Bourdieu : une civilisation qui disparaît… (L’improbable)

publié le 27 juin 2011, 08:12 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 2 juil. 2011, 02:10 ]
  13/01/2011  

Je publie l’éditorial de janvier du journal de l’association l’Improbable dont je suis adhérent. Le titre est de moi.

Oui mais, ça branle dans le manche

Les mauvais jours finiront

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s'y mettront

Jean-Baptiste Clément - La semaine sanglante (1871)

4 589 milliards € = montant des aides apportées aux banques entre 2008 et octobre 2010 par les États européens.

45,4 milliards € = sommes que, chaque année, l'État français verse à ces mêmes banques (!) au titre des seuls intérêts de la dette.

1,2 milliard € = somme remboursée par la Sécurité Sociale au titre du Médiator.

308 fois à 1133 fois le SMIC = hauteur des revenus moyens des patrons du CAC 40.

3 millions € = montant moyen des stock-options touché en plus, en 2009, par ces mêmes patrons.

N'oublions pas, comme chez Jacques Prévert, le raton laveur, en l'occurrence le SMIC horaire, passé de 8,86 à 9 €, c'est-à-dire : 1 365,03 € bruts par mois.

Il y a quelque 60 ans, le vent d'invention sociale impulsé par le Conseil National de la Résistance donnait naissance à la fonction publique.

Aujourd'hui, un vent contraire tente de détruire la fonction publique, du moins ce qu'il en reste, et des dizaines de milliers d'emplois sont supprimés santé, éducation nationale, justice (sans oublier la suppression du quart des tribunaux de prud'hommes), police, bureaux de poste, télécommunications, distributions de l'électricité et du gaz, transports ferroviaires et entretien des routes.

Pour cette tâche, un gouvernement. Avec un chef de l'État qui se présente en protecteur de tous, mais dont les promesses sécuritaires, sans cesse réitérées, si elles soignent les peurs de Neuilly et de Chantilly, sont autant de menaces à la sécurité du plus grand nombre. Cet homme est plein de sollicitude pour ses amis ainsi a-t-il décoré de la Légion d'Honneur, en 2009, le patron du laboratoire produisant le Médiator, laboratoire dont il était l'avocat avant de devenir président.

La disparition du service public est un désastre programmé en train de s'accomplir sous nos yeux. Pourtant, confiants dans les affirmations présidentielles et médiatiques selon lesquelles il s'agit d'économiser, l'argent du contribuable, certains sont encore dupes et se réjouissent de la diminution du nombre des fonctionnaires, qu'ils traitent d' «apparatchiks» bénéficiant de la sécurité de l'emploi en n'en fichant pas une rame… et qui pourtant paralysent le pays quand ils cessent le travail. Aveuglés, et sourds à ce que dit la rue, ils ne veulent pas admettre que cette disparition signifie à terme la privatisation de tous les services sociaux. Ce que Bourdieu décrivait déjà en dénonçant la « destruction d'une civilisation associée à l'existence du service public». Et c'est bien, en effet, une « civilisation» qui est en train de disparaître. (C’est moi qui souligne, JPR)

Et nous en voyons les effets tous les jours. Dans les transports : « il neige en hiver, c'est la faute à la météo ! » Dans les hôpitaux : les soins sont trop chers, il faut les réserver à ceux qui peuvent payer et qui, pour cela, ont choisi l'assurance privée adéquate ! Dans les écoles : tous les élèves ne peuvent pas être égaux ! Dans les bureaux de poste : les usagers sont beaucoup moins rentables que les clients…de la banque postale ! Dans les «quartiers» : non, ce n'est pas le chômage, c’est «l'oisiveté, mère de tous les vices », qui conduit à la délinquance ! Etc.

Ce monde là est assassin, ce monde là est à changer et un autre est possible.

En guise de vœux pour 2011 (an CCXIX du calendrier révolutionnaire) L 'Improbablevous invite à rejoindre ce à quoi il veut participer :

- défendre ce qui existe encore des acquis issus du programme du Conseil National de la Résistance

s'indigner devant ce qui se trame, parce qu’un tel monde n'est décidément pas possible.

- construire à partir de ce qui est (la Sécurité Sociale, le système de retraite par répartition qui porte l'avenir.

C'est ce que nous voulons porter et ce que nous porterons ; c'est aussi ce que nous chanterons et que nous vous invitons à chanter, lors du banquet républicain auquel nous vous convions, le 21 janvier prochain, 1er pluviôse de l'an CCXIX.

L'Improbable

www.limpropable.org

limpropable88@orange.fr 

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