13/05/2011 Après la publication de mon article sur "les Canuts, ennemi intérieur", je suis allé acheter la presse, comme on dit, et dans "L’Humanité des débats" -que tout honnête homme devrait lire et relire- je tombe sur une interview de Philippe Villemus, auteur du livre "le Patron, le footballeur et le smicard", aux éditions Dialogues. Villemus réclame un débat sur la "juste valeur du travail". Autrement dit, après l’article de L’esprit canut sur la lutte séculaire des Canuts pour le TARIF, et le paragraphe 4 de Prévost Mais qu'est-ce donc que le travail ? on est en plein dans le mille. Voici des extraits de son ITW. Vous souhaitez qu’on ouvre un débat sur la juste valeur du travail ? P.V. : La valeur du travail devrait être la résultante de son utilité sociale, financière, éventuellement son utilité morale ou esthétique (ah ! les Canuts tissant les chasubles d’or ! JPR). A partir du milieu des années 1990, le capitalisme financier a éliminé certaines composantes : la valeur sociale ne compte plus, la valeur esthétique non plus, ce qui compte, c’est la stricte valeur financière. C’est pourquoi une infirmière, un instituteur, un médecin du SAMU, qui sont beaucoup plus utiles socialement, sont moins bien payés qu’un trader, un publicitaire ou un footballeur. Vous dîtes qu’on marche sur la tête. Comment remettre tout ça à l’endroit, selon vous ? P.V. : il faut s’interroger sur les tranches de l’impôt sur le revenu du travail. Aujourd’hui, la tranche maximale est à 42%, on pourrait la faire passer à 60% au-delà de 1 million d’euros, 70% au-delà de 3 millions, 80-90% au-delà de 10 millions d’euros. Vous jugez illégitimes les rémunérations des très grands patrons ? P.V. : Il y a patron et patron. Il y a 300.000 dirigeants salariés e, France, avec une rémunération nette par an de 55.000 €. Ce n’est pas excessif. Quant aux patrons du CAC40, quand on cumule tous les avantages, j’arrive à des moyennes de 8 à 10 millions d’euros de revenu par an. Totalement excessif, illégitime. La plupart ne sont pas des créateurs de l’entreprise, mais des salariés qui ont souvent été "héliportés" par le pouvoir politique. On entend : "les patrons créent de la valeur". Mais depuis 2000, la valeur financière des entreprises du CAC40 a été divisé par près de deux ; dans le même temps, les salaires des Pdg ont été multipliés par 2,5. On dit aussi : "ils créent des emplois". Sur la même période, ces entreprises ont détruit des emplois en France… |