15/09/2010 Le blog du Monde consacré aux « Droite(s) extrême(s) » nous offre de larges extraits d’un discours du président du Bloc identitaire qui souhaite, parait-il, se présenter à la présidentielle de 2012. Pour en prendre connaissance il faut aller sur : Comme
dans tous les discours d’extrême-droite, on baigne dans l’irrationnel, dans le
confus, le diffus, l’obtus. Je vais analyser deux thèmes qui semblent émerger
de ces extraits : le thème de l’identité et celui de la soi-disant
opposition entre civilisation et culture. ce seconde thème est abordé dans le 3° partie de cette série. 1. De quelle identité parle-t-on ? Européenne ou française ? L’individu en question déclare sans ambages : Ce qui nous intéresse c’est de faire parler de nous pour que l’on parle de l’identité. Laquelle ? Il semble de prime abord que l’on parle de l’identité européenne. Les mots utilisés sont « un candidat (…) de souche européenne », « le retour (…) de l’Europe », « l’identité européenne (…) forgée par 25.000 ans d’histoire »… il ya 25.000 ans environ, notre ancêtre européen était l’homme de Cro-Magnon. Le candidat identitaire devrait donc démontrer qu’il est un descendant de cet illustre aïeul. Pas simple. Et, en 25.000 ans, il s’en est passé des choses dans notre vieille Europe. Sa population résulte d’un brassage infini. Des populations « européennes » se sont tôt installées en Asie mineure. En retour, les très asiatiques Phéniciens ont essaimé dans des ports européens (Sicile, Andalousie..). À Lyon, on a retrouvé des pierres tombales portant le nom de marchands syriens (nom ultérieur des Phéniciens). Des Africains de Carthage - création phénicienne - se sont installés à Palerme, dans le sud de la Sardaigne, aux Baléares. Dira-t-on de l’africain Augustin (Saint Augustin, père de l’Eglise) qu’il n’est pas « européen » ? L’empire romain crée deux types de régions : celles qui ont été latinisées et les autres, au-delà du limes, qui ne le furent pas. Les Romains ont détruit la civilisation gauloise. Le français est une langue latine, pas gauloise. Auparavant, les Grecs avaient fondé Byzance, puis Constantin lui donna son nom et les empereurs byzantins en firent leur capitale. Elle fut européenne sang pour sang pendant deux millénaires. Et qu’est-elle aujourd’hui sinon un remarquable résumé de l’histoire du continent ? Les grandes invasions ont fait de l’Europe un melting-pot fabuleux. Avec les Huns et les Alains ont trouvent des Asiatiques un peu partout. Les Hongrois arrivent de l’Oural, les Sarrasins ou Maures ont sûrement laissé des héritiers là où ils se sont installés en Europe. Les Turcs sont allés jusqu’aux portes de Vienne et l’islam bosniaque leur est dû. On sait que la macédoine -mélange variés de légumes - doit son nom à la Macédoine, région polyethnique aux populations mêlées de façon inextricable. Les langues ougriennes ont la Sibérie pour origine géographique. L’« identité » européenne est difficile à définir. Les Élisabéthains anglais massacrèrent allégrement les Irlandais qui n’étaient pour eux rien d‘autres que des « Scythes » barbares parmi les barbares, « non-grecs » absolus. Une théorie fait, en effet, arriver les Irlandais d'Espagne et leur donne pour pays d'origine la Scythie et l'Egypte. Qu’est-ce que l’Europe dans tout cela ? Si l’Europe va de l’Atlantique à l’Oural, comme disait le général de Gaulle, il est légitime que des hommes d’Etat comme Bérégovoy (père ukrainien) ou Sarkozy (hongrois) ou Poniatowski (polonais) ou des célébrités comme Krasucki (polonais) assument les plus hautes fonctions dans notre pays. Et normalement les Identitaires n’auraient rien à redire. Seulement voilà, ils sortent simultanément l’identité de la France. Qu’est-ce qu’un Français ? L’obtention de la nationalité française par la filiation d’un père géniteur lui-même français ne suffit pas à nos Identitaires. « L’identité métissée d’un Besson est l’exact inverse de la définition de l’identité » selon eux. Le métissage source de tous les maux selon le comte de Gobineau. Eric Besson est né à Marrakech, d’un père français, officier d’aviation, et d’une mère libanaise. Orphelin, il est élevé par un beau-père également d’origine libanaise-égyptienne. On voit donc poindre le racisme anti-arabe voire l’hostilité antimusulmane. Propos scandaleux. Mais être français par le « referendum de tous les jours » cher à E. Renan ne leur convient pas non plus. « Être Français ne découle pas d’un contrat ou d’un choix de la part de l’étranger » (comprendre : le candidat à la nationalité française). Cela c’est « l’identité à la sauce républicaine ». Haro sur la République ! Mais c’est sans surprise, avouons-le. Que reste-il ? « L’identité européenne, forgée par 25.000 ans d’histoire, enfantée par une chaîne ininterrompue de paysans, d’artisans, de savants, d’artistes, de chefs de guerre comme aucun continent n’en a connu». 25.000 ans d’histoire ? Mais l’écriture était inconnue ! Cro-Magnon n’a pas laissé de souvenirs sinon son squelette. Il fait les délices des pré-historiens mais pas des historiens ! Ce sont les asiatiques Phéniciens qui passèrent leur alphabet aux Grecs qui le transmirent aux Romains (IV° siècle avant NE). On ne va pas insister. Disons notre désolation et notre effroi devant ce salut « aux chefs de guerre » qui sent sa nostalgie guerrière. N’oublions pas que l’extrême-droite, c’est la guerre et les morts. Effectivement l’Europe est un bon terrain d’étude pour l’histoire de la guerre. Les multiples invasions ont créé une instabilité permanente. Le château-fort est l’emblème du Moyen-âge. Les croisades sont faites le plus souvent par des bandits comme la IV° où l’on voit les chevaliers ‘chrétiens’ piller la plus riche des villes d’Europe : Constantinople, capitale chrétienne de l’empire chrétien d’Orient ! La Réforme et la Contre-Réforme nous offrent les guerres de religion, Louis XIV -l’idole des extrémistes à la Maurras - regrettera sur son lit de mort d’avoir « trop souvent fait la guerre », il a surtout dévasté le Palatinat de façon barbare ce qui laissera une marque indélébile chez nos voisins allemands. La « seconde guerre de cent ans » (1685-1815) est une suite perpétuelle de guerres entre la France et l’Angleterre qui entrainent de temps à autres le reste du continent. Ce sont aussi les monstrueux massacres des indigènes qui ne veulent pas être colonisés, période tragique où s’illustrera particulièrement l’Angleterre. Etc... Etc… Pour couronner le tout, deux guerres mondiales et des dizaines de millions de morts, puis les guerres de décolonisation… Ah ! certes, les chefs de guerre ont eu de quoi se faire la main ! Belle identité européenne. Le grand titre de gloire de l’Europe est le succès de la Révolution française qui donne au monde la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Mais les Identitaires ne se sentent pas concernés. C’est un texte qui a valeur universelle, qui est une date dans l’histoire de la civilisation, et les Identitaires sont contre la civilisation. ils le disent eux-mêmes. Fin de la seconde partie. A suivre. Les Identitaires, « Nouvelle » extrême-droite ? 3ème partie (1) A l’exception, semble-t-il, d’un village d’irréductibles, mais la source est peu sûre. [2] Voir
Traditionalisme et Révolution, chapitre IX, Le spectre rouge, [3] Sven LINDQVIST (Suède), Exterminez toutes ces brutes, (les origines du génocide européen), Les Arènes éditeur, Paris, 2007, 236 pages. |