Voici une brève biographie d’une femme communiste dont on célèbre en ce moment le centenaire. C’est une vie à tous égards exemplaire qui montre la richesse historique du 20° siècle et la richesse biographique de ces militants du courant communiste dont la vivacité fonde l’originalité de notre pays. Raymonde Tillon a connu l’avant-guerre avec un époux syndicaliste CGT, puis elle "entre en résistance", bien avant l’invasion de l’URSS par les Nazis, est déportée en Allemagne où son courage extrême lui permet de survivre. Elle réussit même à s'évader. A la Libération, elle incarne l’émancipation des femmes en devenant, non seulement électrice, mais députée. Son époux, Charles Tillon, communiste, est ministre du général De Gaulle. Dans les années cinquante, elle lutte avec son nouveau compagnon, contre le stalinisme, est exclue du parti mais reste fidèle à son idéal émancipateur. Une "méconnue de l’histoire" comme écrit C.-L. Foulon mais qui a fait l’Histoire. J.-P. R. la note 2 a été conçue par mes soins.
Raymonde Tillon a
cent ans aujourd’hui (22-X-2015)
Charles-Louis FOULON [1], historien.
Résistante, déportée à Ravensbrück, elle fut la première femme députée, communiste, de Marseille en 1945. Née à Puteaux, Raymonde Barbé perd ses parents à 5 ans et est élevée dans un orphelinat religieux avant de s’en enfuir, avant sa majorité, pour rejoindre son frère près d’Arles. C’est dans les Bouches-du-Rhône qu’elle est employée de commerce et qu’elle épouse Charles Nédelec, militant syndical cégétiste qui, devenu clandestin sous l’Occupation, devait mourir d’épuisement au printemps 1944. Une méconnue de l’Histoire, mais une militante exemplaire
C’est sa passion de la liberté qui lui fit rejeter le stalinisme et lier son sort à celui de Charles Tillon. Elle connut avec lui une terrible période d’isolement de 1952 à 1956. Écartée, puis exclue du PCF, refusant les diktats staliniens, Raymonde Tillon est une méconnue de l’Histoire. Pourtant, elle fut une militante exemplaire. Les mots du président de la République devant le Panthéon le 27 mai dernier Au Panthéon, un hommage incomplet à la Résistance (28 mai 2015) valent pour elle : Raymonde Tillon est admirable sans avoir voulu qu’on l’admire. Elle demeure un des nobles visages de la République. Aujourd’hui, elle est accablée par les maladies du grand âge, et nous lui devons un salut reconnaissant. L'Humanité, Jeudi, 22 Octobre, 2015 [1] Auteur de la postface des Mémoires de Raymonde Tillon, J’écris ton nom, Liberté. Éditions du Félin. 2002, 220 pages, 19,70 euros (2) extrait de l'encyclopédie multimédia de la Shoah : Entre 1939 et 1945, plus de 130 000 prisonnières sont passées par le
réseau de camps de Ravensbrück, et seules 40 000 y ont survécu. Les
détenues venaient de tous les pays de l’Europe occupée par les
Allemands, dont un quart de Pologne. Presque 15% des internées étaient
juives, 20% étaient allemandes, 7% françaises et près de 5% Tsiganes. (...) Le terme marche de la mort fut probablement inventé par les prisonniers des camps de concentration. Il fait référence aux marches forcées de prisonniers sur de longues distances et sous stricte surveillance, dans des conditions hivernales extrêmement dures. Pendant ces marches de la mort, les gardes SS maltraitèrent brutalement les prisonniers. Obéissant aux ordres explicites qui étaient d'abattre les prisonniers qui ne pouvaient plus marcher, les gardes SS abattirent en route des centaines de prisonniers. Des milliers de prisonniers moururent également de froid, de faim et d'épuisement. Les marches de la mort furent particulièrement nombreuses fin 1944 et en 1945, alors que les nazis tentaient de transférer les prisonniers vers l'intérieur de l'Allemagne |