publié le 18 mai 2012, 05:24 par Jean-Pierre Rissoan
publié le 24 avr. 2012 15:56 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 24 avr. 2012 15:58
]
Je
rappelle que je travaille sur la base d’une donnée fournie par le
journal
L’EXPRESS[1]
qui avait présenté la liste des trente
communes les plus riches
de France. On peut retrouver d’autres articles sur ce site où
je
donne des résultats pour ces communes. J’ai rajouté trois
arrondissements
parisiens et deux arrondissements lyonnais bien connus pour être ghettos
du
Gothas, selon l’heureuse formule des Pinçon-Charlot. Ces communes ou
fragments
de communes possèdent une large proportion de « bourgeoise patronale »,
vocable qui recouvre les catégories INSEE suivantes : artisans,
commerçants, chefs d’entreprise (ACCE), cadres et professions
intellectuelles
supérieures (CPIS). J’en ai exclu les chefs d’exploitation agricole
puisque
nous travaillons ici sur des secteurs exclusivement urbains. Certaines
communes
sont riches pour des raisons spécifiques : ce sont des communes
frontalières et leurs habitants bénéficient des salaires et autres
avantages
que leur donne le statut de travailleurs frontaliers. Ainsi sont :
Feigères, Archamps, Zimmersheim et Challex. La sociologie n’est pas la
même : il s’y trouve beaucoup plus d’ouvriers.
Vaulx-en-Velin
avait été distingué par L’EXPRESS comme « la ville la plus pauvre de
Rhône-Alpes ». Le taux de « salariat modeste » -appellation
INSEE- y est de 73,6% (ouvriers et employés). A Saint-Nom-la-Bretèche
(78) ce
taux est de 21,6% pour une moyenne nationale de 54,4%.
Je
donne aussi les résultats des élections européennes de 1984, année de
l’éruption du FN. Je dirai pourquoi.
|
Sarkozy 2012
|
LePen 2012
|
Rappel FN 1984
|
Communes
|
%ins
|
%exp
|
%ins
|
%exp
|
%ins
|
%exp
|
FRANCE
|
21,6
|
27,2
|
13,9
|
17,9
|
6,1
|
10,9
|
Paris 8°
|
46,4
|
58,3
|
4,7
|
5,9
|
11,5
|
19,1
|
Paris 16°
|
51,5
|
64,8
|
4,4
|
5,6
|
10,8
|
16,6
|
Paris 7°
|
47,1
|
58,2
|
4,3
|
5,3
|
9,4
|
15,5
|
Lyon 2°
|
33,3
|
41,9
|
7,1
|
9
|
12,5
|
20,1
|
Lyon 6°
|
39
|
48
|
5,9
|
7,3
|
10,6
|
18,7
|
Marnes-la-Coquette
(92)
|
52,3
|
62,1
|
5,1
|
6
|
12,6
|
16,9
|
St-Nom-la-Bretèche
(78)
|
49,6
|
60,5
|
5,2
|
6,3
|
9,2
|
13,5
|
Neuilly
(92)
|
60,4
|
72,6
|
4,2
|
5
|
12,1
|
17,6
|
L’Etang-la-ville
|
38,9
|
49,3
|
4,7
|
6
|
8,9
|
13,1
|
Fourqueux
|
40,9
|
51,3
|
4,8
|
6
|
9,9
|
14,5
|
Le Vésinet
|
42,9
|
53,6
|
5,7
|
7,2
|
11,5
|
17,1
|
Vaucresson
(92)
|
45,5
|
58
|
5,2
|
6,7
|
10,8
|
16,1
|
Croissy-sur-Seine
|
40,4
|
50
|
6,6
|
8,2
|
9,8
|
15,2
|
Ville-d’Avray
|
40,8
|
48,6
|
4,5
|
5,3
|
8,7
|
13,2
|
Les Loges
en Josas
|
35,5
|
43,4
|
6,5
|
7,9
|
8,5
|
12,6
|
Corenc (38)
|
33,6
|
41,7
|
5,4
|
6,8
|
10,2
|
15,3
|
St-Cyr
Monts-d’or (69)
|
45,5
|
53,5
|
8,8
|
10,3
|
14,1
|
20,9
|
St-Didier
Monts-d’or
|
50,3
|
57,4
|
6,9
|
7,9
|
12,5
|
17,7
|
Veyrier-du-lac
(73)
|
48,2
|
59,4
|
6,5
|
8,1
|
9,2
|
15,1
|
Biviers
(38)
|
35,2
|
40,6
|
6,9
|
7,9
|
8,2
|
12,1
|
St-Ismier
(38)
|
33,9
|
39,3
|
8,2
|
9,5
|
6,7
|
11,1
|
St-Clément-de-rivière
(34)
|
33,9
|
38,6
|
11,1
|
12,7
|
13,6
|
20,4
|
St-Martin-du-Viviers
(76)
|
45
|
50,6
|
8,3
|
9,3
|
9,3
|
13,3
|
Feigères
(74)
|
30,3
|
35,3
|
9,4
|
10,9
|
5,5
|
10,6
|
Charbonnières
(69)
|
48,9
|
56,4
|
8
|
9,2
|
8,5
|
17,9
|
Gruson (59)
|
47,9
|
53,3
|
7,8
|
8,6
|
8,1
|
10,7
|
Montbonnot-St-M.
(38)
|
30,5
|
35,2
|
8,7
|
10,1
|
7,3
|
10,9
|
Daix (21)
|
34,5
|
40,1
|
7,7
|
9,1
|
11,1
|
16,9
|
Auzeville-Tolosane
(31)
|
22,8
|
25,7
|
6,9
|
7,7
|
6,1
|
8,6
|
St-Marc
-Jaumegarde (13)
|
39,7
|
48,3
|
7,4
|
9
|
15,9
|
26,1
|
Menthon-St-Bern.
(74)
|
45,8
|
53,2
|
7,4
|
8,6
|
11,3
|
16,6
|
Archamps
(74)
|
34,7
|
44
|
8,1
|
10,3
|
7,4
|
14,1
|
Zimmersheim
(68)
|
36,7
|
43,8
|
14,8
|
17,6
|
12,9
|
24,2
|
Challex
(01)
|
29,5
|
37,4
|
10,3
|
13,1
|
4,4
|
13,1
|
Lompret
(59)
|
40,8
|
47,5
|
8,5
|
9,9
|
10,8
|
15,7
|
Vaulx-en-Velin
(69)
|
09,9
|
14,4
|
9,5
|
13,8
|
7,2
|
19,4
|
On aura
relevé le chiffre particulièrement élevé des votes exprimés en faveur de
Le Pen
en 1984. La bourgeoisie, encore sous le coup de la victoire de la gauche
en 1981,
lance un avertissement/coup de gueule à la droite classique. C’est
Nicolas Sarkozy
qui répondra à son appel avec sa fameuse droite décomplexée.
Pour
ce qui concerne Vaulx-en-Velin, le chiffre de 1984 -soit 19,4%- a fait
couler
beaucoup d’encre et de salive chez les nouveaux chiens de garde. A la
suite des
Perrineau et consorts, les loups ont hurlé au vote communiste en faveur
du FN
-Vaulx-en-Velin est en effet administrée par une municipalité
communiste. Mais cela
est dû uniquement au très faible nombre de votants et tout honnête homme
constatera que les Vaudois, en termes d’électeurs INSCRITS, ont voté à
peu près
comme la moyenne nationale (1% de plus) et BEAUCOUP moins que les beaux
quartiers
et villes huppées. Cette analyse vaut pour toutes les communes dirigées
par des
municipalités Front de gauche.
Aujourd’hui,
Nicolas Sarkozy a donné satisfaction aux riches : plus question de
s’égarer
sur des pistes impraticables, on serre les rangs derrière le Président
des
Riches : 72,6% à Neuilly au 1er tour !
[1]
Dans un numéro spécial du 28 juin 2007 intitulé « Où vivent les
riches ? ».
|
publié le 23 janv. 2012 14:34 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 8 mars 2012 20:12
]
Je publie l’intégralité
de l’article de F. Gougou paru dans la revue Nouvelles FondationS -
numéro 5. http://www.gabrielperi.fr/Les-mutations-du-vote-ouvrier-sous?lang=fr
J’ai
annoté le texte avec des
incises de couleur rouge. Ce texte ne surprendra pas mes lecteurs qui
pourront
retrouver dans mes analyses électorales beaucoup de ce qu’écrit F.
Gougou. Particulièrement
en ce qui concerne le vote FN dans les régions ouvrières qui votaient à
droite
avant 1981. Les 30% d’ouvriers qui ont "voté Giscard" en 1981 votent
presque tous FN aujourd’hui. Dans les citadelles du PCF, le score du FN
est
faible si l’on analyse les votes en fonction du nombre des électeurs
INSCRITS. C’est
l’abstention élevée qui donne des résultats élevés au parti de la
famille
LePen. Un élément important de l’article de Gougou, élément dont je n’ai
presque
jamais parlé est "le poids du
renouvellement des générations". J’ai juste évoqué cet aspect des
choses en citant le cinéaste Robert Guédiguian dans l’article PROGRAMMES,
HISTOIRE, MEMOIRE : LE DEVOIR DE TRANSMETTRE……
J.-P. R.
LES MUTATIONS DU VOTE OUVRIER SOUS LA V° RÉPUBLIQUE
par Florent Gougou
chercheur au
CEVIPOF, avril 2007
« Il y a une culture ouvrière, une façon d’être un ouvrier,
un rapport
particulier des ouvriers à la vie et au travail. Si je suis élu
président de la
République, je ne laisserai pas se perdre cette culture ouvrière »
(Nicolas Sarkozy, discours de Saint-Quentin, 25 janvier 2007). Une
campagne
présidentielle réserve toujours des moments inattendus. Dans la bouche
d’un
candidat de gauche, ces mots auraient sonné comme un écho à la mise en
garde
adressée par Pierre Mauroy au candidat Jospin, un mois avant le 21 avril
2002 : « Nous devons parler
plus fort aux travailleurs, Lionel, il faut que tu adresses un message à
la
France qui travaille. Le mot ouvrier n’est pas un gros mot». Mais,
dans la
bouche du principal candidat de la droite parlementaire, ils rappellent
plutôt
que l’électorat ouvrier, longtemps considéré comme acquis à la gauche,
fait
aujourd’hui figure d’électorat à conquérir [1].
Retour sur le « 21 avril »
À
l’approche de l’échéance
électorale du printemps 2007, le « coup de tonnerre » du 21 avril
2002 résonne toujours sur la scène politique française. Ce soir-là, le
premier
tour de l’élection présidentielle s’achève sur l’élimination précoce de
Lionel
Jospin. Premier ministre en exercice, le candidat du Parti socialiste
est
devancé par le président de la République sortant, Jacques Chirac, et
par le
candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen. Le choc est brutal. Un
candidat
d’extrême droite accède pour la première fois au second tour, alors que
la
gauche n’a plus été absente du duel décisif depuis l’élection
présidentielle de
1969.
Surprise
sans précédent dans
l’histoire électorale de notre pays, ce « séisme politique » cache de
nombreuses évolutions électorales tout aussi spectaculaires. La
participation
subit un nouveau recul pour tomber à son niveau plancher (71,6 % des
inscrits) depuis l’institution de l’élection du président de la
République au
suffrage universel direct. Robert Hue obtient le plus mauvais score d’un
candidat du Parti communiste au premier tour d’une présidentielle (3,4 %
des exprimés).
Jacques
Chirac est le premier
président sortant à ne pas dépasser 20 % des suffrages exprimés. Enfin,
la
dynamique de déclin du « vote de classe ouvrier » atteint son
épilogue : pour la première fois depuis le début de leur désalignement
électoral [2]
à la fin des années 70, les ouvriers n’accordent plus aucun avantage
particulier à la gauche. La mutation du vote ouvrier est
impressionnante :
le 21 avril 2002, seulement 43 % des ouvriers ont voté pour un candidat
de
gauche, exactement comme la moyenne de l’électorat (panel électoral
français
2002, CEVIPOF-CIDSP-CECOP). Mieux, 24 % se sont prononcés en faveur de
Jean-Marie Le Pen, soit 7 points de plus que l’ensemble des Français.
Comment
s’est donc produit le déclin du « vote de classe ouvrier » ? Les
ouvriers, autrefois acquis à la gauche, sont-ils aujourd’hui séduits par
le
Front national ?
Un objet traditionnel de la
sociologie politique
Aucun
groupe social n’a été
autant étudié que celui des ouvriers. Depuis un siècle et demi, la
question
ouvrière est au centre de puissants débats politiques et idéologiques.
Tantôt
porteurs d’un idéal révolutionnaire, tantôt revendicatifs et donc
dangereux,
tantôt en voie de disparition, les ouvriers ne laissent pas indifférent.
Le
concept de « classe ouvrière » n’est-il pas entré dans le vocabulaire
courant, malgré sa connotation marxiste ?
Cette
question ouvrière est
intimement liée à l’industrialisation des sociétés modernes. Autrefois
artisan
réalisant un objet avec ses mains, souvent salarié, parfois à son
compte,
l’ouvrier dans son sens moderne apparaît au XIXe siècle, avec la
révolution
industrielle. Il devient alors le travailleur exerçant une activité
manuelle
contre la rétribution d’un salaire, souvent assimilé au prolétaire,
celui qui
ne possède rien d’autre que sa force de travail.
L’émergence
politique de la
question ouvrière en France remonte à la fin du XIXe siècle. Le massacre
de
Fourmies du 1er mai 1891 ouvre une dynamique qui aboutit à la percée
socialiste
des élections législatives de 1893. Les socialistes font ensuite partie
du Bloc
des gauches, coalition qui a gagné les législatives de 1902. En moins de
dix
années, le mouvement ouvrier s’installe comme une force politique
significative. À l’époque, les liens qui unissent le monde ouvrier et le
mouvement socialiste ne font pas de doute. Le premier parti socialiste
unifié,
la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), ne comporte
pas de
mention au socialisme : ouvrier et socialiste sont alors synonymes. De
ce
« baptême ouvrier » résulte l’intuition de l’existence d’un vote de
classe ouvrier en faveur de la gauche.
Aux
lendemains de la Seconde
Guerre mondiale, le vote des ouvriers devient un thème classique des
analyses
électorales françaises. Joseph Klatzmann conclut de son étude des
résultats des
élections législatives de 1956 dans le département de la Seine que près
de
70 % des ouvriers votent pour le Parti communiste [3].
De son côté, en s’appuyant sur des enquêtes par sondage de l’IFOP,
Mattei Dogan
insiste sur l’hétérogénéité de leurs préférences politiques. Des
ouvriers
« révolutionnaires » et des ouvriers « réformistes »,
favorables à la gauche, côtoient des ouvriers « catholiques » ou des
ouvriers « conservateurs », favorables à la droite [4].
Dans les
premières enquêtes
comparatives, le vote des ouvriers est pensé dans le cadre du clivage de
classe, d’une « lutte des classes démocratique [5] ».
Le « vote de classe ouvrier » en faveur de la gauche serait le reflet
des luttes d’intérêts qui opposent les travailleurs aux possédants dans
la
sphère économique. Robert R. Alford construit ainsi un « indice du vote
de
classe », calculé par la soustraction du pourcentage des travailleurs
non
manuels qui votent pour les partis de gauche au pourcentage des
travailleurs
manuels qui votent pour ces mêmes partis [6].
La question des ressorts du vote de classe ouvrier n’est pas oubliée. En
Grande-Bretagne, David E. Butler et Donald E. Stokes montrent que
l’alignement
des ouvriers sur la gauche repose sur une vision particulière du jeu
politique,
où les partis de gauche sont perçus comme les représentants des intérêts
de la
classe ouvrière [7].
Il exprime ainsi l’intériorisation d’une culture de classe ouvrière,
dont Guy
Michelat et Michel Simon dessinent également les contours en France, à
partir
d’entretiens non directifs et de données d’enquêtes électorales [8].
Le
vote ouvrier n’est donc pas
naturellement acquis à la gauche. Même au plus fort du vote de classe
ouvrier,
la gauche ne dépassait pas 70 % des suffrages ouvriers. Et il n’a jamais
suffi d’exercer un métier ouvrier pour voter en faveur des partis de
gauche.
L’image
d’une société organisée
autour de la vieille opposition de classes entre possédants et
travailleurs
s’est estompée.
Entre enjeux identitaires et
enjeux stratégiques
Le
vote des ouvriers n’est pas un
vote comme les autres. Il incarne de puissants enjeux identitaires, qui
rappellent que la « classe ouvrière » est à l’origine idéologique et
partisane du socialisme. À la fin du XIXe siècle, les premiers partis
socialistes sont des partis ouvriers, de la base militante aux cercles
dirigeants. De plus, dans la doctrine socialiste, et plus encore dans
son
expression marxiste, la « classe ouvrière » occupe une fonction
particulière : elle est la classe messianique, la classe chargée de
l’avènement du socialisme. Reste que le monde ouvrier d’aujourd’hui
n’est plus
celui de la fin du XIXe siècle, ni même celui des débuts de la Ve
République.
Profondément touché par les mutations socio-économiques que connaît la
France
depuis les années 70, il s’est petit à petit effacé de la scène
politique
devant la vision d’une immense « classe moyenne » et la réduction de
la question sociale à celle de l’intégration des immigrés. L’image d’une
société organisée autour de la vieille opposition de classes entre
possédants
et travailleurs s’est estompée. Le déclin du secteur industriel et la
tertiarisation de l’économie française ont tout à la fois transformé les
métiers et les lieux de travail ouvriers. La figure traditionnelle de
l’ouvrier
d’industrie a été supplantée par celle de l’ouvrier des services,
travaillant
dans des structures plus petites que la grande usine et entretenant un
rapport
direct avec le client (affirmation discutable,
JPR).
Parallèlement, l’installation d’un chômage de masse a précarisé les
relations
d’emploi des ouvriers. Autant de mutations qui ont affaibli leurs
solidarités
collectives et dévalorisé leur image au sein de la population :
autrefois
véritable locomotive du changement social, les ouvriers sont désormais
considérés comme les derniers wagons de la société (ce
que Jean-Luc Mélenchon s’efforce vigoureusement de contester, non sans
succès,
JPR).
La
dernière évolution est sans
doute la plus spectaculaire : la quasi-disparition de toute référence à
la
classe ouvrière (et même aux « ouvriers ») dans le discours des
responsables politiques de gauche (l’auteur
omet de
préciser, des responsables de la gauche socialiste).
Avec
l’effondrement du communisme (soviétisme, JPR)
et le déclin de certains métiers emblématiques (métallos, etc.), cette
adaptation de leur rhétorique était vraisemblablement nécessaire. Mais
la
France compte encore près de 7 millions d’actifs ouvriers en ce début de
XXI°
siècle, un électorat stratégique pour qui espère remporter des
élections.
Les enseignements des enquêtes
postélectorales
Le
désalignement électoral des
ouvriers est considérable (tab. 1). Alors qu’ils accordaient un avantage
de
plus de 20 points à la gauche par rapport à l’ensemble de l’électorat
lors des
élections législatives de 1973, cet écart ne dépasse plus 5 points
depuis les
législatives de 1993. Mais cet effondrement du vote de classe ouvrier
n’est pas
linéaire. Malgré une perte d’originalité entre 1973 et 1981 (l’écart
recule de
22 à 13 points), le niveau de l’alignement des ouvriers sur la gauche
reste
stable, aux alentours de 70 %. Or, à un tel niveau, il est difficile de
faire mieux. En revanche, les élections législatives de 1986 et de 1993,
qui
interviennent à l’issue de cinq années de gouvernement de la gauche (socialiste, JPR), marquent deux grands
reculs du
niveau du vote de classe ouvrier. Mais seules les législatives de 1993
se
traduisent par une accélération du désalignement électoral des ouvriers,
le
bilan de la gauche en matière
socio-économique
étant alors autrement plus désastreux qu’en 1986 (durant
la législature 1988-1993, le PCF était toujours hors du gouvernement,
JPR).
On ne dispose pas d’enquêtes postélectorales SOFRES pour les
législatives
antérieures à 1973, mais les enquêtes IFOP indiquent des écarts plus
faibles
pour les premières années de la Ve République (8 points en 1958, 14
points en
1967 et 1968). Il semble donc que le vote de classe ouvrier atteigne son
maximum lors des élections législatives de 1973, avant de décliner
progressivement par la suite. Ce désalignement électoral doit être
associé aux
puissantes ruptures identitaires vécues par le groupe ouvrier depuis
près de
quatre décennies, dont témoigne le recul considérable du sentiment
d’appartenance à la classe ouvrière dans la population française [9].
Le déclin du secteur industriel traditionnel et la progression des
« ouvriers des services » ont eu raison des solidarités collectives
qui unissaient l’immense majorité des ouvriers derrière la gauche. Mais
la
gauche elle-même a accéléré ce mouvement par sa pratique
gouvernementale.
TABLEAU 1.
Résultats de la gauche
et des écologistes au premier tour des élections législatives
(1973-2002) : la « fin du vote de classe ouvrier » (en % des
exprimés).
Vote
gauche et écolo
| L1973 | L1978
| L1981 | L1986 | L1988
| L1993 | L1997
| L2002
| France | 46
| 52
| 57
| 45
| 49,5
| 39 48
| 48
| 40,5
| Ouvriers PCM | 68
| 69
| 70
| 58
| | | | | Ouvriers PPI | | | | 61
| 60
| 42
| 52 | 45
| Ecarts | | | | | | | | | Ouvriers
PCM
| +22
| +17
| +13 | +13 | | | | | Ouvriers PPI
| | | +16 | +10
| +3
| +4
| +4,5 | |
|
|
|
|
|
|
|
|
Sources :
Sondages postélectoraux SOFRES (1973-1995), in François Platone, Les
Electorats sous la Cinquième République. Données d'' enquêtes 1958-1995,
Paris, Cahiers du CEVIPOF, septembre 1995. Sondage postélectoral
SOFRES-CEVIPOF-CRAPS (1997) et PEF, vague 3 pondérée (2002)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
L73 :
législatives de 1973 (autres tableaux : P02= présidentielle 2002), etc… PCM
: profession du chef de famille (nomenclature INSEE 1954), PPI :
profession de la personne interrogée (nomenclature INSEE 1982). La
SOFRES change de méthode en 1986, mais fournit les résultats selon les
deux méthodes pour ces élections. Les effets du changement de
nomenclature INSEE sont par là-même annulés.
Les logiques complexes du déclin du vote de classe
ouvrier Le groupe ouvrier n’a jamais été homogène. Derrière le
désalignement électoral mis en lumière par les enquêtes postélectorales
semblent ainsi se profiler des évolutions différenciées selon les
milieux ouvriers, selon leur histoire industrielle, selon leur tradition
politique. Que se passe-t-il dans les milieux ouvriers frappés de plein
fouet par la crise ? Et dans ceux où rien ne semble avoir changé ? Et
dans ceux qui sont de longue date dominés par la droite ? Seule une
analyse des résultats électoraux dans des zones très ouvrières peut
permettre de restituer les différentes logiques attachées à ces
territoires (lire à ce sujet mes différentes analyses électorales sur ce
site même, JPR). Évidemment, l’intérêt de cette méthode dépend du
niveau d’analyse et de la taille des unités politiques considérées. Elle
suppose ici de ne retenir que des élections d’enjeu national pour
écarter certains facteurs qui pèsent lourdement sur les élections
locales, notamment l’implantation de notables ou de réseaux militants
très organisés. Elle implique également de travailler sur des cantons,
car leur dimension (en principe) limitée permet d’obtenir une certaine
homogénéité sociale. Reste que le déclin du vote de classe ouvrier ne
signifie pas nécessairement que le vote des ouvriers ait perdu toute
spécificité. Depuis une vingtaine d’années, les observateurs se relaient
pour souligner la montée de l’abstentionnisme et du vote Front national
au sein des milieux ouvriers. Pour tenir compte du rôle de
l’abstention, toutes les évolutions électorales seront mesurées par
rapport aux électeurs inscrits. Attention : à aucun moment cette analyse
ne fait intervenir des propriétés individuelles qui assureraient que ce
ne sont que les ouvriers qui portent les évolutions électorales à
l’œuvre dans les milieux ouvriers. En ce sens, les enquêtes par sondage
peuvent être complémentaires, notamment pour saisir des logiques
individuelles du désalignement ouvrier.
Domination communiste ou domination socialiste, deux visages
du déclin de la gauche dans les milieux ouvriers Depuis le
Congrès de Tours de 1920, le mouvement socialiste français est divisé
entre deux tendances, l’une « réformiste », l’autre « révolutionnaire ».
Or le Parti socialiste et le Parti communiste n’ont jamais eu la même
influence dans les milieux ouvriers. Ainsi le vote de classe ouvrier
était d’abord un vote communiste, qui renvoyait aux liens très forts
tissés par le Parti communiste au sein du monde ouvrier. Cette
différence produit des évolutions électorales différenciées selon que
les milieux ouvriers de gauche sont dominés par les communistes ou les
socialistes. Dans les milieux ouvriers socialistes, les évolutions
électorales sont très sensibles à la conjoncture politique. Au terme de
ses deux législatures (en 1986 puis en 1993), la gauche est largement
sanctionnée - c’est moi qui
souligne, JPR - (tab. 2).
|
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Tableau 2.
Le poids de la
conjoncture politique dans le recul de la gauche au sein des milieux
ouvriers
dominés par les socialistes (% des inscrits)
Gauche
|
L73
|
L78
|
L81
|
L86
|
L88
|
L93
|
L97
|
L02
|
France
|
37,1
|
42,3
|
39,7
|
34,0
|
32,0
|
25,6
|
30,8
|
25,5
|
Roubaix
|
44,2
|
51,4
|
47,8
|
36,7
|
34,4
|
24,7
|
30,6
|
26,4
|
Hénin-B.*
|
61,7
|
65,6
|
58,4
|
44,6
|
44,6
|
33,1
|
36,9
|
32,9
|
Écarts
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Roubaix
|
+7,1
|
+9,1
|
+8,1
|
+2,7
|
+2,4
|
-0,9
|
-0,2
|
+0,9
|
Hénin-B.
|
+24,6
|
+23,3
|
+18,7
|
+10,6
|
+12,6
|
+7,5
|
+6,1
|
+7,4
|
* : Hénin-Beaumont (62) et
Roubaix (59).
En revanche, dans les milieux
ouvriers communistes, le déclin de la gauche s’inscrit dans le long
terme. Ici,
les évolutions électorales sont directement liées aux transformations
industrielles (tab. 3). Dans les zones où les industries ont été
frappées par
les mutations de l’économie française (Vénissieux (69), Longwy (54)),
l’originalité du vote de gauche recule de manière progressive à partir
des
élections législatives de 1978. À l’inverse, dans les zones où
l’activité
ouvrière a été relativement « préservée » (Ault (80),
Saint-Pierre-des-Corps (37)), aucune évolution électorale notable n’est à
signaler par rapport aux évolutions observables sur la métropole.
Tableau 3.
Le poids des
transformations industrielles dans le recul de la gauche au sein des
milieux
ouvriers dominés par les communistes. (% des inscrits)
Gauche
|
L73
|
L78
|
L81
|
L86
|
L88
|
L93
|
L97
|
L02
|
Métropole
|
37,1
|
42,3
|
39,7
|
34,0
|
32,0
|
25,6
|
30,8
|
25,5
|
Ault
|
48,5
|
56,2
|
56,0
|
46,3
|
48,2
|
36,0
|
45,3
|
35,0
|
St-P.d.C.
|
53,6
|
56,8
|
52,0
|
46,1
|
45,5
|
36,6
|
46,5
|
39,2
|
Véniss.
|
59,4
|
59,6
|
49,9
|
39,3
|
35,7
|
31,4
|
38,4
|
30,3
|
Longwy
|
59,3
|
53,2
|
55,6
|
42,1
|
38,4
|
27,8
|
38,3
|
30,2
|
Écarts
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ault
|
+11,4
|
13,9
|
+16,3
|
+12,3
|
+16,2
|
+10,4
|
+14,5
|
+9,5
|
St-P.d.C.
|
+16,5
|
+14,5
|
+12,3
|
+12,1
|
+13,5
|
+11,0
|
+15,7
|
+13,7
|
Véniss.
|
+22,3
|
+17,3
|
+10,2
|
+5,3
|
+3,7
|
+5,8
|
+7,6
|
+4,8
|
Longwy
|
+22,2
|
+10,9
|
+15,9
|
+8,1
|
+6,4
|
+2,2
|
+
7,5
|
+4,7
|
Le poids du renouvellement des générations
Au
XXe siècle, trois grandes
générations ouvrières se sont succédé en France [10].
La « génération héroïque » arrive à l’âge adulte entre le
Front populaire et la Libération, et connaît à la fois les luttes de
1936, la
Résistance et la victoire sur le nazisme. Très encadrée par le PC et la
CGT,
cette génération d’ouvriers porte en elle une solide culture de classe :
la famille, le quartier, le syndicat et le Parti représentent les seules
protections possibles contre la dégradation des conditions de vie et de
travail. En revanche, les enfants de cette génération héroïque
grandissent dans
un autre contexte, marqué par l’extension de la protection sociale, une
amélioration régulière des conditions de vie et l’ouverture des
possibilités de
scolarisation prolongée. Ils constituent la « génération de la
modernisation » et portent déjà en eux les germes de la
désagrégation
de la culture de classe ouvrière. Néanmoins, leur vision du monde reste
structurée par certains mythes façonnés par le Parti communiste, du
« parti des 75000 fusillés » à la « patrie des
travailleurs ». Enfin, la « génération de la crise »
grandit dans un contexte similaire, malgré l’apparition du chômage. Mais
plutôt
que l’expérience politique de leurs grands-parents, elle reçoit les
aspirations
à la réussite individuelle de ses parents.
Tableau 4.
Le déclin du vote de classe ouvrier
selon les
générations (1978-2002) -en % des personnes interrogées-
Vote de gauche
|
L1978
|
P1988
|
P1995
|
P2002
|
France
|
45,3
|
44,6
|
35,7
|
30,0
|
Ouvriers nés en 1970 et après
|
-
|
-
|
31,2
|
28,4
|
Ouvriers nés entre 1946 et 1969
|
68,9
|
53,8
|
40,8
|
31,6
|
Ouvriers nés en 1945 et avant
|
55,6
|
54,3
|
44,6
|
27,1
|
Écarts
|
|
|
|
|
Ouvriers nés en 1970 et après
|
-
|
-
|
-4,5
|
-1,6
|
Ouvriers nés entre 1946 et 1969
|
+23,6
|
+9,2
|
+5,1
|
+1,6
|
Ouvriers nés en 1945 et avant
|
+10,3
|
+9,7
|
+8,9
|
-2,9
|
Sources : Cevipof
(1978-1988-1995) et Panel électoral français (2002,
vague 2).
La
génération de la crise se
démarque sans conteste de la génération héroïque et de la génération de
la
modernisation (tab. 4). Elle n’a jamais accordé d’avantage particulier à
la
gauche, que ce soit lors de la présidentielle de 1995 (- 4,5 points) ou
de la
présidentielle de 2002 (- 1,6 point). Or sa progression constante au
sein du
groupe ouvrier laisse penser que la tendance au désalignement des
ouvriers
n’est pas près de s’inverser.
Néanmoins,
le déclin du vote de
classe ouvrier débute avant son arrivée dans le corps électoral. Elle
n’est
donc pas la seule génération ouvrière à se détacher de la gauche. Un
décrochage
de la génération de la modernisation intervient en effet entre les
législatives
de 1978 et la présidentielle de 1988, l’écart à la moyenne passant de
23,6 à
9,2 points. Les ouvriers socialisés avant la Seconde Guerre mondiale
sont les
derniers fidèles à la gauche, en dépit de ce que pourrait laisser penser
l’« accident » de 2002 (ils votent alors moins à gauche que la
moyenne de l’électorat !) (c’est le rejet de
la ligne Robert Hue, selon moi, jpr): le message qu’ils envoient
le 21
avril est en effet amendé dès les élections législatives, l’écart
remontant à 4
points.
Abstention et vote FN, deux réponses des milieux
ouvriers
L’émergence
et l’installation du
Front national à l’extrême droite du champ partisan sont sans aucun
doute les
caractéristiques les plus marquantes de l’histoire électorale française
récente. Cette montée du vote Front national a rapidement été mise en
relation
avec le recul électoral du Parti communiste, soulevant la question de
l’existence d’un passage privilégié de l’extrême gauche à l’extrême
droite sur
le terrain de la protestation sociale. Il est vrai que les progrès
indéniables
du Front national dans certaines vieilles terres de gauche, notamment au
cœur
du bassin minier du Pas-de-Calais, ont donné une visibilité particulière
au
phénomène. Pourtant la dynamique Le Pen n’est pas très sensible au sein
des
« banlieues rouges » (tab. 5). Que ce soit à Gennevilliers ou à
Vénissieux, Jean-Marie Le Pen n’obtient jamais plus de 5 points par
rapport à
sa moyenne nationale. Mieux, il recule entre la présidentielle de 1995
et celle
de 2002, un
reflux qui n’a pas beaucoup été souligné après le 21 avril.
Tableau 5.
Le poids contrasté de Jean-Marie Le
Pen dans le monde
ouvrier
Vote Le Pen
|
P1988
|
P1995
|
P2002
|
Métropole
|
11,7
|
11,8
|
12,1
|
Gennevilliers (92)
|
16,4
|
12,0
|
8,4
|
Vénissieux (69)
|
13,7
|
16,7
|
14,3
|
Cluses Scionzier (74)
|
18,5
|
18,7
|
20,9
|
Saint-Amarin (68)
|
19,7
|
23,6
|
22,7
|
Écarts
|
|
|
|
Gennevilliers (92)
|
+4,7
|
+0,2
|
-2,7
|
Vénissieux (69)
|
+2,0
|
+4,9
|
+2,2
|
Cluses Scionzier (74)
|
+6,8
|
+6,9
|
+8,8
|
Saint-Amarin (68)
|
+8,0
|
+11,8
|
+10,6
|
Le contraste entre le vote
lepéniste en terres communistes et le vote lepéniste au sein des milieux
ouvriers dominés de longue date par la droite est
saisissant. Du
côté de Cluses
ou de Saint-Amarin, l’avantage que le leader du Front national obtient
par
rapport à son score en métropole dépasse presque toujours 7 points,
parfois
même 10 points. Mieux, ces terres sont généralement des zones de
progression
pour Jean-Marie Le Pen entre la présidentielle de 1995 et la
présidentielle de
2002. Le cas de Saint-Amarin semble faire exception. Mais le président
du Front
national est en fait pénalisé par la candidature de son ex numéro deux
Bruno
Mégret, qui recueille 3,4 % des inscrits dans ce canton alsacien, plus
du
double de son score national (les politologues ajoutent
généralement les scores LePen et Mégret pour les analyses). Ainsi, le
vote en faveur
du Front national, bien qu’il soit sensible dans certains milieux
ouvriers
communistes ou socialistes, est prioritairement le fait de milieux
ouvriers de
droite qui se sont vraisemblablement radicalisés face aux nouveaux
enjeux
apparus entre 1981 et 1984, au premier rang desquels l’immigration.
En revanche, la montée de l’abstentionnisme est caractéristique des
milieux de
gauche, surtout communistes, et répond au déclin du vote de gauche. Un
seul
exemple suffit : entre les élections législatives de 1973 et celles de
1997, la participation recule de 20 points à Gennevilliers, passant de
82,5 à
62,5 % des inscrits (en métropole, elle chute de « seulement »
12,8 points).
La fin du rôle politique des
ouvriers ?
En
France, ce déclin du vote de
classe ouvrier obéit à deux logiques principales : la prégnance des
transformations industrielles au sein des milieux ouvriers dominés par
les
communistes, et le poids du bilan de la gauche (socialiste)
après ses passages (au gouvernement,
jpr).
Mais le changement est essentiellement porté par les nouvelles
générations,
celles qui n’ont jamais été imprégnées de la culture de classe qui
poussait les
ouvriers vers la gauche.
Depuis
maintenant plus d’une
trentaine d’années, la majeure partie des grandes démocraties
occidentales [11]
a connu une mutation importante du vote ouvrier : autrefois très
largement
favorable à la gauche, il s’est progressivement banalisé. En France, ce
déclin
du vote de classe ouvrier obéit à deux logiques principales : la
prégnance
des transformations industrielles au sein des milieux ouvriers dominés
par les
communistes, et le poids du bilan de la gauche après ses passages au
pouvoir au
sein des milieux ouvriers dominés par les socialistes. Mais le
changement est
essentiellement porté par les nouvelles générations, celles qui n’ont
jamais
été imprégnées de la culture de classe qui poussait les ouvriers vers la
gauche.
Le Parti communiste est la
principale victime de ce désalignement électoral : de tous les partis de
gauche, il était celui dont l’électorat était (de loin) le plus ouvrier.
Ainsi,
lors des élections législatives de 1973, la moitié de ses électeurs
étaient
ouvriers ! Après tout, dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale,
il s’était proclamé « parti de la classe ouvrière » (mais cela était
inexact dans l’Est de la France et dans les
régions catholiques pratiquantes). Reste que les ouvriers pèsent
toujours d’un poids électoral important, en témoigne leur très large
participation à la victoire du « non » lors du référendum sur le
traité de Constitution européenne du 29 mai 2005. Selon la SOFRES, 81 %
des ouvriers ont refusé le texte qui leur était proposé. Le « non »
frôle ainsi les 70 % sur l’ensemble du département du Pas-de-Calais, et
atteint ses sommets dans deux villes très ouvrières : 81,3 % au
Grand-Quevilly, fief de Laurent Fabius (qui avait
appelé à voter « non », JPR), et 83,2 % à
Port-Saint-Louis-du-Rhône. Alors que la France s’apprête à élire son
président
de la République (article écrit avant avril 2007 !
JPR), il ne faudrait
pas sous-estimer le rôle de l’électorat ouvrier.
[1] Les résultats présentés dans cet article sont
issus d’un
mémoire réalisé dans le cadre du Master recherche de l’I.E.P. de Paris.
Florent
Gougou, "Logiques et évolutions du vote ouvrier sous
la Cinquième République. Comprendre la fin du vote de classe ouvrier",
sous la direction de Guy
Michelat, 2005.
[2] La notion de « désalignement électoral »
désigne ici le fait que le vote d’un groupe social tend à se rapprocher
progressivement du vote de la moyenne de l’électorat, alors qu’il en
différait
sensiblement et durablement auparavant. Pierre Martin, Comprendre les
évolutions électorales, Presses de Sciences-Po, 2000.
[3] Joseph Klatzmann, « Comportement électoral et
classe sociale. Étude du vote communiste et
du vote socialiste dans le département de la Seine », in Maurice
Duverger, François Goguel, Jean Touchard (dir.), Les Élections du 2
janvier
1956, Armand Colin, Cahiers de la F.N.S.P., 1957, pp. 254-285.
[4] Mattei Dogan, « Les
clivages politiques de la classe ouvrière », in Léo Hamon, Les
Nouveaux Comportements politiques de la classe ouvrière, Presses
Universitaires
de France, 1962.
[5] Seymour M. Lipset, Political Man. The Social
Bases
of Politics, The Johns Hopkins University Press, 1981 (1960 pour la
première
édition).
[6] Robert R.Alford, Party and Society, Rand McNally,
1963. « The suggested index of class voting is
computed very simply as
follows : subtract the percentage of persons in non-manual occupations
voting for Left parties from the percentage of persons in manual
occupations
voting for Left parties » (pp. 79-80).
[7] David E. Butler, Donald E. Stokes, Political
Change in
Britain.The Evolution of Electoral Choice, MacMillan, 1974, seconde
édition
(1969 pour la première édition).
[8] Guy Michelat, Michel Simon, "Classe,
religion et comportement politique",
Presses de la Fondation nationale des sciences politiques et Éditions
sociales,
1977.
[9] Guy Michelat, Michel Simon, « 1981-1995 :
changements de société, changements d’opinion »,
in SOFRES, l’État d’opinion, 1996, p. 167-186.Voir également Guy
Michelat,
Michel Simon, "Les Ouvriers et la Politique. Permanences,
ruptures, réalignements",
Presses de Sciences-Po, 2004.
[10] Gérard Noiriel, "Les Ouvriers dans la société
française", XIXe-XXe siècle, Le Seuil,
1986.
[11] En tout cas, tel qu’il est mesuré par l’indice
d’Alford. Pour une de ses dernières actualisations pour ces pays, Ronald
Inglehart, "Modernization
and Postmodernization",
Princeton University Press, 1997.
|
publié le 15 déc. 2011 11:19 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 15 déc. 2011 11:21
]
Dominique
de Villepin a fait acte
de candidature à la présidence de la République. On peut faire de sa
présence à
Matignon un bilan négatif sans forcer la note. Mais il existe une
hiérarchie
dans les faits et gestes d’un gouvernement. Celui de Dominique de
Villepin restera
dans les annales comme celui qui fit applaudir - fait inouï dans
l’enceinte du
Conseil de Sécurité de l’ONU où la retenue (restreint)
du gentleman
anglo-saxon est la norme - les décisions de la France contre
celles des Etats-Unis d’Amérique à propos de la seconde
guerre d’Irak.
Cette
position courageuse remonte
à notre tradition révolutionnaire où - seule et même isolée en Europe -
la France
régla l’affaire d’Avignon à coup de suffrage universel[1].
Cette
affaire d’Avignon eut un
retentissement considérable. Pour la première fois, on demandait son
avis au
peuple concerné par un conflit de souveraineté. La volonté des princes
passait
après la volonté des peuples. C’est la révolution ! C’est, selon la
formule consacrée, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
.La
fibre gaulliste
Cela
est le patrimoine commun à
tous les héritiers de la Révolution française. Bafoué en 1815, bafoué par Bismarck en 1871, mais revendiqué malgré tout.
Néanmoins,
on sait comment et combien le général De Gaulle exploitera à bonnes fins
ce
principe fondamental du droit des gens pour résoudre le problème
algérien. Et
auparavant, il l’aura mis en œuvre pour appeler les Français à
poursuivre le
combat le 18 juin 1940. Car la soumission de Pétain et de
tous les défaitistes est
le contraire du droit à disposer librement de soi-même, que l’on soit un
individu ou que l’on soit une nation. La sortie de la France du
commandement
intégré de l’OTAN en 1966 relève de la même logique. « Il
faut que la défense de la France soit
française. Un pays comme la France, s’il lui arrive de faire la guerre,
il faut
que ce soit sa guerre » déclarait-il dès 1959.(2).
Cette
tradition gaulliste a
perduré jusqu’à J. Chirac et Dominique de Villepin. On sait le
retentissement
du discours du ministre des Affaires étrangères au Conseil de sécurité
de l’O.N.U., le 14 février 2003. Ce jour-là, la France fit
comprendre au monde que cette
guerre en Irak que les va-t-en-guerre
anglo-saxons voulaient à tout prix n’était pas sa guerre. Avec le
sarkozysme nous sommes dans une autre logique
politique. La France rentre dans le rang.
Le lecteur
habitué à ce site ne peut ignorer l’orientation délibérément
FRONT DE GAUCHE de son auteur. Néanmoins,
le respect de la tradition française et du génie national exige que le
courant
gaulliste soit présent à la future élection présidentielle.
Si l’on pense
que les assauts meurtriers dont est victime l’Euro
actuellement ont pour origine les Etats-Unis - qui malgré leur 14.000
milliards
de dollars de dette se permettent par ailleurs de donner des leçons -
Etats-Unis
qui veulent garder à leur monnaie la qualité de monnaie de réserve et de
moyen
de paiement international (ce dont les Chinois commençaient à se
détourner en
optant pour l’Euro), si l’on pense cela, que dire des gesticulations de
N. Sarkozy
qui, au sommet du G20 à Cannes tenait absolument à se montrer aux côtés
de B. Obama ?
où est passé la fierté nationale ?et même sa lucidité ?
[1]
Masculin. Grossièrement, il s’agissait de demander aux Avignonnais et
Comtadins
s’ils désiraient restés Romains (au pape) ou devenir Français.
[2]
Cité par William SERMAN, dans sa
communication au colloque de 1992 (bicentenaire de la proclamation de la
République) sur « l’exception française », communication intitulée
« l’influence de la Ière république
sur la conception gaullienne de la défense nationale ». Actes, pp.
452-456.
|
publié le 23 oct. 2011 15:15 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 3 déc. 2011 23:37
]
Dans son article hebdomadaire au « Monde »,
où il fait des piges depuis quelque temps, Onfray s’essaie à une analyse
politique et tente même de donner des conseils. Il a participé aux
primaires en
votant Montebourg et en s’abstenant au second tour. Cet intellectuel
avait, un
temps, donné son soutien au Front de gauche. Je me suis demandé
qu’est-ce qu’il
est allé faire au Monde : la contradiction était patente, Le Monde ne
fait
que décrier la politique du Front de Gauche et son anticommunisme est
systémique
donc militant. Onfray a résolu la contradiction : il crache sur le Front
de gauche.
Dans
son papier du 19 octobre, il
se désole apparemment de la victoire de Hollande -« avec Hollande,
les vaches libérales seront bien gardées »-, il
démolit avec violence l’icône Aubry. Que reste-t-il ? Il passe en revue
les alternatives de la gauche antilibérale qui a, affirme-t-il « sa
faveur ». Foin du NPA croupion,
foin des « arlettistes »
(sic), Mélenchon alors ? Onfray donne ses gages à la rédaction du
Monde :
Mélenchon « accumule les bêtises en
soutenant Fidel Castro, la politique chinoise au Tibet ou la vertu
guillotineuse de Robespierre ». Onfray l’avait-il oublié lorsqu’il
soutenait publiquement par sa signature les listes FdG aux Européennes
2009 ?
Onfray soutient la meurtrière Marie-Anne-Charlotte
de Corday
d'Armont, l’assassin de Marat-l’ami du peuple. Mais sa culture
historique est
proche du néant. Il suffit d’écouter ses conférences.
Mais il
en rajoute en parlant du PCF comme si ce parti n’était pas le principal
soutien
de Mélenchon : « Le PCF,
en Janus menacé de torticolis, une maladie chronique chez lui depuis le
pacte
germano-soviétique, parlera à gauche contre les socialistes et agira
avec eux
pour défendre ses permanents, ses élus, ses cadres ». Évoquer en
2011
le pacte germano-soviétique dans le cadre de la campagne de la
présidentielle 2012
est digne du Front national. D’ailleurs le melting-pot indigeste des
mélanges
argumentaires d’Onfray abonde le discours irrationnel et donc
l’extrême-droite.
Et comme les gauchistes de 68, il accuse le PCF d’être responsable. Dans
la
foulée de ce qui précède, il écrit : « Et la paupérisation continuera
de plus belle... ». Voilà
pourquoi il y a tant de pauvres : c’est à cause du PC qui ne fait pas
son
boulot.
Bref,
tout l’argumentaire banal de
l’anticommunisme classique passe sur le clavier d’Onfray. Il ne néglige
pas l’odieux
et parle de Georges marchais comme d’« un
communiste stalinien ancien du STO ».
Alors
que reste-t-il ? Le
grand stratège de Caen descend de ses nuages normands et propose une
solution :
que Montebourg devienne le nouveau Mitterrand qui saura rassembler la
carpe
hollandaise et le lapin arlettiste. Montebourg qui vient de se
discréditer en
faisant la campagne de F. Hollande en même temps que Valls l’homme de la
TVA
sociale qu’il a dénoncée véhémentement lors d’un débat des primaires.
Bref,
Onfray écrit n’importe quoi.
. N.B.
Lire l'analyse de la candidature Valls dans la rubrique analyses
politiques :
CHANGER : QUE FAIRE AVEC MANUEL VALLS ?
prolonger avec
Michel
ONFRAY et l’ANTI-REVOLUTION
|
publié le 14 oct. 2011 20:47 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 24 nov. 2011 14:39
]
Dans de nombreux articles, je
vous renvoie à la lecture de
la carte du chanoine Boulard. Conscient qu’elle n’est pas si facile à
trouver
et mieux armé depuis que mon épouse maîtrise l’outil informatique, je
publie
aujourd’hui cette fameuse carte.
Dans son
livre[1],
François Goguel, l’un des pères de la science politique française avec
A.
Siegfried- accompagne cette carte du commentaire suivant
(extraits) : "La carte de la pratique
religieuse dans la France rurale, dressée par le chanoine Boulard permet
de
faire des rapprochements intéressants. On retrouve en effet sur la carte
religieuse les bastions de l'Ouest, de l'Est, du Massif Central et de
l'Ouest
des Pyrénées qui caractérisent les cartes politiques. Mais cette
analogie est
loin d'être une identité : depuis le début du siècle jusqu'à la fin de
la
Quatrième République, les positions occupées par la droite dans la
France de
l'Ouest et dans la France de l'Est ont été constamment plus étendues que
les
zones religieusement fidèles. Il leur est même arrivé en 1946 de se
rejoindre à
travers bon nombre de départements indifférents.
Dans la
moitié méridionale de la France, au contraire, les positions du
catholicisme
sont nettement plus étendues que celles de la droite. (Hautes-Pyrénées,
par
ex. JPR)
En 1946, les zones
déchristianisées décelées par le chanoine
Boulard n'ont pas la même attitude politique : celle de
Champagne-Brie-Bourgogne (Aube, Seine-et-Marne, Yonne) vote non
au référendum[2], celle de la Marche et du Limousin (Creuse,
Haute-Vienne,
Corrèze) vote oui. Le même contraste
- moins net parce qu'il ne s'agit plus d'une alternative - se retrouve
dans les
cartes des élections de 1951 et de 1956".
Et F. Goguel
conclut prudemment, beaucoup trop prudemment à mon sens : "Il n'est donc pas possible de considérer que la
géographie
de la pratique religieuse donne toujours et partout la clé de celle des
opinions politiques. L'une et l'autre ont sans doute des points communs,
mais
presque autant de points de divergence".
Cette
carte fait autorité chez
les historiens et les politologues. Ils s’en servent pour montrer le
rôle de ce
que ces derniers appellent une variable politique majeure : la religion.
Le vote Giscard en
1981.
Je publie
la carte des résultats
du vote Giscard en 1981. Elle prend pour subdivision la plus basse le
département alors que Boulard a utilisé le
canton ce qui est évidemment bien plus fin. Nonobstant la causalité
explose
aux yeux du lecteur :
Les
évidences : l’Ouest
armoricain, à l’exception des Côtes-du-Nord- vote Giscard au bureau
électoral
après être passé par l’église. Il en va de même pour l’Alsace et la
Lorraine.
Les quatre départements du sud du Massif Central ainsi que la
Haute-Savoie et
les Pyrénées atlantiques votent infailliblement à droite. Les Alpes
maritimes
votent à droite mais la montagne religieuse pèse certainement moins
lourd que
la Côte d’Azur où le rôle du patrimoine et de la catégorie
socio-professionnelle
-autres variables majeures selon les politologues- joue davantage. Une
carte
par canton aurait montré que la Flandre française -religieuse comme sa
jumelle
belge - est fidèle à la droite (circonscriptions de Bergues et
d’Hazebrouck). De
même, le Pays de Caux (Seine-Maritime) vote à droite (circonscription
d’Yvetot).
Les différences : On peut dire
la même chose pour Paris
que pour les Alpes maritimes, Paris qui vote Giscard sur la base
patrimoniale
et non religieuse. La Meurthe&Moselle a voté à gauche en 1981 -alors
qu’elle est "terre chrétienne"- grâce à l’influence communiste dans
la sidérurgie. Le Var -terre de gauche, voir les travaux d’Agulhon- est
passé à
droite avec le recul de la paysannerie socialiste, des ouvriers
communistes
(bauxite, aluminium, chantiers navals…) et grâce aux retraités parisiens
(lato sensu) qui viennent passer leur
troisième et quatrième âges dans le département qui ne manque pas
d’attraits
comme chacun sait. Le changement du site de la préfecture (de Draguignan
à
Toulon) a matérialisé ce passage du centre de gravité varois de
l’intérieur au
littoral. Les Yvelines, l’Eure-et-Loir et le Loiret ont voté Giscard sur
une
base socio-professionnelle et patrimoniale : les électeurs sont des
"Parisiens"
vivant dans cette grande banlieue rurbanisée.
Globalement, néanmoins, la
ressemblance entre la carte de
Boulard et celle du vote Giscard est évidente.
Le vote Marchais en
1981
Cette
carte apparaît comme le
négatif des cartes Boulard et Giscard. Le PCF obtient -obtenait- ses
votes surtout
chez les "sans religion" et
les "catholiques non pratiquants".
Il obtient de maigres suffrages dans tout l’Ouest sauf en Côtes-du-Nord
où le
Trégorrois vote communiste depuis des lustres (Circonscription de
Guingamp).
Pareil à l’Est sauf en Meurthe&Moselle où l’immigration (italienne
notamment) a été sensible à ses arguments. La Haute-Savoie, Les Pyrénées
atlantiques et les quatre départements du Massif central lui sont
défavorables.
La Loire -peuplée de "paroisses chrétiennes" est très défavorable
même si le PCF avait remporté la municipalité de Saint-Etienne en 1977.
Les
Monts du Forez (à l’ouest du département) et les Monts de Tarare et du
Lyonnais
(à l’Est) sont un vide politique pour le PCF. Observons que l’Ardèche et
le
Gard donnent en revanche un assez bon score : il y a là une tradition
protestante (outre une forte présence ouvrière) qui abondait le vote de
gauche
radicale.
Je
rappelle que Boulard parle de
paroisses chrétiennes et non pas exclusivement catholiques, c’est ce qui
explique l’absence de nuances de couleurs sur les territoires de ces
deux
départements (ainsi d’ailleurs qu’en Moselle-Alsace).
Le vote Front de
Gauche en 2009
Quelque
30 ans plus tard, la
carte du vote Front de Gauche présente de grandes similitudes : on
retrouve les faiblesses dans le Grand Est (sauf en Lorraine
sidérurgique), dans
l’Ouest, surtout sur les marges armoricaines. Le Trégorrois reste une
terre rouge
même si la couleur pâlit. Le lecteur remarquera la "blancheur" de la
Flandre, du Forez, de la Haute-Savoie, du Pays basque, des hauteurs des
Alpes-Maritimes, du cœur du Massif central : toutes choses conforment au
schéma de la carte Boulard.
Tout
cependant ne s’explique pas
par l’imprégnation religieuse : ainsi le Front de Gauche est
relativement
plus fort dans le Bassin Aquitain que le PCF de G. Marchais. Cela
s’explique
par la candidature de J.-L. Mélenchon, ancien membre du PS, qui apporte
ici,
dans ces terres socialistes et radicales, son coefficient personnel.
Le vote
Boutin en 2002.
L’ineffable Mme Boutin, la
championne des monastères
bénédictins[3],
représente la tendance traditionaliste de la religion catholique. lien :
Mme
BOUTIN et le parti Radical.
Malgré la
maigreur de son score,
la géographie du scrutin est bien conforme à celle des "paroisses
chrétiennes" de Boulard.
Voyez sa présence en Alsace-Moselle, dans le Grand Est en général. Voyez
sa
présence relativement forte dans les marges armoricaines, dans la Vendée
catholique et royale. Beaucoup moins présente en Basse-Bretagne
(Trégorrois et
ses alentours). Présence également dans les montagnes orientales du
Massif
Central ainsi qu’au cœur de celui-ci. Haute-Savoie et Pays basque
répondent à
l’appel de Christine. La carte élaborée au niveau des cantons permet une
finesse d’analyse.
Mais des
différences apparaissent :
ainsi dans le Bassin parisien, dans le nord de Champagne-Ardenne, dans
l’Allier.
Le
referendum de Maastricht en 1992 : le vote oui
Cette carte
du vote montre que le
oui l’emporte dans les régions de vieilles traditions catholiques. Je
vous laisse
le soin de comparer. Ne pas oublier que l’Europe (l’Europe !
l’Europe ! l’Europe ! disait le Général) fait partie du patrimoine
génétique des catholiques et a eu le soutien du Vatican. C’est le cri de
ralliement des démocraties-chrétiennes occidentales[4].
Il y a
des différences :
ainsi les Landes, plutôt mécréantes selon Boulard votent-elles oui.
Mais ne pas oublier que le PS et le
PRG avaient fait campagne pour le oui.
Inversement, Philippe de Villiers, grand catholique devant l’Eternel,
faisait
campagne pour le non et la carte
montre qu’il a été suivi en Vendée et alentours. En Ile-de-France, c’est
le oui des nantis, des gens intégrés dans
la mondialisation. Les considérations religieuses sont absentes.
En conclusion, cette carte du
chanoine Boulard doit faire partie de l’arsenal de l’analyste électoral.
Mais
pas seule, évidemment. Il faut tenir compte des évolutions : j'ai parlé
du Var, en sens contraire parlons de la Bretagne qui est maintenant
terre de Gauche : qui l'eût cru en 1946 lorsque Boulard élaborait sa
carte ? Nonobstant cet outil est un élément essentiel de compréhension
du
comportement politique des Français. Autres applications et
analyses en rapport avec cette carte Boulard : I.
Le
F.N., les ouvriers : le cas de l'Yonne Mme
BOUTIN
et le parti Radical le
F.N.
débarque en Haute-Loire… I.
Vote
F.N. et vote ouvrier : le cas de la MOSELLE André
CHASSAIGNE
, une candidature de valeur(s) (Auvergne - Puy-de-Dôme)
[1]
"Géographie des élections françaises sous la 3° et la 4°…", cahier de
la F.N.S.P. n°159, Armand Colin, 1970.
[2]
Referendum pour ou contre le projet de constitution présenté par le PCF
et le
PS-SFIO.
[4]
Dont le MRP a été l’incarnation en France et dont F. Bayrou est
l’héritier
spirituel. Je ne parle pas de la démocratie chrétienne de Mme Boutin qui
se
situe en dehors de la notre République laïque.
|
publié le 13 oct. 2011 23:30 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 14 oct. 2011 10:07
]
Les lecteurs
de ce site ont certainement suivi les débats de
la primaire socialiste, il est donc inutile de leur présenter Manuel
Valls.
Nous avons là un social-libéral à la Tony Blair. On sait que ce dernier
voulait
trouver le juste milieu, non pas entre le socialisme et le capitalisme,
mais
entre la social-démocratie et le capitalisme ! On connaît le résultat.
La
crise bancaire a été profonde en Grande-Bretagne, des banques ont coulé,
il a
fallu les repêcher avec l’argent public comme il se doit dans le cadre
de la
logique bien connue de la « privatisation des profits et de la
socialisation des pertes ».
Valls regarde
sur sa droite, c’est clair et il ne s’en cache
pas. Lors d’une édition du Grand journal de Canal+, il s’est exhibé avec
le
trop connu Lévy pour dire que deux dangers pouvaient venir dans cette
campagne
présidentielle : le FN et Mélenchon… Insulte systématique et indigne de
la
part d’un membre du parti socialiste.
Les primaires
qui viennent de se tenir ont donné des
résultats intéressants. Pour deux candidats, les discours étaient bien
tranchés : Valls et Montebourg. L’analyse de la géographie des votes est
féconde. Je vous renvoie à mon article sur le Rhône : lien Primaires
socialistes
: géographie électorale (cas du Rhône). Le journal Le Monde a
publié une carte étonnante qu’il faut observer et qu’il faut comparer
avec la
géographie des votes de droite à Paris.
J’ai prolongé
l’analyse en essayant de trouver les
pourcentages de Valls dans les communes les plus riches de France selon
les
travaux effectués par l’hebdomadaire L’Express, travaux qui m’ont fourni
un
échantillon que je « travaille » à l’issue de chaque élection pour
voir quel est le comportement de la bourgeoisie patronale lors des
diverses
échéances : consulter, par exemple, l’article QUI
VOTE ECOLO ?
Dans ces
communes, il y a bien sûr des militants et des
électeurs socialistes. Ces citoyens vivent au rythme des habitants de
leurs
communes. A Neuilly-sur-Seine qui a voté à 87% pour Nicolas Sarkozy, en
2007[1],
il n’est certes pas facile d’être de gauche et si on l’est, on opte pour
un
socialisme de respectabilité sous peine d’être ridiculisé par les
experts qui
courent les rues dans cette commune et qui savent mieux que quiconque
quels
sont les fondamentaux de l’économie. De l’économie capitaliste s’entend.
Il
convient par exemple d’éclater de rire lorsque Mélenchon parle du SMIC à
1.700€. Aussi bien, Valls obtient 23,3% des votes à Neuilly soit quatre
fois
plus que sa moyenne nationale.
Voici ses
résultats dans d’autres communes de mon
échantillon[2].
Communes
|
%
M. Valls
|
Marnes-la-coquette
|
13,0
|
St-Nom-la
Bretèche
|
19,0
|
L’Etang-la-ville
|
12,0
|
Le
Vésinet
|
17,0
|
Vaucresson
|
15,0
|
Croissy-sur-Seine
|
15,0
|
Les
Loges-en-Josas
|
14,0
|
Corenc
(38)
|
12,0
|
St-Cyr-au-Mt-d’Or
(69)
|
17,4
|
St-Didier-au-Mt-d’Or
|
17,4
|
St-
Ismier (38)
|
13,0
|
St-Marc
Jaumegarde (13)
|
12,0
|
Archamps
(74)
|
13,0
|
Paris
VIII°
|
16,9
|
Paris
XVI°
|
18,2
|
Paris
VII°
|
16,9
|
Lyon
VI°
|
09,3
|
France
|
06,1
|
Vaulx-en-Velin
(69)
|
02,8
|
Géographiquement,
le phénomène se retrouve partout. Socialement,
on voit quelle est la base politique du vote Valls. Les électeurs de
Vaulx-en-Velin -ville la plus pauvre de Rhône-Alpes selon l’Express- ne
s’y
sont pas trompés. Il est clair que ni Valls ni ses électeurs ne
souhaitent un
changement radical. La présence ou l’absence de ce leader dans un
gouvernement
Hollande aura une signification politique évidente.
Et cela
renvoie à la question qu’a posée Jean-Luc Mélenchon
et à laquelle il n’a pas été répondu : quelle sera la stratégie
d’alliance
-en cas de victoire, bien entendu, ne vendons pas etc…- du PS ? Le MODEM ou le FRONT
DE GAUCHE : il faudra choisir.
Le Maire de
Lyon s’est affolé en constatant le succès de
Martine Aubry -et notamment sa première place à Lyon alors que lui-même
appelait à voter Hollande- et il a déclaré : "avec le candidat le
plus identitaire de la gauche, on ne pourra pas
gagner. Si on a la volonté d’avoir un Président de la République (socialiste,
JPR) il faut choisir un candidat plus
rassembleur. Moi, on m’a dit trop centriste, trop ouvert, mais c’est la
ligne
qui m’a fait gagner"[3].
Voilà l’essentiel chez cette tendance du PS : gagner. Sur quel
programme ? Que faire de la victoire ? On verra bien. Gauche molle. En
avant vers une nouvelle déception pour l’électorat populaire.
A la veille
du second tout de ces primaires, à l’heure où
j’écris ces lignes, il est plutôt satisfaisant de constater que le vote
Montebourg a déplacé le curseur vers la gauche. C’est l’ampleur du vote
Front
de Gauche au premier tour qui forcera -démocratiquement- le choix des
socialistes. La crise est trop grave pour se contenter d’un simple
changement
de personnels politiques.
[2]
Il y a 38.000 communes et le PS n’a pas tenu 38.000 bureaux de vote.
Certaines
communes ont été regroupées et des communes de l’échantillon votaient
avec
d’autres communes plus pauvres. Le résultat du bureau de vote n’est dès
lors
peu ou pas exploitable.
[3]
LE PROGRÈS de Lyon, 12 octobre 2011.
|
publié le 23 juin 2011 19:43 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 4 juil. 2011 13:50
]
29/03/2011
Considérant que, lorsque deux
candidats -l’un de gauche, l’autre EELV- étaient en lice pour le second
tour,
tout risque d’élection d’un conseiller de droite ou FN était écarté, les
dirigeants EELV ont pris la lourde responsabilité de maintenir leur
candidat
contre le candidat de gauche.
J’ai publié sur ce blog, la
lettre de Jack RALITE, autorité morale, qui dénonce ce comportement avec
des
mots chargés de tristesse et remplis par l’élévation de la pensée.
Voici deux exemples où ce qui
devait arriver arriva :
Canton de
Villeurbanne-centre (Rhône) :
Sont face à face au second tour
le candidat socialiste, arrivé en tête, avec 2498 voix et le Vert avec
2073 v..
Les voix disponibles pour le second tour sont de 604 à gauche, 1481 à
droite et
1887 à l’extrême-droite. Il y a 528 abstentionnistes supplémentaires
qui refusent ce choix. Le total des voix
disponibles s’élèvent donc à : 604+1481+1887-528= 3444.
Comment se sont-elles
réparties ?
Le nombre des nuls&blancs
augmente de 785 unités. Le candidat socialiste gagne 982 v. et EELV
1677.
Ce ne sont pas les 489 voix
communistes qui ont abondé le score EELV. Le gain de 1677 est dû
essentiellement au report des voix de droite et du FN tout heureux de ce
coup
de canif porté à la domination socialiste sur Villeurbanne.
L’analyse est encore plus claire,
si faire se peut, à Nomeny.
Canton de
Nomeny (Meurthe&Moselle)
Le candidat socialiste arrive en
tête avec 973 voix. Face à lui, l’écolo du coin avec 817 voix. Les voix
disponibles pour le second tour se montent à 230 à gauche, 760 à droite
et 799
voix du FN. Il faut retrancher 112 abstentionnistes supplémentaires par
rapport
au premier tour. Soit : 230+760+799-112= 1677 voix.
Le "dispatching" fut le
suivant : il y a 200 nuls&blancs de plus qu’au 1er tour.
Le
candidat PS gagne 357 voix et l’écolo 1120 !
1120 voix sur 1677 alors que les
230 voix communistes se sont portées sur le PS (même si on ne peut
jamais être
affirmatif à 100%).
Je cite ici le texte de J. Ralite :
"Les choses sont simples : pour
l’emporter, les candidats PS/EELV[1] ont besoin des voix non
pas
seulement de la droite, mais aussi de l’extrême droite. Et la droite,
pour la première fois explicitement à Saint-Denis, appelle à voter
PS/EELV[2]. En lui-même, cet
élément suffirait à disqualifier ce qui se produit ici. Mais allons
au-delà.
Imagine-t-on ce que serait un conseiller général de gauche qui, devancé
au
premier tour, l’emporterait au second par l’apport de voix de droite
mais
surtout, dans le rapport des forces actuels, par l’arbitrage du FN ?
Mesure-t-on le désarroi, la confusion, la brèche que cela créerait ? Ainsi, un homme, une femme
de gauche pourrait être
élu-e à la faveur de pratiques devant lesquelles certains hiérarques de
droite
même reculent ? Et dans des territoires si emblématiques de ce que la
gauche peut faire de meilleur au service des populations ? Mais c’en
serait fini de la dignité de la politique, de l’honneur que l’on a,
tous,
de croire en quelque chose qui dépasse nos seuls intérêts !
Que l’on n’invoque
pas ici le pluralisme, encore moins
la démocratie. Ce qui blesse le pluralisme, ce n’est pas qu’un candidat
respecte les principes du désistement républicain. Et ce qui souille la
démocratie, c’est bien que l’on puisse sacrifier les valeurs
fondamentales aux
intérêts égoïstes".
La candidate verte de
Villeurbanne s’est déclarée "ravie
que les Villeurbannais donnent un peu d’oxygène à la démocratie locale".
La
démocratie avec les voix du FN ? EELV a plus d’un tour dans son sac. La
linotte est l’oiseau emblématique des écologistes.
retour
haut de page
[1]
J. Ralite fait allusion à la situation de la banlieue parisienne -dont
il est
élu- où des candidats socialistes ont adopté le même comportement que
EELV.
[2]
Elle le fit aussi à Villeurbanne.
|
publié le 23 juin 2011 19:41 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 1 juil. 2011 14:41
]
23/03/2011
Les candidats Europe-Ecologie-Les
Verts (EELV) font parler d’eux parce qu’ils contreviennent allègrement à
la loi
républicaine - non écrite- qui exige moralement de se retirer devant le
candidat républicain arrivé en tête au premier tour. Si deux candidats
de
gauche arrivés en tête se retrouvent qualifiés pour le second tour,
celui qui
est arrivé second se retire et, en effet, cela s’est souvent produit, il
ne
reste plus qu’un candidat de gauche qui obtient 100% des exprimés au
second
tour[1].
« S’il n’y a pas de risque à droite,
c’est aux électeurs de décider »
dit Duflot. Il y a là, au mieux, une naïveté burlesque. Les électeurs de
droite
et d’extrême-droite resteront-ils sagement chez eux, laissant le peuple
de
Gauche -comme disait Mitterrand- laver son linge sale en famille ? C’est
en réalité, laisser les électeurs de droite choisir leur candidat de
gauche. Le
PCF était bien placé pour saisir cette manœuvre. Entre le PS et le PC,
la
droite choisissait toujours le PS. C’était le cas en Haute-Vienne, dans
le
Cher, etc…ne parlons pas du Pas-de-Calais…ou des Bouches-du-Rhône. Sous
ce
discours libertaire "c’est aux
électeurs de décider" se dissimule l’acceptation d’une
manœuvre-manipulation. La dernière en date a eu lieu à Montreuil,
municipalité
communiste depuis des lustres, prise par la liste Voynet (EELV) seule
face à la
liste d’union de la Gauche conduite par J.-M. Brard et élue grâce aux
voix de
droite et d’extrême-droite, trop heureuses de se débarrasser d’une
municipalité
communiste.
« Nous n’avons pas la culture du
désistement républicain »
déclare un certain J.-M. Brulé des EELV.. Disons plus directement qu’ils
n’ont
pas de culture politique du tout (dans le meilleur des cas).
Un autre EELV, Mickaël Marie,
proclame tout aussi légèrement : « Ce sont des voix qu’on a obtenues à
la loyale. Il n’y a pas de raison
de dire "on ne joue plus au second tour" et de laisser élire un
PS à 100% des voix ». Que les voix
aient été obtenues loyalement au premier tour, sans doute, mais pas au
second ! Les voix de second tour viendront pour partie de la droite.
C’est
évident.
D’ailleurs, les écolos n’ignorent
pas d’où vient leur électorat.
Voici mon échantillon de communes
classées comme "les plus riches de
France" par le journal L’Express après une enquête que j’ai évoquée
dans un autre article[2].
J’ai enlevé les communes qui n’étaient pas concernées par les cantonales
de ce
mois de mars 2011. J’ai rappelé, dans les dernières colonnes du tableau,
les
scores obtenus par EELV -toujours par rapport aux inscrits - lors des
régionales 2010 où les votants furent bien plus nombreux ainsi que le
rang
gagné par ces listes.
Je complète
mon texte avec ces mots glanés sur
le Progrès de Lyon, ce matin-même. C’est l’excellent Stéphane Rozès (CAP
conseil), souvent présent lors des soirées électorales, qui parle :
socialistes et communistes "redoutent
que le vote écologique deviennent l’objet d’un vote stratégique d’une
partie de
la droite, pour faire vaciller les bastions de gauche". Au sujet du
vote stratégique, lire mon récent article "le F.N. et le vote
stratégique des riches". Le politologue
conclut en disant que les écologistes "veulent
le beurre et l’argent du beurre".
Tableau
Vote des communes du Gotha aux
cantonales et régionales.
(par rapport aux inscrits)
|
Sociologie
|
1999
|
2011 en % des inscrits
|
2010
%ins.
|
communes
|
BP
|
SM
|
€/hab.
|
Vot.
|
UMP
|
EEV
|
cl.
|
EEV
|
cl.
|
Lyon VI°
|
45,2
|
27,4
|
X
|
37,5
|
ns
|
4,0
|
ns
|
7,1
|
3°
|
Marnes-la-Coquette
|
57,7
|
24,6
|
38579
|
55,0
|
41,1
|
2,9
|
4
|
7,3
|
2°
|
Neuilly-sur-Seine
|
62,3
|
21,6
|
36924
|
41,1
|
ns
|
1,7
|
5
|
3,9
|
2°
|
Fourqueux (78)
|
56,5
|
20,3
|
33886
|
42,1
|
21,9
|
5,5
|
2
|
8,6
|
2°
|
Le Vésinet
|
55,8
|
22,2
|
34196
|
36,6
|
18,1
|
5,0
|
2
|
6,7
|
2°
|
Vaucresson 92
|
53,1
|
24,9
|
33808
|
36,1
|
18,1
|
4,3
|
4
|
6,7
|
2°
|
Ville d'Avray
|
57,3
|
23,9
|
32859
|
42,0
|
18,9
|
6,2
|
3
|
9,2
|
2°
|
Les
Loges-en-Josas
|
55,1
|
18,1
|
32587
|
41,6
|
10,9
|
6,8
|
2
|
12,8
|
2°
|
Veyrier-du-Lac
|
51,8
|
29,1
|
30205
|
37,5
|
21,4
|
4,8
|
3
|
5,9
|
2°
|
St Clément de
R. 34
|
54,5
|
20,1
|
27946
|
47,0
|
18,4
|
12,2
|
2
|
6,1
|
3°
|
St Martin-du-V.
76
|
45,1
|
25,3
|
27874
|
42,2
|
ns
|
4,5
|
ns
|
5,5
|
3°
|
Charbonnières
69
|
48,9
|
25,9
|
27571
|
39,7
|
20,2
|
4,8
|
3
|
6,7
|
3°
|
Gruson 59
|
47,1
|
27,9
|
27481
|
53,1
|
26,8
|
5,8
|
4
|
6,6
|
4°
|
Daix 21
|
41,6
|
25,3
|
27310
|
41,4
|
19,3
|
2,0*
|
3
|
5,7
|
3°
|
Auzeville-Tolosane
|
52,4
|
22,2
|
27309
|
50,3
|
13,9
|
10,4
|
3
|
11,8
|
3°
|
Menthon St B.
74
|
48,6
|
23,8
|
27272
|
47,3
|
30,4
|
6,2
|
2
|
9,2
|
2°
|
Lompret 59
|
46,1
|
26,9
|
26357
|
65,1
|
43,8
|
abs
|
-
|
8,6
|
2°
|
France
|
19,7
|
54,4
|
15849
|
45,5
|
08,3
|
3,6
|
5
|
5,4
|
3°
|
Vaulx-en-Velin
|
09,9
|
73,6
|
09714
|
27,4
|
01,9
|
01,8
|
6
|
3,1
|
5°
|
Sources :
L’Express, ministère de l’Intérieur, recensement INSEE.
BP
= bourgeoise patronale ; SM = salariat modeste (appellation INSEE,
employés + ouvriers)
*Daix
= il y avait un autre candidat écologiste. Ns = non
significatif (plusieurs listes du
même camp).
On aura évidemment jeté un œil
sur le comportement électoral du salariat modeste de Vaulx-en-Velin,
signalée
par L’Express comme la commune la plus pauvre de Rhône-Alpes. Les
électeurs -bien
peu nombreux- vaudois ont placé la liste EELV en dernière position avec,
aux
cantonales, un score inférieur de moitié à la moyenne nationale. Le vote
des
communes huppées est considérablement plus élevé. L’écologie ça doit
faire chic pour ces gens-là, ça donne un genre, ça fait
"branché"...
Les écologistes authentiquement
de gauche ont rejoint les rangs de Martine Billard (PG) ou bien les
Rouges&Verts de la FASE.
Laisser la droite arbitrer un
duel gauche-écologiste, cela n’a rien à voir avec une attitude
responsable,
avec la tradition républicaine. Cela introduit un ferment de discorde
face à un
FN que l’on déclare menaçant par ailleurs, face à une UMP moribonde à
qui cela
redonne du souffle.
C’est lamentable.
N.B. dans un autre ordre d’idée,
on a observé le score élevé obtenu par l’UMP dans ces communes, score
qu’il
faut comparer à la moyenne nationale de 8,3% des inscrits. Pour
l’instant, la
BP ne lâche pas le « président des riches » (Pinçon-Charlot). C’est
pour ce dernier, le dernier carré.
[1]
La droite pratique de la même façon.
[2]
Voir l’article « qui vote écolo ? » d’avril 2010 (archives).
|
publié le 23 juin 2011 19:39 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 1 juil. 2011 14:41
]
19/04/2010
Le rôle du philosophe, selon M.
Onfray, est de « dénuder les
chimères », de saper les certitudes générales quand elles sont
construites sur des mensonges. Et la prochaine « chimère » qu’il
se propose de saper est l’écologie :
« il y a un retour » dit-il
« du refoulé très mondain de la
nature »[1].
Je vais juste montrer dans cet
article le caractère « mondain » du vote Europe écologie (EE).
J’utilise l’article et les statistiques
fournis par l’hebdomadaire L’EXPRESS,
dans un numéro spécial du 28 juin 2007 intitulé « Où vivent les
riches ? ». L’EXPRESS
nous donne les Trente premières communes de France auxquelles
j’ai
ajouté les trois arrondissements parisiens et les deux arrondissements
lyonnais
notoirement connus pour être le lieu de résidence des catégories aisées.
Sur le tableau figurent :
1) la liste des communes et
arrondissements considérés (j’ai toutefois écarté le cas de quatre
communes
frontalières de la Suisse dont le revenu par habitant est élevé pour des
raisons spécifiques).
2) le revenu par habitant (sauf
pour les arrondissements) ; la moyenne française s’établissant à 15.849
€.
La commune de Vaulx-en-Velin - présentée par L’EXPRESS
comme « la plus pauvre » de Rhône-Alpes est donnée à
titre de comparaison.
3) le pourcentage de
« Bourgeoise patronale » et de « salariat modeste » pour
chaque circonscription. J’ai donné la signification de ces termes dans
d’autres
articles du blog. Là encore, la comparaison avec la moyenne française et
le cas
de Vaulx-en-Velin s’impose.
4) le résultat - par rapport au
nombre d’électeurs INSCRITS -
obtenu par
le FN, l’UMP et Europe Ecologie dans ces communes et arrondissements
lors des
dernières élections régionales.
5) une colonne indique le rang de
la liste EE par rapport à l’ensemble des autres.
Tableau
Qui vote écolo ? Le cas des hauts
revenus.
Elections régionales 2010
Communes
|
En % des inscrits
|
|
UMP
|
FN
|
E.E.
|
rang
|
Lyon VI°
|
20,8
|
4,31
|
7,1
|
3°
|
Marnes-la-Coquette
|
33,9
|
3,1
|
7,3
|
2°
|
Neuilly-sur-Seine
|
31,1
|
2,9
|
3,9
|
2°
|
Fourqueux
|
26,3
|
2,4
|
8,6
|
2°
|
Le Vésinet
|
24,6
|
3,4
|
6,7
|
2°
|
Vaucresson 92
|
24,5
|
2,4
|
6,7
|
2°
|
Ville d'Avray
|
25,9
|
2,7
|
9,2
|
2°
|
Les
Loges-en-Josas
|
22,6
|
3,7
|
12,8
|
2°
|
Veyrier-du-Lac
|
23,9
|
4,4
|
5,9
|
2°
|
St Clément de
Rivière34
|
15,0
|
5,0
|
6,1
|
3°
|
St
Martin-du-Vivier 76
|
26,9
|
4,9
|
5,5
|
3°
|
Charbonnières
69
|
25,8
|
5,4
|
6,7
|
3°
|
Gruson 59
|
29,3
|
7,2
|
6,6
|
4°
|
Daix 21
|
21,6
|
2,0
|
5,7
|
3°
|
Auzeville-Tolosane
|
13,1
|
4,6
|
11,8
|
3°
|
Menthon St
Bernard 74
|
21,1
|
4,2
|
9,2
|
2°
|
Lompret 59
|
26,0
|
5,5
|
8,6
|
2°
|
France 2010
|
12,2
|
5,7
|
5,4
|
3°
|
Vaulx-en-Velin
|
03,2
|
4,2
|
3,1
|
5°
|
Tableau
Qui vote écolo ? Le
cas des hauts
revenus.
|
|
|
1999
|
2010
|
2010
|
2010
|
2010
|
communes
|
BP*
|
SM
|
Revenu/hab.
|
UMP
|
FN
|
E.E.
|
écolos rang
|
Paris VIII°
|
53,4
|
31,3
|
X
|
23,6
|
2,94
|
5,7
|
3°
|
Paris XVI°
|
56,3
|
27,3
|
X
|
26,7
|
3,12
|
4,1
|
3°
|
Paris VII°
|
58,8
|
25,1
|
X
|
26,1
|
2,96
|
6,0
|
3°
|
Lyon II°
*
|
48,7
|
26,6
|
X
|
18,2
|
4,85
|
7,7
|
3°
|
Lyon VI°
|
45,2
|
27,4
|
X
|
20,8
|
4,31
|
7,1
|
3°
|
Marnes-la-Coquette
|
57,7
|
24,6
|
38579
|
33,9
|
3,1
|
7,3
|
2°
|
St Nom-la-bretèche
|
62,3
|
21,6
|
37665
|
27,1
|
3,35
|
6,9
|
2°
|
Neuilly-sur-Seine
|
62,3
|
21,6
|
36924
|
31,1
|
2,93
|
3,9
|
2°
|
L'Etang la ville
|
58,5
|
18,5
|
35130
|
21,6
|
2,94
|
8,3
|
2°
|
Fourqueux
|
56,5
|
20,3
|
33886
|
26,3
|
2,4
|
8,6
|
2°
|
Le Vésinet
|
55,8
|
22,2
|
34196
|
24,6
|
3,41
|
6,7
|
2°
|
Vaucresson 92
|
53,1
|
24,9
|
33808
|
24,5
|
2,42
|
6,7
|
2°
|
Croissy-sur-Seine
|
52,5
|
22,6
|
33246
|
22,9
|
3,3
|
8,9
|
2°
|
Ville d'Avray
|
57,3
|
23,9
|
32859
|
25,9
|
2,68
|
9,2
|
2°
|
Les Loges-en-Josas
|
55,1
|
18,1
|
32587
|
22,6
|
3,7
|
12,8
|
2°
|
Corenc 38
|
55,5
|
16,6
|
30742
|
18,5
|
3,54
|
11,4
|
2°
|
St-Cyr Monts d'Or
69
|
49,5
|
26,8
|
30224
|
21,9
|
4,72
|
6,3
|
3°
|
St Didier Monts
d'or 69
|
51,4
|
26,3
|
30538
|
23,4
|
4,93
|
6,7
|
3°
|
Veyrier-du-Lac
|
51,8
|
29,1
|
30205
|
23,9
|
4,37
|
5,9
|
2°
|
Biviers 38
|
55,6
|
20,8
|
29007
|
19,3
|
3,7
|
9,9
|
3°
|
Saint-Ismier 38
|
54,3
|
22,2
|
28127
|
15,5
|
3,84
|
9,4
|
3°
|
St Clément de
Rivière34
|
54,5
|
20,1
|
27946
|
15
|
4,99
|
6,1
|
3°
|
St Martin-du-Vivier
76
|
45,1
|
25,3
|
27874
|
26,9
|
4,9
|
5,5
|
3°
|
Charbonnières 69
|
48,9
|
25,9
|
27571
|
25,8
|
5,38
|
6,7
|
3°
|
Gruson 59
|
47,1
|
27,9
|
27481
|
29,3
|
7,2
|
6,6
|
4°
|
Montbonnot St Martin
(38)
|
47,4
|
24,2
|
27407
|
16
|
4,42
|
10,9
|
3°
|
Daix 21
|
41,6
|
25,3
|
27310
|
21,6
|
2,01
|
5,7
|
3°
|
Auzeville-Tolosane
|
52,4
|
22,2
|
27309
|
13,1
|
4,58
|
11,8
|
3°
|
St Marc Jaumegarde
(13)
|
53,8
|
23,6
|
37304
|
17,1
|
5,37
|
9,4
|
2°
|
Menthon St Bernard
74
|
48,6
|
23,8
|
27272
|
21,1
|
4,15
|
9,2
|
2°
|
Lompret 59
|
46,1
|
26,9
|
26357
|
26
|
5,45
|
8,6
|
2°
|
France 2010
|
19,70%
|
54,40%
|
15
849 €
|
12,18
|
5,7
|
5,4
|
3°
|
Vaulx-en-Velin
|
9,9
|
73,6
|
9714
|
3,16
|
4,2
|
3,1
|
5°
|
Sources :
tableau établi à partir des statistiques de L’EXPRESS
et du MINISTERE
DE L INTERIEUR.
Ces communes sont restées -
compte tenu des abstentions - fidèles au vote UMP avec 34% à
Marnes-la-Coquette. En revanche, elles ont (presque) abandonné le vote
FN alors
qu’en 2002, elles avaient voté fortement pour l’extrême-droite et droite
extrême. N. Sarkozy a su retenir à lui ces catégories sociales avec sa
politique fiscale et Le Pen menait toujours campagne contre « le
fiscalisme ». Sans être négligeable dans les catégories aux revenus
supérieurs, le vote FN devient un vote des catégories intermédiaires
(non
représentées sur le tableau).
Mais mon objet est l’analyse du
vote écologiste. Les listes EE dont la campagne nationale a été menée
par le
« rouquin » lanceur de pavés de 1968 - mais bien assagi depuis -
obtiennent 5,4% des inscrits (France entière). Dans les villes
fortunées, elles
obtiennent assez souvent le double dépassant les 10% des inscrits aux
Loges-en-Josas, à Corenc ou s’en approchant comme à Biviers et St Ismier
(banlieue de Grenoble). La ville bourgeoise de la banlieue de Toulouse
(Auzeville-Tolosane) donne 11,8% des inscrits à EE.
Rares sont les villes ou
arrondissements de l’échantillon qui donnent à EE un score inférieur à
la
moyenne nationale : Neuilly et Paris XVI° qui ont voté en rangs serrés
pour la liste du président « dégreveur » d’impôts.
Ce qui est à souligner, c’est que
les listes Europe Ecologie arrivent souvent deuxième
de toutes les listes en compétition, dépassant la liste de coalition
socialiste. C’est le cas des douze premières villes les plus riches[2]
de Marnes-la-Coquette à Corenc.
Vaulx-en-Velin (Rhône), ville de
40.000 habitants, très ouvrière, où l’abstention fut massive, n’a guère
été
tentée par le vote EE qui est trois fois moindre que dans les villes
riches. La
liste EE arrive en cinquième position.
Les listes EE ont attirées les
électeurs aisés et l’analyse du second tout montre que toutes leurs voix
ne se
sont pas portées sur la liste de coalition socialiste au second tour.
Ce vote « mondain »
justifie les craintes de certains militants du parti des Verts qui sont
issus
de la gauche.
Mais on sait que la droite
n’hésite pas à voter « écologiste » s’il s’agit de barrer la route à
la Gauche. Ainsi le fit-elle à Montreuil où la droite vota pour D.
Voynet pour
enlever la mairie au Parti Communiste.
Les militants écologistes ont
tout intérêt, pour aller dans le sens de la démocratie, à bien préciser
leur
programme et à dire avec qui ils entendent l’appliquer. Les appels du
pied de
EE au MODEM de F. Bayrou ne sont pas étrangers à l’ampleur du vote
« mondain » pour ce conglomérat d’écologistes d’origines diverses et
variées.
[1] Entretien
avec
le journal LE PROGRES de Lyon, 18 avril 2010.
[2] Je
n’ai pas le revenu par habitant
des arrondissements de Paris et Lyon. L’importance -toute relative - du
Salariat modeste donne à penser que le revenu/hab. doit y être inférieur
à
celui de la Coquette ou de La Bretèche…
|
publié le 23 juin 2011 19:37 par Jean-Pierre
Rissoan
[
mis à jour : 1 juil. 2011 14:42
]
21/03/2011
On
nous avait prévenus[1] :
le ministère de l’Intérieur ne connaît pas le Front de Gauche. Le Monde
également, il est vrai, puisque dans un article "de fond", Olivier
Biffaud l’avait biffé de son texte.
Soi-disant pour ne pas faire disparaître la "mouvance"
communiste, le ministère distingue les candidats PCF, les candidats du
Parti de
gauche, les candidats de la Gauche unitaire (ex-NPA), etc... Si bien que
le
score à deux chiffres n’est pas près d’apparaître sur les tablettes.
Mais on
connaît les turpitudes du ministère de l’Intérieur pour camoufler les
résultats
le soir des élections. Cela ne date pas de Guéant.
Le plus triste est de voir le journal Le Monde adopter la
même pratique.
Sur ces statistiques, les candidats FG disparaissent.
Dans mon canton Lyon V, le candidat pour lequel j’ai voté
est Mohamed RAFED. Sa suppléante est Claude Lanher. Rafed appartient aux
Alternatifs
de la FASE… vous ne connaissez pas ? Tant pis pour vous, ce n’est pas
votre journal préféré ni le ministère qui vous l’apprendra. C. Lanher,
elle,
est membre du PCF. C’est parfaitement dit et écrit sur le matériel
électoral.
Mais sur les statistiques du MONDE, M. Rafed est gris, pas
rouge, gris ! il est "divers quelque chose". Exit 677 voix pour
le FG.
A Vaulx-en-Velin (Rhône), municipalité du Front de Gauche,
le candidat de la municipalité est Nacer Denfir : il obtient 20,2% des
voix exprimées soit 1072. Exit 1072 voix pour le FG. Lui aussi est gris,
pas
rouge vif mais gris, sur les statistiques du MONDE.
Il faut attendre les résultats fournis par les partis de
Front de Gauche pour savoir exactement ce qu’il en est.
[1]
Blog de J.-L. Mélenchon.
|
|