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1848 - 1849 en Allemagne. 2ème partie : L'Assemblée nationale de Francfort

publié le 27 févr. 2013, 09:22 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 11 sept. 2017, 06:48 ]


lien pour la 1ère partie : 1848 - 1849 EN Allemagne. 1ère PARTIE : LE CAS PRUSSIEN

2ème PARTIE : LES BAVARDAGES DE FRANCFORT.

 

    Le processus révolutionnaire de mars 1848 a conduit à l'élection au suffrage universel masculin d’une assemblée nationale allemande. Plusieurs centaines de députés venus des 39 États allemands siègent à Francfort-sur-le-Main. Cela ne s'était jamais vu.

 

Le ministère de la parole

    Cette élection universelle aurait dû donner à l'Assemblée une légitimité totale. Ce fut, on le sait, le grand argument des Etats généraux du royaume de France qui se proclamèrent Assemblée Nationale et jurèrent le serment du jeu de paume. A Francfort, l’Assemblée commence par laisser en place la Diète impériale.[1] Cette diète de la Confédération germanique, mise en place par les traités de 1815, traités élaborés par/pour les princes contre les peuples, est l’institution de l'Ancien régime par excellence, il fallait immédiatement la dissoudre. Ce ne fut pas. Au contraire, les premières décisions de l’Assemblée nationale de Francfort furent promulguées par la Diète elle-même. C'était reconnaître la légitimité de cette dernière.

    L’Assemblée nationale de Francfort avait-elle ses souverainetés interne et externe ? Au plan extérieur, si la Russie tsariste ne voulait pas en entendre parler, elle fut reconnue par de petits États Européens et les États-Unis d'Amérique, et par !a France jusqu'aux Journées de Juin après lesquelles la République de Cavaignac ne reconnut plus que les gouvernements de Berlin et de Vienne. Et cela en dit long sur les limites de la souveraineté - interne cette-fois - de l'Assemblée nationale de Francfort. L’Assemblée, en effet, laisse en place toute l'autorité des "gouvernements" c'est-à-dire les pouvoirs exécutifs des 39 États allemands dont celui de la Prusse dont on a parlé en 1ère partie ! De plus, elle ne se dote pas d’une force armée capable de faire appliquer ses décisions. C'eût été possible : au printemps 1848, toute l'Allemagne est en ébullition, des masses populaires ont été armées, des gardes nationales ont été constituées, des régiments entiers ont rallié le camp de la Révolution. II fallait créer une armée régulière, allemande, mise à la disposition de l'Assemblée nationale de Francfort. Rien de tout cela ne fut fait. "L’Allemagne n’a jamais connu ce que la France a vécu le 14 juillet 1790, c’est-à-dire une nouvelle fondation de l’État national sur l’expression de la volonté populaire"[2].

     Quelques décisions ou absences de décisions montrent assez vite l'impéritie des députés nationaux. Deux problèmes concrets révèlent ainsi l'absence de réflexion sur les principes fondamentaux [3].

- Mayence, sur le Rhin, appartenait à l’État de Hesse-Darmstadt mais était aussi forteresse impériale. A ce titre elle avait une garnison prussienne. La Révolution de Mars se traduit par la création d'une Garde Nationale qui entre vite en conflit avec cette garnison. Le vice-gouverneur prussien de Mayence exige le désarmement de la Garde nationale et menace la ville de bombardements si l'ordre n'est pas respecté. Cas concret : qui commande ? La Garde révolutionnaire ou L'armée prussienne ? L’Assemblée de Francfort n'a-t-elle pas son mot à dire ? Elle en est saisie. Elle décide que c'est là un problème local, et soucieuse de parler surtout des affaires d'intérêt général, elle décide de passer à l'ordre du jour, laissant le général prussien désarmer les gardes nationaux mayençais. L’Assemblée nationale de Francfort sans le savoir a démissionné.

- Autre cas concret : la nationalité allemande. La police de Francfort décide d'expulser de la ville-État trois révolutionnaires allemands [4], accusés d'agitation politique et de troubles à l'ordre public. Outre le fait que cette décision est prise sans intervention de la justice, le problème suivant est posé : y-a-t-il une nationalité allemande ? Car les trois hommes n'avaient pas la nationalité francfortoise, ils étaient donc étrangers et expulsables de la ville. C'est alors que l'Assemblée nationale de Francfort eût dû proclamer la nationalité allemande, proclamer la libre circulation des citoyens allemands à l'intérieur du nouvel État en train de se construire. Rien.

     Une décision fut enfin prise : l'Assemblée nationale de Francfort intervient dans le conflit austro-italien. Avant 1848, l'Autriche faisait régner la terreur en Italie, elle y possédait de plus la Lombardie et la Vénétie. Mais, comme partout, la révolution gagna la péninsule (23 mars 48 à Milan) et les patriotes italiens virent, enfin, la possibilité de créer l'unité de leur pays. Les armées autrichiennes fidèles à l'Ancien régime malgré ce qui se passe à Vienne, attaquent les patriotes italiens. Que fait l'Assemblée nationale de Francfort, fruit elle-même de 1a Révolution de Mars ? [5]

"Et comment est-elle intervenue  ? A-t-elle proclamé l'indépendance de l'Italie ? A-t-elle expédié, un courrier à Vienne avec l'ordre pour Radetzky et Welden -les deux généraux autrichiens présents en Italie - de se retirer immédiatement ? A-t-elle envoyé une adresse de félicitations au gouvernement provisoire de Milan ? Pas du tout ! Elle a déclaré qu'elle considérait toute attaque contre Trieste (par les soldats italiens, JPR) comme un casus belli".

    Et c'est ainsi que l'Assemblée nationale de Francfort, loin de se proclamer solidaire des révolutionnaires nationaux italiens, soutient l'impérialisme autrichien (donc allemand) en Italie ! On aura compris qu'il ne fallait rien attendre de bon de cette Assemblée de Francfort.

 

La proclamation des "droits fondamentaux du peuple allemand"

    L'Assemblée nationale de Francfort travailla à la rédaction de la déclaration des droits fondamentaux du peuple allemand. On voit tout de suite que cela n'a rien d'universel. Cela évoque bien davantage les «droits des Anglais » de John Burke. On mesure la distance avec la révolution française qui offrit au monde "la déclaration des droits de l'homme et du citoyen" dont d'autres peuples s'emparèrent [6].

    Ce texte n'est pas insignifiant, loin de là, il formule une série de dispositions positives : droits civils et judiciaires, liberté individuelle, liberté de la presse, liberté de religion et de conscience, liberté d'instruction, propriété individuelle, droit d'association... Mais le document est surtout bâti autour de l'idée de l'unité allemande. Et il sert d'introduction à la constitution du Reich, constitution du nouvel État allemand que l’on veut créer, qui exclut l'Autriche et dont la couronne est donnée au roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV. Mais l'Assemblée de Francfort n'a prévu aucun moyen de faire appliquer ses textes. Elle vota une motion qui leur donnait force de loi. Mais avec quels moyens juridiques et pratiques ? Depuis la fin de l'année 1848, la réaction a triomphé à Berlin et à Vienne. Francfort se trouve face à des pouvoirs hostiles.

    On croyait à Francfort et chez tant d'intellectuels allemands à la force de l'Idée mais quelle force cela peut-il avoir chez un Frédéric-Guillaume IV qui réagit de cette façon lorsque la couronne impériale lui est offerte :

"D'abord cette couronne n'est pas une couronne. La couronne que pourrait prendre un Hohenzollern, ce n'est pas une couronne dans le genre de la couronne des pavés de Louis-Philippe [7], c'est la couronne qui porte l'empreinte de Dieu, la couronne qui fait Souverain par la grâce de Dieu celui qui la reçoit avec le saint-chrême, la couronne qui a fait rois des Allemands par la grâce de Dieu plus de trente-quatre princes [8] et qui associe toujours le dernier oint du Seigneur à l'antique lignée qui le précède. La couronne qu'ont portée les Othon, les Hohenstaufen, les Habsbourg, un Hohenzollern peut la porter, cela va sans dire. Celle-là, au contraire, est déshonorée surabondamment par l'odeur de charogne que lui donne la révolution de 1848, la plus niaise, lu plus sotte, la plus stupide (…) de ce siècle. Quoi ! cet oripeau, ce bric-à-brac de couronne pétri de terre glaise et de fange, on voudrait la faire accepter à un roi légitime, bien plus, à un roi de Prusse (...) ? ".

 

    Voilà à quoi nos héros Camphausen et Hansemann ont désiré servir de bouclier… (cf. la 1ère partie)

    Cette idéologie traditionaliste intégriste est partagée par moult aristocrates est-elbiens et par les cadres de l'Armée dont les États-majors sont peuplés de nobles. Quant à la conception de la légitimité monarchiste que pouvait avoir l'armée prussienne, elle est dite par la Kreuzzeitung - Journal de la Croix- qui déclare que l'armée est la véritable représentation nationale [9]. Sabre et Goupillon, version prussienne. On peut trembler.

    Leur coupure avec le monde réel, avec la lutte des classes disons-le, fait dire à un universitaire républicain français en 1945 :

"Dans quelles illusions vivaient les membres du Parlement de Francfort ? Pensaient-ils donc, par la simple action d'un programme savamment élaboré pouvoir briser toutes les résistances féodales que devait nécessairement rencontrer le régime qu'ils voulaient établir ? Croyaient-ils donc qu'il est aisé de faire des réformes sans rompre jusqu'à un certain point avec le passé, ce qui provoque nécessairement des conflits plus ou moins violents ? Ils entendaient pratiquement, par des articles bien précis, sauvegarder la liberté et la dignité humaine, sans proclamer cette liberté et cette dignité, sans leur assurer des garanties solides. Ils ne se rendaient pas compte que, pour conquérir même ce minimum de liberté qu'ils réclamaient, il faut une foi véritable qui soutienne les âmes, une audace qui ne craigne pas de renverser les obstacles"[10].

    Joseph Dresch pointe de sa plume l’impuissance allemande, l’impuissance de la bourgeoisie allemande que Marx et Engels ont décelée. Déjà, Cavaignac révéla "les qualités de volonté et de caractère qui sont indispensables pour passer de l’idée au fait" et qui firent défaut aux Prussiens de 1806. Mais on mesure là les limites de la philosophie hégélienne de l’Idée. Ce ne sont pas les Idées qui guident le monde, mais le peuple, les classes, qui se sont emparés de ces idées.

 

La liquidation.

    Le refus de Frédéric-Guillaume fit tout d'un coup comprendre que la révolution de 1848 pouvait se solder par un échec des plus lamentables. Et, preuve de l’imprégnation de l'idée nationale dans les masses, preuve du potentiel révolutionnaire que l’Assemblée nationale de Francfort n’a pas su mobiliser, on assiste à une seconde levée d'armes après celle de 1848. Mais ceux de « quarante-neuf » comme on dit en Allemagne, se heurtent à l’armée prussienne parfaitement opérationnelle après la réaction berlinoise. Du côté des révolutionnaires tout semble improvisé. Engels qui est à leur côté - coûte que coûte - raconte cette campagne et nous livre des détails qui seraient drôles si le résultat n'avait été dramatique- Narrant la campagne du Palatinat, il précise la quantité de munitions qui est allouée à son artillerie : "les munitions de ces divers mortiers se composaient d'un, je dis un boulet de 24 livres ; quant à la poudre, pas question".[11]

    Bref, malgré des actes de courage indéniables, les combattants sont battus, l'Assemblée nationale de Francfort est dispersée, la Diète d'avant la révolution est rétablie. L'ordre règne.

    Engels livre l'analyse suivante où sa clairvoyance cède parfois devant la colère et la tristesse :

"Ainsi s'évanouit le Parlement allemand et avec lui la première et dernière création de la révolution. (...). Élu sous l'influence de la classe capitaliste, par une population rurale émiettée et désagrégée, à peine émergée dans sa majorité de la torpeur féodale, ce Parlement servit à porter en bloc sur la scène politique tous les grands noms populaires de 1820-1848, et à les démolir complètement ensuite. Toutes les célébrités du libéralisme bourgeois y étaient rassemblées. La bourgeoisie attendait des miracles : elle gagna la honte pour elle et pour ses représentants. La classe des capitalistes industriels et commerçants subit une plus grave défaite en Allemagne que dans tout autre pays ; elle fut d'abord abattue, chassée du pouvoir dans chaque État particulier d'Allemagne et elle fut ensuite battue à plate couture, déshonorée et conspuée dans le Parlement central allemand. A tout jamais, le libéralisme politique, le régime de la bourgeoisie, que ce soit sous forme de gouvernement monarchique ou républicain, est impossible en Allemagne"[12].

    Après la grande, la petite bourgeoisie en prend également pour son grade :

"Les démocrates, représentants des intérêts de la petite bourgeoisie et, en partie aussi, de la paysannerie, eurent l'occasion de montrer leur capacités pour former un gouvernement solide en Allemagne. Cette classe échoua : moins par suite de circonstances contraires qu'à cause de sa parfaite et persistante couardise (...), à cause du même esprit borné, pusillanime et hésitant qui caractérise ses opérations commerciales".

    De tout cela il résultat une immense frustration, un immense regret. Les «quarante-neuf» ont été - en Allemagne - ce que furent les «quarante-huitards» en France, on se moqua de leur idéalisme, de leur naïveté. Gilbert Badia, brossant le tableau de l'Allemagne avant 1914, nous dit que

"d'une façon générale la politique est méprisée. Il n'est pas de bon ton de s'y intéresser : la philosophe, la morale, voila des sujets, dignes d'un homme cultivé. On n'assiste pas au développement d'une conscience politique active".

    Il appuie son propos sur une citation de l'historien Gerhard Ritter pour qui cela est encore une conséquence de l'échec de la Révolution de 1848/49 en Allemagne :

"La confiance naïve qu'on avait dans la force des idées (extraordinaire lucidité de Ritter, JPR), se trouva brisée, surtout dans les couches cultivées... La déception fut si profonde que pour beaucoup d'Allemands elle gâta le plaisir naissant de prendre part aux affaires politiques...Une partie de la population retomba dans cette vieille attitude d'obéissance soumise que les souverains princiers lui avaient inculquée depuis des siècles... ou encore elle se détourna de la politique"[13].

    Deux des célébrités du libéralisme bourgeois stigmatisées par Engels vont muer leur lyrisme inopérant en adoration du héros sauveur : Dahlmann écrit à son ami le professeur Gervinus, "les meilleurs conseils du monde, venant de quelqu'un qui n'a pas la force à sa disposition, ne peuvent plus nous être utiles. Il faut, auparavant, qu'un maître s'affirme, d'où qu'il vienne". La force était pourtant là : c'était le peuple en armes. Mais la bourgeoise allemande en eut peur. Elle préféra s'entendre avec les rois et la noblesse, elle préféra leur "servir de bouclier". Voilà comment l'Idée de révolution sans faire la révolution chère aux philosophes allemands si fiers de leur philosophie, voilà comment l'Idée se transforme en homme en chair et en os, en homme de fer et de sang : BISMARCK.

 

NB. Dans le roman de Heinrich MANN, der Untertan, qui se déroulent lors des années 1890’, le notable respecté de la ville, Buck, est un ancien révolutionnaire de 1849 qui fut condamné à mort, puis gracié. MANN met dans sa bouche ces paroles lucides : "Il s'agit ici du peuple, c'est-à-dire de tous, moins nos seigneurs. Restons unis; que les bourgeois ne fassent pas la faute qu'ils commettaient déjà dans ma jeunesse, c'est-à-dire de confier leur salut aux baïonnettes dès que les ouvriers réclament leur droit. C'est pour n'avoir pas voulu donner ses droits à l'ouvrier que nous avons donné à nos maîtres le pouvoir de nous prendre les nôtres". Et effectivement, en 1914, les seigneurs gouvernent toujours en Allemagne. la Prusse prussienne avant 1914 : LE RUBAN BLANC de M. Haneke Au moins via leur idéologie traditionnelle.

 

 à suivre : Bismarck et l’unité allemande



[1] La Diète impériale n'était pas élue mais était un congrès de plénipotentiaires désignés par les 39 souverains allemands. C'était « l'institution la plus impopulaire en Allemagne » en 1848, nous dit F. Engels.

[2] Henri BURGELIN, La société allemande 1871-1968. Le 14 juillet 1790, c’est la fête de la Fédération qui voit défiler sur le Champ de Mars à Paris, devant Louis XVI, les délégués de tous les départements : la France contemporaine est née.

[3] La solution apportée à un cas concret d’apparence mineure, peut poser la validité de principes fondamentaux. Ainsi la Révolution française eut à régler le problème d'Avignon qui appartenait au pape lequel voulait garder sa propriété En organisant un référendum pour demander l'assentiment des Avignonnais, la Révolution posa le principe du DROIT DES PEUPLES A DISPOSER D'EUX-MEMES.

[4] II n'existait pas à cette époque de nationalité allemande. Il n'y avait que des citoyens prussiens, saxons, des citoyens de la ville libre de Francfort, etc. Les trois expulsés n'étant pas francfortois, ils étaient étrangers, ils n'en étaient pas moins allemands. (Note de l'université de Québec).

[5] F. ENGELS, la Nouvelle Gazette Rhénane, n°23, 23 .juin 1848.

[6] La déclaration d’indépendance des États-Unis exclut nommément les Indiens de la « recherche du bonheur » et ne dit mot des esclaves noirs.

[7] Déjà les Légitimistes français appelaient Louis-Philippe Ier « le roi des barricades »...

[8] On va voir ce que Bismarck fera de ce « droit divin » vingt ans plus tard.

[9] F. ENGELS, dans Écrits militaires. On peut également attribuer sans hésiter aux États-majors prussiens, ces paroles d'un général autrichien en campagne, à l'égard d'un Gouvernement révolutionnaire provisoire : « l'Autriche, à cette heure, n'existe pas hors de mon camp ; moi et mon armée sommes l'Autriche ; et quand nous aurons battu les Italiens, nous reconquerrons l'empire pour l’Empereur ».

[10] Joseph DRESCH, recteur de l’université de Strasbourg, « De la révolution française à Hitler…».

[11] F. ENGELS, « la campagne pour la constitution du Reich ».

[12] F. ENGELS, « la campagne pour la constitution du Reich ».

[13] Gilbert BADIA, Histoire de 1'Allemagne contemporaine, vol. I. La citation de Ritter (1888-1967) est extraite de «Europa und die deutsche Frage », (1948). Sur le bilan de 1848 en Europe, je me permets de renvoyer une nouvelle fois à mon livre, Traditionalisme & Révolution, vol. I.

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