Clin d’œil à une série de lecteurs qui s'interrogent "où sont passé les quatre empires d'avant 1914 ? Ceci est un sujet posé lors d'une session du baccalauréat. Je modifie légèrement le libellé qui devient : "Décrivez et expliquez les changements territoriaux survenus dans cette portion de territoire européen inscrite à l'intérieur des cadres ci-dessous". Avec la fin des cours sur les relations internationales, vous avez tous les éléments. Au travail ! Corrigé
Le
plan simple s’impose : une partie par carte. Ce qui n’empêche pas dans le
commentaire d’aller de l’une à l’autre. Je serai simple, les éléments détaillés
sont donnés dans d’autres articles.La problématique du sujet est, à l'évidence, centrée sur les modifications des frontières donc sur les relations internationales : il est inutile d'évoquer la politique intérieure des États concernés par ce jeu de cartes. A. L’Europe centrale en 1914 La carte est d’une grande simplicité. Les empires héritiers du XIX° siècle y tiennent la plus grande place. Ainsi l’empire russe est limitrophe de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. La Pologne, en tant qu’État, n’existe pas. Elle est pour l’essentiel sous autorité russe. Mais le reich allemand, parfois appelé le deuxième reich, celui de Guillaume II mais construit par Bismarck «par le fer et par le sang», n’est pas homogène. L’empire allemand et ses nationalités en 1914 Il a des minorités soumises : polonaise, danoise 1864, L’indicible question des duchés "danois". (noter l’évolution de la frontière avec la carte de 1919) et l’Alsace-Moselle (Strasbourg est sous tutelle allemande). L’empire d’Autriche-Hongrie s’appelle ainsi depuis le compromis de 1867. Autriche-Hongrie en 1914 (2ème partie) : nationalités & problèmes politiques Autrichiens et Hongrois, chacun de leur côté, exploitent/soumettent/dominent des peuples qui possèdent un fort courant politique indépendantiste. La limite de l’Empire pénètre profondément au cœur de l’Italie du nord : c’est le Trentin dont la partie méridionale est italophone (alors que la population du col du Brenner est germanophone). Noter l’accès à la mer adriatique de l’empire austro-hongrois (songez à l'amiral Horthy, dictateur de Hongrie après la guerre). B. Les bouleversements de 1919 L’Allemagne vaincue rend les minorités : elle restitue le Schleswig au Danemark, l’Alsace-Moselle à la France : Strasbourg est à nouveau française. Des cantons sont donnés à la Belgique mais la carte est à trop petite échelle pour le montrer. La Sarre (s) - revendiquée par la France - passe sous contrôle de la Société des nations (SDN) et aura un referendum en 1935 pour décider entre la France et l’Allemagne. La frontière orientale de l’Allemagne est chamboulée. Il fallait donner un accès à la mer (doctrine Wilson) à la Pologne ressuscitée : le pays est donc coupé en deux : la Prusse orientale est séparée du reste de l’Allemagne par « le couloir de Dantzig » (D). Dantzig, peuplée d’Allemands, est une ville libre, une cité-Etat placée sous la haute autorité de la SDN. Lien : 3EME PARTIE : LES FRONTIÈRES DES PECO : LA FRONTIÈRE GERMANO-POLONAISE DE 1920. Mais les Allemands perdent aussi le port de Memel (M) pour la même raison : il fallait un accès à la mer à la Lituanie (L) qui est maintenant, en 1919, indépendante de la Russie. L’éclatement de l’Autriche-Hongrie C’est évidemment à ce niveau que l’on voit la « balkanisation » de l’Europe centrale. Deux États entièrement nouveaux apparaissent la Tchécoslovaquie (T) qui rassemble les Slaves du nord de l’ex-empire -y compris les Ruthènes qui sont des Ukrainiens- et la Yougoslavie (Y) qui rassemble les slaves du sud (yug = sud). Les nouvelles Autriche et Hongrie, fort rétrécies, n’ont pas d’accès à la mer. Le Danube est cependant classé fleuve international, géré par une commission internationale qui siège à Budapest et dont le français est une des langues officielles. La Hongrie a perdu la Transylvanie au profit de la Roumanie. Les Italiens sont contents : ils ont récupéré le Trentin jusqu’au col du Brenner (où l’on parle allemand) ainsi que Trieste. Tchécoslovaquie, Yougoslavie et Roumanie sont les nations « satisfaites » ; Hongrie, et Italie sont des nations révisionnistes, mécontentes des traités. L' Italie aurait voulu toute la côté dalmate, possession de Venise au XVIII° siècle.
C. La guerre de 1939 La
carte montre Dantzig annexée par l’Allemagne : ce sera la guerre. Memel
également a été annexé par Hitler. L’Allemagne semble une grosse dinde ventrue
et bouffie : - elle a absorbée la Sarre (les Sarrois ont voté le
rattachement au III° reich en 1935 lors d'un referendum prévu par Versailles), elle a aussi annexée l’Autriche (Anschluss interdit par le traité de
Versailles), - annexion de la Bohème-Moravie peuplée de slaves -ce qui montre que l’argument hitlérien de rattacher seulement les peuples allemands à l’Allemagne -Autrichiens, Sudètes, …-) était fallacieux. - La
Slovaquie (S) est soi-disant indépendante, laissée à Monseigneur Tiso,
archevêque catholique pro-hitlérien. Elle est très petite : les parties
slovaques peuplées de Hongrois (rive gauche du Danube) ont été annexées par la Hongrie alliée d’Hitler. La Hongrie a récupérée les régions peuplées de Hongrois, y compris en Transylvanie -erreur de la carte à ce niveau, il faut le dire sur sa copie- et même la Ruthénie (on le devine).
L’invasion de la Pologne se fait. La France respecte ses engagements à l'égard de la Pologne ce qu'elle n'avait pas fait en septembre 1938, à la conférence de Munich, à l'égard de la Tchécoslovaquie. La deuxième guerre mondiale -en Europe- va commencer par le curieux épisode de la "drôle de guerre". |