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RENDRE AU MALI SA SOUVERAINETE Arrêter l’engrenage d’une logique de guerrière. (FDG)

publié le 31 janv. 2013, 05:44 par Jean-Pierre Rissoan

RENDRE AU MALI SA SOUVERAINETÉ

Arrêter l’engrenage d’une logique de guerrière.

 

Par le Collectif Afrique du Front de Gauche

 

    A nouveau, un pays d'Afrique est entraîné dans une logique de guerre.

Le Front de gauche partage l'inquiétude des Maliens face à l'offensive des groupes djihadistes, et comprend qu'ils se sentent soulagés par toute action pouvant empêcher leur progression. Depuis plusieurs mois, les exactions et exécutions sommaires pratiquées par ces groupes dans les zones qu'ils contrôlent au nord du pays illustrent le danger qu'ils représentent pour les libertés et la dignité du peuple malien et sa souveraineté.

    Le président de la République a décidé d'engager l'armée française.

    Mais cette intervention montre désormais le risque d'un engrenage dans une guerre sans fin prévisible, et sans véritable solution durable pour le peuple malien et la reconstruction du pays. Le risque est grand d'une déstabilisation de toute la région, comme on l'a vu en Algérie avec la prise d'otages et son dénouement tragiques. (Cette intervention) a été décidée unilatéralement, sans respect des règles fixées par l'ONU qui établissaient qu'elle devait obtenir par avance l'approbation du Conseil de Sécurité de l'ONU, et être menées par des troupes de l'Union Africaine, dans les limites imposée par l'exigence de la souveraineté malienne.

    Elle a été décidée par la Présidence française sans consultation du Parlement, et ses objectifs stratégiques n'ont pas été définis, contrairement aux engagements pris par le candidat François Hollande. Elle ne se limite pas à des frappes aériennes, mais engage au sol des milliers de soldats de l'armée française, qui visent désormais à reconquérir et à occuper le Nord du Mali, outrepassant tout mandat.

    Elle est engagée alors que le gouvernement assume une politique d'austérité, qui réduit les dépenses dans tous les secteurs, mais n'hésite pas devant les coûts extraordinaires d'une guerre qui va s'installer dans la durée. Un argent qui serait plus utile dans l'aide à la coopération en Afrique, alors que celle-ci est sans cesse en diminution.

    Elle se déroule dans une région riche en pétrole, en minerais stratégiques, en uranium, que les grandes puissances cherchent à obtenir à bas coûts, privant les pays de leur souveraineté sur leurs ressources naturelles. C'est notamment le cas de la France qui, dans la région du Sahel, vise à contrôler l'extraction de l'uranium avec AREVA.

    Elle se tient dans une ancienne colonie française, et suscitera une réaction contre elle car elle rappelle les pratiques dominatrices de la Françafrique qui ont amenées à affaiblir les Etats et la démocratie dans la région. Et elle redonne un soutien aux régimes des pays voisins pourtant rejetés par leurs peuples et leurs oppositions démocratiques.

    François Hollande, lors de sa première visite en Afrique en novembre dernier, répétait: «En aucun cas, la France n'interviendra elle même au Mali».

    Le Front de Gauche exige une clarification des objectifs stratégiques, avec un débat public transparent et un vote au Parlement, maintenant et non «dans quatre mois» comme l'a annoncé Français Hollande. Le Front de Gauche demande que soit mis fin à l'envoi de troupes françaises au sol visant la reconquête du Nord du Mali. Toute interposition africaine doit être placée sous mandat de l'ONU La question de l'intégrité du territoire malien doit être du ressort des forces maliennes. Sa reconquête ne doit pas pour autant entraîner des exactions en retour contre les populations du nord du pays, Arabes ou Touaregs, abusivement amalgamées aux «terroristes» [1].

    Les solutions politiques doivent primer sur les logiques guerrières. La restauration de la souveraineté territoriale du pays doit aller de pair avec la reconstruction d'un État, d'une démocratie, d'une souveraineté sur les ressources naturelles, une renégociation des droits du peuple Touareg, un processus national constituant impliquant le peuple malien lui-même.

    Le Front de Gauche défend et appelle à une autre politique de la France avec l'Afrique, rompant avec les politiques de domination et d'interventions militaires répétées, qui n'ont abouti qu'à alourdir sur le dos des peuples africains le fardeau de la mondialisation libérale et des politiques d'ajustement structurels imposées par le FMI [2] et les grandes puissances.

    Le Front de Gauche apporte son soutien au peuple malien, et appelle à La solidarité des peuples face aux épreuves qu'il traverse.

 

Le 29 janvier 2013

Collectif Afrique du Front de Gauche

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