Je croyais le FMI, sinon
disparu, en tout cas moins nocif qu’autrefois après que des
alter-mondialistes ont dénoncé son rôle désastreux dans la
mondialisation menée sous la houlette étatsunienne. Le Figaro nous
avertit qu’il n’en est rien : « Le gouverneur de la Banque
de France, Christian Noyer, a déclaré aujourd'hui -29/11/2010- à
Tokyo n'avoir "aucun doute"
sur la réussite du plan d'aide de l'Union européenne et du FMI à
l'Irlande, adopté dimanche à Bruxelles. "Ce plan a été clairement dessiné par le F.M.I. et l'U.E. et vous
pouvez vous fier à l'expérience de plusieurs décennies du F.M.I. pour
instaurer des plans totalement crédibles", a souligné M.
Noyer, qui est aussi membre du Conseil des gouverneurs de la Banque
centrale européenne (BCE), lors d'une conférence de presse au forum
financier Paris Europlace dans la capitale japonaise ».
Se fier à
l’expérience de plusieurs décennies du F.M.I. ? Qu’est-ce qu’on doit
rigoler à la Banque de France. Voici quelques méfaits de cette O.I.G.[1] où les USA ont
un droit de veto[2].
Égypte : une grève sévèrement réprimée : 4
août 1989[3]
« La police a pris d'assaut une usine et arrêté cinq
cents ouvriers. Les désordres ont commencé début juillet à la suite
d'une réduction de la prime d'encouragement accordée aux ouvriers, dans
le but le limiter les pertes de l'usine. Cette mesure s’inscrivait dans
1e cadre plus large des efforts déployés par le gouvernement égyptien
pour réduire le déficit budgétaire afin de parvenir un accord avec le
Fonds monétaire international en vue de rééchelonner une partie de la
dette extérieure, estimée à près de 44 milliards de $ ».
C’est un
des aspects essentiels des remèdes FMI en échange d’un prêt à un État
dans le besoin de devises pour payer ses dettes : baisser drastiquement
les dépenses. Ici, l’État égyptien réduit les primes accordées aux
ouvriers d’une usine métallurgique d’État.
Philippines : le FMI suspend son crédit
(août 1991)
Autre aspect des remèdes FMI :
les prêts sont dédiés. On ne peut pas s’en servir pour autre chose. Le
gouvernement philippin voulait se servir du prêt FMI pour subventionner
une entreprise publique en difficulté. Impossible.
« Le Fonds monétaire international a suspendu une
partie d'un crédit standby de 916 millions de dollars accordé à Manille,
en raison des problèmes financiers de l'entreprise publique
d'électricité National Power Corp. (NPC). Le FMI a repoussé son examen
du programme de stabilisation économique (sic) du pays, initialement
prévu au mois d'août, en conseillant à Manille «de ne pas puiser dans la
même caisse» l'argent pour réaliser le programme de stabilisation de
l'économie et pour sortir la NPC du rouge »[4].
Algérie :
hausse du prix des produits de première nécessité (août 1991)
« Le
Parlement algérien a rejeté lundi 26 août les augmentations des prix des
produits de première nécessité proposées par le gouvernement dans la
loi de finance complémentaire pour 1991 et qui font partie du plan de
restructuration économique négocié avec le Fonds monétaire international
(FMI) en avril dernier.
Le président de l'Assemblée
a invité le gouvernement à demander au FMI de surseoir jusqu'à la fin
de l'année à ces augmentations et estime qu'il faut trouver des
compensations pour les revenus Les plus faibles »[5].
Il arrive que les exigences du FMI se heurtent
momentanément à des résistances. Dans la stratégie globale qui consiste
à réduire les dépenses, coûte que coûte, les subventions publiques pour
une nourriture accessible aux plus pauvres entrent dans la ligne de
mire du FMI.
La
Suède se fait taper sur les doigts.1993
Même les pays "riches", en difficultés
passagères, doivent obéir au doigt et à l’œil.
« La
crise économique en Suède serait principalement due au niveau très élevé
des dépenses publiques, selon un rapport confidentiel du Fonds
monétaire international (FMI) dont certains éléments ont été dévoilés
jeudi 26 août (1993, JPR). L'institution explique que ces dépenses «ont
affaibli les incitations à l'emploi et à l'épargne et nécessité un
niveau de taxation paralysant». Les économies budgétaires (…) sont
insuffisantes pour réduire la dette, estime le FMI, qui préconise d'en
doubler le montant. Jeudi 26 août, la Banque centrale suédoise a dû
intervenir sur le marché des changes de Stockholm pour soutenir la
couronne affaiblie par les analyses du FMI »[6].
Le FMI
n’est pas un organisme d’aide mais un organe de contrôle et de
coercition.
Voilà quelques exemples des décennies précédentes que
connaît bien Mr Noyer. Réduire les dépenses ? Comme celles-ci sont
toujours portées sur le compte du secteur public, la solution systémique
préconisée a toujours été la privatisation. Et c’est la porte ouverte
aux capitaux extérieurs.
Le socialiste Strauss-Kahn, pardon, le
social-démocrate Strauss-Kahn propose-t-il d’autres solutions ?
Le FMI est de retour, tremblez bonnes gens !
[1] Organisation internationale
intergouvernementale.
[2] Le
FMI ne relève pas du système onusien où les votes s’effectuent selon le
principe 1 état = 1 voix. Au FMI, on vote en fonction de son APPORT
FINANCIER. Un État qui a apporté 3% de devises au fonds commun possède
3% des votes, etc… Or, dès sa création, les décisions devaient se
prendre à 85% des voix et les États-Unis possédèrent jusqu’à près de 20%
des votes, aujourd’hui c’est un peu plus de 17%. Bref, dans un éventuel
« seul contre tous », les pays-membres voteraient à 83% et la barre des
85% ne serait pas atteinte. Le FMI ne peut rien faire sans l’accord des
Américains.
[3] Le Monde, daté
du 4 août 1989.
[4] Le Monde, daté
du 28 août 1991.
[5] Le Monde daté
du 28 août 1991.