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Mondialisation
1919 : naissance de l'Organisation internationale du Travail.
UN SIÈCLE DE NORMES INTERNATIONALES POUR PROMOUVOIR LA "JUSTICE SOCIALE"
L’Organisation internationale du travail (OIT) voit le jour en
1919, au lendemain des horreurs de la Première Guerre mondiale, avec la
conviction qu’ "une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la
justice sociale". Les piliers de son action sociale reposent sur la
législation du travail, la redistribution et la négociation collective (syndicalisme et
dialogue social). En 1946, l’ OIT est la seule institution de l’ONU à
avoir une structure tripartite : les gouvernements, les travailleurs et les employeurs y sont
représentés à parts égales. Les centaines de normes internationales
définies par ses États membres constituent des références dont peuvent se saisir les travailleurs,
les travailleuses et leurs représentants. Après la chute du mur de
Berlin et du bloc soviétique, l’organisation fait face à de nouveaux
défis avec la globalisation néolibérale de l’économie, dont ses acteurs
considèrent la faiblesse des salaires et des protections sociales comme des atouts. En 2002, elle crée une commission sur la dimension sociale de la mondialisation. Ces récentes années, l’ OIT s’est efforcée de s’adapter à l’évolution des événements. À ce
jour, les travailleurs sans contrat des plateformes numériques sont peu
couverts par les conventions de l’institution.
par Kareen Janselme, Loan Nguyen journalistes à l'Humanité Émanation du traité de Versailles en 1919 au sortir de la Première Guerre mondiale, l’Organisation internationale du travail (OIT) célèbre ces jours-ci à Genève (Suisse) son centenaire en grande pompe. Fondé sur l’idée qu’« il ne saurait y avoir une paix universelle et durable sans un traitement décent des travailleurs », cet organisme d’un genre un peu spécial du fait de son tripartisme – employeurs, salariés et États y disposent de représentants à égalité – a non seulement survécu aux guerres et aux mutations géopolitiques, mais a surtout produit quantité de normes qui ont contribué à améliorer le sort des travailleurs dans le monde. Pourtant, face aux offensives réactionnaires, à l’aggravation du dumping social et aux évolutions techno-logiques de ces dernières décennies, cette agence de l’ONU semble incapable de réguler certains des excès les plus manifestes du patronat. En dépit de ces limites évidentes, nombre de travailleurs, y compris en France, continuent de se saisir de l’OIT comme d’un outil de résistance face à la dégradation de leurs conditions de travail. Car, réforme après réforme, la casse du Code du travail dans l’Hexagone a été telle que le caractère juridiquement contraignant des conventions OIT, dont la France est signataire, sert de plus en plus de point d’appui aux salariés devant les juridictions nationales. L’exemple le plus récent et le plus médiatisé a été la fronde des prud’hommes contre le barème instituant un plafonnement des indemnités accordées aux salariés dont le licenciement est reconnu sans cause réelle et sérieuse. Introduite par les ordonnances Macron en 2017, cette mesure, qui prive le juge d’une appréciation réelle et individualisée du préjudice subi par le salarié pour favoriser une sécurisation de l’employeur, qui connaît à l’avance le montant qu’il devra provisionner lorsqu’il aura recours à un licenciement abusif, a été rejetée par plus d’une quinzaine de conseils de prud’hommes ces derniers mois. Et ce, toujours sur la base de l’inconventionnalité de cet article de loi, c’est-à-dire que celui-ci est considéré comme entrant en violation des articles 4 et 10 de la convention OIT 158. Ceux-ci précisent en effet qu’« un travailleur ne devra pas être licencié sans qu’il existe un motif valable de licenciement lié à l’aptitude ou à la conduite du travailleur, ou fondé sur les nécessités du fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement ou du service » et que si un licenciement est reconnu injustifié par les autorités ou tribunaux compétents et qu’une réintégration du salarié est jugée impossible, « ils devront être habilités à ordonner le versement d’une indemnité adéquate ou toute autre forme de réparation considérée comme appropriée ». L’OIT reste encore créatrice de normes internationalesC’est aussi sur une convention OIT, celle portant le numéro 81, que s’appuient les inspecteurs du travail pour défendre leur indépendance vis-à-vis de pressions de leur hiérarchie comme des employeurs. C’est ainsi que l’ex-inspectrice du travail d’Annecy, Laura Pfeiffer, s’était défendue en 2013 des interventions de l’entreprise Tefal auprès de sa hiérarchie pour tenter de la mettre au pas. « Le personnel de l’inspection sera composé de fonctionnaires publics dont le statut et les conditions de service leur assurent la stabilité dans leur emploi et les rendent indépendants de tout changement de gouvernement et de toute influence extérieure indue », dispose l’article 6 de la convention 81. Encore aujourd’hui, c’est ce texte que les fonctionnaires du ministère du Travail invoquent pour résister aux politiques chiffrées que Grenelle veut imposer ces derniers mois. Mais l’OIT peut jouer en elle-même le rôle d’arbitre en recevant directement des réclamations de la part des organisations professionnelles d’employeurs ou de travailleurs. Ces dernières années, la CGT avait notamment obtenu gain de cause auprès de l’agence de l’ONU, qui avait fortement critiqué en 2007 le contrat nouvelle embauche, ainsi que le recours aux réquisitions de salariés grévistes dans le secteur pétrolier pendant le mouvement contre la réforme des retraites de 2010. En 2017, la CGT et FO avaient saisi l’OIT concernant deux dispositions introduites par la loi El Khomri de 2016 : le développement de l’inversion de la hiérarchie des normes et les licenciements en cas de refus d’un salarié d’appliquer un accord de préservation et de développement dans l’emploi. Cette procédure, déclarée recevable, est toujours en instance. En mars dernier, c’est la CGT Ford qui a décidé de porter son combat contre la fermeture de l’usine de Blanquefort devant l’organisation internationale, estimant que le constructeur automobile enfreignait les engagements conventionnels de la France en matière de justification des licenciements. Enfin, l’OIT reste encore créatrice de normes internationales. Pour preuve, celle qui sera âprement négociée durant quinze jours pour ce centenaire : une nouvelle convention, la 190e, contre les violences et le harcèlement au travail avec une identification très forte des violences fondées sur le genre. « L’enjeu, c’est d’avoir une norme internationale qui protège les femmes des violences sexistes et sexuelles avec un aspect responsabilité de l’employeur, interdiction des violences, mesures de protection des victimes et prévention », explique Sophie Binet, membre de la CGT et négociatrice pour le collège travailleurs. Une norme ambitieuse et transverse qui veut aussi inclure les violences pendant le trajet menant au travail, dans les dortoirs où sont parfois logées les travailleuses comme les ouvrières du textile en Asie, mais aussi les violences conjugales. Le volet recommandations précisera la mise en place de mesures concrètes, comme celle inspirée par l’Australie et le Canada qui impose des congés de droit pour les femmes victimes de violences conjugales, après constatation médicale ou plainte : « Cet accès à des congés de droit permet aux victimes d’organiser leurs démarches et de se défendre tout simplement, argumente la dirigeante de la CGT en charge de l’égalité femmes-hommes. Parce que la première conséquence pour une femme victime de violences conjugales, c’est bien souvent la perte de son emploi, ce qui l’enferme dans une spirale catastrophique. » Les violences contre les femmes au cœur de la prochaine conventionDans cette négociation tripartite, le camp des travailleuses et des travailleurs a réussi à construire une plateforme de revendications exigeante, malgré des cultures et situations très différentes selon les pays : inverser la charge de la preuve, obtenir une formation généralisée sur ces questions de violence, identifier et spécifier les violences fondées sur le genre qui sont au cœur des rapports de domination. Si le « féminisme washing », où l’art d’utiliser l’étiquette féministe pour redorer le blason des sociétés, a pu jouer auprès d’entreprises interpellées, la majorité des employeurs restent réticents à toute forme de texte normatif qui empêcherait un dumping social organisé à l’échelle mondiale. « En France, par exemple, ça fait des années qu’on demande que ce soit un sujet de négociation obligatoire à l’entreprise et le patronat refuse. Il y a un déni. », confirme Sophie Binet. Quant aux États, qui doivent ratifier aux deux tiers la norme pour qu’elle soit validée, il suffit d’écouter les saillies de Donald Trump, Jair Bolsonaro ou Recep Tayyip Erdoğan pour comprendre que la bataille n’est pas gagnée d’avance. « C’est un combat qui prend en frontal et à revers cette contre-révolution conservatrice qui amène l’extrême droite au pouvoir dans de plus en plus de pays, estime la syndicaliste. Contrairement à ce qu’on entend parfois, ce n’est pas la tarte à la crème et un sujet consensuel gagné d’avance, loin de là ! » Si la campagne syndicale internationale pour instaurer une norme mondiale contre les violences faites aux femmes avait commencé bien avant la déferlante #MeToo, le contexte actuel la rend encore plus incontournable. Et redonnerait à l’OIT, pour ses 100 ans, le dynamisme de la jeunesse. Kareen Janselme et Loan Nguyen |
Vers une ploutocratie mondiale ? (2ème partie)...
à lire d'abord : Vers une ploutocratie mondiale ...Le Richistan toujours plus coupé du mondeThomas Lemahieu Lundi, 18 Janvier, 2016 L'Humanité Dans une étude divulguée ce lundi, Oxfam dresse un bilan ravageur de l’explosion de l’injustice sociale à l’échelle planétaire. Une poignée d’ultra-fortunés détient autant de richesses que la moitié de l’humanité. À quelques jours des libations occasionnées par la noce annuelle des grandes puissances financières et politiques à Davos (Suisse), Oxfam jette un gros pavé dans ce marigot. Dans un rapport rendu public ce lundi et intitulé « Une économie au service du 1 % », l’ONG, spécialisée dans la lutte contre la pauvreté et pour la justice sociale, s’indigne de l’explosion des inégalités à l’échelle de la planète. Selon ses calculs, en 2015, 62 individus détiennent à eux seuls des richesses équivalant à celles des 3,5 milliards de personnes les plus pauvres, alors qu’il y a cinq ans les ultra-riches pesant autant que la moitié de l’humanité étaient encore 388. Entre 2010 et aujourd’hui, la fortune de ces 62 privilégiés, estimée à 1 760 milliards de dollars, a augmenté de 542 milliards de dollars (+ 44 %), quand la moitié la plus pauvre de l’humanité a vu, elle, ses ressources diminuer de plus de mille milliards de dollars (- 41 %). En élargissant un peu la focale, Oxfam s’appuie sur des données contenues dans une étude du Crédit Suisse révélant que les 1 % des plus riches ont désormais accumulé plus de richesses que le reste de la population mondiale. Depuis le début du siècle, la moitié la plus pauvre de l’humanité n’a bénéficié que de 1 % de l’augmentation totale des richesses, alors que les 1 % les plus riches se sont accaparés la moitié de cette augmentation.
Au cœur du dispositif, les paradis fiscauxÀ partir de ces chiffres, Oxfam se livre à un réquisitoire contre un « modèle économique fortement biaisé » en faveur des plus fortunés. « En lieu et place du ruissellement attendu sur les couches inférieures de la population, les revenus et les richesses sont aspirées à un rythme alarmant par cette élite », écrit l’ONG. Au cœur du dispositif, les paradis fiscaux – les Bermudes, les îles Caïmans, Singapour, Panama, la Suisse, mais aussi le Luxembourg, l’Irlande, les Pays-Bas et Jersey sont particulièrement mis en avant – garantissent que l’argent ainsi détourné reste hors de portée des États et des citoyens ordinaires. D’après une estimation de l’économiste Gabriel Zucman, reprise par Oxfam, 7 600 milliards de dollars, soit plus que les PIB de l’Allemagne et du Royaume-Uni additionnés, sont déposés sur des comptes offshore par des particuliers. L’ONG dénonce également le boom des pratiques d’optimisation fiscale inventées par les gestionnaires de patrimoine qui, dans la mondialisation financière, sont comme des poissons dans l’eau. « Seules les entreprises et les particuliers les plus fortunés – à savoir ceux qui devraient payer le plus d’impôts – ont les moyens de recourir à ces services et à ce maillage international pour éviter de payer ce qui est dû, relève Oxfam. Cela pousse indirectement les États qui ne sont pas des paradis fiscaux à alléger leur fiscalité sur les entreprises et sur les particuliers fortunés et ainsi à s’embarquer dans un implacable “nivellement par le bas”. L’assiette fiscale diminue du fait de cette optimisation généralisée, et ce sont les budgets des gouvernements qui en subissent les effets, engendrant des coupures dans les services publics de première nécessité. Les gouvernements se tournent donc de plus en plus vers l’imposition indirecte, comme la TVA, qui affecte de manière disproportionnée les plus pauvres. L’optimisation fiscale est un phénomène qui empire rapidement. » Toute cette ingénierie purement financière ne produit aucune richesse réelle pour la collectivité, mais, pire encore, accuse l’ONG, elle fragilise énormément les États qui n’ont pas les ressources nécessaires pour lutter contre la pauvreté et protéger les services publics les plus élémentaires. Selon Oxfam, « près d’un tiers de la fortune des riches Africains, soit 500 milliards de dollars, est placé sur des comptes offshore dans des paradis fiscaux. On estime que cela représente un manque à gagner fiscal de 14 milliards de dollars par an pour les pays africains. Cette somme couvrirait à elle seule les soins de santé susceptibles de sauver la vie de 4 millions d’enfants et permettrait d’employer suffisamment d’enseignants pour pouvoir scolariser tous les enfants africains ». Au-delà des revendications sur les salaires décents et sur la fin du transfert des richesses produites vers le capital, Oxfam International, dont la directrice générale Winnie Byanyima sera présente à Davos, appelle en priorité les dirigeants mondiaux à « s’entendre sur une approche globale pour éradiquer les paradis fiscaux ». Maintenant que le fameux slogan du mouvement Occupy Wall Street – « Nous sommes les 99 % » – est rattrapé par la réalité, il est plus que temps d’agir. il s'agit là d'un article de L'Humanité. Mais le journal La Croix a pris parti, de son côté, contre cette inégalité scandaleuse. Et, en effet, cette aberration ne peut que révolter notre bon pape François... addendum L’endormissement provoqué par l’unanimisme du monolithe médiatique nous conduit peu à peu au cauchemar. Après l’émission très instructive d’ARTE sur STARBUCKS j’ai fait un rapprochement inquiétant entre les propos de Scott Bedbury, directeur du marketing de Starbucks et ceux de Geoffroy Rue de Béziers, le successeur de P. Gattaz. Le premier a dit : "Nous plaçons notre confiance dans les marques. Une marque n’est pas seulement un produit, c’est comme une religion. Certaines sont très bonnes pour tenir cette promesse. Starbucks c’est 15 millions de cafés par jour, cela crée de la confiance et le défi de Starbucks c’est de promettre exactement la même expérience où que vous soyez. (…)". Et il lança en conclusion "La confiance dans les institutions (politiques) s’est effondrée aux USA. On ne se fait même plus confiance les uns les autres. Les grandes entreprises doivent se mobiliser car elles représentent la démocratie (sic), en particulier dans un pays comme le nôtre. Et elles la protègent. Je pense plus que jamais que nous, les FMN, nous devons nous efforcer de construire un monde meilleur". Quant au successeur de Pierre Gattaz, il a vu dans le départ de Nicolas Hulot du gouvernement une occasion de plaider pour un monde livré aux grands "entrepreneurs". "Dans le spatial, les biotechnologies, la médecine, l'initiative est maintenant du côté du secteur privé. Ce sont les entrepreneurs qui vont relever la plupart des défis présents et à venir: transition énergétique, biodiversité, urbanisation", a-t-il assené. Et de s'exclamer : "Aujourd'hui, ce sont les entrepreneurs qui changent le monde !" La référence à Google et Facebook (il n’a pas regardé l’émission d’ARTE), que Geoffroy Roux de Bézieux n'a pas manqué de citer, laisse présager les conditions sociales, démocratiques et environnementales d'un tel monde. "Un tiers des consommateurs choisit désormais ses marques en fonction de leur impact environnemental ou social. Ils attendent des entreprises qu'elles soient des acteurs du changement sociétal.". Chez
STARBUCKS, les horaires sont mobiles et les salaires font le yo-yo, le PDG
vient de s’acheter une maison de 25 millions de dollars. Ce n’est pas le seul
élément de son patrimoine, rassurez-vous et ses gobelets ont toujours un revêtement
intérieur plastic.(septembre 2018) J.-P. R. |
Vers une ploutocratie mondiale ...
INÉGALITÉS EXTRÊMES : DÉMOCRATIE EN DANGER
par Stéphane AUBOUARD
Mots clés : inégalités, davos, forum économique mondial, rapport oxfam,
Tandis que s’ouvre aujourd’hui la 44° édition du forum économique mondial de Davos, l’ONG Oxfam sort un rapport inquiétant sur l’accroissement des inégalités entre riches et pauvres. "La concentration massive des ressources économiques dans les mains de toujours moins de personnes constitue une réelle menace pour les systèmes économiques et sociaux". Les défenseurs zélés du capitalisme croiront sans doute cette formule tirée d’un manuel marxiste du XIXe siècle, et pourtant, c’est bien aujourd’hui, dans le dernier rapport d’Oxfam sur les inégalités économiques, que ces quelques lignes ont été écrites. Tandis que les puissants de la planète se regroupent ce mercredi (22 janvier 2014) à Davos, l’ONG tire la sonnette d’alarme, invitant les décideurs du forum mondial à prendre conscience d’une situation de plus en plus critique et dont les habitués de la station suisse ne semblent pourtant pas ignorer la gravité. En novembre 2013, le forum économique mondial n’affirmait-il pas lui-même dans son rapport, "Outlook On The Global Agenda 2014", que l’un des deux principaux risques des dix-huit prochains mois était l’accroissement des disparités de revenus ? Les personnes interrogées précisant que ces inégalités "affectaient la stabilité sociale au sein des pays" et "menaçaient la sécurité dans le monde". Oxfam fait donc le même constat dans ce nouveau rapport, basé sur plusieurs sondages, intitulé "Pour en finir avec les inégalités extrêmes", avec des analyses et des chiffres (voir infographie ci-dessus) souvent alarmants. Ainsi les 85 personnes les plus riches du monde posséderaient à elles seules l’équivalent de la richesse de la moitié la moins riche de la planète (soit plus de 3 milliards d’individus). De 1980 à 2012, les 1 % les plus riches aurait augmenté leur part de revenus dans 24 pays sur 26 étudiés. Sept personnes sur dix sur l’ensemble de la planète estiment également vivre dans un pays où le fossé des inégalités s’est creusé depuis trente ans. Mais qu’elles soient issues des pays émergents ou de pays développés, les personnes interrogées ne sont pas dupes. En Inde, au Brésil, en Espagne, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, "une majorité de la population pense que les lois sont biaisées en faveur des riches". Aux États-Unis par exemple, 65 % des sondés sont convaincus que le Congrès adopte des lois qui bénéficient surtout aux riches. Ce que l’ONG analyse comme suit : "Lorsque les plus riches confisquent les politiques gouvernementales, cela conduit à l’érosion de la gouvernance démocratique". Des politiques d’austérité qui permettent aux riches de s’enrichir davantage Une érosion de la démocratie dont la source remonte au début des années 1980 avec les politiques ultralibérales mises en œuvre sous Reagan aux États-Unis et Thatcher au Royaume-Uni, qui feront le nid de la crise de 2008, véritable accélérateur d’inégalités entre riches et pauvres… Mais aussi entre travail et capital. "Alors que les actions et les profits des entreprises atteignent des niveaux vertigineux, les salaires stagnent", constate Oxfam, illustrant son affirmation par l’exemple européen : "Entre 2008 et 2010, la fortune combinée des 10 personnes les plus riches d’Europe dépasse le coût total des mesures de relance mises en place dans l’Union européenne ! (217 milliards d’euros contre 200 milliards d’euros". Une situation absurde, loin d’être le fruit d’un hasard cupide et qui, pour l’ONG, porte un nom : "Les politiques d’austérité mises en place après la crise pèsent lourdement sur les personnes pauvres alors qu’elles permettent aux riches de s’enrichir toujours plus !". Pour éviter l’explosion sociale que redoutent tant les membres du club de Davos, le texte invite ceux-ci à renverser la vapeur en piochant dans un passé récent. "Il existe heureusement des exemples indéniables de succès durant les trois décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, rappelle l’ONG. Les États-Unis et l’Europe ont réduit les inégalités tout en connaissant croissance et prospérité. L’Amérique latine les a elle aussi réduites ces dix dernières années par le biais d’une fiscalité plus progressive". Dans l’un et l’autre cas, des politiques de services publics et de protection sociale étaient alors accompagnées par une législation du travail en faveur des salariés. Un conseil que les quatre ministres français qui seront présents à Davos pourront peut-être faire remonter à François Hollande à l’heure où son pacte de responsabilité et ses 30 milliards d’euros de cadeaux faits aux patrons taillent encore un peu plus dans la chair d’une démocratie dont l’épitaphe, si rien ne bouge, pourrait être les derniers mots de ce rapport. "Sans une véritable action pour réduire ces inégalités, les privilèges et les désavantages se transmettront de génération en génération comme sous l’Ancien Régime". États Unis : l’exemple à ne pas suivre Dans son rapport, Oxfam rappelle le rôle pernicieux de l’argent dans le jeu politique américain : "Depuis la fin des années 1970, un contrôle insuffisant de l’argent dans la politique a permis à de riches individus et entreprises d’exercer une influence injustifiée sur l’élaboration des politiques du gouvernement. L’une des conséquences pernicieuses a été la création de politiques publiques biaisées en faveur des intérêts d’une élite, qui a coïncidé avec la plus forte concentration des richesses entre les mains de 1% des plus riches". Du coup, le pouvoir de négociation des syndicats s’est effondré et la valeur réelle du salaire minimum et d’autres mesures de protection s’est érodée. Dans le même temps, "de riches lobbies ont su influencer le législateur et le grand public afin de minimiser la pression fiscale sur les plus hauts salaires et les gains en capital, mais aussi pour créer des échappatoires fiscales pour les entreprises". Comme le capital est moins imposé que les salaires, des millions d’Américains de la classe moyenne ont un taux d’imposition plus élevé que les riches.
Stéphane AUBOUARD Article paru dans l’Humanité du 22 janvier 2014 poursuivre : Vers une ploutocratie mondiale ? (2ème partie)... addendum : TOUJOURS PLUS ! Une
nouvelle étude confirme que les ultra-riches concentrent de plus en
plus de richesses. Malgré la crise, leur nombre augmente, et leur
richesse encore plus. Cette
étude de WealthX et de la banque UBS recense les très riches qui ont
amassés plus de 30 millions de dollars. Ils sont 211000, soit une
augmentation de 6 % sur un an, et leur patrimoine cumulé a lui augmenté
de 7 %. Ainsi possèdent -ils à eux seuls 13 % de la richesse mondiale. La richesse cumulée de ces 211000 ultra-riches atteint les 30.000 milliards de dollars. C'est quasiment le PIB cumulé de l'Europe et des Etats-Unis. Presque la moitié du PIB mondial. C'est 3 fois le montant de toutes les dettes souveraines cumulées des pays européens. L'augmentation de cette richesse se fait principalement sur les marchés financiers, repartis comme s'il n'y avait jamais eu de crise. Toutefois, un tiers de ces ultra-riches ont hérité du gros de leur fortune. Au niveau mondial, ce club est à une écrasante majorité (87%) composé d'hommes dont l'âge moyen est de 59 ans. |
Inégalités : le retour des pharaons...article du MONDE DIPLOMATIQUE
je publie cet article du Diplo, comme disent les gens branchés, article qui va parfaitement dans le sens de ceux de cette série et que j'avais intitulés 1914 -2014 : patrimoines et revenus du patrimoine, ça explose ! , L' envolée des fortunes... , ou encore l'article de Piketty lui-même : SUR LA PISTE DES NANTIS : Baisses d'impôt, retour aux fortunes d'antan, par Th. PIKETTY J.-P. R.« Les inégalités ont toujours existé », entend-on souvent dire par ceux qui aimeraient banaliser leur flambée. Certes, mais elles étaient encore plus prononcées du temps des pharaons. Notre modernité s’inspirerait-elle donc du temps de l'Égypte ancienne ? Ainsi que le rappelle Business Week (1), qui ne passe pas pour une publication anticapitaliste, le très célèbre théoricien du management Peter Drucker avait théorisé en 1977 qu’une entreprise dans laquelle les écarts de salaires dépassaient un rapport de 1 à 25 voyait ses performances diminuer. Car plus les inégalités se creusent, plus une mentalité individualiste destructrice sape le travail collectif, l’esprit d’équipe et, au final, les résultats de l’entreprise, y compris pour ses actionnaires. Être payé autant en une journée que d’autres en un mois semblait donc représenter la limite à ne pas dépasser. Non pas tant pour les ouvriers et employés qui, en général, ne se font guère d’illusion sur le côté « famille heureuse » de la structure privée qui les emploie (« Ils sont déjà persuadés, écrivait Drucker, que leurs patrons sont des escrocs »). C’est donc plutôt de l’encadrement que les problèmes surgiraient : au-delà d’un certain écart de rémunération, le cynisme gagne, le cœur à l’ouvrage se perd, l’absentéisme s’envole. Logiquement, Business Week a donc voulu savoir quelle était la situation actuelle aux États-Unis. C’est peu de dire que l’écart de 1 à 25 est pulvérisé. J. C. Penney, qui vend des chemises et des pantalons bon marché, permet aussi à son patron de ne pas se soucier de faire des économies vestimentaires. Chaque jour, la rémunération de Ronald Johnson correspond en effet à plus de six années de salaire d’un de ses employés. Car l’écart va de 1 à 1 795 entre la paie annuelle du premier (53,3 millions de dollars) et celle du vendeur moyen (vraisemblablement une vendeuse…), de J. C. Penney (29 000 dollars). A Abercrombie (2), médaille d’argent de l’iniquité, l’écart va de 1 à 1 640. Parmi les autres « lauréats » de ce classement, Starbucks est cinquième (écart de 1 à 1 135). Et Ralph Lauren, Nike, Ebay, Honeywell, Walt Disney, Wal-Mart et Macy’s se disputent les vingt premières places. A Intel, centième (et dernier) de la liste, l’égalité n’est pas tout à fait réalisée non plus, mais l’écart n’est « que » de 1 à… 299 (3). Bien sûr, certains vont trouver injuste de mettre sur le même plan la rémunération d’un « capitaine d’industrie » — forcément brillant, talentueux, innovant — avec celle d’un de ses employés qui, lui, n’aurait d’autre souci dans la vie que d’obéir. L’étude d’une autre publication, tout aussi peu subversive que Business Week, risque par conséquent de les décontenancer. Consacrant un dossier détaillé aux « Entreprises plus fortes que les Etats », L’Expansion (mai 2013) a cette fois comparé la rémunération des patrons du privé avec celle de responsables politiques de premier plan, à qui il arrive peut-être, à la Maison Blanche ou à l’Elysée, de prendre des décisions qui ne sont pas insignifiantes. On apprend alors que M. Tim Cook, patron d’Apple gagne près de 1 000 fois le salaire annuel de son compatriote Barack Obama (378 millions de dollars dans un cas, 400 000 dollars dans l’autre). Et que M. Maurice Lévy, patron (intouchable) de Publicis, s’attribue 127 fois la rémunération de son compatriote François Hollande. (1) Elliot Blair Smith et Phil Kuntz, « Disclosed : the pay gap between CEOs and employees », 6 mai 2013. (2) L’enseigne de prêt-à-porter s’est encore illustrée récemment, comme le relevait Rue89, par son refus de faire don des vêtements invendus, préférant les brûler. (3) Le patron d’Intel, Paul Otellini, s’adjuge 17,5 millions de dollars par an, contre 58 400 dollars à son salarié moyen. |
1914 -2014 : patrimoines et revenus du patrimoine, ça explose !
publié le 23 oct. 2012 19:20 par Jean-Pierre Rissoan
[
mis à jour : 5 nov. 2012 19:05
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les marchés financiers ? c'est l'oligarchie !
publié le 8 mars 2012 10:34 par Jean-Pierre Rissoan
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SUR LA PISTE DES NANTIS : Baisses d'impôt, retour aux fortunes d'antan, par Th. PIKETTY
publié le 24 oct. 2012 11:50 par Jean-Pierre Rissoan
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MAIS QUI SONT LES AGENTS DES MARCHES FINANCIERS ?
publié le 15 nov. 2011 18:30
par Jean-Pierre Rissoan
[
mis à jour : 21
nov. 2011 12:01
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Cet article est un daille-geste -un digest, si vous préférez- d’un dossier sur "Les 50 maîtres du Monde" et présenté de la sorte : "Qui sont ces marchés que Sarkozy et ses compères du G20 veulent rassurer à tout prix ? Derrière la fameuse « main invisible » se cachent 50 mastodontes financiers qui contrôlent l’essentiel de l’économie mondiale"[1]. Il y a peu, trois économistes[2] de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich se sont penchés sur ce que pouvaient être la place et le rôle des grosses entreprises, les firmes multinationales, FMN, sur l’économie mondiale. Il en est sorti une somme : "The Network of Global Corporate Control". Leur étude a exploité des données de 2008 de l’OCDE soit un échantillon de 43060 FMN. A l’issue de calculs mathématiques aussi complexes que la réalité étudiée, ces chercheurs sont arrivés à la conclusion que, parmi ces 43060 firmes, certaines étaient "plus égales" que d’autres. Par le jeu -mot détestable qui dissimule la réalité humaine- par le jeu des participations au capital des FMN, des majors ont plus de pouvoir que d’autres : en fait, elles les dirigent. 737 FMN sont des « détenteurs prépondérants » et cumulent 80% du contrôle de la valeur de toutes les FMN prises en compte. Au sein de ces 737 sociétés, les trois chercheurs ont découvert 147 FMN qui s’interpénètrent par des investissements croisés (je possède 2% de tes actions et toi tu possèdes 3% des miennes, etc…) et qui, tout en se contrôlant elles-mêmes entre elles, possèdent 40% de la valeur économique et financière de toutes les FMN du MONDE. Encore plus "happy few", 50 sociétés parmi ces 147 sont des "super-entités". Ce sont des banques, des compagnies d’assurances et des fonds d’investissement ou de pensions. Les voici par ordre d’importance : 1. BARCLAYS PLC (Grande-Bretagne) 2. THE CAPITAL GROUP COMPANIES INC (États-Unis) 3. FMR CORP (États-Unis) 4. AXA (France) 5. STATE STREET CORPORATION (États-Unis) 6. JPMORGAN CHASE & CO (États-Unis) (États-Unis) 7. LEGAL & GENERAL GROUP PLC (Grande-Bretagne) 8. THE VANGUARD GROUP, INC. (États-Unis) 9. UBS AG (Suisse) 10. MERRILL LYNCH & CO., INC. (États-Unis) 11. WELLINGTON MANAGEMENT CO. L.L.P. (États-Unis) 12. DEUTSCHE BANK AG (Allemagne) 13. FRANKLIN RESOURCES, INC. (États-Unis) 14. CRÉDIT SUISSE GROUP (Suisse) 15. WALTON ENTERPRISES LLC (États-Unis) 16. BANK OF NEW YORK MELLON CORP. (États-Unis) 17. NATIXIS (France) 18. GOLDMAN SACHS GROUP, INC., (États-Unis) 19. T. ROWE PRICE GROUP, INC. (États-Unis) 20. LEGG MASON, INC. (États-Unis) 21. MORGAN STANLEY (États-Unis) 22. MITSUBISHI UFJ FINANCIAL GROUP, INC. (Japon) 23. NORTHERN TRUST CORPORATION (États-Unis) 24. SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (France) 25. BANK OF AMERICA CORPORATION (États-Unis) 26. LLOYDS TSB GROUP PLC (Grande-Bretagne) 27. INVESCO PLC (Grande-Bretagne) 28. ALLIANZ SE (Allemagne) 29. TIAA (États-Unis) 30. OLD MUTUAL PUBLIC LIMITED COMPANY (Grande-Bretagne) 31. AVIVA PLC (Grande-Bretagne) 32. SCHRODERS PLC (Grande-Bretagne) 33. DODGE & COX (États-Unis) 34. LEHMAN BROTHERS[3] HOLDINGS, INC. (États-Unis) données de 2008. 35. SUN LIFE FINANCIAL, INC. (Canada) 36. STANDARD LIFE PLC (Grande-Bretagne) 37. CNCE (France) 38. NOMURA HOLDINGS, INC. (Japon) 39. THE DEPOSITORY TRUST COMPANY (États-Unis) 40. MASSACHUSETTS MUTUAL LIFE INSUR. (États-Unis) 41. ING GROEP N.V. (Pays-Bas) 42. BRANDES INVESTMENT PARTNERS, L.P. (États-Unis) 43. UNICREDITO ITALIANO SPA (Italie) 44. DEPOSIT INSURANCE CORPORATION OF JP (Japon) 45. VERENIGING AEGON (Pays-Bas) 46. BNP PARIBAS (France) 47. AFFILIATED MANAGERS GROUP, INC. (États-Unis) 48. RESONA HOLDINGS, INC. (Japon) 49. CAPITAL GROUP INTERNATIONAL, INC. (États-Unis) 50. CHINA PETROCHEMICAL GROUP CO. (Chine)
Au total, on a là 33 entreprises anglo-saxonnes (24 américaines, 8 britanniques et 1 canadienne) soit 66%. Sur les 10 plus importantes, 8 sont anglo-saxonnes (80%) et sur les 20 premières, on en trouve 15 soit 75%, Et encore ne s’agit-il que d’une comptabilité de places dans le classement, il faudrait pouvoir cumuler le capital de ces entités WASP pour mieux montrer l’emprise du capital anglo-saxon sur le monde. Cas concret : ExxonMobil Voici les principaux actionnaires du plus gros pétrolier au monde : EXXONMOBIL : Vanguard Group et fonds associés (8e dans la liste des 50) : 7,20% State Street Corporation (5°) : 4% Bank of New York Mellon Corporation (16e) : l,58% FMR Corp. (31) : 1,51 % Wellington Management Company (11°) : 1,39% Northern Trust (23e) : 1,33% JPMorgan Chase & Co (6e) : 1,09% Bank of America Corp. (25°) : 0,96 % Compte tenu de la capitalisation financière d’ExxonMobil, ces pourcentages -en apparence modestes- représentent des sommes énormes. Barclays : primus inter pares Barclays a son siège à la City de Londres où se côtoient 550 banques et la moitié des plus gros assureurs de la planète. Elle est dirigée par un Américain : on reste entre amis, les WASP. Cette banque possède plus de 300 filiales dans les paradis fiscaux : 181 aux îles Caïmans, 38 à Jersey, 30 à Man, etc... Soit le plus gros potentiel d’évasion fiscale de la City écrit Marc de Miramon. Mais chez Barclays on ne parle pas avec de gros mots, on dit "optimisation fiscale". Les Iles Caïmans sont un T.O.M. (territoire d’outre-mer) du Royaume-Uni. L’île de Man a également un statut spécial. Elle dépend directement de la Couronne britannique et non pas du parlement de Westminster. Il en va de même de l’île de Jersey. Capital Group Companies inc. C’est un fonds de pensions. Les ramifications de cette firme fondée en 1931, en pleine dépression mondiale, sont surprenantes, en particulier dans les sociétés du CAC 40: 10% du capital d'Air France (4400 suppressions de postes prévus d’ici à 2013), 5% de la Société générale, 5% de Schneider Electric (1000 emplois supprimés en 2009 et 1000 intérimaires menacés aujourd’hui en France), 10% de Suez Environnement, 5 % de Rhodia ... Même omniprésence au sein des sociétés allemandes : Bayer (10%) ou Continental (5%) (1100 salariés licenciés suite à la fermeture de l’usine de Clairoix dans l’Oise) ; sans oublier la Grèce. CGC inc. a des participations significatives au sein de l'OPAP, la principale société de loterie numérique et de paris sportifs en Europe, le géant du BTP Ellaktor, ou du ciment Titan. FMR corporation Les activités du fonds de pension FMR Corp., 3e firme du classement, proposent, à travers ses filiales, tous les services financiers aux quatre coins du globe : l'investissement dans les secteurs publics (Fidelity Tax Exempt Services Company), les retraites japonaises (Fidelity Group Pensions Japan), les investissements dans les entreprises canadiennes (Fidelity Investments Canada Ltd) et même une branche dédiée à "l’optimisation fiscale" (sic, déjà vu) avec Fidelity Investments Tax exempt Services company. "Tax exempt" : inutile de traduire.
Tout cela présente des visages, des hommes en chair et en os : "voilà l’intronisation de Mario Monti, économiste, conseiller international de Goldman Sachs (18° rang mondial, cf. le tableau, JPR) depuis 2005, et désormais président du Conseil à la tête de l’Italie". Lien : http://www.placeaupeuple2012.fr/les-marches-font-la-loi/
Si l’on ajoute aux 33 mastodontes anglo-saxons, les 5 français, les 2 allemands, les 2 néerlandais et le groupe italien, nous avons là 43 des 50 plus grands financiers de la planète. Le projet existe de créer entre l’Europe des 27 et l’Amérique du Nord une vaste zone de libre-échange nord-atlantique. Les 43 y seront comme poissons dans l’eau et tout cela sera protégé in fine par l’OTAN. L’ordre mondial se met en place. Les
peuples ont-ils dit leur
dernier mot ? ainsi que l'écrit le programme du Front de Gauche (p.10) :
"pour abolir les privilèges de notre
temps, il nous faudra assumer puis remporter le confrontation avec la
finance". La tâche sera rude. Mais le vent se lève... [1] Humanité-Dimanche, n°20779 du 27 octobre 2011. Dossier établi par Dominique Sicot et Marc de Miramon incluant un entretien avec Tristan Auvray, Doctorant à Toulouse-I . [2] Stefania Vitali, James B. Glattfelder et Stefano Battiston. [3] L’étude a été effectuée à partir de données de 2008. Lehmann Brothers a été mis en faillite en septembre. Ses activités ont été reprises par Barclays et par Nomura. (note de l’Humanité-Dimanche). |
L' envolée des fortunes...
publié le 24 nov. 2011 12:24
par Jean-Pierre Rissoan
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mis à jour : 24
nov. 2011 23:22
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Mme Deborah Hargreaves est présidente du groupe britannique de recherche sur les hauts salaires (High Pay Commission). Ses recherches lui ont permis de constater que "la hausse des inégalités a été telle durant la période qui suit l’an 1980 que l’écart entre riches et pauvres en Grande-Bretagne est comparable à celui de certains pays en développement". Yves Lacoste, géographe français de notoriété, spécialiste de la géographie des pays en développement disait - il y a déjà quelques décennies - que dans les pays du Sud, dans les pays sous-développés "les richesses sont plus grandes et la pauvreté est plus grande que dans les pays du Nord". Voilà une disparité nord-sud qui a disparu. Egalisation par le bas. Thomas Piketti nous donne des éléments d’explication. Durant le XX° siècle, les gros patrimoines ont subi en Europe occidentale surtout, mais globalement dans tous les pays riches, une sorte de nivellement à cause de troubles majeurs ; les deux guerres mondiales et la crise de 1929. de plus, la démocratie politique évoluant vers un peu de démocratie sociale "les conditions de l'accumulation de patrimoines importants se sont totalement transformées : les taux supérieurs des impôts sur le revenu et sur les successions ont atteint des niveaux extrêmement élevés". Tant et si bien que "les traumatismes humains et financiers ont donné à la redistribution fiscale une importance déterminante. (…). Les décennies qui se sont écoulées depuis 1945 n'ont toujours pas permis (aux) fortunes et (aux) revenus de retrouver le niveau astronomique qui était le leur à la veille de première guerre mondiale". Avant 1914, c’était "la Belle Epoque", et les fortunes s’étalaient sans vergogne. On peut trouver des références cinématographiques : la parade des chapeaux avant la course d’Ascot dans le film My fair lady[1], ou encore l’arrivée de la princesse russe et de ses enfants à l'Hôtel des Bains du Lido, grand hôtel de Venise, dans La mort à Venise[2]… à l’autre bout de l’échelle, dans les caves de Lille, industrie textile, « on meurt sous vos plafonds de pierre » ![3] Ce qu'on nous propose, ce à quoi rêve le parti du Patrimoine, c'est un retour à la hiérarchie du XIX° siècle. Est-ce possible s'interroge Piketti ? Mme Deborah Hargreaves vient de lui donner une réponse. Mais cet économiste avait déjà constaté qu’aux Etats-Unis d'Amérique, "en deux décennies (1980-1990) les inégalités ont retrouvé le niveau qui était le leur à la veille de la 1ère guerre mondiale"[4]. Ces deux décennies sont celles de la désastreuse « révolution conservatrice » initiée par les Anglo-saxons : Thatcher en Angleterre, 1979, R. Reagan aux Etats-Unis, 1981. Piketti avançait l'idée qu’un retour au XIX° siècle (avait) un certain nombre de fondements objectifs" : la troisième révolution industrielle, avec Bill Gates comme figure emblématique[5], montre que "la très forte croissance enregistrée dans les nouveaux secteurs est de nature à permettre l'accumulation en un temps relativement bref de fortunes professionnelles considérables". Avec l'idéologie du now-nowism, du "tout-tout-de-suite", la pression est forte. Enorme. De plus, l'expérience montre que la "baisse des taux marginaux supérieurs (de 70-80% à 30-40%) facilite la constitution (ou la reconstitution) des patrimoines importants". Donc dépêchons-nous ! De plus, "la stagnation des pouvoirs d'achat constatée (1980-1990) a partout conduit à un certain rejet de l'impôt sur le revenu (c'est le moins qu'on puisse dire, JPR)" et "la mobilité (réelle ou supposée) de plus en plus forte des capitaux et des "super-cadres" conduit les différents pays à s'aligner sur une fiscalité allégée pour les revenus en question". Retour aux hiérarchies du XIX° siècle, alignement sur la hiérarchie des pays pauvres remplies de riches insolents à la fortune nauséeuse ? On peut aussi dire retour aux hiérarchies antiques. A Rome, sous l’Empire (II° NE), "les paysans propriétaires de leur champ vivent dans des chaumières misérables. (..)". Ils voient parfois arriver "de jeunes bourgeois des villes, qui viennent chasser dans le pays et qui portent avec eux plus de pièces d’or que n’en possèdent tous les habitants sur des milles à la ronde". De retour chez eux, ces jeunes gens pourront se délasser dans leur villa de plaisance "où naturellement il y a des thermes et une piscine chaude en plein air, d’où, tout en nageant, on peut voir la mer"[6]. Comme au bord de notre riviera ou sur les côtes de Floride. Ah ! il fait bon vivre. Vive l’Occident, Vivent les agences de notation. rebondir : Le
courage en politique...
[1] Film de George Cukor, sorti en 1964. [2] Luchino Visconti, 1971. [3] Cri de révolte de V. Hugo observant le travail des enfants dans l’industrie textile. [4] T. Piketti signale toutefois que les Etats-Unis "partaient de moins haut et les chocs (des deux guerres mondiales, JPR) y furent moins profonds qu'en Europe". [5] Rendons cette justice à Bill Gates : il s'est opposé au président G. W. Bush sur la question de la baisse des droits de succession. Il y est hostile. [6] D’après Pierre Grimal, "La civilisation romaine", chez Artaud. |
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