traditions ancestrales et à des croyances bloquant les initiatives ont des régimes politiques totalitaires qui figent encore plus la situation. Etc… La théorie structuraliste se trouvait chez des économistes comme Perroux ou Albertini. Exercez-vous à rédiger la thèse d’un libéral et d’un marxiste. 1. Des relations économiques imposéesD. Ricardo (1772-1823) a idéalisé un système prétendant démontrer les vertus de la division internationale du travail (D.I.T.). Sa théorie élaborée dans un pays dominant (l’Angleterre), prêche le libre échange et la spécialisation de chaque pays en fonction de ses avantages comparés. Or, la plupart des pays qui ont connu un développement l'ont fait à l'abri de barrières douanières, au prix d'un protectionnisme volontaire : États-Unis, Allemagne, Japon, plus tard Chine. Le libéralisme des échanges, c’est très bien quand on a une position dominante. Or, la D.I.T.est aggravée par la détérioration des termes de l’échange. Le document 5 l'explique bien : De plus, ces pays ne maîtrisent pas les prix du marché : le texte de René Dumont[3] (doc.6) évoque l’élasticité des prix : une variation de 4 et 12% sur les quantités produites et commercialisées peut faire varier le prix du sucre de 500%.En 1970, on estimait que les exportations de matières premières avaient vu leur pouvoir d'achat baisser de 20% depuis 1950. Le choc pétrolier de 1973 n'a fait que "remettre les pendules à l'heure" en augmentant le prix des matières premières. L'échange inégal est défini par une autre notion : c'est le nombre d'heures de travail que le pays A doit fournir pour se procurer 1 heure de travail du pays B. On dit qu'il y a échange inégal entre A et B, s'il faut plus d'heures de travail de A dans ses exportations pour se procurer des importations venues de B dont la valeur nominale est la même. Les investissements des firmes multinationales (FMN) augmentent. L'industrialisation des nouveaux pays industrialisés (N.P.I.) est le fait de FMN de la Triade[4] qui produisent dans ces pays soit par investissements directs, soit par sous-traitance. Il se constitue, peu à peu, un espace économique mondial, dominé par ces FMN agissant dans le cadre du GATT. On a calculé qu'un dollar investi en Amérique Latine, rapportait presque 3 dollars aux États-Unis. Plus le Sud s'industrialise avec les investissements du Nord, plus il rapporte de capitaux au Nord. Ces investissements sont sélectifs : ils concernent des secteurs totalement tournés vers l'extérieur : mines, ports, voies ferrées, plantations. Il y a juxtaposition d'un secteur "moderne" et d'un secteur archaïque, sans lien entre les deux : on dit que l'économie est désarticulée. Tout cela relativise l'aide octroyée au Sud : - l’aide technique est réduite par le Brain drain (fuite des cerveaux). - l’aide alimentaire modifie les habitudes alimentaires et crée des dépendances, pire élimine l’agriculture indigène. - l’aide financière (souvent bilatérale[5]) renforce la dépendance économique -et, souvent, politique- ou bien est détournée par la corruption, ce qui nous amène au paragraphe suivant. 2. La responsabilité partagée de certains dirigeants locauxOn désigne du nom de "bourgeoisie compradore" (cf. cours sur la décolonisation) la partie de la classe dominante des PVD qui a choisi de lier son sort au capitalisme mondial. A cette bourgeoisie s'ajoute la domination d'une caste politico-militaire mise en place intérieurement (Brésil, coup d’État militaire, pro-américain, 1964) ou grâce aux Occidentaux (Mobutu au Congo ex-belge). Ces
dirigeants corrompus permettent d'imposer à ces pays une croissance extravertie conforme aux vœux du capitalisme
international. (NB : aujourd'hui, les révolutions arabes de Tunisie et d'Égypte ont montré le rôle des Ben Ali et autres Moubarak...à la fortune scandaleuse). Conclusion : Pendant cette période, s'est imposé un modèle de développement qu'on croyait universel et qui a poussé ces pays à copier l'expérience des pays occidentaux. Ces pays ne seraient qu'en situation de retard chronologique, comme un adolescent par rapport à un adulte (thèse de Rostow). En fait, les situations ne sont pas du tout comparables :
II. LA RECHERCHE DE SOLUTIONS
Les
pays du Tiers-Monde sont de plus en plus nombreux, du fait de la
décolonisation, et "peuplent" l’ONU et ses organisations
spécialisées. Prenant conscience de leur force, ils élaborent des solutions pour
sortir du sous-développement par un nouvel ordre économique international (N.O.E.I.). A. Un nouvel acteur international...1. La poursuite de la décolonisation(Je reprends ici, pour partie, ce que j’ai dit sur la décolonisation).lien : la décolonisation de 1943 à 1966 Entre 1956 et 1968, cinquante pays deviennent indépendants : 38 africains, 6 asiatiques, 4 américains et 2 océaniens. C'est la "décennie africaine". A l'exemple de la décolonisation de l'Afrique noire française, il s'agit souvent d'une passation des pouvoirs prévue par la loi Deferre de 1956 (gouvernement G. Mollet). Mais ce n'est pas le cas au Cameroun (58-60) ni surtout en Algérie (54-62). Le Congo ex-belge offre l'exemple d'une indépendance douloureuse avec une guerre civile instiguée par les sociétés occidentales et qui se termine par la mise en place de dirigeants corrompus au service des Occidentaux. Des conflits frontaliers nombreux montrent que les frontières des nouveaux États ont été tracées à la va-vite : Afrique surtout dont le Nigeria avec la guerre du Biafra[6] (1965). Les responsables refusent cependant de les reconsidérer de peur de faire s'écrouler tout l'édifice. Ces indépendances augmentent le nombre de pays membres de l'O.N.U.. On passe de 76 pays-membres en 1955 à 110 en 1962 et 126 en 1969. 2. Les actions de type politiqueQuelques grands évènements ont eu une répercussion mondiale. d. LA STABILISATION : 1954/1955-1962 - citer ici la tentative de Mossadegh en Iran, étouffée par la C.I.A. américaine (1953). Il avait voulu maîtriser la production et la vente du pétrole de son pays. - Citer l’initiative de Nasser qui nationalise la Société du canal de Suez pour se procurer l’argent nécessaire au barrage hydroélectrique du NIL (1956-1957) - Citer l’action de Fidel Castro qui nationalise les actifs des compagnies étrangères sises à Cuba, ce qui conduira au débarquement raté des Américains à la Baie des cochons(1961) - citer la création à Cuba de la Tricontinentale qui réunit les anciennes colonies d’Asie et d’Afrique aux pays d’Amérique latine (1966). B. ..pour un nouvel ordre économique internationalToutes les grandes conférences évoquent les problèmes économiques du Tiers Monde : Bandung, Belgrade (1961). Déjà Nehru évoquait "l'impérialisme du dollar" mais d'abord le sous-développement est analysé comme une simple étape chronologique (thèse de Rostow). Le contexte est à l'optimisme : à l’O.N.U. en 1960 et 1961, on vote le principe que chaque pays développé doit consacrer 1% de son PNB à l’aide au développement, puis la décennie qui commence est déclarée "décennie du développement". Kennedy lance "l'alliance pour le progrès" entre son pays et l'Amérique latine en 1963[7]. Puis les faits s'imposent à l'esprit : le sous-développement est un phénomène évolutif qui s'accentue. Le premier secrétaire de la première CNUCED, un vénézuélien, donne une explication exogène du Sous-développement : c'est le résultat d'un système économique international répondant aux besoins des pays riches et fonctionnant à leur profit. En 1975, Nyerere (Tanzanie) dira : "je suis pauvre parce que vous êtes riches". En 1967, réuni à Alger, le groupe des 77, rédige une charte qui demande un réaménagement du système. Le sommet d'Alger des non-alignés (les 5-9 septembre 1973) adopte un texte qui dénonce les agressions économiques des F.M.N., la dégradation des termes de l'échange, qui revendique la souveraineté sur les ressources et les entreprises du pays, qui avance la solution de la nationalisation avec indemnités fixées par le pays receveur. C'est dans ce contexte qu'éclate la guerre du Kippour (1973) qui déclenche le "choc pétrolier". Mais on ne réalise pas tout de suite que c’est un tournant dans l’histoire mondiale. Dans le prochain cours je
développerais de façon détaillée ce que voulait être le N.O.E.I.. => Le Tiers-Monde dans l'abîme : 1973-1985
[1] Ne pas confondre avec mégalopole. Une mégapole est une grosse ville. Une mégalopole est un groupement de villes jointives qui concentrent les lieux de décision ; Il y en a trois dans le monde : l’américaine (Boston-Philadelphie), l’européenne : l’espace rhénan et la mégalopole japonaise. [2] On préférera l’expression "pays en voie de développement (PVD)", formule onusienne plus dynamique et plus optimiste. [3] René Dumont, ancien membre du PCF, a été le premier candidat écologiste lors de la présidentielle 1974. [4] Amérique du Nord anglo-saxonne, Japon, Europe occidentale. [5] C’est-à-dire entre deux pays, généralement l’ancienne colonie avec son ancienne métropole. L’aide multilatérale est le fait de pays qui se concertent, par exemple au sein de l’ONU ou avec l’Europe de Bruxelles. [6] Le Nigeria est un vaste État fédéral et le Biafra est un État fédéré qui voulut sortir du Nigeria. [7] Comme par hasard, les militaires brésiliens font un coup d’État en 1964 et ouvrent grand les portes aux investissements et aux prêts états-uniens. La dette du Brésil explose durant les années qui suivent. |
1ère partie : la décolonisation de 1943 à 1966
Déjà ébranlés avant 1939 par des mouvements de libération nationale, les empires coloniaux sont remis en cause pendant la Seconde guerre mondiale dont les conséquences créent les conditions de la décolonisation (Ière partie). L'apparition de nouveaux pays indépendants qui refusent de choisir entre l'Est et l'Ouest conduit à la conférence de Bandung qui marque l'entrée en scène sur le théâtre politique mondial d'un nouvel acteur : le Tiers Monde et une nouvelle problématique se pose : l’opposition entre les pays riches (le « Nord ») et les pays pauvres (le « sud ») (IIème partie). Livre utilisé : Hachette Éducation, Terminales, direction Jean-Michel LAMBIN, Paris, 1998[1]. (NB. cours à compléter par celui qui a pour titre "POLITIQUE EXTÉRIEURE ET COLONIALE DE LA FRANCE DE 1945 A 1958".et par : L' O.N.U (1945-1990) (impact de la décolonisation sur le fonctionnement de l'O.N.U.). I. LES CONSÉQUENCES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Ces conséquences modifient le contexte international en
favorisant la lutte pour la décolonisation. A. Le contexte international hérité de la guerre1. La guerre amplifie la crise de l'impérialismeLes défaites de 1940-41 face aux Japonais détruisent le mythe de la supériorité de "l'homme blanc" (2/223)[2]. La Charte de l'Atlantique (signée par Roosevelt et Churchill en 1940) évoque le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. A la différence de 14-18, certaines colonies ont été le théâtre d'opérations militaires : 1942 dans l’empire des Indes, débarquement allié au Maroc provoquant la rencontre entre Roosevelt et Mohamed V à Casablanca[3]. 2. La politique variable des E.-U. et de l'URSSCe sont deux États dont le politique est anticolonialiste. Mais la conjoncture évolue : au moment de la "Grande alliance" : les USA critiquent la France (4/223) et les Anglais, l'URSS (la 8° condition pour l'adhésion à la III° internationale communiste exigeait la lutte anticoloniale) est discrète pour ne pas blesser ses alliés. Au moment de la Guerre froide, les USA soutiennent leurs alliés (soutien des Américains aux Français en Indochine, par ex.) et l'URSS condamne tout impérialisme -qui ne concerne que les Occidentaux- (4/223). 3. La politique ambiguë des métropoles :Des promesses d'émancipation sont faites dès 1942 : Inde, Indonésie, Syrie, Liban. Mais après la guerre, les dirigeants continuent de penser que l'Empire "reste un attribut de la puissance" (Churchill) (1/219). A Brazzaville (fév. 1944) De Gaulle parle de "participation à la gestion" mais en aucun cas d'autonomie encore moins d’indépendance (5/227). D'ailleurs dès le 8 mai 1945 des massacres ont lieu à Sétif (Algérie), et une tuerie à Madagascar en 1947. Sans oublier 1946 et le début de la guerre d’Indochine. B. L’essor des mouvements de libération nationaleLa lutte pour l’indépendance revêt trois formes différentes : la lutte armée, la résistance religieuse, la lutte politique. 1. Les mouvements de résistance armée (doc 4/225 (Giap))Au Vietnam, le Viêt-Minh (page 234) s'oppose à la fois aux Japonais et aux Français. Ho-Chi-Minh proclame la république en septembre 1945 (biographie, page 5/225). Mais les colonialistes français ne veulent rien lâcher : ce sera la « guerre d’Indochine ». En Algérie c’est le parti de peuple algérien de Messali Hadj. Autres cas : Birmanie, Malaisie (guérilla communiste)… 2. Les mouvements religieuxCatholiques et protestants ont collaboré à l'œuvre coloniale. Les « locaux » n’acceptent pas toujours, rejettent souvent, ces religions arrivées avec le colonisateur. La résistance, dans ce domaine, prend différentes formes : - Le syncrétisme, où se mêlent christianisme et religion locale : Afrique noire avec l’animisme, Indonésie où le protestantisme hollandais se mêle aux traditions locales. - Le retour à la religion indigène : c'est le réveil de l'Islam. Avec deux tendances : 1) la tendance "révolution arabe", qui veut rénover l'islam en empruntant à l'Occident ce qu'il a de meilleur (cf. le colonel Nasser en Égypte (4/227) mais aussi, à cette date, la Syrie et l’Irak); 2) la tendance traditionaliste qui ouvre la porte à l'intégrisme. Le panarabisme engendre la formation de la Ligue arabe (après la création d’Israël) qui vise à coordonner les actions dans la lutte contre l’Occident colonial. 3. Les mouvements politiquesDeux grandes tendances politiques coordonnent l'action des anticolonialistes dans les pays dominés : Le courant libéral, regroupant les notables, les bourgeois qui défendent leurs intérêts tout en s'identifiant à la cause nationale. Tunisie : Bourguiba avec le Néodestour 239 Maroc : sultan Mohamed avec l'Istiqlal[4] Algérie : Ferhat Abbas Indonésie : Soekarno du parti national indonésien Inde : Gandhi 3/225 puis Nehru (226) avec le parti du Congrès. Face à cette bourgeoisie se dresse la bourgeoisie compradore[5] dont les intérêts sont liés aux colonialistes. Le courant marxiste : le marxisme est alors une idéologie conquérante par son analyse des mécanismes de l'impérialisme[6], par les perspectives qu'il ouvre à l'alliance entre le peuple des colonies et la bourgeoisie nationale (c'est-à-dire celle qui combat aussi l'impérialisme). Il est très influent en Indochine, au Ghana, Kenya, Algérie (Hadj), en Malaisie. Congo ex-belge (Lumumba).
II. LE TIERS MONDE : TROISIÈME ACTEUR DIPLOMATIQUE
On distingue classiquement la "décennie
asiatique" de la "décennie africaine". L'apparition de nombreux
nouveaux États a des conséquences diplomatiques importantes. A. La décolonisation1. La "décennie asiatique" :a) Les causes de l'antériorité asiatiqueCarte pp. 220-221 : De 1943 à 1954, quinze États accèdent à l'indépendance dont 13 asiatiques plus la Libye et l'Islande. L'Asie est animée par de vigoureux mouvements anticolonialistes grâce à trois influences 1) le Meiji japonais (1867) qui a fait entrer un pays asiatique dans la Révolution industrielle ; 2) la révolution nationaliste chinoise de 1911 aux allures anticolonialistes et la proclamation de la république par Sun-Yat-Sen 3) la révolution soviétique de 1917 qui a concerné beaucoup de peuples d'Asie et a contribué à la diffusion du marxisme en Asie. A quoi s’ajoute ensuite l’impact de la victoire de Mao en 1949. b) Les processus- Ainsi en Inde,30 janvier 1948 : mort de Gandhi. Un héritage plus lourd que prévu... l'action de Gandhi et de ses militants est un succès mais l'indépendance a été mal préparée par les Anglais et cela aboutit à la "vivisection"[7] de l'Inde et du Pakistan 2/225 (canaux d'irrigation qui partent d’Inde et arrivent au Pakistan, Calcutta est séparé de son arrière-pays, un État pakistanais non-viable avec deux parties distantes de 2000 km…). Dans la foulée naissent la Birmanie et Ceylan. Pour la Malaisie c'est plus difficile car les Anglais se heurtent en plus à une guérilla communiste en pleine Guerre froide. L'indépendance est acquise en 1957, mais Singapour[8] enlevé à la Malaisie reste anglaise jusqu'en 1965. - Soekarno [9] proclame l'indépendance de l'Indonésie en 1945. Les Pays-Bas font une intervention militaire mais doivent finalement renoncer devant une conjonction de forces hostiles : la guérilla, la solidarité asiatique, les menaces conjointes USA et URSS, la condamnation de l'ONU. L'indépendance est acquise en 1949. - Au Viêt-Nam, le mouvement indépendantiste de Ho-Chi-Minh HO-CHI-MINH : un combattant de l'émancipation humaineest au point de jonction du mouvement communiste européen[10], des idéaux de 1789, et du mouvement paysan asiatique (type Mao). Après une tentative de conciliation (une république du Viet Nam dans le cadre de l'Union Française), les forces colonialistes françaises (Thierry d'Argenlieu) imposent la guerre à un gouvernement parisien affaibli (1946). Mais l'armée de métier française malgré l'aide financière des USA doit s'incliner devant la guérilla (défaite de Dien Bien Phu, 225) (§ B/224). A la conférence de Genève en 1954 la France reconnaît l'indépendance des trois États indochinois -Viêt-Nam, Laos et Cambodge- (1/224) et le Viêt-Nam est divisé en deux. Un referendum devra dire si le « Sud » veut se rallier au Nord au régime de type soviétique. 2. La "décennie africaine" :Entre 1956 et 1968, 50 États deviennent indépendants dont 38 africains, 6 asiatiques, 4 américains et 2 océaniens. Il s'agit le plus souvent d'une passation de pouvoirs (préparée par la loi Deferre de 1956 pour ce qui concerne les colonies françaises) car les hommes politiques -pas tous, hélas- ont pris la mesure des événements (5b/227). Mais ce n'est le cas ni au Cameroun (guerre de 1958-60) ni - surtout - en Algérie (guerre de 1954-62) pour ce qui concerne la France. Le drame du Congo belge est celui d'une décolonisation avec guerre civile instiguée par les sociétés financières occidentales (228-229). Des conflits frontaliers extrêmement nombreux attestent que les frontières des nouveaux États ont été tracées à la va-vite (Nigeria…) mais les responsables locaux ou internationaux refusent de les reconsidérer de peur de faire s'écrouler tout l'édifice (sécession réprimée du Biafra nigérian). En conclusion, noter qu'il y a interférence avec le conflit est-ouest. Le conflit indochinois, le conflit congolais prennent une connotation Est-Ouest car les Américains interviennent pour empêcher qu’un nouvel État bascule dans le camp soviétique. B.
Le rôle diplomatique des nouveaux États
Ce mouvement de décolonisation fait apparaître un nouveau type d’États qui ne sont ni occidentaux -au sens américain- ni socialistes au sens soviétique du terme : c'est le "Tiers monde" ou troisième monde (le mot est d’Alfred Sauvy, 2/231). Dès 1952, l'influence de ces nouveaux États alliés aux pays d'Amérique latine et aux pays du bloc soviétique se fait sentir à l'O.N.U.(4/231), dont l' A.G. proclame "le droit des territoires non autonomes à disposer d'eux-mêmes". 1. Concernant le non-alignement politique : Bandung, BelgradeCertains de ces pays vont
s'engager dans une diplomatie originale : celle du non-alignement. L'acte
fondateur de cette diplomatie est la conférence de Bandung (ville universitaire d'Indonésie dans l'île de Java). Conscients de la
solidarité objective qui lie ces pays d'Afrique et d'Asie, Soekarno et Nehru
mettent au point une réunion internationale à laquelle ils convient la Chine
qui vient d'entrer dans le concert des nations après la conférence de Genève
(1954). C'est Bandung (1955). Qui est
une conférence anticolonialiste (2/227) -à laquelle le FLN algérien fut invité- mais les mots-clés sont aussi : refus
de l'alignement sur l'un ou l'autre bloc, coexistence pacifique, désarmement,
développement économique (3/237). Article détaillé, sur ce site : 1955 : Bandoeng Ces prises de position intéressent l'URSS. Mr « K » est favorable à la coexistence pacifique, au désarmement, au développement économique… A la différence des Américains, Khrouchtchev voit dans ces pays des alliés potentiels. Le conférence de Belgrade en 1961 voit l'arrivée de la Yougoslavie et est un grand succès. 2. Pour l'émancipation économiqueMais les jeunes États, libres au plan politique, réalisent rapidement que cette liberté n'est possible qu'avec la liberté économique. Or, leur économie est aux mains des pays riches. Le lutte pour l'indépendance économique fut initiée par le docteur Mossadegh en Iran (pays qui fut non colonisé) qui nationalisa le pétrole iranien et noua des contacts avec l'URSS. Il fut renversé par un complot instigué par la C.I.A. américaine (1953). C’est une grande chance perdue pour l’Iran. On le voit aujourd’hui. Nasser, en Égypte, nationalise la compagnie du canal de Suez (1956). L' O.P.E.P. est créée en 1960. Forts de leur nouvelle position à l'O.N.U., les nouveaux États font adopter le principe d'une C.N.U.C.E.D. en 1962 dont la première réunion se tient en 1964. C'est une nouvelle logique qui s'établit : l'opposition entre riches et pauvres, entre Nord et Sud (livre, page 234). Mais certains leaders observent que cette problématique riches/pauvres concerne également les pays pauvres d'Amérique latine même si ces derniers ne sont pas concernés au XX° siècle par la décolonisation. C'est Fidel Castro qui réunit à La Havane, en 1966, la conférence tri-continentale (page 230) dont la tonalité est nettement anti-impérialiste, comprendre : anti-américaine. C'est pourquoi un rapprochement s'opère entre les pays pauvres des trois continents et la conférence d'Alger en 1973 est très large géographiquement : carte page 236. La revendication majeure est alors celle d'un nouvel ordre économique international : N.O.E.I. (2/233) . Propriété des ressources du sous-sol par l'État souverain, maîtrise des prix par les pays producteurs sont alors les mots d'ordre principaux. Mais le Tiers Monde n'échappa pas à ses contradictions 5/237. Par exemple, le Brésil est politiquement aligné sur les États-Unis mais, en tant que pays pauvre, il appartient au « Sud » qui s’affronte au « Nord ». Le rôle diplomatique du Tiers Monde s’amplifie avec et après les années soixante. à suivre : Le TIERS MONDE pendant les "Trente Glorieuses"
[1] Si vous ne possédez pas ce livre, allez au C.D.I., la documentaliste l’a gardé en archives. Votre livre apporte souvent des documents identiques à celui-ci : faites l’effort de les chercher. Enfin, il vous reste internet. [2] 2/223 = doc n°2 de la page 223. [3] Ce qui est à l’origine d’un courant américanophile au Maroc. [4] La lutte du sultan (grand-père du roi actuel) pour l’indépendance explique la légitimité de la monarchie auprès des Marocains dans leur majorité. [6] Bien analysés par Lénine dans son livre « l’impérialisme, stade suprême du capitalisme ». [7] Comme on coupe en deux un organisme vivant. [8] Peuple de Chinois et non de Malais. [9] Mis en place, on s’en souvient par les Japonais. Une fois ceux-ci partis, il applique la célèbre formule : « j’y suis, j’y reste », au grand dam des Hollandais. [10] Ho fut membre du Parti communiste français. |
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