c. LA FRANCE 1940-1944

  • De Gaulle rend hommage aux Résistants (15 mai 1945)        Le journal "L'Humanité" a publié - et continue de le faire - durant l'été une série remarquable sur "LES GRANDS DISCOURS RÉPUBLICAINS" , cela va des Danton et Robespierre à ...
    Publié à 14 mai 2020, 06:09 par Jean-Pierre Rissoan
  • 70° anniversaire de la création du COMITE NATIONAL de la RESISTANCE (CNR).     lien : 2. La Résistance    La première réunion du Comité a eu lieu à Paris le 27 mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin. Selon Wikipaedia, outre J. Moulin et ...
    Publié à 9 janv. 2021, 01:28 par Jean-Pierre Rissoan
  • 2. La Résistance     CHRONOLOGIE 20 janvier 1940. La Chambre vote la déchéance des députés communistes. 18 juin 1940. Appel du général de Gaulle depuis Londres. 10 juillet 1940. Vote des pleins pouvoirs à ...
    Publié à 1 sept. 2018, 04:56 par Jean-Pierre Rissoan
  • 1. La France de la collaboration     La victoire allemande constitue pour certains français (C. Maurras) une "divine surprise". Ainsi que l'écrira Bernanos, "le gouvernement de Vichy, c'est une minorité qui chercha en vain depuis ...
    Publié à 15 sept. 2017, 05:40 par Jean-Pierre Rissoan
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De Gaulle rend hommage aux Résistants (15 mai 1945)

publié le 26 août 2017, 05:35 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 14 mai 2020, 06:09 ]

  
    Le journal "L'Humanité" a publié - et continue de le faire - durant l'été une série remarquable sur "LES GRANDS DISCOURS RÉPUBLICAINS" , cela va des Danton et Robespierre à Simone Weil, et Badinter, etc.. Voici le discours prononcé par le Général de Gaulle, alors chef du GPRF (gouvernement provisoire de la République française) le 15 mai 1945, après la Signature du 8 mai, mais alors que la Guerre du Pacifique se poursuit. Entre parenthèses, j'ai ici et là essayé d'expliquer les propos du Général. Le Général met fortement l'accent sur l'unité nationale, l'unité du peuple français, l'unité de la Résistance ; c'est cette unité qui a permis la victoire et le redressement du pays avec le TRIPARTISME (c'est-à-dire union gouvernementale entre le PCF, la SFIO et le MRP qui à cette date se réclamait du Général). J.-P. R.


   Ce 15 mai 1945, le général de Gaulle se tient debout, face à l’Assemblée consultative provisoire. Les visages sont graves. « De la tribune (…) je vois l’Hémicycle rempli de compagnons délégués par tous les mouvements de la résistance nationale et appartenant à toutes les tendances de l’opinion. D’un bout à l’autre des travées, tous me font l’honneur d’applaudir. Les assistants sont, comme moi-même, pénétrés du sentiment que leur réunion consacre une grande réussite française, succédant à un malheur démesuré », écrira-t-il dans ses Mémoires. Alors président du gouvernement provisoire de la France, créé le 3 juin 1944, de Gaulle revient, dans ce discours qui fera date, sur la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie, intervenue une semaine plus tôt. Dressant le bilan de la guerre, il se livre, face à la représentation nationale, à un vibrant hommage aux « enfants de France » engagés « jusqu’à leur destin physique et moral » dans cette « lutte totale », glorifiant la nation au passé, au présent et au futur. Par un trait d’union tiré entre les campagnes étrangères et l’activité des réseaux de résistance interne pendant la guerre, c’est l’unité dans l’action, au prix, qu’importe, d’une « inflexibilité d’indépendance et de souveraineté » qui s’en trouve louée. Sans passer sous silence la poursuite des combats au-delà des frontières de l’Europe, de Gaulle engage ici la France dans « l’achèvement par les armes » d’un Japon qui « doit être abattu pour que justice soit faite à l’univers ». Pourtant, résolument tourné vers l’avenir et alors que la Quatrième République est à peine balbutiante, ce discours porte en lui les premiers jalons de la reconstruction. Intro de Marion d'ALLARD


"La France a engagé dans cette guerre son existence en tant que nation

et jusqu’au destin de chacun de ses enfants".


         Mesdames, Messieurs,

  

 La victoire est aux dimensions de la guerre. L’Allemagne, entraînée jusqu’au fanatisme dans le rêve de la domination, avait voulu que matériellement, politiquement, moralement, la lutte fût une lutte totale. Il fallait donc que la victoire fût une victoire totale. Cela est fait. En tant qu’État, en tant que puissance, en tant que doctrine, le Reich allemand est complètement détruit (…).

Une chose est certaine : la France a engagé dans cette guerre son existence en tant que nation et jusqu’au destin physique et moral de chacun de ses enfants, mais elle a gagné la partie. (…)

    Mais, pour que le but fût atteint, il fallait que l’effort fût de bout en bout, non point du tout le concours dispersé qu’apporteraient des groupes de Français à la lutte livrée par diverses puissances, mais bien une action nationale, unique '(La Résistance fut unifiée, JPR), indépendante (ni les Anglais, ni les Américains ne lui ont dicté leur loi) , souveraine, embrassant à la fois le dedans et le dehors (union de la Résistance externe, à Londres, et de la Résistance intérieure), élevée au-­dessus de toute tendance particulière, de tout clan, de tout parti, n’admettant d’autres lois que celles que le pays s’était à lui-même données, ne composant à aucun degré et vis-à-vis de personne avec les droits, les intérêts, l’autorité de l’État, et rassemblant à mesure des événements tous les citoyens, toutes les forces, toutes les terres. Il le fallait pour qu’à la fin, la France fût debout, menant un seul combat, avec une seule épée, un seul territoire, une seule justice et une seule loi. (…) Il fallait à tout prix que notre effort fût indivisé pour que la France restât indivisible. Et, quand nos généraux reçurent à Reims et à Berlin, avec leurs camarades américains, soviétiques et britanniques, la reddition sans condition du Reich et de ses armées, c’est bien devant la France aussi que l’Allemagne a capitulé.

    Cependant, le seul chemin qui pût nous mener là était le chemin des batailles (…).

    Qu’on se rappelle les faits d’armes par quoi des unités héroïques, et dont le mérite et la gloire sont parmi les plus grands de notre Histoire militaire, ont, seules, porté en Érythrée, en Libye, en Orient, au Fezzan [1], sur toutes les mers et dans tous les ciels, l’honneur des armes de la France et relié ainsi le passé avec l’avenir ! Qu’on pense aux grands combats de Tunisie et d’Italie, où nos armées renaissantes jouèrent un rôle si glorieux et si efficace. Qu’on songe à la gigantesque bataille de France, où nos forces ne cessèrent pas de frapper chaque jour plus fort que la veille, soit qu’elles vinssent de l’Empire, pour briser, côte à côte avec nos alliés, toutes les défenses allemandes depuis la Méditerranée ou la Manche jusqu’au Rhin (…).

    Il est vrai qu’à chaque pas de la route vers la victoire, l’exemple de ceux qui tombaient venait exalter les vivants. Soldats tombés dans les déserts, les montagnes ou les plaines, marins noyés que bercent pour toujours les vagues de l’océan, aviateurs précipités du ciel pour être brisés sur la terre, combattants de la Résistance tués au maquis et au poteau d’exécution, vous tous qui à votre dernier souffle avez mêlé le nom de la France, c’est vous qui avez exalté les courages, sanctifié l’effort, cimenté les résolutions (…).

    Votre exemple est, aujourd’hui, la raison de notre fierté. Votre gloire sera, pour jamais, la compagne de notre espérance (…).

    La nation voit les choses telles qu’elles sont. Elle sait d’abord que, pour que justice soit faite à l’univers, le Japon, à son tour, doit être abattu, et elle veut contribuer à cet achèvement par les armes. Jetant les yeux sur le passé, elle voit ce que lui ont coûté ses illusions (Front populaire ?), ses divisions (Plutôt Hitler que le Front populaire ?), ses faiblesses (Baisse de la natalité?). Regardant le présent, elle mesure les atteintes qu’a subies sa puissance. Se tournant vers l’avenir, elle discerne le long et dur effort qui seul peut la rendre assez forte, fraternelle et nombreuse (ce sera le baby Boom) pour assurer son destin et, par là même, lui permettre de jouer pour le bien de l’humanité un rôle dont il est trop clair que l’univers ne se passerait pas. En un mot, le terme de la guerre n’est pas un aboutissement. Pour la Quatrième République, il n’est qu’un point de départ. (…) Que notre nouvelle victoire marque notre nouvel essor !

  [1] Le Fezzan est une région désertique du Sud-Ouest de la Libye, très riche en hydrocarbures. La capitale historique de cette province historique est la ville de Sebha. Ce territoire a été administré par la France de 1943 à 1951. Wikipédia


    Portrait du général Charles de Gaulle (1890-1970) vers 1944-1945 (Portrait of french general Charles de Gaulle 1944 1945) Anonymous Private collection ©The Holbarn Archive/Leemage/AFP

70° anniversaire de la création du COMITE NATIONAL de la RESISTANCE (CNR).

publié le 11 juin 2013, 10:44 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 9 janv. 2021, 01:28 ]

    lien : 2. La Résistance

    La première réunion du Comité a eu lieu à Paris le 27 mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin. Selon Wikipaedia, outre J. Moulin et ses deux collaborateurs, Pierre Meunier et Robert Chambeiron, ont participé à cette réunion historique :

- les représentants des huit grands mouvements de résistance :

Pierre Villon du Front national de la résistance créé par le Parti communiste français

Roger Coquoin pour Ceux de la Libération,

Jacques Lecompte-Boinet pour Ceux de la Résistance,

Charles Laurent pour Libération-Nord,

Pascal Copeau pour Libération-Sud,

Jacques-Henri Simon pour Organisation civile et militaire,

Claude Bourdet pour Combat,

Eugène Claudius-Petit pour Franc-Tireur ;

- les représentants des deux grands syndicats d'avant-guerre :

Louis Saillant pour la CGT,

Gaston Tessier pour la CFTC ;

et les représentants des six principaux partis politiques de la Troisième République :

André Mercier pour le PCF,

André Le Troquer pour la SFIO,

Marc Rucart pour les radicaux,

Georges Bidault pour les démocrates-chrétiens,

Joseph Laniel pour l’Alliance démocratique (droite modérée et laïque),

Jacques Debû-Bridel pour la Fédération républicaine (droite conservatrice et catholique).

 

Cette photographie représente les membres du bureau du CNR en août 1944.


Conformément à la volonté du général De Gaulle et de Jean Moulin, le CNR est représentatif de la France, de son éventail politique et résistant. L’idée générale était la suivante : la composition du CNR doit montrer à l’opinion mondiale et aux Américains en particulier que toute la France - hors celle des collabos bien entendu - toute la France est derrière le général De Gaulle et que Roosevelt n’a donc pas à chercher du côté du général Giraud ou autre, des « hommes de paille » (De Gaulle dixit) qui obéiraient aux Anglo-Saxons au doigt et à l’œil. La France combattante doit parler d’égal à égal à Churchill, à Roosevelt et à Staline. Pour cela elle doit être unie. De ce point de vue, l’accord à Londres entre Fernand Grenier, représentant la direction du PCF, et de Gaulle, le 2 janvier 1943, a été décisif.

 

Sur la photographie, on peut reconnaître, de gauche à droite, Jacques Debû-Bridel, Pierre Villon, Gaston Tessier, Robert Chambeiron, Pascal Copeau, Joseph Laniel, Lecompte-Boinet, Georges Bidault, André Mutter, Henri Ribière, Daniel Mayer, Jean-Pierre Lévy, Paul Bastid, Auguste Gillot, Pierre Meunier et Louis Saillant.

 

Outre Pierre Meunier et Robert Chambeiron, premiers collaborateurs de Jean Moulin, ces personnalités représentaient les organisations suivantes :

 

- les huit grands mouvements de résistance :

Pierre Villon du Front national de la résistance créé par le Parti communiste français

André Mutter pour Ceux de la Libération/vengeance,

Jacques Lecompte-Boinet pour Ceux de la Résistance,

Henri Ribière pour Libération-Nord,

Pascal Copeau pour Libération-Sud,

Jean-Pierre Lévy pour Franc-Tireur ;

NB. Les représentants de Organisation civile et militaire et de Combat ne figurent pas sur cette photo d’août 44.

 

- les deux grands syndicats d'avant-guerre :

Louis Saillant pour la CGT,

Gaston Tessier pour la CFTC ;

 

- les six principaux partis politiques de la Troisième République

Auguste Gillot pour le Parti Communiste Français,

Daniel Meyer pour la SFIO,

Paul Bastid pour le parti républicain radical et radical-socialiste,

Georges Bidault pour le courant démocrate-chrétien,

Joseph Laniel pour l’Alliance démocratique,

Jacques Debû-Bridel pour la Fédération républicaine.

 

2. La Résistance

publié le 5 juil. 2011, 07:18 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 1 sept. 2018, 04:56 ]

   

CHRONOLOGIE

20 janvier 1940. La Chambre vote la déchéance des députés communistes.

18 juin 1940. Appel du général de Gaulle depuis Londres.

10 juillet 1940. Vote des pleins pouvoirs à Pétain. 1. La France de la collaboration

11 novembre 1940. Manifestation des étudiants à l'Étoile.

26 mal-9 Juin 1941 Grève des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais à l'instigation des Communistes.

21 août 1941. Coup de feu de Fabien au métro Barbès.

24 septembre 1941. Fondation par de Gaulle, à Londres, du Comité national français.

1er janvier 1942. Premier parachutage de Jean Moulin.

2 janvier 1943. Accord à Londres entre Fernand Grenier (PCF) et de Gaulle.

27 mal 1943. Fondation du CNR à Paris.

21 juin 1943. Arrestation de Jean Moulin.

9 septembre 1943. Soulèvement des résistants corses.

17 septembre 1943. Création à Alger d'une assemblée constitutive du Comité français de libération nationale (CFLN).

15 mars 1944. Programme du CNR. 70° anniversaire de la création du COMITE NATIONAL de la RESISTANCE (CNR).

4 avril 1944. Deux communistes entrent au CFLN.

3 juin 1944. Le CFLN se transforme en Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

 

COURS

    La Résistance est, au début, diverse et divisée (1ère partie) mais elle s'est peu à peu unifiée et finit par devenir une grande force politique et une force militaire non négligeable (2ème partie).

A. DIVERSE ET DIVISÉE...


    Les hommes et les femmes de Londres (1) et de l'ombre (2) ont inventé un mot : Résistance. La Résistance est diverse, plurielle, multiforme ; mais dans le même temps, elle est un bloc : on en est ou on n'en est pas (quoique...).

1.      Qu’est-ce que "résister" ?

a)      Tous les résistants ont un point commun : le refus de la défaite.

    Ils affirment une chose toute simple : la France est toujours en guerre. L'armistice est un leurre. Alors que pour les collaborateurs de Vichy et les Allemands l'armistice marque la fin des combats, c'est pourquoi les Allemands considèrent les résistants comme des "terroristes" (qui agissent en dehors du texte de l'armistice) relevant du droit commun alors que ces derniers réclament le sort réservé aux prisonniers de guerre en cas de capture.

    Le résistant est un "subversif" qui est à contre-courant de la sensibilité dominante en 1940-41. La France des notables, des gens "établis", des patrons aussi, il faut le dire (DE Gaulle le leur reprochera à la Libération) est vichyste ; elle oppose aux Résistants son esprit de sérieux, sa respectabilité : la France a perdu la guerre, la victoire allemande est évidente, définitive, il faut collaborer. Pour elle, le résistant est un marginal, un subversif, pire un "communiste".

b)      Deux engagements semblent avoir été déterminants : le patriotisme et l'antifascisme.

    Parmi le premier : le Gaullisme. Mais il y eut des "maréchalistes" (thème du "double jeu" de Pétain) et quelques nationalistes. Portrait d’un résistant : Pierre Sudreau  Voir aussi le cas du propriétaire du château de Vaux-le-Vicomte : Un patriote : Jean-Melchior De VOGÜE, VAILLANT dans la Résistance

    Parmi les antifascistes, les communistes ont combattu Vichy dès le première minute. Par contre, la direction du Parti suivit les variations de la politique de Staline : vigoureusement antifasciste jusqu'en 1939, elle semble accepter l'analyse de Staline sur le caractère "impérialiste" de la guerre, jusqu'en 1941 (1°partie. INTRO : LES CARACTÈRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE. Pourtant, avant l'invasion de l'URSS, elle suscite la création du Front National antifasciste dès mai 1941 (grève des mineurs du Nord-Pas de Calais). Le 22 juin 41 fut un "soulagement" pour tous.

c)      Le "peuple de l'ombre" :

    Ci-dessous, les membres dirigeants du groupe PCF FTP-MOI (moi= main-d’œuvre immigrée) dit groupe MANOUCHIAN (3°sur la photo en partant de la gauche). Étrangers qui ont combattu au sein du PCF avec d'autres coreligionnaires. Abattus. Chantés par Aragon et Léo-Ferré "l'affiche rouge".


Nombre : Il y eut 230.000 cartes distribuées aux "combattants volontaires de la Résistance. Mais cela exclut tous les sympathisants actifs (cad les braves gens qui ont hébergé, un ou deux jours par exemple, un résistant en partance pour l'Angleterre). On peut estimer à 1.000.000, le nombre de français, résistants actifs, au printemps 44.

    Age : il y a unanimité des historiens sur le "jeunesse" de la Résistance. Les moins de trente ans représentent la moitié, les 30/45 ans : un bon tiers.jeunesse de France et résistance anti-nazie : Georges Séguy

    Sexe : Ce sont surtout des hommes mais les femmes sont bien représentées. Il faut être, ici, tout en nuances. Citer Lucie Aubrac, Germaine Tillon, Madeleine Riffaud, Marie-Claude Vaillant-Couturier...

    Catégorie Socio-Professionnelle. : Mauriac a parlé de la trahison des élites et De Gaulle a relevé l'absence des patrons à Londres. Mauriac ajoute : "seule, la classe ouvrière est restée, dans sa masse, fidèle à la France profanée". Toutes les catégories sociales sont représentées sauf la paysannerie (à l'exception de certaines régions comme le Limousin ou le Beaujolais ou la Bretagne intérieure). Ont été "porteurs", les ouvriers, les employés (cheminots, postiers sont surreprésentés par rapport à leur place dans la population active), les couches moyennes indépendantes.

    "L’ombre" : un Résistant n'est pas un mélange de Zorro et d'un Robin des Bois. Son vécu quotidien, c'est l'attente, le maquis-refuge, la résistance sans héroïsme mais non sans risque, la peur de la "chute "(Cf. "ami quand tu tombes") et de l'interrogatoire par l'Abwehr - contre-espionnage allemand - ou la Gestapo ou la Milice. La peur, l'angoisse, le cafard ont un antidote : la fraternité.

2.      Réseaux et mouvements

    Ce sont deux termes que l'on utilise à tort l'un pour l'autre. Le réseau effectue un travail militaire précis, un Mouvement se propose de sensibiliser et d'organiser la population.

a)      Les réseaux

    250 réseaux de résistance ont été homologués "unité combattante". Leur rôle : filière d'évasion, renseignements à l'Intelligence Service, puis au Bureau Central de Renseignement et d'Action (B.C.R.A.) créé par De Gaulle pour imposer la France Libre aux côtés des anglo-saxons.

    Filmographie : L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville (1969).

b)      Les Mouvements

    Les Mouvements de résistance sont moins spécialisés, leur activité est plus variée et ils ont une dimension régionale voire nationale. Services logistiques : faux papiers, planques, trésorerie, service social ; Imprimerie (Eugène Pons à Lyon, catholique) ; Corps Francs pour réaliser des opérations de sabotage et des expéditions punitives ; entrisme avec le NAP (noyautage des administrations publiques) NAP-PTT, NAP-Fer.

    Le Front National (3) -sur initiative communiste- est le seul mouvement implanté aussi bien en Zone Nord qu'en Zone Sud et dans tous les milieux. Calquée sur les structures du PCF clandestin, son organisation est faite d'une hiérarchie de "triangles de direction". Sur les trois membres, un seul connait l'échelon supérieur (avec interdiction de le dire aux deux autres - prévention des tortures-) et un seul connait l'échelon inférieur.

    En Zone Sud on a eu : Combat, libération-sud, Franc-tireur ; en Zone Nord : Organisation Civile et Militaire, Ceux De La Résistance, Ceux De La Libération, Libération-Nord. Il y eu aussi Défense de la France, Lorraine, Vengeance, Résistance...

    Le développement de mouvements aussi diversifiés et autonomes à l'égard des alliés est l'une des originalités de la résistance française. La clandestinité n'en fait pas un organigramme bien huilé et bureaucratique : la Résistance n'est pas autogestionnaire, il faut des chefs qui décident, elle est sans contrôle démocratique. Elle est une armée. 


B. DES   "RÉSISTANCES" à "LA" RÉSISTANCE


1.      Résistance intérieure et résistance extérieure

a)      Concernant la résistance extérieure

    La France connaît une situation assez semblable à d'autres pays européens : depuis l'Angleterre, seul pays libre en guerre contre l'ennemi (URSS exceptée), des responsables en exil (gouvernement réfugié ou cas particulier du général de Gaulle) continuent la lutte et tentent de rester en contact avec leurs compatriotes. Il y a donc fréquemment deux résistances qui s'ignorent souvent parce que leur origine n'est pas la même.

    En septembre 1941, la France Libre s'est donné un gouvernement de fait : le Comité national Français. Mais le Général de Gaulle est dans une situation précaire (et cela jusqu'à l'automne 1943) en effet, les anglo-saxons ne manquent de lui rappeler : quelle est votre légitimité ? Il comprend qu'il lui faut apparaître comme le chef incontesté de "toutes les forces françaises combattantes".

    Dès janvier 1942, de Gaulle envoie Jean Moulin coordonner en Zone Sud les formations paramilitaires de la Résistance intérieure et le 25 novembre 1942 (N.B. : après l'invasion de la Zone sud) des contacts sont pris avec le P.C.F..

b)    Les divergences

   Sans parler de divergences, les préoccupations des deux résistances ne sont pas les mêmes. De Gaulle essaie de rassembler le maximum de militaires derrière lui, essaie de récupérer toutes les forces impériales de la France, essaie de donner une stature diplomatique à ce qu'il nomme "la France Libre". Sur le territoire occupé en revanche, la résistance c'est d'abord de multiples actions individuelles, les réseaux et mouvements se constituent peu à peu. L'objectif de la résistance intérieure est de dire la vérité puisque Vichy exerce une censure totale. Ensuite, il faut regrouper et tenter de faire agir la population : le P.C. crée des comités populaires contre le chômage, en mai-juin 41 ses militants sont à l'origine de la grande grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais. Des étudiants organisent la célébration du 11 novembre (dès l'année 1940, en plein Paris occupé).

Les résistants communistes tentèrent de s'emparer de la ville de Tulle. Les Allemands de la division SS Das Reich reprirent la ville et pendirent sans jugement 99 habitants (juin 44).    On observera le soldat qui rigole en saluant : incarnation de la bête immonde dont parle B. Brecht.  Photo Huma.D. (5 juin 14). C'est ici l'exemple de débat : les gaullistes reprochent au PC d'avoir agi prématurément en envahissant Tulle sans soutien, les Communistes répliquent qu'on ne peut attendre l'arrivée des Américains et rester l'arme au pied. En tout état de cause, les coupables restent et demeurent les SS...

     A partir de 1942, la résistance devient plus collective plus coordonnée. Les divergences apparaissent alors :

    a) la Résistance intérieure (socialiste, communiste ou républicaine) n'apprécie pas l'autoritarisme de De Gaulle.                    

    b) Faut-il attendre le jour J (comprendre = le débarquement) ou faut-il au contraire une action immédiate contre l'occupant ?

     c) Pourquoi se bat-on ? Pour la libération de la France seulement ou bien aussi, une fois le territoire libéré, pour une France nouvelle démocratique (voire socialiste) ?

2.      Vers l'unité

    Après l'acceptation par De Gaulle des grands objectifs communs à la Résistance, l'unité nationale peut se faire.

a)      Les grands objectifs communs

    Peu à peu, les résistants convergent vers un certain nombre d'idées simples mais fortes :

- Se battre contre l'occupant pour être partie prenante à la victoire. La France a déclaré la guerre en 1939, elle la continue, la Résistance unie c'est la France en guerre aux côtés des Alliés.

- ne pas se laisser libérer passivement en attendant les Américains : la libération est inséparable de l'insurrection.

- La France libérée sera rénovée de fond en comble, après la libération, il faudra réaliser un "véritable 89 économique et social" (Franc-tireur dixit).

    C'est pourquoi, après la constitution des Mouvements Unis de résistance (janvier 43) et la reconnaissance du P.C.F. comme parti résistant ès-qualités, J. Moulin accepte la présence des partis politiques et des syndicats (C.G.T. réunifiée dans la clandestinité) qui, à leur tour, acceptent l'autorité du général De Gaulle. Il faut dire que la résistance intérieure a besoin de relais extérieur (armes, argent, matériel radio) et d'une reconnaissance internationale. Surtout, l'unification est accélérée par les craintes que suscite la création à Alger, après le débarquement allié, d'un pouvoir de fait, sous protectorat américain qui menace la légitimité de la France Libre. En effet, les Américains préfèrent Giraud à de Gaulle qui dira d'eux "ils sont à la recherche d'hommes de paille pour cantonner la France dans un rang de puissance moyenne". Les communistes quant à eux redoutent une administration américaine après la libération : l'AMGOT (acronyme pour Allied Military Government of Ocuppied Territories).

    Ainsi est créé le Conseil national de la Résistance (27 mai 1943). 70° anniversaire de la création du COMITÉ NATIONAL de la RÉSISTANCE (CNR).

b)    Vers le G.P.R.F.

    Le C.N.R. est un "État" clandestin qui résistera à toutes les forces centrifuges. C'est une première dans l'Europe occupée et cela restera même unique : dans tous les autres pays les divergences demeureront entre Résistance intérieure et Résistance extérieure. Le C.N.R. comprend 8 Mouvements, 2 syndicats et 6 formations politiques. (cf. l’article sur le 70° anniversaire) Après l'arrestation de J. Moulin (21 juin 43), il est présidé par G. Bidault.

    Fort de ce soutien, De Gaulle peut créer à Alger le C.F.L.N., le 3 juin 1943, sa position est bien plus forte et Giraud privé du soutien des Américains doit se retirer (novembre 43).

    L'étape suivante est l'élargissement du C.F.L.N. aux représentants des Mouvements et aux communistes (qui y entrent en avril 1944).

    Le 2 juin 1944, à quatre jours du débarquement, le Comité se transforme en G.P.R.F. (gouvernement provisoire de la République française) dont De Gaulle est le président.

 

CONCLUSION : BILAN DE LA RÉSISTANCE

 LIRE : De Gaulle rend hommage aux Résistants (15 mai 1945)

1.      Au plan militaire

    les F.F.L. représenteront jusqu'à 500.000 hommes, la Résistance intérieure une force équivalente. Cependant, la Wehrmacht se sent peu menacée en France, moins qu'en Yougoslavie, en tout cas. Le rôle militaire de la résistance est cependant indéniable en juin 44. Si la Résistance française ne peut prétendre avoir influencé de façon décisive la cours de la guerre, son rôle a été souligné par le général Eisenhower, responsable d’ Overlord.  Août 1944 : Provence, l’autre débarquement

2.      Son rôle politique

    C'est l'essentiel. Grâce à la Résistance,

- la France est partie aux conventions d'armistice (elle signe à Berlin, le 8 mai), membre du Conseil de sécurité de l'ONU

- libérée elle-même, elle évite l'outrage de l'AMGOT (4), le GPRF n'est cependant reconnu qu'en octobre 44 par les Américains,

- C'est une revanche sur l'humiliation de la débâcle de 1940 et, dans la mémoire nationale, c'est un lavage de la honte du régime de Vichy (ce n'est pas le cas en Allemagne).

3.      Une occasion manquée ?

    Malgré l'unité du C.N.R., malgré le Tripartisme, l'unité de la Résistance va éclater à cause de la Guerre Froide. Sans doute, les Résistants ont-ils sous-estimé le poids des partis politiques dans le patrimoine politique français. Mais la France ne pouvait pas à elle seule éliminer les contraintes extérieures de la Guerre Froide.


 petite bibliographie :

    hors série de l'humanité, "1944, la France se libère", 68 pages, à demander au journal.

    pour ceux qui ont accès aux archives du MONDE : encart spécial "PARIS, l'insurgé", publié le 25 août 2004. A demander à votre C.D.I..



(1) De Gaulle, dès le 18 juin 1940.

(2) Le « groupe du musée de l'homme », le 15-12-40, dont relevait Germaine Tillon.

(3) Qu’il ne faut évidemment pas confondre avec celui d’aujourd’hui, qui n’a strictement rien à voir. En majuscules, les mouvements admis au Conseil National de la Résistance, en 1943.

(4) Elle aurait pu le subir comme l'Italie ou le Japon.

1. La France de la collaboration

publié le 4 juil. 2011, 07:00 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 15 sept. 2017, 05:40 ]

    La victoire allemande constitue pour certains français (C. Maurras) une "divine surprise". Ainsi que l'écrira Bernanos, "le gouvernement de Vichy, c'est une minorité qui chercha en vain depuis 20 ans sa chance et qui l'a trouvée dans le désastre de la nation". De fait, le régime du Maréchal Pétain est le succès d'un courant politique français qui trouve ses racines dans la tradition hostile à la Révolution de 1789, dans l'anti-républicanisme et le nationalisme des années 1900, dans l'hostilité au mouvement ouvrier et dans l'anti-bolchevisme. La victoire nazie est, pour ce courant, l'occasion d'une revanche et d'une soi-disant "Révolution nationale" (1ère partie), cependant, le régime ne se contente pas d'être une administration, il est aussi au service de l'occupant auquel il prête une active collaboration (2ème partie).

    Détendez-vous en regardant le film de Rappeneau qui retrace les évènements de juin 40 Bon voyage ! de J.-P. Rappeneau (2003)


A. L’État Français

1.      La chute de la III° république

       A Vichy, le 10 juillet, les deux chambres de la République (députés et sénateurs) se réunissent en Assemblée Nationale et votent l'Acte qui donne tout pouvoir au Maréchal Pétain (Président du Conseil de la III° depuis le 16 juin) à l'effet de promulguer une nouvelle constitution de l'"État français" devant garantir "les droits du travail, de la famille et de la Patrie". 559 voix pour, 80 contre, 17 abstentions.

    Cet acte est d'une totale irrégularité par rapport au droit public français antérieur. En droit public français, une autorité investie d'une compétence ne peut en déléguer l'exercice que si elle y est autorisée. Le pouvoir constituant originaire appartient au peuple (1789). Le pouvoir constituant dérivé (c'est-à-dire le droit de modifier la Constitution) est accordé à l'assemblée des députés et à elle seule et rien ne prévoit qu'elle puisse le déléguer à un autre. L'Assemblée nationale de Vichy a donc violé un principe fondamental du droit, issu de la Révolution Française, mais précisément, Pétain ne s'inscrit pas dans la tradition révolutionnaire de 1789.

    Dès le 11 juillet, Pétain signe des Actes constitutionnels qui rompent complètement avec le principe de la séparation des pouvoirs : c'est une dictature. Le coup du 10 juillet 1940 : la République abattue…….

    Le choix entre armistice et capitulation est éclairant. En cas de capitulation, les allemands eussent été libres d'administrer la France directement, sans intermédiaire. Juin 40 : continuer le combat ? Avec l'armistice, Pétain est reconnu comme une autorité par Hitler, c'est un interlocuteur. Il reste au pouvoir et peut mettre en place de façon autonome sa "Révolution Nationale", c'est-à-dire un système politique qui casse complètement la tradition démocratique et républicaine issue de 1789.

2.      Qu’est-ce que le régime de Vichy ?

    L’idéologie du régime peut être appréhendée par l’étude d’un texte du général Weygand, extrême-droite traditionaliste, membre de la Cité catholique, qui agit en symbiose avec Pétain. Le texte se trouve à la fin de cette leçon. Il est numéroté de la ligne 1 à la ligne 26. Il fut proposé au baccalauréat.

a)      Le manifeste de Weygand

    Lire le texte ci-dessous. Le 19 mai 1940, Weygand est nommé généralissime, à 73 ans, par Paul Reynaud, alors Président du Conseil. Dès le 12 juin, il réclame l'armistice, refusant la capitulation ("sauver l'armée pour sauver l'ordre"). Il fera condamner à mort De Gaulle par contumace, bénéficiera d'un non-lieu en 1945 et meurt en 1965.

a. les causes de la défaite selon Weygand :

    Le régime républicain : lignes 1 et 2, 20

    La lutte des classes (CGT, PC) ligne 4 et le Front populaire (ligne 14)

    la démographie : ligne 9 et l'immigration : lignes 10 à 12

    l 'école de Jules Ferry : ligne 18.

b. idéologie et politique :

    Ce manifeste ouvre la voie au fascisme : anti-capitalisme apparent (l.2) mais mise en avant de la collaboration de classe (l.7) et condamnation du mouvement ouvrier (l.4). Racisme à peine couvert.

    Vers un régime autoritaire personnalisé : l.25

    Il s'agit d'un régime catholique conservateur : ligne 2 (hostilité aux francs-maçons et au libéralisme capitaliste), famille, natalité, Dieu, éducation de la jeunesse, matérialisme vulgaire de la société de consommation opposé au culte et à l'idéal chrétiens.

    Nationalisme : rejet des forces internationales (Internationales ouvrières mais aussi libéralisme), patrie.

    Tout cela est dans la lignée du Travail-Famille-Patrie.

b)    La soi-disant "révolution nationale"

    a. C'est d'abord un régime anti-démocratique :

    "Chef" de l'État français, les ministres ne sont responsables que devant lui, il désigne son successeur, les fonctionnaires lui prêtent serment de fidélité, il n'y pas d'assemblée élue au suffrage universel.

    b. C'est le retour au passé :

    Le retour à la terre, à la France paysanne et rurale, catholique, on parle ailleurs de la  "promiscuité dépravante des ateliers, des bureaux, des usines" (cad des hommes et femmes qui travaillent côte à côte) et paternaliste. Fête des mères, interdiction de l'avortement, du divorce.

    c. C'est la lutte contre le mouvement ouvrier :

    La grève est interdite, la C.G.T. et le P.C.F. sont dissous, le syndicalisme officiel est, seul, autorisé. Le 1er mai est jour férié mais son esprit est celui de la collaboration avec le patronat. C'est la fête du travail en tant qu'effort physique, activité productive et non pas la fête du Travail synonyme de classe ouvrière. .

    d. C'est la lutte contre la république :

    Réintroduire Dieu dans l'école, fermeture des Écoles Normales d'Instituteurs.

    e. c'est le chauvinisme et le racisme :

    Y compris dans sa forme la plus violente : l'antisémitisme

    f. Enfin, contrairement à ce qui est officiellement proclamé, c'est le premier âge d'or du grand patronat. Cf. la biographie de François Lehideux. Pour la première fois des patrons dirigent directement les affaires de la France comme ministres. C'est l'irruption de la "technocratie" dans la vie politique.


B. La Collaboration 


    Après avoir défini les pratiques de la collaboration, on verra qui a collaboré.

    La collaboration est définie par l'article 3 de la convention d'armistice : "le gouvernement français invitera tous les services administratifs français à se conformer aux réglementations des autorités allemandes et à collaborer avec ces dernières de manière correcte"(1). mais Vichy n'a pas été une simple administration, Il se voulait gouvernement respectable et voulait discuter d'État à État avec le Reich. C'est le gouvernement de Vichy qui le premier a recherché une négociation avec l'occupant. C'est ce qu'a montré un historien américain, Paxton, qui écrit : "la Collaboration, ce ne fut pas une exigence allemande à laquelle certains français ont répondu par sympathie ou par ruse. Ce fut un proposition de la France, que Hitler repoussa en dernière analyse". Autrement dit, c'est exactement le contraire de la thèse du "bouclier" (Pétain protecteur des Français face aux coups portés par les Allemands).


A. AU SERVICE DE L'ALLEMAGNE

    On peut distinguer trois étapes

1. Jusqu'en février 41 :

    La propagande du "bouclier". Entrevue de Montoire, 22/24 octobre 1940, voulue par Pétain, avec la poignée de mains Pétain-Hitler au fort pouvoir symbolique. C'est une tentative pour alléger les contraintes de l'armistice.

2. De février 41 à avril 42 :

    C'est le gouvernement de l'amiral Darlan et de ses "jeunes cyclistes" (certains viennent au conseil des ministres à vélo). Ils sont acquis à l'idée européenne, à l'idée d'une Europe unifiée par l'Allemagne. Ils espèrent promouvoir la France du rang de vassale à celui de puissance alliée du Reich. On a ainsi la collaboration militaire : Vichy autorise l'Allemagne à utiliser ses bases militaires en Syrie et en Afrique, encouragement à la L.V.F. (Légion des Volontaires Français qui combat aux côtés de la Wehrmacht) ; collaboration économique avec la direction générale aux relations économiques franco-allemandes, collaboration policière avec la création des "sections spéciales", qui pourchassent les résistants avec des jugements rétroactifs (c'est la marque de l'inexistence de l'État de droit et un acte de guerre civile), "SECTIONS SPECIALES", le film, l'histoire... collaboration raciste avec l'aggravation de l'antisémitisme officiel en 1941 (loi prescrivant le recensement des juifs) avec rafles.

    Cette politique échoue car l'Allemagne aggrave sa politique et ne vise qu'à se servir de la France pour son effort de guerre, d'ailleurs elle réclame le retour de Laval.

3. De avril 42 à août 44 :

    C'est la politique du presse-citron (la France étant le citron) et Laval va au devant des désirs allemands. Il livre le potentiel industriel et humain du pays : c'est d'abord la "Relève" (de jeunes ouvriers français sont envoyés en Allemagne pour remplace les prisonniers français de 1940), puis le STO (service du travail obligatoire, en Allemagne, qui remplace le service militaire). Accord sur les "entreprises protégées" en fonction desquels 730.000 ouvriers d'usines française travaillent directement pour l'Allemagne. La création de la Milice créée après le service d'ordre légionnaire et, enfin, l'engagement de la police française aux côtés des S.S.. Rafles du Vel. d'hiv.


B. LA " FRANCE ALLEMANDE "

     I. ET VOILA QUE L’ON NOUS RESSORT BRASILLACH… Lire la série d 'articles sur Brasillach, archétype du journaliste collabo, condamné à mort et exécuté en février 45, pour intelligence avec l'ennemi.

    On distingue parfois collaborateurs et collaborationnistes. Ces derniers sont ouvertement fascistes et vont jusqu'à porter des uniformes allemands. Vichy serait trop "mou".   En fait, tous avaient en commun l'acceptation de la défaite de 1940 et le souhait plus ou moins avoué de la victoire finale allemande ; ils furent neutres ou actifs devant la terreur nazie ; ils haïssaient tous la démocratie républicaine, les juifs et les communistes, les résistants et l'Angleterre ; ils étaient "européens", au sens de l'unité derrière l'Allemagne. Le second gouvernement Laval n'est rien d'autre que collaborationniste.

    Les "collabos" venaient pour la plupart de l'Action Française (nationaliste/royaliste : type : Brasillach), des ligues fascistes d'avant-guerre, certains venaient de la gauche (Doriot, Déat). Sociologiquement, le "collabo" est un homme, un citadin, relativement âgé, qui appartient aux classes moyennes (commerçants, artisans, indépendants), qui a fait ou subi la 1ère Guerre mondiale.

    Le bilan est lourd. La France de Vichy a fourni le tiers des surplus importés de toute l'Europe par l'Allemagne, la meilleure main-d’œuvre. Elle a contribué à accroître la sécurité du Reich sur le front occidental puisque c'était les hommes de Vichy qui faisait le boulot.... .

Bibliographie :
revue L HISTOIRE, n°129, année 1990, n° spécial "1940, la guerre, l'exode, Vichy". (C.D.I.) 
http://programmes.france3.fr/documentaires/index.php?page=doc&programme=histoire-immediate&id_article=2546

(1) Voir le N° SPÉCIAL de LA REVUE  l'Histoire, page 50, c A.


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