LE REPAS GASTRONOMIQUE DES FRANÇAIS…

publié le 5 oct. 2013, 06:57 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 5 oct. 2013, 06:58 ]
18/11/2010  

C’est aujourd’hui le jeudi 18 novembre et je vous écris, amis du monde entier, depuis la capitale mondiale de la gastronomie : LYON. Ce jour est aussi celui d’une libération : depuis ce matin 00h00 on a enfin libéré le prisonnier le plus désiré : le Beaujolais primeur. Toutes les rues de Lyon vont nous faire profiter de la dégustation du nouveau-né accompagné de quelque charcuterie.

Une bonne nouvelle en appelant une autre, l'Unesco a élevé le « repas gastronomique des Français » au rang de patrimoine de l’humanité. Les mauvaises langues diront peut-être que le Beaujolais n’est peut-être pas le mieux qualifié pour figurer au cœur du repas gastronomique des Français mais j’en connais de superbes qui pourront aisément les confondre.

Tout cela m’autorise à vous faire part de cet article jubilatoire :

Pourquoi ferait-on la fine bouche? L’UNESCO, organisme de l’ONU pour la culture et l'éducation, a décidé mardi d'élever « le repas gastronomique des Français » au rang de patrimoine culturel immatériel de l'humanité Une reconnaissance qui n'allait pas de soi, puisque les émissaires de notre pays ont dû mitonner cette consécration dans les arrière-cuisines de l'Unesco depuis 2008. En guise de digestif, Catherine Colonna, ambassadrice de France auprès de l'Unesco, a susurré en séance: « Les Français aiment se retrouver bien boire et bien manger et célébrer un bon moment de cette façon. C'est une partie de nos traditions et une tradition bien vivante ».

L’Unesco a trouvé le dossier à son goût, et c'est avec une sobriété d'ethnologue qu'elle a relevé que le repas était en France « une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes ». Et donc une pratique qui renforce l'identité collective et concourt à la diversité culturelle du monde, un ingrédient indispensable à toute distinction par l'organisme onusien.

Au menu de l'Unesco donc, il n'est pas question de la seule cuisine française mais du repas dans son entier : ce qu'il y a dans l'assiette et dans le verre mais aussi le rituel, les arts de la table (une esthétique ?), la convivialité et cette capacité tout hexagonale de pouvoir disserter à l'infini sur cc qu'on mange, ce qu'on a mangé et ce qu'on mangera. Un plat roboratif, finalement, qui va du produit agricole jusqu’au goût de la conversation.

Homme de l'art étoilé, Alain Ducasse a ajouté sa note, juste : « Mon vœu le plus cher est que de nombreux autres pays fassent acte de candidature pour leurs propres pratiques. On comprendra peut-être mieux alors combien le monde est riche de sa diversité ».

p.c.c. DANY STIVE (l’Humanité de ce jour).

 

Que cela m’autorise aussi à rendre hommage à mes amis lointains de la Satyre ménippée qui fêtaient dignement … la fête, en rejetant les violences et intolérances de la soi-disant Sainte Ligue catholique, apostolique et romaine.

La Satyre Ménippée

« L’humanisme du XVI° siècle trouve une occasion claire et nette de se manifester avec la guerre civile que causa le combat de la Sainte Ligue. Lorsque le duc de Mayenne décida de convoquer des Etats généraux pour désigner un roi de France, autre que Henri IV, choix qui aurait approfondi de façon irréversible le fossé qui séparait les partis en confrontation, des Parisiens politiques s’engagent et font circuler sous le manteau un texte qui ridiculise et condamne ces Etats et leurs acteurs, mais qui prend nettement parti pour Henri IV (alors -fait notable- que celui-ci n’a pas encore abjuré son protestantisme)[1]. Ce texte, c’est la Satyre ménippée[2].

Ce qu’il y a de sympathique dans la Satyre Ménippée c’est qu’elle est le fruit de l’amitié de quelques copains qui se retrouvaient régulièrement autour d’une bonne table avec rires et chansons. Durant le siège de Paris par les troupes d’Henri IV, Paris tenu par les ligueurs fanatiques, la table est moins garnie… On a là, de francs buveurs à la face empourprée, qui tous regrettent les chapons d’Angers, le vin d’Orléans, les ripailles dans les hôtelleries de la rue de la Harpe, tous regrettent le temps "où chacun avait du blé en son grenier et du vin en sa cave". Amoureux de la vie, ces copains sont amoureux tout court et ils saluent dans Henri IV le "vert galant" qui aime les femmes. Les amis communient dans la même hostilité au fanatisme des Ligueurs et, rivalisant en mots d’esprits et caricatures, ils s’en moquent avec talent. Jusqu’au jour où la gravité de la situation les amène à rendre publics leurs textes qui n’étaient jusqu’alors que bonnes blagues d’anciens étudiants portés sur la dive bouteille chère à Rabelais. Il leur fallait du courage car Paris assiégé est encore aux mains des Ligueurs. Aussi la publication fut-elle d’abord clandestine.

L’humanisme des auteurs apparaît dans leur désir de paix, de concorde, de dialogue, leur revendication pour la liberté d’expression. Ils se prononcent clairement pour la loi Salique, c’est-à-dire qu’ils considèrent légitime la place d’Henri IV sur le trône de France. Ils sont pour le gallicanisme comme l’ultramontanisme[3], pour une politique nationale indépendante des volontés espagnoles. En revanche, ils condamnent les fauteurs de guerre, les fanatiques, la trahison, la cupidité, l’ambition et plus encore l’ambition intéressée. Les violences de la soldatesque les font vomir et ils montrent bien les effets de l’ignorance sur la brute épaisse et, inversement, le raffinement dans les comportements humains qu’apportent la culture et l’éducation. Tout cela de façon drôle et plaisante et la Satyre Ménippée sera un grand succès de librairie, après comme durant sa clandestinité. Je la citerai avec respect pour ses auteurs qui eussent été de bons compagnons… »[4]


[1] Henri IV abjure le 25 juillet 1593, le texte sort clandestinement en mars/avril 1593.

[2] Le nom vient du philosophe cynique de l’Antiquité Ménippus (III° siècle avant N.E.) qui traitait des problèmes moraux sur le ton de l’ironie, de l’humour tout en faisant passer clairement son message.

[3] Autrement dit, pour les libertés de l’Eglise de France contre l’autoritarisme du Pape.

[4] Extrait de « Traditionalisme & Révolution », chapitre 2. 

Commentaires