Aujourd’hui,
à Lyon, se tient une manifestation du Bloc identitaire et de Rebène.
Rebène ? oui, l’orthographe est défectueuse mais je ne peux laisser ce mot
à des extrémistes de droite. J’y reviendrais dans un prochain article.
Combien
était-il ? Au plus 400 personnes. C’était pourtant une manifestation nationale à laquelle étaient invités
des orateurs étrangers : suisse, anglais… En termes d’effectifs c’est un
donc un plouf ! Mais enfin, on sait que des 1% se sont transformés en
quelques années en 18, 33% etc…D’ailleurs, pour les organisateurs, cette
manifestation est une première et en appelle d’autres. Un des orateurs appelle
à la fierté des manifestants, du style : "le 14 mai 2011, place
Saint-Jean, à Lyon, j’y étais !"
Portraits :
Des jeunes, 20-30 ans, quelques 40 ans à la mine beaucoup plus patibulaire. Une
poignée de plus de 60ans. Couleur vestimentaire largement dominante : le
noir, celle de la mort[1]. Des tee-shirts noirs "on est chez nous ! ". 99% de garçons, les filles
sont de facto exclues. Chaussures de
sport, pas de cuir : il faut pouvoir courir. Crânes rasés ou cheveux
courts. Tous. Origine sociale : difficile à dire : ils sont en
uniforme quasiment. Mais ils se présentent comme "hommes libres ! " … Une phrase d’un orateur est
pittoresque : il déclare « le
petit Blanc en a marre ! ». On sait ce que signifie cette
expression « petit Blanc » :
elle est née au Etats-Unis où le racisme anti-noir était surtout le fait des
Blanc pauvres qui n’avaient guère que le racisme pour se distinguer des Noirs.
Les Blancs riches s’offrant le luxe du libéralisme racial. J’ai noté
l’agitation de quelques drapeaux à la fleur de lys : le royalisme et son
provincialisme rétrograde affleure.… Les
Identitaires se présentent en effet comme
"régionalistes" : il y
avait, effectivement 1 drapeau breton et deux ou trois drapeaux à la croix
occitane. Plus des drapeaux lyonnais, français et 1 drapeau de l’Union
européenne dont on se demande ce qu’il vient faire là.
La manifestation des cochons.
Au départ, cette manifestation devait être un défilé
d’hommes portant un masque de cochon : c’est leur identité. D’ailleurs, le
slogan fut repris : "nous sommes tous des mangeurs de cochon ! ". Ce sont ces gens qui distribuent de la soupe au lard
pour les nécessiteux. Voulant par là, bien évidemment, exclure les musulmans
pauvres : préférence nationale dans l’aide humanitaire. Le préfet interdit
ce défilé. D’où la vive colère des organisateurs qui dénoncèrent ce "système totalitaire qui veut nous étouffer", cette "république soviétique", la "confusion mentale de
nos élites républicaines". C’est
pourquoi, ils transformèrent ce défilé des cochons en une manifestation pour "la liberté" (sic).
Les
Identitaires estiment, en effet, qu’ils sont étouffés. Alors la place Saint-Jean à Lyon devint "la place des hommes libres".
Ni plus ni moins. Et la sono de balancer le chant de Didier Bourdon : "On peuplu rien dire". Bourdon
m’a fait davantage rire naguère.
Le méli-mélo obscurantiste
Le pire est l’utilisation systématique du thème
lepéniste de la Résistance. Et c’est une des raisons du choix de Lyon pour
cette manifestation nationale des Identitaires. Ils ont eu le culot de placer
plusieurs fois sur leur sono la phrase de De Gaulle : "vive la France, libre, dans l’honneur et l’indépendance". Et de dire "face à l’Islam conquérant, la résistance
elle est là, aujourd’hui ! ".
Mais ils ont aussi cité les combattants de la Commune de Paris et même
Jaurès ! Quelle honte…
Il
est vrai que les Communards ont pris les armes pour poursuivre le combat contre
l’envahisseur prussien mais leur lutte a aussi été une lutte de classes pour
que les salariés s’approprient les biens de la classe dominante. C’est une
étape essentielle de l’histoire du mouvement ouvrier français et international.
Mais les Identitaires ne savent pas ce que veut dire "mouvement ouvrier". Quant à Jaurès ! Son mot
d’ordre final était "guerre à la guerre !". Ce n’est pas comme ces
fascisants qui scandaient aujourd’hui : "de Moscou à Berlin,
l’Europe aux Européens ! " ou encore "France et Europe ne
seront jamais terre d’Islam". Comme
si cela était à l’ordre du jour ! Et d’ailleurs la présence turque, depuis
1453, fait que des millions d’européens sont déjà musulmans : regardons en
Bosnie.
En
fait, ces gens sont pour la guerre ! Pour la guerre des civilisations
comme l’a déclaré un sinistre Américain et ne voient pas ce qui bougent,
actuellement, dans le monde arabe. Ce qui bouge dans le bon sens.
Voulant
s’inscrire dans la durée, la longue durée, les organisateurs, délaissant pour
une fois Poitiers, ont cité la Bataille des Thermopyles, où les Grecs ont
stoppé les Mèdes, autrement dit les Perses d’Asie. C’est ne voir l’histoire que
sous son aspect conflictuel. Les échanges commerciaux et culturels sont
toujours oubliés.
Se dire "résistants", c’est assimiler l’immigration maghrébine à
l’invasion nazie. C’est se donner le beau rôle alors que l’on est
essentiellement raciste et xénophobe et oublier que, dans la lutte contre les
corbeaux, les immigrés de la MOI, organisée par le Parti communiste français
ont pris toute leur part. Comme d’ailleurs des combattants arabes de l’Empire
français participèrent à la lutte de libération nationale.
Depuis la Révolution française, il n’est pas une
lutte juste qui ne se soit placée sous le signe de l’internationalisme.
Il est piquant de voir ces gens chanter "la Marseillaise" et agiter le drapeau
tricolore alors que leur idéologie pue celle de l’Ancien régime
traditionaliste, provincialiste, raciste, étriqué, rabougri, qu’ils arborent
des drapeaux à fleurs de lys ou à couronne royale.