Le FN et les ouvriers communistes : l'argument massue (cas d'ANNONAY et de VILLEFRANCHE-sur-SAONE)

publié le 27 févr. 2012, 13:10 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 26 sept. 2013, 04:14 ]
publié le 6 oct. 2011 20:54 par Jean-Pierre Rissoan

    J’ai regardé le débat entre J.-L. Mélenchon et Jean d’Ormesson. Je vous invite à le visionner aussi, sur le blog de Mélenchon. Aussi respectable que soit Monsieur d’Ormesson, ami de Louis Aragon, qui refusa publiquement à la TV l’amalgame entre Hitler et Staline, il a répété cette contre-vérité "beaucoup d’ouvriers sont passés du Parti Communiste au Front national". Je renvoie le lecteur à tous mes articles d’analyses électorales. Je vais enrichir mon argumentaire avec la présentation de deux cas concrets : Annonay et Villefranche-sur-Saône. Pourquoi ces localités ? Parce que j’y dispose de correspondants qui me fournissent en statistiques électorales. Aussi parce que ce sont deux villes moyennes suffisamment grandes pour présenter un "zoning social", c’est-à-dire une juxtaposition de quartiers qui se différencient les uns des autres par l’argent, la catégorie socio-professionnelle. Villes-marchés pour leur plat pays, elles disposent d’un centre, voire d’un hypercentre, qui fourmille de chalands le samedi, où vivent commerçants et autres catégories aisées, elles sont aussi villes industrielles et l’expansion des années glorieuses a fait construire ces barres d’immeubles à la périphérie, paysage urbain que tout le monde connaît et reconnaît (Beligny et Belleroche à Villefranche ; Ripaille à Annonay…). 

 

Quelle fut ma méthode ?

    Pour chacune des deux villes :

-j’ai classé les bureaux de vote par ordre décroissant des résultats de la Droite classique, les élections de 1984 furent excellentes pour elle.

- j’ai calculé les résultats du PCF et du FN par rapport aux inscrits ; ce qui présente l’avantage de gommer l’impact de l’abstention.

- pour chacun des deux partis, j’ai calculé l’indice de chaque bureau de vote par rapport à la moyenne obtenu sur la ville, la moyenne sur la ville est affectée de l’indice 100. Un indice de 82 pour un bureau de vote signifie que le parti concerné obtient 18% de moins sur ce bureau que sur l’ensemble de la ville. L’indice 143 indique un "bon" bureau pour le parti.

- ensuite, j’ai établi un graphique que je peux publier sur ce site alors que je ne pouvais pas le faire sur mon blog du Monde.

 

Pourquoi les Européennes 1984 ?

    Parce que ce fut la première présentation nationale du FN lors d’une élection concernant l’ensemble du pays. Elles permettent de juger de la réaction immédiate de l’électorat face à ce nouveau-venu. Le score supérieur à 10% des exprimés fut un choc pour les Français et il eut des conséquences : certains Français réalisèrent qu’il était possible de voter pour un autre parti que les traditionnels représentants de la Droite et de la Gauche et le score de 1986 (encore plus élevé) du FN est pour partie une conséquence du score obtenu en 1984.

    Les résultats bruts (tableaux 1 et 2)

Tableau 1

Les résultats 84 par bureau de vote à Annonay


 

Tableau 2

Les résultats 84 par bureau de vote à Villefranche-sur-Saône


 Ces tableaux arides sont bien plus parlants si on les transforme en graphique :

Graphique 1

PCF et FN à Annonay (1984)

Graphique 2

PCF et FN à Villefranche-sur-Saône (1984)


 

    Ces graphiques parlent d’eux-mêmes : le FN obtient ses meilleurs résultats dans les bureaux de droite et les moins bons dans ceux de gauche. C’est l’inverse pour le Parti communiste. Il est inutile de s’appesantir sur ce point. Il y a là confirmation de toutes les autres études électorales que j’ai présentées sur ce site.

    L’idée du vote FN par les communistes est une contre-vérité, une malhonnêteté. L’utilisation du vote en termes de suffrages exprimés peut expliquer certaines méprises mais, en l’occurrence, il est essentiel de parler en termes d’électeurs inscrits. Voir le rôle de l’abstention dans l’appréciation des résultats dans l’article : le vote F.N. à PARIS…**

Le cas de la Moselle-Alsace où les ouvriers votaient massivement à DROITE durant les périodes gaulliste et giscardienne et qui maintenant votent massivement FN suffit à éclairer les lanternes les mieux faites.

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