Concernant la conférence de Munich, je conseille vivement la lecture du cours LES R.I. DE 1936 à 1939. C. "LES GRANDES MANOEUVRES" Vendredi, 28 Septembre, 2018 Le texte est signé entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et
l’Italie, représentés respectivement par Hitler, Daladier, Chamberlain
et Mussolini, à l’issue de la conférence tenue du 29 au 30 septembre
1938. Au Bourget, l’avion Poitou qui ramène le président du Conseil, Édouard Daladier, de la conférence de Munich atterrit. Les ministres sont là pour l’accueillir, ainsi que la foule prévenue par la radio : « Vive Daladier ! Vive la paix ! » Acclamé mais lucide, il murmure à un ami : « Les malheureux, s’ils savaient ce qu’ils applaudissent ! » tandis qu’à Londres où le premier ministre, Neville-Chamberlain, brandit devant la foule l’accord signé en déclamant : « Le Führer, un homme sur qui on peut compter lorsqu’il a engagé sa parole. » Winston Churchill déclare aux Communes : « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ! » Comment en était-on arrivé là ? Plutôt Hitler que le Front populaire : face aux menaces de l’Allemagne nazie et des dictateurs, la France et le Royaume-Uni répondent par une politique d’accommodements (c'est l'apaisement). À l’immense promesse des Fronts populaires succède la contre-offensive de la réaction, le temps des renoncements. Mois après mois, les fascismes marquent des points, encouragés par la passivité, quand ce n’est pas la complicité des milieux dirigeants des démocraties. Le gouvernement de Front populaire engage toutefois un véritable effort de réarmement, contrarié par l’incompétence de l’état-major et les sympathies troubles de la majorité du patronat. La réaction haineuse des patrons en 19381936 : remilitarisation de la Rhénanie en mars, puis de la rive gauche du Rhin en mai, alors que la supériorité militaire de la France demeure écrasante ; en mai toujours, occupation d’Addis-Abeba par les Italiens ; 17 juillet, putsch militaire en Espagne ; signature du pacte anti-Komintern germano-japonais le 25 novembre, que rejoindra un an plus tard l’Italie. L’année 1937 voit l’affrontement des forces en présence se polariser en Espagne. 1938 : échec du Front populaire en France et réaction haineuse des patrons, à la mesure de leur peur de 1936. En Espagne, alors que le gouvernement de Léon Blum se rallie à une illusoire non-intervention, l’équilibre est rompu par l’intervention massive des puissances de l’Axe ; reflux des armées de la République. En mars, c’est l’Anschluss, annexion de l’Autriche. Vient alors le tour de la Tchécoslovaquie. Le nouvel État multinational créé fin 1918 a été porté sur les fonts baptismaux par la France victorieuse, qui garantit son existence et pilote la création de son armée. la Tchécoslovaquie est devenue l’État le plus démocratique, le plus prospère et ouvert au progrès de l’Europe centrale. Mais la minorité allemande de la région frontière des Sudètes représente 3 millions d’habitants sur un total de 15 millions. Dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler, les revendications des germanophones sont captées par le nazi Konrad Henlein, prétexte pour Hitler à exiger le rattachement au Reich des Sudètes. Le président tchécoslovaque, Edvard Beneš, ne veut rien céder avant que les grandes puissances aient garanti l’intégrité territoriale de son pays. Face aux menaces d’Hitler, le gouvernement britannique multiplie les gestes de conciliation, à la grande honte des milieux antifascistes européens. Le 12 juin, Daladier lui-même avait rappelé solennellement « le caractère sacré et irrévocable » de l’engagement de la France, tandis que l’URSS est prête à l’action pour peu qu’on donne à son armée une autorisation de passage par la Pologne. Hitler précipite la crise, déclarant qu’il annexera la région le 1er octobre 1938. Mobilisation en retour de l’armée tchécoslovaque et rappel d’un million et demi de réservistes en France. Alors qu’on semble au bord de la guerre, Mussolini pousse Hitler à convoquer une conférence. Au lieu d’un pays neutre, les « démocraties » acceptent qu’elle se tienne à Munich, et sans la participation des principaux intéressés, les Tchèques (ni de l'URSS, JPR). Opposition des 73 députés communistesL’Humanité, par la plume de Gabriel Péri, s’inquiète à juste raison de ce qui va advenir. C’est la capitulation avec l’abandon immédiat des Sudètes. Le Reich s’agrandit d’autant. La Pologne des colonels participe à l’hallali en annexant un morceau de Silésie. La Hongrie du dictateur Horthy en fera bientôt de même au sud. Le journal du samedi 1er octobre titre : « L’armée hitlérienne entre aujourd’hui en Tchécoslovaquie » et souligne que « des fortifications et du matériel qui ont coûté plus de vingt milliards et dont la perte laisse un peuple entier sans défense sont livrés à l’agresseur fasciste ». Gabriel Péri y signe un article prémonitoire : « On n’a pas le droit de prostituer le beau nom de la paix. » Après l’ultimatum franco-britannique au gouvernement tchécoslovaque, le général Faucher, chef de la mission militaire française, démissionne de l’armée. À la Chambre, presque tous les groupes politiques approuvent l’accord, à l’exception des 73 députés communistes, du nationaliste Henri de Kérillis et de Jean Bouhey, député SFIO de la Côte-d’Or. Le 5 octobre, le président Beneš démissionne. Mars 1939, la République espagnole agonise, les armées du Reich envahissent la Bohême et la Moravie, mettant la main sur les usines Skoda. La guerre est proche. Nicolas Devers-Dreyfus La paix sous le « bruit de mâchoires »
L’association des écrivains tchécoslovaques réagit en ces termes : « Que personne ne se fasse aucune illusion, après nous viendra le tour d’autres peuples et d’autres pays. » Dans Ce soir du 1er octobre 1938, Louis Aragon indique : « La paix qui ne saurait être la curée des seigneurs de la guerre avec ce grand bruit de mâchoires autour de nous qui ne nous dit rien qui vaille… » |