3. Le Gentleman anglais

publié le 10 sept. 2017, 06:36 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 18 déc. 2020, 03:04 ]

Les Temps modernes commencent au XV° siècle avec l’imprimerie, les Grandes découvertes – dont celle de 1492 – la victoire des Turcs à Constantinople qui achèvent la disparition de l’empire romain, l’expulsion des Maures d’Espagne… S’ouvre alors une période exceptionnelle de l’histoire occidentale : le XVI° siècle qui "fut le plus grand bouleversement progressiste que l’humanité eût jamais connu, une époque qui avait besoin de géants et qui engendra des géants ; géants de la pensée, de la passion et du caractère, géants d’universalité et d’érudition" pour reprendre cette formule épique de F. Engels. C’est en effet l’arrivée des métaux précieux d’Amérique, l’expansion des transports et des échanges, la Renaissance et la Réforme religieuse, ce sont aussi des révolutions nationales, en Allemagne, aux Provinces-Unies, en Angleterre, puis des révolutions libérales, le tout s’achevant par l’indépendance des  colonies anglaises d’Amérique et, fruit des Lumières, par la Révolution française, la Grande révolution. Le site présente de multiples facettes de ces grands évènements nationaux. Et, comme ce sont les hommes qui font l’Histoire, je me propose maintenant de présenter la figure-type qui incarne cette période. Dans chaque pays, apparaît un type de personnages qui caractérise cette période et son propre pays. Non sans quelque arbitraire –d’autres types de personnages auraient pu être élus – j’ai distingué l’officier en Allemagne, le régent aux Pays-Bas, le gentleman en Grande Bretagne, le yankee aux Etats-Unis, le "sans-culottes" en France…



LE GENTLEMAN ANGLAIS


Au XIX° siècle, H. Taine distinguait encore les gentlemen et les noblemen. Aujourd’hui, toujours, il existe une famille royale et des maisons ducales. La classe des gentlemen n’est donc pas le ‘top’ de la société anglaise, elle est néanmoins devenue la classe dominante. Tout le monde s’accorde pour dire que sa formation résulte du processus de mobilité sociale, l’enrichissement de l’Angleterre générait à chaque scansion de la croissance une nouvelle couche bourgeoise qui s’agrégeait à l’aristocratie par l’achat de domaines : "Accéder à la propriété d’un domaine a toujours été le meilleur moyen pour être reconnu comme un gentleman" (Bédarida). Mais cette base matérielle devait s’afficher derrière un "paraître". Outre le dédain des activités manuelles, il fallait posséder les qualités à développer via les fameux trois "R" : Retenue, Raffinement, Religion (anglicane of course). Bref, il faut avoir "la classe". Le terme de gentleman est indiscutablement connoté positivement aujourd’hui. Et si l’on reste confiné aux relations sociales raffinées entre individus, il n’est interdit à personne de tâcher à le devenir, mais ce qui nous importe, ici, c’est le rôle des Gentlemen dans la vie politique, militaire, impériale du Royaume-Uni.

Les Anglais ont - un peu comme les Américains - réussi à se donner une image mondiale, c’est le pays des gentlemen. Mais l’élégance du comportement, du langage est une chose, l’action politique en est une autre. Et là, nous sommes en présence d’une authentique supercherie, d’ampleur planétaire.

Mme Thatcher, grande amie d’Augusto Pinochet, qui laissa mourir en prison Bobby Sands et ses compatriotes irlandais, déclara un jour qu’il faudrait mettre en place "un tribunal de Nuremberg pour les crimes du communisme". Soit. En Occident, la puissance de frappe des médias - dont les amis de Mme Thatcher sont propriétaires - est telle que ce procès se tient en permanence et les "magistrats" ne sont pas prêts de quitter le parquet. En revanche, il faudrait ouvrir le procès de Nuremberg des crimes de l’impérialisme britannique. Ce dernier est le fruit consubstantiel des révolutions anglaises et l’œuvre de grands gentlemen…

 

Comment devient-on Gentleman ?    

 

Présentant un tableau de l’Angleterre après la réforme électorale de 1832, l’historien F. Bédarida écrit que,

"tout comme au XVIII° siècle, l’Angleterre après 1832 continue d’être un pays dirigé par une oligarchie : la noblesse terrienne"[1]. Et il poursuit "Traditionnellement la propriété foncière est la source première de la fortune et du prestige. La possession du sol confère dignité et autorité. Accéder à la propriété d’un domaine a toujours été le meilleur moyen pour être reconnu comme un gentleman. (…).  Ce sont donc les maîtres-de la vieille Angleterre rurale qui continuent de dominer, entourés de la déférence de ceux qui accordent à leurs supérieurs (on dit alors "their betters") le respect dû au rang et au titre".

C’est à se demander à quoi ont servi les révolutions antérieures ? Question que ne se pose pas notre lecteur attentif. Il y a lurette que l’aristocratie britannique développe l’esprit du capitalisme. L’historien H. Grimal peut répéter après bien d’autres :

"Ces hommes, plus clairvoyants que ne le disaient leurs adversaires, avaient déjà suffisamment diversifié leurs avoirs et effectué des investissements dans des activités multiples, non seulement pour être protégés contre le changement, mais pour tirer un bénéfice du développement économique. Le fossé entre 1'aristocratie et la gentry d'une part et la Upper-middle classe manufacturière d'autre part, se comblait. Un réseau de liens familiaux et financier se tissait entre elles ; ensemble elles prenaient part aux entreprises industrielles et commerciales. La croissance urbaine valorisait la terre des Landlords aux abords des cités ; ils engageaient leurs capitaux dans les chemins de fer, les voies d'eau ou l'exploitation des ressources minières de leurs domaines".

Pour toutes ces raisons, auxquelles il faut ajouter le facteur religieux, la révolution anglaise a été incomplète : une certaine légitimité hétéronome est restée ANGLETERRE : Vivent DIEU et le ROI ! et a été reconnue aux aristocrates et au premier d’entre eux : le roi. C’est donc dans le cadre de cette structure sociale que l’Angleterre forge l’identité du gentleman.

 

SNOBISME ET MYTHE DU GENTLEMAN

 

''Le snobisme anglais s’était déjà attelé à la tâche bienfaisante (Trevelyan évoque le XII° siècle), qu’il a poursuivie à travers les siècles, de répandre dans le peuple la culture de la classe supérieure. Sous le règne d’Édouard III (1327-1377) encore, un chroniqueur nous dit que ''les roturiers se mettent au rang des gentilshommes et font de grands efforts pour parler français ou pour en avoir la réputation''[2]. L’origine du mot ''snob'' semble être la suivante : ''Les registres de la très huppée Université de Cambridge étaient tenus en latin. En face du nom des élèves plus pourvus d'argent que d'ancêtres, on notait discrètement S.Nob, Sine Nobilitate, lu ''snob'' ! ''.

Trevelyan pointe un aspect caractéristique de la société anglaise. Hiérarchie et mimétisme. Dans cette société très hiérarchisée, chaque classe essaie d’imiter la classe supérieure et méprise peu ou prou la classe inférieure. C’est le snobisme. Chauviré l’avait déjà noté pour la période élisabéthaine :

''Cette société élisabéthaine, il faut nous la figurer comme une bousculade épaisse où chacun, assez populacièrement, joue des coudes, centré sur la conquête de tout ce que procurent les biens matériels, luxe, pouvoir, prestige, somme toute un monde enivré de lui-même et, comme il arrive aux parvenus, fort snob''.

Ce n’est pas le libéralisme de l’école économique anglaise qui va modifier les comportements.

Notons que le snobisme est le fait de classes parvenues. Il ne viendrait pas à l’idée d’un être ''bien né'', d’un ''nobleman'', de mépriser ses ''inférieurs''. Ce sont, au contraire, les classes qui pensent être arrivées à un certain niveau social qui veulent se détacher de leur milieu d’origine en le ''snobant''.

''Le désir secret, l’espoir intime de tout Anglais de la classe moyenne est d’être pris pour un gentleman'', relève Pasquet.[3]

En France, à l’inverse, on a rêvé longtemps de mettre les aristocrates ''à la lanterne''. Rendons grâce à la Révolution française et à ses suites de nous avoir évité cet aplatissement antirépublicain[4]. Mais nous sommes en Angleterre, où les révolutions ont sans cesse renforcé l’aristocratie tant au plan quantitatif par intégration de la bourgeoisie d’affaires, qu’au plan qualitatif par la multiplication de ses implications dans la vie économique, dans le business.

En lisant Hobbes, on peut relever une convergence : d’abord, du bas vers le haut :

''Les richesses sont honorables pour la puissance qu’elles confèrent. La pauvreté n’est pas honorable. (…). Prier quelqu’un pour qu’il nous accorde une aide quelconque, c’est l’ HONORER parce que c’est le signe que nous pensons qu’il a la puissance de nous aider (…)'' et encore ''faire d’importants cadeaux à quelqu’un, c’est l’honorer car c’est acheter sa protection et reconnaître sa puissance''.

puis du haut vers le bas :

''Se montrer avec ostentation, autrement dit se faire connaître par son opulence, sa fonction, ses grandes actions ou par un service éminent est honorable car c'est une marque de la puissance par laquelle on est en vue. Au contraire, rester dans l’obscurité n'est pas honorable''.

 

Au total, le Gentleman sort de plusieurs moules :

 

-Celui du business, et de la fortune, faute de quoi on ne pourra accéder à la propriété foncière. J. Locke qui était dans les affaires aussi à l’aise que dans sa bibliothèque s’intéressait à ce ferment social - la middle class- déjà vigoureux en ce XVII° siècle qui fut pour l’Angleterre celui des ''révolutions'' : ''je me propose de former des gentlemen qui soient en mesure de mener leurs affaires avec intelligence et profit '. Mot clé.

-celui de l’anticommunisme. Le 38° article des célébrissimes Thirty-Nine Articles of Religion a fait entrer dans la common law l’anticommunisme. Le Test Act de 1672 rendait obligatoire leur acceptation pour devenir fonctionnaire de sa majesté. Exigence annulée en 1824 mais le pli a été pris. John Wesley, fondateur du méthodisme, a repris beaucoup de points des 39 articles dont le 38° qui est le n°24 dans ses Articles of Religion (1784).

Article XXIV—Of Christian Men's Goods

The riches and goods of Christians are not common as touching the right, title, and possession of the same, as some do falsely boast. Notwithstanding, every man ought, of such things as he possesses, liberally to give alms to the poor, according to his ability.

Certes, le méthodisme n’est qu’une branche du protestantisme mais cette disposition montre à quel point le refus de la communauté des biens est ancré dans la mentalité anglo-saxonne, anglicanisme et méthodisme étant vite transplantés aux colonies qui deviendront Etats-Unis d’Amérique. Tout cela explique les discours sur "l’empire du Mal", les chasses aux sorcières, …

-celui de la religion. "Tout homme qui a la prétention d'être un gentleman, toute femme qui a la prétention d'être une lady doit fréquenter, sinon l'église anglicane, tout au moins une chapelle non-conformiste quelconque''. C’est ainsi que ''la religion est devenue en Angleterre une question de classe. Elle fait partie de la définition du gentleman'' (Pasquet cité par Lesourd). Pasquet nous dit le rôle social de la fréquentation religieuse : ''La parade qui suit la sortie des offices est pour les dames un motif plus puissant que tous les versets de l’Évangile ' avait-il observé.

-celui du Restraint : J’ai déjà cité cette observation de Gustave Le Bon qui avait noté cette phrase d’un éducateur anglais qui, parlant de ses élèves, avait dit ''Je tâche de couler du fer dans l'âme des enfants''. Mais il y a mieux

"Après Darwin, (mais aussi après Dilke, sans doute, JPR) il fut normal, voire intelligent, de balayer les génocides par un haussement d'épaules. Si l'on montrait son indignation, on témoignait seulement de son manque d'éducation. Seuls protestaient les vieux barbons qui n'avaient pas réussi à suivre les progrès des sciences naturelles. (…). W. Winwood Reade, membre de la Geographical Society et de l'Anthropological Society à Londres, et correspondant de la Société de géologie à Paris, termine son livre Savage Africa (1864) en prédisant l'avenir de la race noire. Il affirme que l'Afrique sera partagée entre l'Angleterre et la France. Sous l'autorité européenne, les Africains vont assécher les marais et irriguer les déserts. Ce sera une tâche difficile, et les Africains disparaîtront probablement. « II nous faut apprendre à considérer ce résultat avec sang-froid, il illustre la loi bienfaisante de la nature, qui statue que le faible doit être éliminé par le fort "[5].

-enfin, le Gentleman sort du moule qui lui aura appris le refinement. L’éventail de la compréhension du concept est très ouvert. Observons les gentlemen à l’ouvrage dans la construction du British empire. L’armée de sa Majesté avec à sa tête les gentlemen en veste rouge et pantalon blanc au pli impeccable va soumettre les races inférieures avec raffinement.

 

LES GENTLEMEN AUX COLONIES

 

Le masque du gentleman concourt à l’édification du mythe de la distinction de la société britannique, de son raffinement. Derrière cela malheureusement se dissimule la violence d’une classe qui refuse le partage de sa domination sur le monde.

Les gentlemen à l’œuvre : une activité déjà ancienne

Je ne vais pas rappeler les massacres en Irlande et en Écosse. Les premiers qui les ont ordonnés et pratiqués de leur main remontent à l’époque élisabéthaine et je ne pense pas qu’ils méritent le titre de gentlemen (même s’ils en sont les ancêtres). En effet, ils leur manque un ''R'', celui de Restraint, les élisabéthains manquent de retenue, trop voyants, trop expansifs, trop bling bling, déjà. Quant aux massacres génocidaires cromwelliens, ils sont commis par des puritains à qui il manque un autre ''R'' celui de Refinement, Cromwell est souvent outrageusement vulgaire. Il faut attendre la Glorieuse révolution pour qu’Albion produise de vrais gentlemen.

Notons au passage que les Anglais, en bonne extirpating race comme dit le baronet Dilke, ont concrètement éliminé la civilisation de l’Irlande gaélique et celle de l’Écosse celtique. Au XVIIIème siècle deux nouveaux théâtres militaires s’offrent aux Gentlemen : les Treize colonies d’Amérique et l’Inde.

Au XVIII° siècle

En Amérique

Je parlerai plus longuement du comportement des Anglais à l’égard des Indiens du Nouveau Monde dans le chapitre consacré à la révolution d’Indépendance des Etats-Unis. Je citerai simplement ce cas : la guerre dite de Pontiac (1763) est marquée par un crime de guerre. Les lettres échangées entre Lord Amherst, officier général de l’armée coloniale anglaise, et son adjoint, le colonel Henri Bouquet sont accablantes :

"You will do well to try to inoculate the Indians by means of blankets, as well as every method that can serve to extirpate this execrable race"[6].

Il s’agit de couvertures infectées par le virus de la variole (smallpox en anglais). Dans une autre lettre datée du 9 juillet 1763, Amherst parle des ''Measures to be taken as would Bring about the Total Extirpation of those Indian Nations'' [7] il parle ailleurs (lettre du 7 août) de ''their Total Extirpation'' ce qui n’exige pas de traduction. On a reconnu le mot cher à Dilke.

 

Aux Indes

Il y aurait beaucoup à dire sur le Major-général Robert Clive (1725-1774), 1er baron Clive de Plassey, pair d'Irlande, gouverneur du Bengale. C’est le grand conquistador anglais de l’Inde. Ainsi combat-il une armée hollandaise sur le territoire de l’Inde alors même que l’état de guerre n’a pas été déclaré entre les deux pays. Il remporte la victoire de Plassey - considérée comme le point de départ de l’empire anglais des Indes - pour avoir soudoyer un adversaire dont les troupes passèrent de son côté lors de la bataille. De cet adversaire - devenu de facto son vassal - il fait le souverain du Bengale. En échange de quoi, il exige et obtient un dédommagement de 234.000 £ payées en liquide, un titre de noblesse Moghol et un domaine qui lui rapporte une rente annuelle de 30.000 £. A titre de comparaison Sir C. Campbell (1863) pour service rendu à la Couronne fut élevé au pairage ''and granted a generous pension of £ 2,000 a year''.

Cette conduite ouvrit la porte à une corruption généralisée que Clive lui-même dut ultérieurement tenter de limiter. De surcroît, il obtint l’exemption d’impôts pour tout le commerce de la Compagnie des Indes et pour les échanges privés entre membres de la Compagnie. Véritables détenteurs de la souveraineté interne du Bengale, les Anglais se mirent à travailler pour leur propre compte vivant en parasites sur le dos de la colonie. Cela lui valut un long procès à son retour en Angleterre. Ayant à rendre compte de son immense fortune, il déclara avoir repoussé bien des tentations de corruption ''Par Dieu, je suis moi-même surpris par ma propre modération !'' Mais comment sanctionner celui qui a créé les fondements de l’Empire anglais des Indes ? Celui que W. Pitt appela ''a heaven-born general'' ? Un général par la grâce du Ciel ? En 1773, le Parlement décréta qu’il avait bien mérité de la patrie [8].

Son successeur Warren Hastings, fut entendu également par la chambre des Lords, accusé de malversations, corruption, d’injustice et de tyrannie à l’égard des princes hindous. Acquitté. Warren Hastings était administrateur au Bengale quant se propagea une famine désastreuse où les Anglais ont quelque responsabilité liée à leur fiscalité tyrannique qui leur faisait prélever semences et bétail chez les paysans insolvables. En 1772, il rapporte :

''Malgré la mort d'au moins un tiers des habitants de cette province, et malgré la diminution des cultures qui en est résultée, la recette nette de l'année 1771 a dépassé même celle de 1768... On pouvait naturellement s'attendre à ce que la diminution des rentrées allât de pair avec les autres conséquences d'une telle calamité. Qu'il n'en ait rien été est dû au fait qu'elles ont été maintenues par la violence à leur niveau antérieur'' [9].

Au XIX° siècle

Le théâtre des opérations coloniales britanniques s’élargit. Si les Anglais laissent à d’autres Anglo-saxons - les Américains - le soin ''d’extirper'' les Peaux-Rouges, ils sévissent toujours en Inde et maintenant en Afrique.

En Inde

La torture

La torture a été un mode d’administration de l’Inde par les Anglais. Il est dit que les Indiens la pratiquaient avant l’arrivée du colonisateur. Mais les Anglais affirmaient apporter la modernité occidentale dans ce pays-continent. C’est sans doute leur goût pour la tradition qui leur fait perpétuer ces méthodes. Les abus furent tellement criants que Westminster institua la Commission d’enquête de Madras sur la torture en Inde (1855). Un Livre Bleu (Blue Books) a été présenté à la Chambre des Communes qui en débattit avant même qu’éclate le Révolte des Cipayes. Je n’en extrais qu’un court témoignage [10].

La récolte ayant été très mauvaise du fait de l’insuffisance de la Mousson, les paysans ne purent payer les impôts exigés. Leur refus tourna à la jacquerie. Leurs pétitions furent méprisées :

''Still we got no justice. In the month of September, a notice was served upon us, and twenty-five days after, our property was distrained, and afterward sold. Besides what I have mentioned, our women were also ill-treated; the kittee was put upon their breasts [11]."  

Marx écrivit un article célèbre sur ce point qui parut dans le New-York Daily Tribune du 17 septembre 1857 [12].

 

Les Cipayes[13]

''"Good bag to-day ; polished off rebels", it being borne in mind that the "rebels" thus hanged or blown from guns were not taken in arms, but villagers apprehended "on suspicion"''. Ce texte de C.W. Dilke, baronet, MP, est la meilleure source trouvée pour confirmer cette incroyable méthode de mise à mort de l’ennemi : l’exécution par la bouche du canon. ''Blown from guns''[14] c’est-à-dire littéralement ''soufflés'', ''volatilisés'' comme une maison par une explosion, dispersés, éparpillés par le boulet du canon (gun) qui passe au travers du corps de la victime attachée à l’extrémité du fût. A partir de là, on peut suivre les propos de Jules Verne :

''Dix canons furent rangés sur le champ de manœuvres, un prisonnier attaché à chacune de leurs bouches, et, cinq fois, les dix canons firent feu, en couvrant la plaine de débris informes, au milieu d’une atmosphère empestée par la chair brûlée. Telle fut cette première et horrible exécution, qui devait être suivie de tant d’autres. (…). Voici, d’ailleurs, l’ordre du jour qu’à cette date même, à Lahore, le brigadier Chamberlain portait à la connaissance des troupes natives, après l’exécution de deux Cipayes du 55e régiment : ''Vous venez de voir attacher vivants à la bouche des canons et mettre en pièces deux de vos camarades ; ce châtiment sera celui de tous les traîtres. Votre conscience vous dira les peines qu’ils subiront dans l’autre monde''.

Mais ce Chamberlain respecte son statut de gentleman :

''Les deux soldats ont été mis à mort par le canon et non par la potence, parce que j’ai désiré leur éviter la souillure de l’attouchement du bourreau et prouver ainsi que le gouvernement, même en ces jours de crise, ne veut rien faire qui puisse porter la moindre atteinte à vos préjugés de religion et de caste''.

Humour britannique, peut-être ; plus sûrement expression du raffinement du gentleman. Le récit continue :

''Le 30 juillet, douze cent trente-sept prisonniers tombaient successivement devant le peloton d’exécution, et cinquante autres n’échappaient au dernier supplice que pour mourir de faim et d’étouffement dans la prison où on les avait renfermés''[15].

En Afrique

Les Anglais ont conquis ce qui s’appelle aujourd’hui le Ghana aux dépens du peuple Ashanti. C’est contre lui que les colonialistes utilisèrent pour la première fois (1874) les mitrailleuses Maxim qui tiraient onze coups à la seconde… C’est Lord Garnet-Wolseley, qui commandait les troupes britanniques lors de la première guerre contre les Ashanti, en 1874-1876, qui eut l’honneur de mettre en œuvre cette innovation. Il rencontra quelque résistance et y prit réellement plaisir. ''C'est seulement par l'expérience de la sensation que nous apprenons quelle joie intense et captivante, et ce, même à l'avance, peut apporter l'attaque de l'ennemi... Toutes les autres sensations ne sont que le tintement d'une sonnette comparé au vacarme de Big-Ben''[16]. Il réussit sa campagne en un tour de main, ce qui lui valut des honneurs extraordinaires à son retour. Félicitations des deux chambres du Parlement, 25.000 £ de rente, citoyen d’honneur de la ville libre de Londres, docteur honoris causa des universités d’Oxford et de Cambridge…Il laisse même un adage "everything's all Sir Garnet" ce qui signifie à peu près « tout est en ordre, tout est en règle ». Évidemment, onze coups à la seconde…

La deuxième guerre contre les Ashanti, en 1896, n'offrit aucune occasion d'expériences semblables. A deux jours de marche de la capitale Koumassi, Robert Baden-Powell, le futur fondateur du scoutisme, qui commandait l'avant-garde, reçut un émissaire qui proposa une reddition sans condition. A son grand dépit, Baden-Powell ne put tirer un seul coup de feu sur les indigènes. Pour déclencher les hostilités, les Britanniques allèrent jusqu’à des provocations extrêmes. Le roi des Ashanti fut arrêté avec sa mère ; on les obligea à ramper à quatre pattes jusqu'aux officiers britanniques qui, assis sur des boîtes de biscuits, reçurent leur capitulation. Toute la presse illustrée londonienne publia les images de la cérémonie de capitulation à Koumassi. ''Ces dessins sont l'expression d'une arrogance raciste qui ne recule pas devant la plus extrême humiliation de l'ennemi'' écrit Lindqvist[17].

Ces gentlemen ne se comporteraient jamais de la sorte en Angleterre. K. Marx écrit à ce sujet :

''L'hypocrisie profonde et la barbarie inhérente à la civilisation bourgeoise s'étalent sans voile devant nos yeux lorsqu'elle passe de son foyer natal, où elle assume des formes respectables, aux colonies où elle se présente sans voile''[18].

Mais, en 1863, l’Anthropological society, nettement raciste dit Lindqvist, avait organisé sa première conférence sur le thème ''on the Negro’s Place in Nature'' où fut mis l’accent sur le lien étroit entre le nègre et le singe…[19]

La noblesse de Lord Kitchener

Au retour de sa campagne du Soudan, Lord Kitchener déclara haut et fort que sa victoire avait ouvert la vallée du Nil sur toute sa longueur « aux influences civilisatrices de l’entreprise commerciale ». Rien n’est plus en phase avec les autres périodes d’expansion qui ont provoqué les révolutions d’Angleterre. Kitchener va se conduire en gentleman au Soudan et en Afrique du sud.

Le baron Kitchener of Khartoum

Résultat de recherche d'images pour " Omdurman,  illustrations"A Omdurman[20], en 1898, la plus forte résistance militaire africaine fut écrasée, exterminée. Lord Kitchener et ses officiers « impeccables dans leurs uniformes blancs » avec 26.000 soldats y testèrent pour la première fois l’arsenal européen complet - canonnière, mitrailleuse ''Maxim'', fusils à répétition et balles dum-dum[21] - contre un ennemi supérieur en nombre - 52000 h. -et très résolu, les Mahdistes du calife Abdullah al-Taashi, mais qui commit une sous-estimation fatale de l'efficacité de l'armement moderne. Winston Churchill -que S. Lindqvist présente comme l'un des peintres de la guerre ''les plus guillerets''- (sic), était correspondant de guerre pour The Morning Post. Il a décrit la bataille dans plusieurs ouvrages.

Récit du 2 septembre 1898 (extraits) :

''…Les fantassins tiraient régulièrement et impassiblement, sans hâte ni excitation, car l'ennemi était loin. Mais, bien vite, cet acte purement mécanique devint monotone. Les fusils devinrent chauds - si chauds qu'il fallut les changer pour ceux des compagnies de réserve. Les mitrailleuses Maxim épuisèrent toute l'eau contenue dans leurs manchons...Les douilles vides tombaient en tintant sur le sol et formèrent bientôt un tas sans cesse croissant à côté de chaque homme. Et durant tout ce temps, sur la plaine, les balles fendaient les chairs, brisaient les os en éclats ; le sang giclait de blessures terribles ; des hommes vaillants avançaient dans un enfer de métal sifflant, d'explosions d'obus et de nuées de poussière - ils souffraient, perdaient espoir et mouraient. La grande armée des derviches, poursuivie par le 21° lanciers, laissait derrière elle plus de neuf mille morts et davantage encore de blessés. (…). Ainsi s'acheva la bataille d’Omdourman - la plus éclatante victoire jamais remportée sur les barbares par les armes de la science. En cinq heures, la plus forte armée de sauvages jamais dressée contre une puissance européenne moderne avait été détruite et dispersée, sans guère de difficultés, avec, en comparaison, peu de risques et des pertes insignifiantes pour les vainqueurs''.

Le bilan est, en effet, impressionnant. Du côté colonialiste, on dénombre 45 ou 48 morts, selon les sources, 350 blessés. Du côté soudanais, il y eut de 9700 à 11000 morts directs en une seule journée répétons-le (d’où la ''chaleur'' des fusils !) mais, écrit Lindqvist, ''personne ne s’interrogea sur le fait que quasiment aucun des seize mille Soudanais blessés n'ait survécu'' et il ajoute en note, ''l’exécution des blessés fut défendue (''justifiée'' eût été une meilleure traduction, JPR) dans the Saturday Review, des 3 et 10 septembre 1898''.

Churchill est admiratif :

''Jamais l'on ne verra rien d'équivalent à la bataille d’Omdourman. Ce fut le dernier maillon de la longue chaîne de ces conflits spectaculaires dont la splendeur frappante et majestueuse (sic) a tant fait pour conférer de l'éclat à la guerre'' et encore ''cette sorte de guerre était pleine de frissons fascinants. (…). Personne ne s'attendait à être tué... Pour le plus grand nombre de ceux qui prirent part à ces petites guerres d'Angleterre, dans ces temps légers et disparus, il n'y avait que le côté sportif d'un jeu splendide''…''Ce n'était pas comme la Grande Guerre'' écrit-il en 1930.

Évidemment, en 1914-1918, les Anglais eurent en face d’eux un ennemi qui combattait à armes égales… Le côté sportif des massacres coloniaux avait disparu. Après un retour absolument triomphal, une réception par la reine Victoria en personne, Kitchener fut promu baron de Khartoum et d’Aspall. Mais il allait gagner un titre encore plus glorieux.

 

Le vicomte Kitchener of the Vaal

Tenu de pacifier le pays rapidement, il comprend que pour réduire l'autonomie des commandos boers - qui mènent une guerre de ''partisans'' comme dira Carl Schmitt - il faut éradiquer leur source d'approvisionnement ; leur mobilité dépend en effet de leur capacité à se fournir sur le terrain. C'est dans ce but que Kitchener instaure la politique de la terre brûlée, à l'exemple de nombreux de ses prédécesseurs dans l'histoire britannique– scorched earth tactics –. Le principe en est simple : on brûle ou on fait sauter les fermes, on détruit les récoltes, on emmène ou on tue le bétail et on ''reconcentre'' la population civile dans des camps. C'est là que débute ''le traumatisme boer'' nous dit Teulié dont j’exploite les travaux[22]. 


''Mme Roos, une anglaise quinquagénaire épouse d'un Boer, explique que ''le dimanche 4 août 1901, les Anglais sont arrivés sur leur ferme et leur ont donné une demi-heure pour prendre leurs affaires afin d'être conduits au camp (consentration -sic- camp) de Heilbron''. Entassés dans des chariots dans lesquels il n'y avait pas de place ils virent leur fermes brûler en s'éloignant, puis: ''As far as we went with the convoy, the Khakies burnt, and destroyed everything that came in their way. They killed all the poultry, pigs etc. and even caught the poor pet cats and dogs, and threw them alive, into the glaring flames. The Tommies dragged us from farm, to farm for five days to collect the women, and burn their homes. I assure you, it was most pitiful to see such destruction, and misery. The weeping and supplications of the poor mothers was heartrending to behold''''.

Et aussi :

''G. Landman, héros de la guerre des Boers, qui combattit à côté du général Ch. Beyers à Colenso, à Spioen Kop, à Nooitgedacht, tuant parfois tellement de Kakis en un seul jour que les cadavres étaient empilés par cinq sur un champ de bataille de dix kilomètres sur douze, Gabriel, dont la femme et l'enfant - ''ma mère, ma sœur''- furent assassinées dans un camp de concentration par les Anglais qui mirent du verre pilé dans leur soupe''[23].

Du verre pilé dans la soupe des camps de concentration…''Toutes les valeurs reconnues comme faisant partie de la civilisation occidentale semblent avoir été bafouées par les Anglais d'après les récits des déportés qui sont parvenus jusqu'à nous'', écrit timidement Teulié.

Le point de vue Boer-Afrikaner est donné par W.J. de Kock (U. du Cap) :

''Face à l’extermination, les républiques boers durent se résigner à la défaite. Le coût de la guerre fut élevé. La quasi-totalité des fermes étaient en ruine. 26.000 femmes et enfants boers étaient morts de maladies épidémiques dans des ''camps de réfugiés'' où on les avait entassés après avoir détruit leurs fermes. ( …). La politique implacable de la terre brulée, appliquée par l’armée britannique pendant les deux dernières années de la guerre, avait détruit non seulement les foyers boers et les récoltes mais aussi le bétail et même les volailles''[24].

Tous ces forfaits ont été accomplis par les gentlemen ou par leurs exécuteurs de basses œuvres. Mais ces deux sortes d’individus s’entendent comme larrons en foire. Dès cette époque, on voit à l’œuvre, ainsi que l’écrit H. Arendt pour l’impérialisme du XIX° siècle,

''le parfait gentilhomme et la parfaite canaille (qui) finissaient par bien se connaître dans la ‘grande jungle sauvage et sans loi’ et (qui) s’y trouvaient bien assortis dans leur immense dissemblance ; âmes identiques sous des masques différents''[25].

Il n’est pas sans intérêt de noter que Kitchener fera des émules. Lors de la guerre des Philippines menées par les Américains pour s’emparer de l’archipel (1899-1903), estimant que le conflit a assez duré, on passera à l’ordre du jour suivant : ''Will Show No Mercy ! Kitchener Plan Adopted ! ''.

 

 

L’hagiographie de l’Angleterre ne date pas d’hier. Elle est toujours actuelle même si des évènements récents (je pense à la guerre d’Irak déclenchée à partir d’un mensonge d’État, où des tortures furent infligées à des Irakiens par des soldats anglais) écornent vivement cette image. Voici par exemple, l’éditorial d’une revue française, éditorial titré "Torture : l’Angleterre à part"[26]. Tout n’est-il pas dit ? Pas exactement car l’auteur, spécialiste du Moyen-âge précise, in fine, que "La question est de savoir pourquoi l'Angleterre médiévale crut pouvoir se passer de la torture, alors que le continent l'estimait un auxiliaire indispensable (…)". Mais les "éléments de réponse" qu’il avance engagent l’Angleterre sur la durée : "Sourde résistance du peuple anglo-normand, dans le prolongement de la Grande charte. Contrôle jugé suffisant de la criminalité par les moyens ordinaires. Absence des grandes hérésies et du même coup absence des tribunaux d'inquisition. Conscience de la spécificité anglaise". Spécificité anglaise ! comme dit A. Blair "The British are special". J’ai dit le supplice des moines chartreux sous Henri VIII, Les TUDOR : Henri VIII. En 2006, le journal Le Monde rendait compte de l’exhumation par The Guardian de photos et documents prouvant que "des soldats anglais (avaient) torturé en Allemagne"[27]. Cela se passa en 1947 dans le camp d’internement Bad Neendorf. Tortures pratiquées sur qui ? des nazis ? non pas, mais "sur des Allemands soupçonnés de sympathies … communistes". "372 hommes et 44 femmes seront victimes de tortures infligées au moyen d’instruments récupérés dans une prison de la gestapo à Hambourg (…)".

 



[1] L’Angleterre triomphante, 1832-1914, Hatier université, Paris, 1974, page 15.

[2] TREVELYAN (Cambridge), Précis d’histoire…, page 120.

[3] Dans sa thèse sur ''les ouvriers de Londres'' (1913), citée par J.A. LESOURD, auteur d’une thèse sur « Les catholiques dans la société anglaise 1765-1865 », 2 tomes, 1978, CNRS.

[4] Mais nous avons eu, nous aussi, des exemples d’à-plat-ventrisme contre-révolutionnaire : lire J. Gazave, "La terre ne ment pas", pages 68, 145, 148, 149. Son livre est dédié, entre autres, "au marquis de Pomairols dont l‘action, l’influence et la vie accroissent noblement un patrimoine de cinq siècles de services civiques, de valeur militaire, de renom littéraire et d’honneur paysan ". Fermez le ban ! Livre écrit et publié en 1941. Gazave était membre de l’Action française et pétainiste, cela ne surprendra personne.

[5] S. LINDQVIST, p.173. C’est moi qui souligne.

[6] "Vous feriez bien d'essayer d'infecter les Indiens avec des couvertures, ou par toute autre méthode visant à extirper cette race exécrable".

[7] Lettre à Sir William Johnson, chef du département des affaires indiennes du Nord. « Les mesures à prendre qui conduiraient à l’extirpation totale de ces nations indiennes ». 

[8] Ce paragraphe doit beaucoup à l’article de l’Encyclopaedia Britannica, 15° édition, dont les informations concordent avec d’autres sources. Sauf l’Encyclopaedia Universalis qui dit carrément ''(Clive) laisse la réputation d’un homme (…) particulièrement intègre''.

[9] Cité par R. PALME DUTT, L’Inde, aujourd’hui et demain, page 60.

[11] Le kittee était un instrument de torture d’utilisation régulière en Inde. Il présentait quelque ressemblance avec la vis moletée si courante, fut un temps, en Angleterre et en Écosse. En bois et ressemblant un peu à une sorte de presse-citrons ménager, on serrait entre ses deux pièces de bois les parties les plus sensibles du corps de la victime : les mains, les pieds, les oreilles, le nez, les seins des femmes ou les parties génitales d’un homme. Chaque tour de vis écrasait toujours plus la partie torturée jusqu’à ce que la victime ne puisse plus supporter son agonie ou, ce qui était plus fréquent, s’évanouissait sous la douleur. L’usage du kittee provoquait une incapacité permanente. Il y avait une variante : l’engin de torture était constitué de deux pièces de bois, entre lesquelles on posait une main ou un pied du prisonnier, et le bourreau se positionnait sur la planche supérieure ou alors on y posait des poids lourds et on laissait la victime souffrir pendant des heures. Extrait de “History of Torture throughout the Ages” par George Ryley Scott, 1951, réédition de 2003, Kessinger Publishing. En ligne.

[12] https://www.marxists.org/archive/marx/works/1857/09/17.htm

[13] Lire l’article de William DALRYMPLE, la révolte des cipayes, Monde diplomatique, août 2007.

[14] C.W. DILKE, Greater Britain, 1869, page 447. Le peintre russe Vassili Verechtchagino en a fait une reproduction (1887) visible sur le net. Lire aussi « Il y a cent cinquante ans, la révolte des cipayes » par William Dalrymple. Monde diplomatique, août 2007.

[15] Jules VERNE, La maison à vapeur, pp. 39-42.

[16] S. LINDQVIST, page 85.

[17] S. LINDQVIST évoque à ce propos le livre de Joseph Conrad. ''Dans Au cœur des ténèbres, Harlequin décrit comment les indigènes s'approchaient de leur idole, Kurtz, en rampant à quatre pattes. Marlow réagit violemment. Il recule en criant qu'il ne veut pas entendre parler de cérémonies pareilles. La pensée de chefs en train de ramper lui semble encore plus insupportable que la vision de têtes humaines en train de sécher sur des pieux autour de la maison de Kurtz''.

[18] Extrait d’un article paru dans le New York Daily Tribune, 8 août 1853. Cela est vrai pour le XIX° siècle. Nous avons vu, précédemment, comment les Anglais réussirent à soumettre les civilisations irlandaise et écossaise. 

[19] Et cela un siècle après les travaux de Buffon qui affirmait le contraire, la solution de continuité entre l’homme (blanc, noir, …) et le singe, sans chaînon manquant. Et d’aucuns traitent Buffon de raciste…

[20] Rive gauche du Nil, aujourd’hui un quartier de Khartoum.

[21] La balle dum-dum tire son nom de l'usine de Dumdum, près de Calcutta, où elle fut inventée et brevetée en 1897. L'ogive cisaillée en croix de la balle cause des blessures particulièrement graves, qui guérissent très mal. L'utilisation de la balle dum-dum fut prohibée entre Etats ''civilisés'' par la première Conférence internationale de la paix de La Haye en 1899. Ces munitions furent réservées pour la chasse au gros gibier et les guerres coloniales. La balle dum-dum fut donc utilisée en 1898 à Omdurman. Concernant la mitrailleuse Maxim, l’encyclopédie Wikipédia semble bien renseignée. Je vous y renvoie.

[22] G.TEULIE, Les Afrikaners et la guerre anglo-boer (1899-1902), univ. P.Valéry, Montpellier, 2000, 496 p.

[23] André Brink (U. du Cap), Afrikaner, combattant l’apartheid, ''un acte de terreur'', cité par TEULIE.

[24]Histoire de l’Afrique du sud, Pretoria, 1972, page 20. Livre écrit après la sortie du Commonwealth et la création de la république d’Afrique du sud.

[25] H. ARENDT, L’Impérialisme, page 119.

[26] L'Histoire N°67 Mai 1984, éditorial signé Philippe Contamine, professeur à l'université de Paris X-Nanterre.

[27] Titre de l’article de J.-P. Langellier paru dans l’édition du 9 avril 2006.


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