En introduction lire LES R.I. DE 1936 à 1939. C. "LES GRANDES MANOEUVRES" avec référence video et mise en place. A
la fin du film, « John Rabe, le juste de Nankin »« John RABE, le juste de Nankin », 2009, Florian Gallenberger, les auteurs
écrivent que « jusqu’à ce jour (2009,
non rectifié en 2011 pour la publication du DVD) le gouvernement japonais n’a
toujours pas reconnu officiellement le massacre » de Nankin. C’est
un passé qui est dur à passer. En 1993, un nouveau premier ministre, à la tête
d’une nouvelle majorité (la précédente avait gouverné le Japon sous tutelle
américaine pendant toute la durée de la Guerre froide), et l’URSS ayant
disparu, avait amorcé un processus de reconnaissance de responsabilité. Il
avait parlé de guerre d’agression pour les actes de 1931 et 1937. Voici ce qu’écrivit le journaliste du Monde, correspondant du journal à Tokyo pendant des lustres, Philippe Pons : JAPON : lors de sa première conférence de presse M. Hosokawa a reconnu le caractère " agressif " de la politique impériale pendant la seconde guerre mondiale.[1] Ce qui peut paraître une évidence est au Japon une première : jamais un premier ministre n'avait admis aussi clairement que la guerre menée par le Japon depuis l'attaque contre la Chine, dans les années 30 jusqu'à la capitulation de 1945, avait été une invasion. Interrogé sur sa perception de la guerre, M. Hosokawa a répondu : "Personnellement, je pense que c'est une guerre d'agression". Lors de son discours de politique générale prononcé lundi 23 août devant la Diète japonaise, le nouveau premier ministre a confirmé : "Je pense qu'il est important aujourd'hui que nous exprimions devant le monde nos remords profonds et notre repentir pour le passé ainsi que notre détermination de faire de notre mieux à l'avenir". Le nouveau premier ministre japonais s'est référé de façon explicite à l'"agression" commise par son pays et à son "colonialisme, qui ont causé d'insupportables souffrances et des deuils à un grand nombre de personnes"[2]. Il
est ironique aux yeux de l'Histoire qu'alors que ses prédécesseurs se sont
toujours gardés de déclarations tranchées ce soit le petit-fils du prince Konoe,[3] premier ministre du cabinet qui déclencha la guerre
contre la Chine, qui, émettant certes une opinion personnelle, tranche une
question qui est loin de l'être par de nombreux historiens nippons. Ceux-ci
estiment que, sous la pression des Occidentaux, le Japon n'avait pas d'autre
solution que de se tailler un "espace vital" et qu'il passa dans un
engrenage inéluctable d'un impérialisme défensif à l'agression. Le quotidien Sankei (conservateur) publie un
commentaire de l'historien Kenichi Ito qualifiant la déclaration de M. Hosokawa
de "trop
simpliste" : "Le chef du gouvernement doit s'abstenir de déclarations
susceptibles de créer des malentendus", car "la guerre menée par
le Japon n'avait rien de commun avec celle lancée par les nazis".
En Asie, "il
s'agissait à la fois de libérer les pays soumis à la colonisation occidentale
et de les soumettre à la domination japonaise. S'il est impossible de justifier
cette agression, du moins a-t-elle déclenché un processus historique
d'indépendance dans ces pays". En 1945, l'agression japonaise ne faisait pas de doute dans les esprits. Puis, à la faveur de la guerre froide, le Japon passant dans le camp anticommuniste, les conservateurs, avec l'aval américain, en profitèrent pour édulcorer le passé, en particulier dans les manuels scolaires (souligné par moi, JPR). Au cours des vingt dernières années, le premier ministre, Yasuhiro Nakasone, avait admis qu'il fallait "reconnaître que la communauté internationale critiquait le Japon pour sa guerre d'agression". Noboru Takeshita alla un peu plus loin : "On ne peut nier le fait qu'il y ait eu agression". Stigmates d'un passé gênant. Dans la perspective de la déclaration solennelle de repentir qui fait partie du programme de la coalition, les propos de M. Hosokawa confirment que son cabinet cherche à en finir avec l'hypothèque qui pèse sur la rentrée en scène internationale du Japon : un passé non maîtrisé, souvent occulté. La Corée du Sud, colonisée par Tokyo de 1910 à 1945, a donné un large écho à la déclaration de M. Hosokawa. Reste, soulignent les médias japonais, à voir la forme que prendra ce repentir et comment sera traitée la question des indemnités. Le rapport sur les "femmes de réconfort", qui reconnaît la responsabilité de l'armée, constitue un premier pas (le Monde du 6 août 93). Faire sauter les verrous du passé est salutaire, mais peut entraîner l'ouverture d'une "boîte de Pandore" dont les dirigeants mesurent peut-être mal les conséquences. Des demandes se multiplient auprès de la sous-commission de l'ONU chargée des droits de l'homme pour que soient examinées les violations commises par les Japonais au cours de la guerre. Le Japon "repentant" risque de voir s'allonger le dossier des doléances. Après les Coréennes, les plus nombreuses, les "femmes de réconfort" du reste de l'Asie (et quelques Hollandaises) demandent elles aussi justice. Les vétérans philippins font également valoir les sévices subis pendant l'occupation : dix mille demandes d'indemnisation ont été déposées et quinze mille sont à l'examen. Le Japon étant le premier fournisseur d'aide aux Philippines, ces initiatives embarrassent Manille. D'autres
stigmates du passé sont plus gênants. Une Chinoise, Jing Lanzhi, vient
d'arriver à Tokyo en affirmant que les restes de son mari figuraient parmi les
ossements d'une centaine de corps, dont beaucoup portaient des traces de
sévices, découverts en 1989 sur l'emplacement de l'école médicale de l'armée à
Tokyo. De cet organisme dépendait la tristement célèbre unité 731 qui aurait
procédé à des expériences bactériologiques et de vivisection sur trois mille
prisonniers à Harbin, en Chine. Les historiens pensent que ces ossements
auraient été transportés au Japon, où ils ont été incinérés sans examen. Tokyo
a reconnu l'existence de l'unité 731, mais nie que des expériences aient été
faites sur des êtres humains. Le ministère de la santé a néanmoins ouvert une
enquête. Fin de citation. J’ai souligné le passage En 1945, l'agression japonaise ne faisait pas de doute dans les esprits. Puis, à la faveur de la Guerre froide, le Japon passant dans le camp anticommuniste, les conservateurs, avec l'aval américain, en profitèrent pour édulcorer le passé, en particulier dans les manuels scolaires. En effet, ces lignes n’eussent JAMAIS été écrites par Pons et Le Monde durant la Guerre froide. La Guerre froide a été l‘occasion d’un immense révisionnisme historique. L’ennemi mortel n°1 étaient l’URSS et le communisme. Tout ce qui l’évoquait ou s’en rapprochait devenait ou devait devenir mauvais : je pense à notre révolution de 1789, par exemple. A l’inverse, les criminels de guerre, nazis ou japonais, devaient autant que possible, être réhabilités. Pas question de dire que les Japonais ont commis de tels crimes. Il faut nier, tout nier. En bloc. Que ne nous disait-on pas, dans les années soixante, sur la qualité de vie de la civilisation japonaise ? Je pense au film « on ne vit que deux fois » (1967). Ou au propos laudateurs de Michel Droit à la télévision française. j’en passe bien sûr. Aujourd’hui
encore, alors que la Chine se réveille (à dire vrai, elle a déjà effectué sa gymnastique
matinale et a bien commencé la journée), qu’elle n’est plus le pays sous-développé
des années 20 et 30 que le Japon méprisait tant, que l’axe de défense des Japonais
est l’alliance américaine, que des conflits territoriaux sont récurrents entre
les deux pays, les conservateurs nippons refusent toujours de faire amende honorable. Lire aussi le rôle des bombes atomiques américaines qui firent du Japon une victime qui n'avait pas besoin de réfléchir sur ses responsabilités de l'entre-deux-guerres Hiroshima : le Japon, du statut d’agresseur à celui de victime |