Les soi-disant identitaires poursuivent leur sale besogne anti-arabe, anti-intégration des immigrés. Avec une absence totale de l’appréhension du sens des mots, ils appellent à une marche le 8 décembre dans une manifestation qu’ils dénomment « Lugdunum Suum ». Qu’est-ce à dire ? Voici le texte qu’ils publient dans leur feuille : LUGDUNUM SUUM, NOTRE MARCHE AUX FLAMBEAUX POUR RETROUVER LE VRAI SENS DU 8 DECEMBRE Depuis 5 ans, nous organisons une marche pour rendre hommage à Marie et surtout retrouver le vrai sens populaire du 8 décembre. Ce n’est pas une marche religieuse, elle est ouverte à tous, croyants et non croyants. Elle regroupe une grande majorité de jeunes et de famille. « Lugdunum Suum » signifie en latin « son Lyon ». La ville de Lyon étant désignée comme la ville de La Vierge Marie. Donc, vous avez compris : la manifestation s’appelle « Lugdunum suum » - c’est confirmé sur la reproduction d’une affiche figurant au droit du texte - parce que Lyon, c’est Le Lugdunum de la Vierge Marie - c’est également confirmer par la reproduction d’une tête de la dite vierge, apparemment en or massif, coiffée d’une couronne royale, sur la même affiche. On va défiler pour « son » Lugdunum mais, rassurez-vous, « ce n’est pas une marche religieuse »… On défile derrière la et pour la Vierge Marie, mais ce n’est pas religieux. En réalité, on prend les gens pour des imbéciles. Le « vrai » sens du 8 décembre, si l’on veut être absolument rigoureux est effectivement religieux. Il est exact que, le temps faisant son office, le sens religieux se perd et que c’est devenu une fête tout court, paganisée, dont les mercantis se sont emparés ultérieurement. Fête religieuse, fête populaire, fête commerciale, aujourd’hui fête touristique qui pose Lyon parmi les grandes métropoles mondiales qui maîtrisent parfaitement l’éclairage et les illuminations urbains au point d’en faire un article d’exportation. Mais bon, nos identitaires sont bien embêtés : ils veulent s’accrocher à la religion catholique qu’ils estiment être un des piliers de « l’identité » lyonnaise, mais ils sont traversés par des courants mécréants, athées, sans religion. Et puis, il faut racoler partout. Ces individus violents se rattachent idéologiquement à l’extrémisme de droite qui régnait au début du XX° siècle. Maurras et ses amis idéologiques se servent du catholicisme, de la religion, de l’Eglise comme corps constitué pour étrangler la République laïque. Car, ils le disent et le répètent, ils n’ont pas la foi. Mais la tradition catholique du pays est à exploiter pour arriver à ses fins. Par tous les moyens. Voici ce que j’écris dans mon livre à ce sujet :
Vers le paganisme Paganisé est bien le mot. Maurras lui-même n'a pas la foi, il est agnostique, mais en bon Français, il se dit catholique. "Maurras avait imaginé que, si on lui avait présenté une feuille de recensement où n'aurait pas été déjà supprimée la colonne religion, il eût eu le droit d'écrire en face de son nom : catholique, pour exprimer, non la foi, mais la piété et la forte attache à la tradition de tous les siens. Cela lui fit dire : La chaîne d'idées que j'expose est très suffisamment païenne et chrétienne pour mériter le beau nom de catholique, qui appartient à la religion dans laquelle nous sommes nés". Maurice Barrés, lui aussi, n'est pas catholique, mais il se fait le défenseur de cette religion parce que "les lois de la santé pour la société comme pour l'individu sont d'accord avec le décalogue" et que c'est dans son atmosphère que "se développent le mieux les plus magnanimes sentiments de notre nation"[1]. Jules Soury avait été un des premiers collaborateurs de l'Action Française quand elle accueillait toutes les pensées nationalistes (…) mais écrit Maurras "au fur et à mesure qu'elles se précisaient, nos idées et nos campagnes, sans arrêter nos relations, le détachèrent de nous..... Une autre source de difficulté venait de l'idée qu'il aurait aimé à donner et à répandre du catholicisme. Il croyait qu'on pouvait être catholique sans l'adhésion au dogme du catholicisme, c'était le sujet de débats épiques"[2]. Soury bascule en effet dans ce que Zeev Sternhell appelle le néo-paganisme. Il n'a plus la foi. Il devient par là même pour Maurras "notre vieux prophète infréquentable"… Prophète parce que toutes ses idées guerrières, racistes et nationalistes ont été intégrées dans la doctrine de l'Action française, infréquentable parce que, n'est-ce-pas, pour les honnêtes gens, il faut être catholiques ! C'est la clef de voûte de l'édifice. Soury ne voit plus que gestes dans la pratique religieuse : "Ce qu'il y a de bon dans la dévotion religieuse, ce n'est pas une foi métaphysique à tel ou tel dogme, incompréhensible de nature, c'est le geste ancestral, c'est l'attitude de l'adoration, l'agenouillement sur les dalles du sanctuaire, le signe de la croix, la tiédeur de l'eau du bénitier banal, les mots du rituel prononcés sans songer au sens, le murmure berçant des prières du rosaire, des prières où s'unissent et communient des âmes sœurs". Une coquille vide. Ainsi, après la religion-opium des Voltaire, Napoléon, Thiers, Maurice De Bonald, Renan et bien d'autres, voici la religion-idéologie, édifice politique au service de la monarchie, du "nationalisme intégral". Le paganisme de l'extrême-droite est un autre élément qui fonde la qualification de "pré-fascisme" donnée à tout ce foisonnement de doctrines d'avant 1914. Fin de citation. Chapitre XIII. [1] DANSETTE, "Histoire religieuse…", page 699, [2] Cité par le marquis De ROUX, page 150. |