15 octobre 2010
Je fais un bis
pour cet article parce que je voudrais le compléter par une opinion de
Stéphane HAAR, président national de la JOC (jeunesse ouvrière
chrétienne) parue dans l’Humanité de ce vendredi.
« Je le disais dans un
précédent article, et je n’ai rien découvert, le peuple sait
parfaitement manier l’humour révolutionnaire.
En 1869, à l’occasion
de la mort du demi-frère de l’empereur, les gens rassemblés sur les
trottoirs, voyant passer le convoi funéraire, criaient : « bis !
bis ! »…
Tout à l’heure j’ai vu
cette affiche, non identifiée, appelant à la manifestation du samedi 16
octobre, qui transformait le célèbre slogan de mai 68, « métro,
bouleau, caveau ? »…Il s’agit, en l’occurrence, d’un humour
grinçant. Mais s’il est vrai comme le dit la C.G.T. que l’espérance de
vie à 50 ans d’un ouvrier est de 14 ans, cela signifie très concrètement
qu’avec la contre-réforme Woerth-Sarkozy, la durée de vie de la
retraite est réduite en moyenne à deux ans…64 moins 62 égalent 2…
On nous rabâche que
l’espérance de vie s’allonge, mais les statistiques sont à manier avec
prudence. L’espérance de vie générale toute générations confondues et à
la naissance s’allonge certes. Mais, il faut s’intéresser - ce que ne
peut faire l’élite golfeuse et hippique sarko-woerthienne - à
l’espérance de vie en fin de carrière et pour chaque catégorie
socio-professionnelle.
Deux années de
cotisations supplémentaires, pour les 33% de Français qui n’obtiennent
pas le baccalauréat et s’embauchent -quand ils trouvent un job ! - vers
18 ans c’est beaucoup. Beaucoup trop ! ».
Voici l’article de S. Haar :
« L’emballement de la mobilisation des jeunes de ces derniers
jours n’a pas empêché les premières victimes de la réforme de rester
invisibles Ils sont pourtant des millions apprentis, jeunes travailleurs
en contrats précaires, en formation professionnelle et ceux qui ont
commence à travailler tôt sans faire de longues études.
Pour eux faire grève est synonyme de licenciement ou de fin de
contrat, de fin de mission d'intérim. Pour les jeunes de milieux
populaires, le droit de grève n'existe pas ! Pourtant ils seront les
plus touchés par la réforme du gouvernement. Ils devront travailler plus
vieux comme les autres mais aussi plus longtemps jusqu'à
quarante-quatre années pour ceux qui auront commencé à travailler à
dix-huit ans. Le sentiment de révolte qui agite ces jeunes s'explique
aussi par la difficulté des métiers qu'ils exercent. Les conditions de
travail sont souvent pénibles et usantes. Il n'est pas normal que des
jeunes déjà brisés physiquement à vingt ans soient contraints de
travailler encore quarante-deux ans. La prise en compte des carrières
longues, de la pénibilité est incontournable ce qui rend l'actuelle
réforme inacceptable.
Ces jeunes sont conscients de la réalité du monde du travail,
ils la vivent au quotidien. Pour une partie d'entre eux, le passage dans
la vie active est difficile : petits boulots, longues périodes de
chômage, instabilité... Pour eux, ce n'est pas quarante deux ans ni
quarante-cinq ans qu'il va falloir passer sur le marché du travail mais
jusqu'à cinquante et un ans ! C'est une injustice terrible. Les jeunes
travailleurs osent se mobiliser au péril de leur emploi, pour sauver nos
retraites. Mardi, ils étaient des dizaines de milliers à défiler,
notamment derrière les banderoles de la JOC. Et samedi ils seront encore
plus nombreux ! ».