L'élection présidentielle pour élire un homme nouveau (le mandat n'était pas renouvelable et Louis-Napoléon Bonaparte n'arrivait pas à obtenir de la chambre des députés –royaliste- la réforme constitutionnelle lui permettant de se représenter) était prévue pour le deuxième dimanche du mois de mai 1852[1]. La situation politique était confuse. Le Prince-Président et les députés de la majorité monarchiste étaient en conflit permanent et, dans le pays, les forces républicaines avaient le vent en poupe. A tort ou à raison, en cette année 1851, tout le monde croyait ou feignait de croire que les "Rouges"[2] allaient l'emporter en mai 1852. "Le socialisme a fait des progrès effrayants ; dans plusieurs départements la liste rouge passera.... " écrit Morny, demi-frère de L.-N. Bonaparte. Cela suscitait une peur terrible chez les possédants. Une quinzaine d'années plus tard, un républicain témoignait : « qu'on se souvienne des effroyables terreurs imposées par l'approche de 1852. Le mot d'ordre était partout le même : le vote universel (donc ne tenant pas compte de la loi électorale du 31 mai) de gré ou de force pour 1852[3]. Le résultat fut inouï. A la fin de 1851, personne ne doutait que la masse des campagnes fût acquise au parti avancé». Dès 1851, l'activité des sociétés républicaines redoubla, en effet, et l'on constitua fiévreusement des dépôts d'armes. Un député écrivait à l'un de ses amis : « C'est en 1852 seulement que la lutte doit s'ouvrir. On devra alors marcher en corps sur le chef-lieu de département et y proclamer de nouveau la révolution triomphant de ses ennemis ». Que de naïveté dans ce "seulement"… Les républicains seront pris de vitesse par le comploteur Louis-Napoléon Bonaparte. Enseignement essentiel : en politique, il faut toujours prendre l’initiative. Durant l'été 1851, quatre départements complètement agricoles, loin des grands centres, sont déclarés ingouvernables par le pouvoir et mis en état de siège[4]. Ce qui suscite des cris dans la presse napoléonienne : "les paysans passent au socialisme !". Romieu[5], Louis-Napoléon Bonaparte et ses acolytes doivent faire quelque chose. L'assemblée des députés en majorité royalistes s'oppose au Prince-Président ? Qu'à cela ne tienne : on va la dissoudre. La constitution l'interdit ? Soit… ce sera donc un coup d'État. Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851 [6], le groupe de Louis-Napoléon Bonaparte passe donc à l'acte. Il franchit le Rubicon (nom de code de l'opération) : on se prend pour César. Louis-Napoléon Bonaparte annonce la dissolution de la chambre des députés, ce qui est contraire à la constitution. Il proclame l'état de siège dans la 1ère division militaire (Paris), il annonce la tenue d'un plébiscite. Bien entendu, Louis-Napoléon Bonaparte s'était engagé à respecter la constitution. Mais, sous réserve d'un inventaire plus précis[7], c'est le prototype de l'homme politique contemporain capable de dire n'importe quoi, de mentir, avec un aplomb, une apparente sincérité qui médusent … Les comparses Louis-Napoléon Bonaparte s'est entouré de personnages, tous très peu recommandables. A son image, en quelque sorte. On constate "l'absence parmi les coopérateurs du coup d'État de tout personnage qui eût conquis, à cette époque, quelque autorité dans le pays, soit par son rôle politique soit par une carrière militaire ou civile, remplie avec distinction"[8]. Mais Victor Hugo dit encore mieux les choses : "Maupas, Morny, Magnan, Saint-Arnaud, Bonaparte ! Courbons nos fronts ! Gomorrhe a triomphé de Sparte ! Cinq hommes ! Cinq bandits".
"Les officiers avec nous" Il fallait avoir l'armée avec soi. Celle-ci fut préparée, "travaillée" au niveau des soldats et surtout au niveau des officiers. Comment demander à un officier de trahir ses serments de fidélité pour assumer la responsabilité d'un coup d'État ? Il faut viser juste car si l'on se trompe sur la cible, tout est éventé. Il faut tomber sur un officier suffisamment amoral. C'est nécessairement un homme "dont le maniement est délicat en raison des qualités mêmes (des défauts, faudrait-il dire, JPR) qui appellent sur lui l'intérêt"[9]. Il faut choisir un individu qui a une tare quelque part, un revanchard, un aigri, un insatisfait, évidemment un ambitieux car il faut lui proposer une promotion en échange. Le deal, ce sont les deux étoiles ou une étoile supplémentaire si l'officier est déjà général de brigade. Fleury, "chargé" par le Prince-Président "d'apprécier les courages et d'évoquer les dévouements" comme l'écrit un laudateur du coup d'État, va draguer les états-majors en Algérie, il sonde pour trouver ceux qui "ont une égale horreur du parlementarisme et du socialisme"[10]. Il détecte un certain Espinasse, lieutenant-colonel, "qui a derrière lui trois échecs au concours de l’École d’État-major"[11]. Fleury raconte : "je fis luire à ses yeux toutes les chances d'avancement qui attendaient un officier tel que lui s'il se liait à la fortune de Louis Napoléon. (…). Son imagination s'enflammait". Ça marche. On le retrouvera ministre de l'Intérieur et de la Sûreté publique. Espinasse était distingué par Leroy de Saint-Arnaud pour qui les officiers étaient tous soit des "imbéciles" soit des "crapules". C'est tout dire, car Leroy de Saint-Arnaud est un modèle du genre. Du genre de la crapule, on va le voir. Saint-Arnaud aura la responsabilité militaire du coup. "Quand vous verrez arriver Saint-Arnaud au ministère" avait prophétisé Lamoricière (député, un des "africains" de Louis-Philippe) "dites : voilà le coup d'État". Il s'appelle de son vrai nom Arnaud Leroy, mais il s'est donné lui-même, sous la Restauration, des armoiries avec le titre de Comte (son père était préfet de l'Empire). Convaincu de vol, sous Louis XVIII, il est chassé de la Garde. Jusqu'à trente ans, "il fait tous les métiers, a recours à tous les expédients, il vit des femmes et du jeu" raconte son biographe de 1941, Louis Bertrand. Il pince de la guitare, il est ténor dans un groupe lyrique, "sans fortune, il aime le luxe et la vie élégante. C'est pourquoi il est si pressé d'arriver". Comme il n'y a de la veine que pour la canaille, il se trouve sous les ordres de Bugeaud après avoir réintégré l'armée "par la petite porte". Bugeaud, à qui sera confiée la répression de la révolution du 25 février 1848, trouve Saint-Arnaud sympathique : "voilà un homme selon mon esprit et selon mon cœur". Et c'est le maréchal Bugeaud qui va l'emmener en Algérie. Saint-Arnaud sera un subordonné zélé : "la guerre ! Voilà la guerre ! Vive la gloire ! Le maréchal veut être impitoyable ? J'exécuterai ses ordres !". Un fou de guerre. Ne dit-il pas :"quand je vois l'ennemi (…) je m'exalte, je me monte, je deviens général. Et quand je suis victorieux j'éprouve une de ces joies célestes qu'on sent mais qu'on n'exprime pas"[12]. "L'enthousiasme du carnage" dont parlait le comte Joseph de Maistre…et le carnage, Saint-Arnaud, il connaît. "Je pille, je brûle, je dévaste, je coupe les arbres, je détruis les récoltes ; le pays entouré d'un horizon de flammes et de fumée me rappelle un petit Palatinat en miniature" écrit-il à sa femme. Palatinat : l'exemple de Louvois appartient à la culture des militaires d'extrême-droite… Il enfume les "brigands", cinq cents d'un coup dans "leurs cavernes. La terreur couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques"[13]. Fanatique… Le mot est bien choisi, mais la cible n'est pas la bonne, c'est celui qui le dit qui y est. Lorsqu’arrive la révolution de février 1848, Saint-Arnaud est dégoûté. Il exècre la République, ayant "horreur instinctive de la canaille" selon ses propres mots. Il est prévenu contre L.-N. Bonaparte, qu'au départ il prend "pour une espèce de rouge"[14]. Pour se rallier un militaire aussi précieux, les bonapartistes vont décider en Kabylie pour 1851, année de préparation du coup d’État, une sorte d'expédition dont Saint-Arnaud aura la direction. Son succès permettra ainsi de faire passer auprès de l'opinion la promotion qu'on lui destine. Ce fut une expédition "parfaitement inutile" selon l'historien C. Rousset, cité par H. Guillemin, "au terme de laquelle l'affermissement de notre domination fut à peu près nul. Quand nous parûmes en 1853, dans la même contrée, nous ne trouvâmes ni vestiges, ni souvenirs de l'apparition de nos colonnes en 1851". Il n'empêche, conformément à sa mission Fleury prend contact avec lui et Saint-Arnaud marche dans la combine : "assurez le prince, dès aujourd'hui, qu'il peut compter sur moi ; qu'il me fasse général de division le plus vite possible et je réponds du reste". On ne perd pas le nord. Ces hauts faits d'armes valent à Saint-Arnaud cette sucrerie de la part de Louis-Napoléon Bonaparte : "Mon cher général, Les hommes de cœur se devinent, s'estiment réciproquement et s'aiment sans cependant s'être jamais vus. C'est ce qui m'arrive vis-à-vis de vous, car il y a longtemps que je suis avec intérêt votre brillante carrière et que j'éprouve pour vous les sentiments les plus amicaux. (…). Aussi suis-je heureux de pouvoir vous annoncer votre nomination comme général de division". Le 26 juillet 1851, Saint-Arnaud prend le commandement d'une division de l'armée de Paris. Son ascension n'est pourtant pas terminée. C'était quelques mots sur Saint-Arnaud, "franc comme l'acier de son glaive" (Bélouino, historien bonapartiste, 1853), d'une "droiture inflexible" (Mayer, même date), dont on peut dire que "nul n'a porté si haut le culte de l'Honneur" (Louis Bertrand, Académie française, 1941)[15]. Quant à Morny, son intelligence, sa dureté (un "tueur" selon Victor Hugo) et ses liens familiaux (c'est le demi-frère du Prince-Président) expliquent qu'on lui ait attribué la responsabilité politique de l'opération. Son amoralité l'autorise à dire : "quand vous me verrez arriver au ministère, - c'est évidemment du ministère de l'intérieur dont il s'agit- vous pourrez dire "c'est maintenant". De fait, il y arrive dans la nuit du 1er au 2 décembre. Pour situer le personnage, on pourrait dire qu'il était très connu parmi les milieux financiers et particulièrement à la bourse où il spéculait sans arrêt. Mais, soyons juste, il n'était pas seul dans ce cas. Disons plutôt pour mieux le cerner, qu'au lendemain des élections de 1849, il écrivit ceci : "le socialisme a fait des progrès effrayants ; dans plusieurs départements la liste rouge passera.... Dans ce cas, il n'y aura plus qu'à plier bagage, à organiser la guerre civile et à prier MM. les Cosaques de nous aider[16]... Je pense que votre fierté nationale va se révolter ; mais, croyez-moi, si vous voyiez un socialiste de près, vous n'hésiteriez pas à lui préférer un Cosaque. Mon patriotisme s'arrête là". Quel cynisme impassible ! Plier bagage ! L'émigration du comte d'Artois, dès le 17 juillet 1789, a fait des émules… Et voilà encore une extrême-droite sans xénophobie, pour Morny l'arrivée des cosaques eût été une divine surprise avant la lettre. Maupas aura la responsabilité de la police. C'était un membre du corps préfectoral sous la Monarchie de Juillet que la république née de la révolution de 1848 a révoqué. Mais le Prince-Président le réintègre dès 1849, et, de la préfecture de Toulouse, il passe à la préfecture de police de Paris. Louis-Napoléon Bonaparte en avait vite fait son confident, nous dit Jean Dautry, parce qu'il avait découvert en lui une absence totale de conscience morale ainsi qu'un désir effréné de parvenir. La préfecture de police ! Poste-clé, s'il en est pour un coup d'État. Maupas réussit à circonvenir plusieurs commissaires de police de la capitale et obtient d'eux l'arrestation parfaitement illégale de 78 personnalités dont 16 députés, au lever du lit, le 2 au matin cependant que le Colonel Espinasse et ses sbires se glissent au même petit matin par la grille du Palais-Bourbon qui s'ouvre pour les balayeurs et jardiniers et occupent la chambre des députés. Effronté comme son leader, Maupas, dans un texte publié le 2 décembre, va jusqu'à écrire "des factieux seuls pourraient vouloir mettre obstacle à la volonté du premier magistrat du pays". Des factieux ! Mais lui qu'est-il donc ? Il fait un coup d'État, commet un crime et appelle les autres "factieux". Le voleur qui crie "au voleur" ! le 4, face à la résistance des républicains, il annonce : "le stationnement des piétons sur la voie publique et la formation de groupes seront sans sommation dispersés par la force". Beaucoup plus tard, en 1885, il adhèrera au boulangisme. Toute une vie consacrée à se battre contre la République. Magnan est militaire, officier général, commandant en chef de l'armée de Paris depuis le 15 juillet 1851. Il est également "mouillé" dans l'affaire de la conspiration de Boulogne contre le roi Louis-Philippe. Mais pour sauver sa peau, il témoigna contre Louis-Napoléon Bonaparte ! Le rat avait quitté le navire. Il y remonte à l'occasion d'une autre escale. Magnan avait donné des preuves de sa brutalité à Lyon, lors de la tentative révolutionnaire des 14 et 15 juin 1849, où, sur le plateau de la Croix-Rousse ("où j'ai appris la guerre des rues" dit-il lui-même), il accule les ouvriers et fait tirer "pendant six heures, six cents coups de canon". 150 canuts "Voraces" sont tués, 1500 mis en prison. Sa récompense fut sa promotion à Paris. Le 26 novembre 1851, il réunit 21 généraux de la 1ère région militaire à qui il laisse entendre l'imminence du coup. "Vous obéirez passivement à mes ordres. Toute votre vie vous avez pratiquez et compris le devoir militaire de cette façon-là"[17]…. L'armée de citoyens, c'est quelque chose. Lui-même, toujours pleutre, "n'agit que sous les ordres formels de son chef hiérarchique, le ministre de la guerre"[18]. Bilan du 2-décembre Le coup d'État est une tache indélébile. Les Républicains n'auront de cesse de lutter jusqu'à la disparition de l'empire avec lequel aucune conciliation n'est possible. Songeons à Victor Hugo qui resta dix-neuf ans en exil [19]. Certains parlent aujourd’hui de "réhabiliter le second empire", ne voient-ils pas que ce serait là désavouer l'immense poète ? Gambetta, dans sa plaidoirie déjà évoquée, relève que les bonapartistes n'ont jamais osé célébrer leur prise du pouvoir : "iI y a d'ailleurs quelque chose qui juge nos adversaires : Écoutez ! Voilà dix-sept ans –il parle en 1868- que vous êtes les maîtres absolus, discrétionnaires de la France - c'est votre mot. (…) ce qui vous juge le mieux, parce que c'est l'attestation de vos propres remords, c'est que vous n'avez jamais osé dire : "Nous célébrerons, nous mettrons au rang des solennités de la France le 2 décembre, comme un anniversaire national. Et cependant tous les régimes qui se sont succédé dans ce pays se sont honorés du jour qui les a vus naître. Ils ont fêté le 14 juillet, le 10 août; les journées de juillet 1830 ont été fêtées aussi, de même que le 24 février; il n'y a que deux anniversaires, le 18 Brumaire et le 2 Décembre qui n'ont jamais été mis au rang des solennités d'origine parce que vous savez que, si vous vouliez les y mettre, la conscience universelle les repousserait !". C'est au contraire une date souvenir pour les démocrates et les Républicains :"Eh bien! Cet anniversaire dont vous n'avez pas voulu, nous le revendiquons, nous le prenons pour nous. Nous le fêterons toujours, chaque année, jusqu'au jour où le pays, redevenu le maître, vous imposera la grande expiation nationale, au nom de la Liberté, de l'Égalité, de la Fraternité". Gambetta, la voix de la République. Il y eut des réactions patriotiques hostiles au coup d'État de décembre 51, elles sont dénoncées a posteriori par les laquais du régime : "La jacquerie venait de lever son drapeau. Des bandes d'assassins parcouraient les campagnes, marchaient sur les villes, envahissaient les maisons particulières, pillaient, brûlaient, tuaient, laissant partout l'horreur de crimes abominables qui nous reportaient aux plus mauvais jours de la barbarie. C'était du cannibalisme tel que les imaginations les plus hardies auraient pu à peine le supposer"[20]. Le coup d'État a évité le cannibalisme à la France ! Le sénateur de La Guéronnière fait du Romieu a posteriori… En réalité, les bonapartistes ont inventé l'homme au couteau entre les dents… Si l'on ajoute à cela leur haine du parlementarisme, on a bien les éléments de l'équation fasciste chère à Zeev Sternhell. Victor Hugo ne pouvait pas composer avec un régime pareil. Certes, il y eut la célèbre période de l'empire "libéral" (qui marque en réalité le retour des notables), il y eut des Duruy pour faire progresser l'enseignement. Gambetta n'eût pas pu prononcer sa plaidoirie sous un régime authentiquement fasciste. Et d'ailleurs nous ne prétendons pas mettre un signe d'égalité entre le bonapartisme et le fascisme. Mais si l'on part à la recherche des causes du fascisme du XX° siècle, de ses origines lointaines, on a bien là du grain à moudre. Ci-dessous, la barricade républicaine du 3 décembre 1851, où meurt Baudin, député, qui déclare à l'ouvrier qui refuse de se battre pour des députés qui gagnent 25 francs : "Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs".
Tableau d'Ernest Pichio, représentant Alphonse Baudin sur la
barricade du faubourg Saint-Antoine où il fut tué le 3 décembre 1851 (musée
Carnavalet). (à l'attention particulière de certains Gilets Jaunes). pour compléter chapitre 9 de mon livre, VOLUME I et aussi [1] La première élection au S.U. du président de la République a eu lieu en 1848, le mandat était de 4 ans. [2] Le parti de l'ordre appelait "rouge" tout ce qui était républicain. Généralisation abusive destinée à effrayer les propriétaires. [3] L'assemblée – à majorité royaliste - avait voté la loi électorale du 31 mai 1850 qui imposait l'inscription au bureau de la commune depuis plus d'un an pour chaque électeur. Cette mesure éliminait, de facto, trois millions d'électeurs, ouvriers pour la plupart, obligés de déménager pour trouver du travail, à l'image de Lantier dans le Germinal d'Emile Zola. [4] E. PENOT, "Paris en décembre 1851", page 50. Il s'agit du Cher, de la Nièvre, de la Drôme et de l'Ardèche. Toujours bastions de la Gauche et de la République. [5] Romieu est un préfet, auteur d’une brochure (1851) extrêmement violente contre les « Rouges », brochure dans laquelle il est aisé de trouver les racines idéologiques du fascisme. [6] On sait que le 2 décembre est le jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier et de la victoire d’Austerlitz. [7] Mirabeau, déjà, avait trahi ses amis politiques en complotant avec la cour et Louis XVI. C'était un homme au double langage. Parlant de Robespierre, il disait : "il ira loin, il croit tout ce qu'il dit". Croire à ce qu'on dit publiquement, Mirabeau ne savait pas ce que cela voulait dire. Néanmoins, il me semble que le mensonge élevé au niveau de la pratique politique d'Etat s'est généralisé avec les hommes du Second Empire. Quoique le Directoire avait également de beaux spécimens…. [8] E. PENOT, "Paris en décembre 1851", page 99. [9] H. GUILLEMIN. [10] Cité par J. DAUTRY, page 299. On notera, au passage, qu'on a là l'équation fasciste posée par Zeev Sternhell. [11] H. GUILLEMIN, page 292. Toutes les citations suivantes sont extraites du chapitre IV de l'excellent ouvrage de cet auteur. [12] Cité par Louis BERTRAND, page 143. Voilà le type de soldat que H. Taine oppose à la foule brutale. [13] GUILLEMIN poursuit la description du comportement de ce que l'académicien pétainiste de 1941 appelle "un grand africain" : "Citons quelques extraits des lettres de Saint-Arnaud à sa femme pendant la campagne. 12 mai 1851: "De ma tente, je vois brûler les villages arabes. J'espère que la leçon sera bonne et leur profitera", 14 mai : « Quelle destruction sur notre passage ! [...] J'ai brûlé beaucoup de villages et tué pas mal de Kabyles ». 19 mai. « La cavalerie a rapporté trente têtes... Nous avons brûlé plus de quarante villages ; c'en un beau succès»; 17 juillet : "On a tué plus de cent Kabyles, le camp est plein d'armes et d'oreilles". Page 289. [14] Réflexion intéressante qui montre la confusion des esprits à l'égard de L.-N. Bonaparte et explique pour partie le vote ouvrier en faveur de ce dernier. [15] Saint-Arnaud aura, en effet, une notoriété qui dépasse son époque. Le 24 juillet 1887, Jules Ferry traitera le général Boulanger de "Saint-Arnaud de café-concert". [16] Allusion à l'aide que les armées russes donnaient en cette année 1849 au gouvernement autrichien en lutte contre les Hongrois révoltés. [17] Rapporté par le bonapartiste Belouino, cité par E. TENOT, "Paris en décembre 1851", page 96. [18] Idem, page 98. [19] Dans l'échelle des sacrifices – compte non tenu de ceux qui ont donné leur vie pour leur cause - je ne vois guère que Nelson Mandela au-dessus de notre écrivain national, avec Auguste Blanqui, si souvent incarcéré. Nelson Mandela qui est resté 27 ans en prison, refusant toutes les propositions de libération qui étaient assorties d’une mise en veilleuse de sa lutte contre l'apartheid. [20] Cité par E. TENOT, avant-propos à la 2° édition de la "Province en décembre 1851", parue dans la 3° édition. C'est pour détruire cette légende que TENOT, républicain sincère et outré par ces mensonges, rédigea ses deux livres.
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