Quelques réflexions sur la présidentielle américaine de 2012...

publié le 9 nov. 2012, 06:49 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 8 mars 2021, 11:44 ]

SOMMAIRE

 

La participation en 2012

Le score de Barak Obama, ce 6 novembre 2012.

Le score du candidat républicain.

« Les pays de l’Ohio ».

Le président des villes.

Le vote de la Bible Belt

La république où le dollar est roi

Elisabeth Warren, my love : Vers la naissance d’une vraie gauche ?

 

Il est très difficile de trouver le nombre exact d’électeurs inscrits appelés à élire le président des Etats-Unis. Aucun journal n’est capable de le faire. Il n’est pas obligatoire d’être inscrit sur une liste électorale aux Etats-Unis et les municipalités ne se sentent pas obligées de le faire lorsque un natif de leur commune atteint l’âge légal de 18 ans. On trouvera des éléments d’explications sur ce site :

http://geoelections.free.fr/EU/thema/particip.htm.


Ce site présente l’évolution d’une donnée essentielle : la participation électorale aux Etats-Unis. Que représente le président du plus puissant Etat militaire du monde ? Depuis les lendemains de la 1ère guerre mondiale, le taux de participation est particulièrement bas. En 1920 et 1924, il n’est guère compris qu’entre 48 et 49 ! C’est l’époque où les présidents se font photographier en train de jouer au golf : cela a une signification politique. On ne leur demande rien d’autre si ce n’est de veiller à la sécurité du pays, pour le reste c’est aux businessmen de faire tourner la machine. L’Etat ne doit pas intervenir. Le taux de participation électorale remonte avec les élections de Roosevelt puis durant la Guerre froide. Il atteint un sommet -tout relatif- avec le duel Nixon-Kennedy en novembre 1959. Puis, avec la crise, la participation s’effondre à nouveau : à peine 50% en 1988 et 1996. Les 62% de 2008 font figure de record. Alors, B. Obama représente un tiers du corps électoral américain.

 

 

inscrits

Exp.

Dém.

Rép.

%Insc.

2004

 

 

59 028 109

62 040 606

60,5

2008

212877000

131326000

69 456 897

59 934 814

61,7

exp.

 

 

52,9%

45,7%

 

insc.

 

 

32,6%

 

 

mandats

 

 

365

173

 

2012

215000000

118500000

60173256

57448086

54,7

exp.

 

 

50,3%

48,1%

 

insc.

 

 

27,9%

 

 

mandats

 

 

303

206

 

 

La participation en 2012

    Les deux candidats obtiennent plus de 117 millions de voix, ce qui, ajouté aux bulletins obtenus par des candidats isolés dans quelques Etats de l’Union, donne un total de plus de 118,5 millions. Le journal Le Monde du mardi 6 novembre donne le chiffre de « environ, 215 millions d’électeurs », ce qui me semble sous-évalué car avec un taux d’accroissement naturel de 5,7%o par an, c’est une génération de 1,7 million de personnes qui arrive chaque année. Soit 6,8M. A quoi s’ajoutent les naturalisations. Mais, encore une fois, tout le monde ne s’inscrit pas ! On devrait plutôt estimer la population concernée à 219 millions de personnes. Et, dans ce cas, le taux de participation tomberait à 54%. Le score de B. Obama se monterait dès lors à 27% du corps électoral. Ce n’est plus Monsieur Tiers comme en 2008 mais Monsieur Quart.

    Le journaliste du Monde qui s’ébaubit devant son idole écrit -NB. il parle de la campagne de 2008- : « (Obama) qui a passé de longs après-midi à faire du porte-à-porte électoral n'a finalement jamais changé d'objectif : augmenter la taille de l'électorat, donner une meilleure représentation aux laissés-pour-compte de la démocratie qui pensent que ce n'est même pas la peine de voter ». Eh bien ! en 2012, beaucoup ont pensé que ce n’était pas la peine de voter. Mais le lecteur du Monde ne le saura pas.

 

Le score de Barak Obama, ce 6 novembre 2012.

    Il faut être journaliste au Monde et avoir passé trop de temps au buffet mis sur pied par les militants démocrates de Chicago pour arroser la victoire de leur leader, pour oser écrire : « B. Obama a été triomphalement réélu ». Elle parle aussi de « l’ampleur de (sa) victoire ». Mais que disent les chiffres ? Obama perd presque 10 millions de voix par rapport à 2008. Il ne représente plus que 27,9% de l’électorat au lieu de 32,6 et, en termes de suffrages exprimés, il baisse de 52,9 à 50,3. Conséquence de tout cela : il n’a plus « que » 303 grands électeurs au lieu de 365. Où est l’ampleur ? où est le triomphe ? Obama a déçu et ses électeurs le lui ont dit à leur façon. Le Monde, une nouvelle fois, s’égare.


 

Le score du candidat républicain.

    Le parti républicain présentait un candidat épouvantable[1], très WASP, très dents blanches-haleine fraiche, mormon-chef d’entreprise, autrement dit l’association éternelle du pognon et de la bigoterie. A l’heure de la clôture, le 6 novembre, Wall Street donnait 6% de plus aux valeurs de l’industrie de l’armement et les valeurs de l’industrie du médicament baisaient… petite manœuvre pour faire croire à l’électorat que les jeux sont faits et que la Bourse sait reconnaître son maître et indiquer le chemin aux brebis éventuellement égarées.

    Contrairement au matraquage dont le monde entier a été l’objet, ce candidat n’a pas fait du tout une bonne campagne avec de bons arguments. Le candidat républicain perd 2,5 millions de voix par rapport à son alter ego de 2008… C’est un échec gravissime et c’est tant mieux. Du fait du recul d’Obama, le candidat Romney gagne quelques points en termes de suffrages exprimés (+2,4%). Mais, l’influence du parti républicain (calculable par rapport au nombre d’électeurs INSCRITS) recule… La déception Obama n’a pas fait se jeter les Américains dans les bras de l’ultra-réaction religieuse, militaire et financière. Peut-être, saluons-les en tous cas, des mouvements comme Occupy Wall Street ont aidé à cette prise de conscience.

 

« Les pays de l’Ohio ».

    Ce comportement de l’électorat conservateur est lisible dans ce que l’on appelle les pays de l’Ohio. De l’Ohio river. C’est-à-dire les Etats fédérés de l’Ohio, de l’Indiana, de la Virginie Occidentale et du Kentucky. Historiquement, nous sommes ici de l’autre côté des Appalaches, on tourne le dos à la côté atlantique, rive de l’ouverture. L’Ohio river appartient au bassin du Mississippi, c’est la voie de la conquête de l’Ouest, du front pionnier, du massacre des Indiens, de la spéculation foncière, c’est l’Amérique de « la Bible et du fusil ». La Géographie Universelle écrit : « nous sommes ici au centre de l’Amérique profonde, blanche et protestante, patriote et volontiers réactionnaire. (…). Ici est née l’American Legion »[2]. En 2012, le comportement électoral de ces pays est très lisible sur cette carte du New York times.


    Presque tous les comtés donnent une progression en pourcentage au Républicain, parfois même en voix. L’Indiana a basculé du côté républicain. Une exception cependant : les comtés de l’Etat d’Ohio ont plutôt évolué vers Obama. Il y a là des raisons locales en rapport avec les solutions données ou à donner aux problèmes de l’industrie automobile.

    Exemple local, ces pays de l’Ohio disent bien qui a voté pour Romney.

 

Le président des villes.

sur ce point, je renvoie à un lien : à propos du concept de métropolisation.

    Autre belle conception graphique du NYTimes, Cette carte montre la très forte opposition -presque systématique n’étaient le Texas et la Géorgie- entre les villes et les espaces ruraux. Chaque comté a un cercle de couleur bleue si Obama a gagné et de couleur rouge pour Romney. La taille du cercle est proportionnelle à l’ampleur de la différence de nombre de bulletins entre les deux candidats.


    On peut voir une espèce de roséole de points rouges minuscules, des Appalaches au littoral du Pacifique mais surtout à l’Est du Mississippi : dans ces innombrables comtés ruraux, Romney est en tête mais la modestie du corps électoral explique que le gain par comté est faible.

    Obama triomphe en ville. Le comté de Los Angeles lui donne 1 million de voix d’avance. Le comté de San Francisco, 180.000 (83% des exprimés). Seattle (69%) donne 237.000 voix d’avance, 162.000 pour le comté de Multnomah (76%) où se trouve Portland dans l’Oregon. Le comté de Denver (Colorado) 74% des exprimés pour Obama soit 140.000 voix de plus que Romney. Dans le comté du Bronx à New York (91% pour le candidat démocrate), Obama récupère 202.000 voix sur son concurrent. La carte du NYTimes est interactive, vous pouvez vous amusez.   

    A l’inverse, les agglomérations d’Atlanta et de Dallas ne sont pas favorables à Obama. Notons cependant que le comté de Dallas donne 57% des exprimés à ce dernier. En Arizona, dans le comté de Maricopa où se trouve l’oasis de Phoenix, on a voté Romney à 56%. Ici, on arrose des greens pour les golfs à 18 trous qui reçoivent des joueurs du monde entier. Avions et arrosage artificiel en plein désert : on baigne dans l’écologie. Mais après nous le déluge ! surtout dans le désert de l’Arizona.

    De façon générale, Obama a obtenu les suffrages des jeunes de 18 à 29 ans, des minorités ethniques, des femmes (particulièrement choquées par les déclarations moyenâgeuses des anti-IVG du parti républicain), ainsi que des bas revenus et des plus diplômés. De plus en plus nombreux sont les « sans-religion » aux Etats-Unis : ils votent massivement démocrate (plus des deux-tiers).

    La carte électorale des Etats-Unis montre une large domination spatiale des Républicains. Si l’on fait une anamorphose, c’est-à-dire si l’on donne à chaque État une dimension cartographique qui correspond non pas à sa superficie mais à sa population, on obtient une visions déformée mais plus juste des résultats électoraux. 


     service cartographique du Monde, (8 novembre).

    L'anamorphose ramène à leur juste place les grands Etats plus ou moins vides l'Ouest (Wyoming, Idaho, Montana, les deux Dakota, etc...) et il montre l'importance éternellement décisive de la Nouvelle-Angleterre, des "Etats du centre" de la côté atlantique (New York et New Jersey, Delaware et Maryland...) ainsi que de la Manufacturing Belt (la ceinture industrielle) autour des Grands Lacs fût-elle devenue Rust Belt (ceinture rouillée) à cause des déprises industrielles.

 

Le vote de la Bible Belt

    Les protestants en général ont voté Romney à 55% -contre 48 au plan fédéral. (lire : Article Bible Belt de Wikipaedia).

      Cette région est aux mains des républicains depuis plusieurs décennies maintenant. Elle fut un fief démocrate depuis qu’existent les Etats-Unis puisque les démocrates étaient esclavagistes ! la grande cassure eut lieu en 1968 où le gouverneur de l’Alabama Wallace fit sécession d’avec le parti démocrate pour s’opposer à la politique des droits civiques mise en place par ce parti sous la direction du président Johnson. Sa politique raciste fut approuvée dans cinq Etats plus de nombreux comtés alentour.

    On sait que les racistes s’appuient sur la Bible pour « justifier » l’apartheid, depuis la damnation de Cham jusqu’à des considérations rustiques - « Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne ensemble » ou vestimentaires « Tu ne porteras pas de vêtement tissé mi-laine, mi-lin » (Dt 22, 9-11) - qui deviennent paroles de Dieu exigeant la séparation des Blancs et des Noirs.

    C’est là que l’on trouve les chrétiens-sionistes, c’est-à-dire des chrétiens qui partagent le point de vue que lorsque tous les juifs du monde entier seront rassemblés en Israël, alors le retour du Christ sera possible pour mille ans et plus si affinités. En attendant cette heureuse perspective, soutien total et irraisonné à la politique sioniste. La terre de Palestine est juive, c’est écrit dans la Bible et Dieu a aidé le peuple d’Israël à détruire les Cananéens. Donc pas d’état d’âme.

    Ces deux éléments (les Petits blancs du Ku Klux Klan ne supportent pas un président noir à la Maison blanche) ont rapproché les Blancs du Sud du parti républicain (après la victoire d'Obama des incidents ont opposé étudiants blancs et étudiants noirs dans des universités du Sud). En 1976, l’élection présidentielle est la dernière qui montre le Sud voter pour le candidat démocrate (J. Carter, vendeur d’arachides, lui-même sudiste). En 1992, W. Clinton fait deux incursions, puis plus rien : le Sud est décidément républicain.

    Un bémol : la carte de l’évolution des votes depuis 2008  (cf. Change in share of vote) montre que les comtés où les Noirs -on dit maintenant Africains-Américains- sont les plus nombreux ont davantage voté Obama en 2012. Le candidat démocrate est même majoritaire dans de nombreux comtés de l’ancienne Cotton Belt.

 

La république où le dollar est roi

    Je publie d’abord un article de Bruno Odent, paru dans l’Humanité du Lundi 5 novembre.

   " Plus de 6 milliards de dollars (4,8 milliards d’euros). Tous les records précédents sont enfoncés[3]. C’est un véritable déferlement de dollars qui s’est abattu sur la campagne de la présidentielle comme sur les scrutins «stratégiques» dans les batailles pour la Chambre des représentants et le Sénat. L’estimation a été rendue publique mercredi dernier par le Centre pour une politique réactive (Center for Responsive Politics, CRP).

    Les dons divers autorisés, venus de personnes ou d’entreprises privées, étaient déjà considérables dans le passé. Mais la Cour suprême a levé les dernières digues en janvier 2010 en supprimant leur plafonnement au nom du premier amendement de la Constitution sur la liberté d’expression[4]. La présidente du CRP, Sheila Krumholz, relève que la «transparence» des dons qui devait être la contrepartie de cette libéralisation totale n’est même pas au rendez-vous. À l’Institut national pour les droits de vote (National Voting Rights Institute), on est plus inquiet encore. Son fondateur, John Bonifaz, avait déclaré, au lendemain de la décision de la Cour, que Wall Street et les grands groupes pouvaient ainsi user de leur force de frappe financière pour «devenir les propriétaires effectifs de notre démocratie».

    La nouvelle règle a démultiplié les moyens des super-comités d’action politique, ou PACs, qui recueillent des fonds pour les deux camps. En centaines de millions de dollars, démocrates et républicains sont quasiment à égalité, Romney et son parti conservant une légère avance sur Obama et les démocrates. Ce mode de fonctionnement accroît encore certains des travers du système électoral. Ainsi, par exemple, la dizaine d’États clés (Swing States[5]) pouvant basculer dans un camp ou dans l’autre fut l’objet de toutes les sollicitudes des stratèges des deux camps. Et les super-PACs pro Obama comme Americans for Prosperity (Américains pour la prospérité) ou pro Romney comme American Crossroads (Carrefours américains), animé par un certain Karl Rove, l’ex-éminence grise de Bush, inondent les téléspectateurs de ces régions-cibles de publicités politiques au message aussi choc que rudimentaire. La seule vente de ces pubs dans ces États devrait rapporter plus de 1 milliard de dollars (810 millions d’euros) aux chaînes de télévision.

    La capacité de l’un ou l’autre camp à prendre l’avantage dans la bataille des gros donateurs privés est considérée comme un enjeu-clé. Au point que tous les médias lui consacrent une rubrique régulière. Ainsi apprenait-on par exemple, dans le New York Times du 1er novembre que, cinq jours avant l’élection, Joseph A. DiMenna junior avait déversé 40 000 dollars supplémentaires sur neuf scrutins législatifs importants. «Auparavant, souligne le journal, DiMenna, dirigeant d’un hedge fund (fonds à vocation ouvertement spéculative – NDLR) avait donné plus de 70.000 dollars» à l’une des structures dévouées au financement de la campagne de Romney. Mais les démocrates ne se laissent pas distancer, puisqu’on apprend dans la même rubrique qu’un richissime promoteur immobilier du Michigan vient d’investir 33 000 dollars dans leurs campagnes législatives. «Citoyens, hurle le CRP, ouvrez les yeux, nous sommes passés en dollarocratie».

 Envoyé spécial : Bruno Odent." Fin de citation.

    Parlons plus simplement de ploutocratie. Mot plus connu. La ploutocratie, c’est le gouvernement des riches. Même le Monde admirateur immodéré des Américains est obligé de signaler qu’il faut vraiment beaucoup d’argent pour se présenter aux élections aux Etats-Unis. Dans le Connecticut, une candidate s’est présentée aux sénatoriales en 2010 et en 2012. Pour ces deux élections, elle a dépensé 100 millions de dollars de fonds personnels. Elle a été battue. On peut faire des dons : Le Monde transmettra.

    Le poste de sénateur de l’État du Massachusetts « aura été le plus cher de l’histoire sénatoriale américaine : 70 millions de dollars ont été dépensés » par l’ensemble des candidats (Le Monde, édition du 8 novembre).

    Dans ce pays où l’économie politique est primée par l’académie du Nobel, je parle de la micro-économie, comment peut-on se satisfaire de tels résultats ? Comment justifier l’investissement de 6 milliards de dollars pour obtenir une baisse des résultats ? en effet, ces 6 milliards ont fait fuir les électeurs puisque le taux de participation a baisé de 7 points ce qui représente entre 12 et 14 millions d’électeurs. Quelle gabegie ! Quel gaspillage ! Mais que représentent 6 milliards de dollars quand on frôle les dix-sept mille milliards de dollars de dettes ? ($ 17.000 milliards)... peanuts.

 

Elisabeth Warren, my love : Vers la naissance d’une vraie gauche ?

Terminons sur un peu d’optimisme

    1) D’abord, l’électorat d’Obama (jeune, féminin, ouvrier, intello ) lui permet d’aller de l’avant dans les réformes. A lui de saisir cette seconde chance. Mais aux peuple américain de se bouger aussi.

    2) des tendances progressistes sont apparues un peu partout. Ainsi, en Floride, dont tous les indicateurs invitaient à penser à un vote Romney, non seulement Obama est élu mais, lors d’un referendum concomitant organisé par des activistes Pro-vie, les électeurs ont rejeté l’idée d’interdire tout financement public d’une IVG. Mais surtout, je voudrais présenter le cas de Mme Elisabeth Warren, élue avant-hier sénatrice du Massachusetts. J’utilise pour cela l’article de Sylvain Cypel (édition du 8 novembre). Cette femme de 63 ans, ex-professeure de droit à Harvard, démocrate, est partie en guerre contre  les "capitalistes" et leurs travers - surtout lorsqu'ils œuvrent dans le secteur financier. Mme Warren a relevé que la propension des employeurs à se présenter aux yeux de la société comme étant les "créateurs de richesse" représentait une forme d'usurpation. Elle n'en "connaissait aucun" qui a créé des richesses "tout seul", sans les salariés pour travailler et sans l'Etat pour les éduquer et faire les routes et autres infrastructures qui servent si bien les entreprises... il ne manque qu’une allusion à l’hôpital public (il est vrai qu’aux Etats-Unis…) lequel permet aux entreprises d’avoir une main-d’œuvre en bonne santé et donc compétitive pour employer un mot à la mode, il ne manque que cette allusion donc pour obtenir un discours du Front de Gauche français. Mais, pour Le Monde, c’est bien plus intéressant quand c’est une américaine qui le dit. Si c’est J.-L. Mélenchon : black out. L’auteur de l’article poursuit : « Mme Warren n'est pas tant une gauchiste qu'une représentante typique des militants de la restauration de la morale dans les mœurs économiques (…) ». Mais où est la morale ici ? c’est d’analyse économique stricte qu’il s’agit ici ! Dernière citation : « Ce discours sur le retour du rôle de l'Etat a plu dans un Etat, le Massachusetts, à la fois de tradition ouvrière mais qui détient aussi le plus haut taux de diplômés universitaires des Etats-Unis ». J’ai la faiblesse de penser qu’il a plu aussi aux quatre millions de Français, tant ouvriers qualifiés et syndiqués que diplômés des centres-villes, qui ont voté front de gauche. Mais chut… faut pas le dire.

    Bref, Vive madame Warren au Sénat ! et surtout, ne nous décevez pas…

 lire aussi : Etats-Unis : la révolution SANDERS (1ère partie) suivie de la deuxième (lol)

 

1. Carte des résultats des présidentielles américaines depuis les origines :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_r%C3%A9sultats_des_%C3%A9lections_pr%C3%A9sidentielles_am%C3%A9ricaines

2. Signalées par LeMonde.fr, deux « immanquables » cartes interactives avec le comptage des résultats :

le New York Times http://elections.nytimes.com/2012/results/president 

et le Huffington Post http://elections.huffingtonpost.com/2012/results

 



[2] BELIN - RECLUS, volume « Etats-Unis-Canada ». 1994.

[3] À titre d’indication, les prévisions de dépenses 
pour les élections 2013 dans un pays pauvre comme Madagascar portent sur 30 millions de dollars…

[4] JPR : Les Américains sont très fiers de dire que tout citoyen peut devenir président de l’Union. Certes, mais s’il faut des milliards de dollars pour entrer dans la Maison blanche, on admettra que cela limite les possibilités. En fait, la Cour suprême réhabilite la notion de « libertés bourgeoises ».

[5] JPR. Le swing était le nom d’une danse dans les années Trente. Elle est revenue à la mode, bien transformée.      
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