28/12/2010 A l’occasion du 90° anniversaire de la création du P.C.F. à Tours, le Monde publie un éditorial enthousiaste d’où j’extrais la conclusion, digne d’une fanfare à la Berlioz : « Enfin, privé de modèle de référence depuis la disparition de l'Union soviétique au début des années 1990, le PCF est, à l'évidence, en panne de stratégie. Ses hésitations à l'approche de l'élection présidentielle de 2012 en témoignent : ou bien il se contente d'être une force d'appoint du Parti socialiste, en espérant sauver ainsi ses derniers bastions ; ou bien il accepte l'OPA que Jean-Luc Mélenchon entend faire sur ses dernières troupes, ce qui revient à remettre son sort entre les mains d'un tribun venu du PS. Dans les deux hypothèses, on voit mal le PCF capable de "relever le défi d'un nouveau siècle d'émancipation", comme l'y invitait récemment son nouveau secrétaire général, Pierre Laurent. Sombre alternative. Pour ne pas dire impasse totale ». Quand j’étais jeune adhérent (1964), j’ai suivi ce qu’on appelait « une école du parti ». Oh ! Ne vous imaginez pas un bâtiment type université Lomonossov à Moscou ! Non, c’était une modeste et obscure salle de fond de bistrot, mal aérée où s’accumulaient les tas d’affiches non encore collées et qui, visiblement, ne le seraient jamais. Quant à "l’instituteur", c’était un camarade cheminot, qui prenait sur son temps de repos la tâche de nous enseigner l’ ABC du marxisme. Un jour "d’école", il nous dit comment devait être construit un journal de cellule. Après l’analyse de la situation, il fallait TOUJOURS ouvrir une perspective au lecteur, ne jamais le laisser dans l’angoisse du "on n’y peut rien", offrir au contraire une action : réunion entre voisins, manif, meeting, collage d’affiches,…Bref, quand je lis cet éditorial du Monde, je rigole devant l’ampleur du différentiel de comportement. Terminer un article par « impasse totale » dit trop bien que Le Monde se moque totalement des perspectives révolutionnaires et de l’angoisse de ses lecteurs. Mais on ne peut lui en vouloir : c’est un journal conservateur. Cela dit, il y a des choses à rectifier dans cet éditorial funéraire. J’ai quitté le parti en 1984, mais je puis témoigner que dès les années 1980-81 le PCF avait pris ses distances avec l’URSS en tant que modèle d’édification du socialisme. Le PCF concevait autre chose pour la France. C’est un fait. Et Le Monde se trompe. Parler de l’OPA de Mélenchon ne correspond à rien (hélas, la vérité de 2011 n'est pas celle de 2017, JPR) . Visiblement, de même que les médias sarkozystes ne possèdent aucun journaliste de gauche, de même Le Monde n’emploie aucun journaliste membre du Front de gauche. Et c’est bien dommage. Le pluralisme, c’est pour les autres. Quand j’observe le mouvement social qui a eu lieu entre Septembre et Novembre, je me dis que l’on n’est pas dans une impasse totale. C’est à ces millions de travailleurs qui ont discuté/manifesté/défilé qu’il appartient de se donner l’organisme politique dont ils ont besoin. On tirera les premières conclusions après les cantonales de 2011.
Mais je voudrais poser une question au Monde. Le PS offre-t-il une issue ou une impasse ? Strauss-Kahn c’est un boulevard ? Pour changer vraiment les choses c’est un mur. Mais en termes de perspectives électotal(ist)es, assurément, son élection peut ouvrir des boulevards à des centaines de socialistes avides d’aller "à la soupe" comme disait le général de Gaulle. Mais si c’est cela offrir une perspective au peuple français, merci bien, je n’en suis pas. L’UMP après la crise de 2008 va gérer comment -si elle est réélue en 2012- la crise nouvelle que tout le monde annonce sachant que les "remèdes" n’ont absolument rien changé à la situation et que les banques poursuivent leur manœuvres insolentes ? Le libéralisme économique que Le Monde propose indéfiniment tout au long de ses colonnes, mène à l’ouverture ou dans une impasse ? |