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Poussée LEPEN : raison garder…

publié le 27 avr. 2017, 06:57 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 27 avr. 2017, 15:59 ]

La progression du vote LePen est un phénomène inquiétant pour les démocrates. Je ne parle pas ici de ceux qui s’inquiètent uniquement les soirs d’élections et qui, le reste du temps, abandonnent le pays et ses catégories les plus fragiles au libéralisme, à l’ultra-libéralisme, au capitalisme financiarisé, etc…

Je rappelle que l’apparition du FN sur la scène médiatique remonte à l’an 1984, élections européennes, après que l’électorat eut compris que la voie de la Révolution était abandonnée par Mitterrand et consorts. Les progrès électoraux du FN étaient, dès lors, corrélés à l’insertion de la France dans la mondialisation qui, chez nous, s’appelle "construction européenne" mais aussi avec le GATT qui devient OMC. Un espace économique unique mondial est créé avec le concours actif du système UMPS sans qu’il y ait, simultanément, espace social unique, ni espace écologique unique. Le patronat, ravi, demande aussi "l’accès libre au marché international du travail". Que les hommes circulent comme les marchandises. Le traité de Maastricht était présenté par les Socialistes comme la bénédiction de la Paix franco-allemande sur ce continent si meurtri par les guerres, alors qu’il s’agissait, en réalité, d’ouvrir la voie à la monnaie unique. Voie ouverte par la politique dite "du franc fort" condition sine qua non pour la création de cette monnaie européenne. Non sans raisons, Philippe de Villiers clamait "le franc fort ? à Francfort" (siège de la banque centrale européenne et de la plupart des grandes banques allemandes).

Le referendum sur le traité de Maastricht (1992) et celui sur le Traité instituant une constitution européenne (2005) ont ceci de particulier que le Parti socialiste, un de deux partis dominants, qui appelle à voter OUI dans les deux cas, est désavoué massivement par sa base. Je vous renvoie à mon article "Milieux populaires et vie politique". Quelles conclusions en a-t-il tiré ? Aucune. Aujourd’hui, il est en voie de disparition dans le Nord-Pas-de-Calais. Ses électeurs –pétris de tout temps par un anticommunisme systémique- L'Artois, 4ème partie : l'aujourd'hui. sont passés avec armes et bagages chez LePen. Le FN est en tête dans les 12 circonscriptions législatives (sur 12) du Pas-de-Calais (2017).

Jamais les moyens et petits bourgeois, lecteurs du Monde ou de Libération, de l’Obs ou de l’Express, ne se sont dressés contre cette politique européo-mondialiste insensée et dévastatrice. Jamais. Et ils viennent pleurer. Offrons-leurs des mouchoirs.

Le lien entre cette politique favorable à la finance et le désespoir du salariat modeste (INSEE) est, selon moi, avéré. Voter Macron, c’est créer les conditions d’un vote FN amplifié. Je voterai donc "blanc" (sauf si les sondages de dernières minutes sont alarmants).

    Bayrou, vieux routier de la politique, bavard, assène que voter blanc c’est voter LePen. Évidemment, lui et ses électeurs n’ont rien à craindre des conséquences de la politique prévisible de Macron. D’autres perdent leur calme et voient déjà en flammes le Palais Bourbon comme jadis le Reichstag de qui vous savez. Il ne faut pas affoler les gens et faire une analyse concrète de la réalité concrète. Trop long pour ce modeste article. Mais, en Allemagne, dans les années Trente (et dès 1925 voir ci-contre), les milices paramilitaires SA et SS tenaient le haut du pavé. Les députés du parti nazi arrivèrent en uniforme kaki lors des séances du parlement. Le parti politique de l’Église catholique allemande – le Zentrum – envisageait, en 1932, de gouverner avec le NASPD –parti d’Hitler-, reflet d’une méconnaissance profonde du danger.
Franchement, en sommes-nous là en France ?

A la vérité, cette manipulation vise à faire peur et à donner le meilleur score à Macron, de la banque Rothschild, pour lui permettre de gouverner par ordonnances pour détruire le modèle français créé à la Libération, comme le souhaitent le MEDEF, Ernest-Antoine Seillière, Denis Kessler et Serge Dassault et bien d’autres[1].

Et puis, last but not least, le vote blanc permet d'aller regarder droit dans les yeux les électeurs FN, de pouvoir leur dire qu’ils se trompent. Et qu’ils devraient davantage voter pour Jean-Luc Mélenchon.        

 

1ère séance du Reichstag (1932) : les députés nazis y arrivent en uniforme, vus de dos : [photographie de presse] / Atlantic (source GALLICA).


[1] Au lendemain de l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy, dans le numéro du 4 octobre 2007 de la revue Challenges, Denis Kessler, ex-numéro deux du MEDEF de 1998 à 2002, décrivait ainsi l’action du président Sarkozy et de son gouvernement : "Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme...À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !".

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