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Front de Gauche : les désastres du scrutin majoritaire.

publié le 18 juin 2012, 06:51 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 28 mai 2017, 08:36 ]

    Le Front de Gauche a perdu au moins six sièges de députés -de députés sortants- à cause du scrutin majoritaire et à cause d’une différence de voix parfois minime avec le candidat du PS arrivé en tête. Je donne dans le tableau suivant l’analyse du scrutin dans ces six circonscriptions.

    Ces députés sortants n’ont pas démérité : avec des scores compris entre 29,2% et 32,75 des suffrages exprimés (colonne 5) ils méritaient largement leur réélection. Lecoq (1ère Seine-Maritime) obtient 73% dans sa commune de Gonfreville-L’orcher et n’est distancé que de 83 voix. Roland Muzeau obtient 51% à Gennevilliers. P. Gosnat devance de 15% son concurrent dans sa bonne ville d’Ivry-sur-Seine. Etc…

    Mais voilà, le candidat du PS est arrivé devant eux et, en application de la règle républicaine du désistement en faveur du candidat de gauche placé en premier, ils ne se sont pas présentés au second tour, à l’exception du candidat de la 2ème circ. de Seine-St-Denis.

 

 

 

PCF-FG

PS

UMP

Circonscription

Insc.

V.

I.

E

V.

I.

E.

07

12

fonte

Seine-Maritime (8ère)

70545

10099

14,3

30,26

10182

14,4

30,5

34,3

19,6

-14,7

Hauts-de-Seine (1ère)

59481

8447

14,2

29,76

9227

15,5

32,5

28,4

12,3

-16,1

Hauts-de-Seine (11ème)

67356

11399

16,9

29,2

11681

17,3

29,9

36,3

24,2

-12,1

Val-de-Marne (10ème)

63302

9821

15,5

30,28

10810

17,1

33,3

25,2

12,8

-12,4

Seine-St-Denis (7ème)

70898

11599

16,4

32,75

13001

18,3

36,7

22,2

10,7

-11,5

Seine-St-Denis (2ème)

51767

6897

13,3

31,17

8080

15,6

36,5

22,6

09,1

-13,5

Total de l’échantillon

383349

58262

15,2

 

62981

16,4

 

 

 

 

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

 NB. V=voix obtenues ; I = % par rapport aux inscrits ; E = % par rapport aux exprimés.

    Sur cet échantillon représentant 383349 électeurs, la différence de 1,2% en termes d’électeurs inscrits (4719 voix) se traduit pas six députés socialistes et zéro député du Front de Gauche.

    C’est le jeu de la démocratie dira-t-on.


    D’abord, la masse des électeurs des ces six circonscriptions est sensible au vote utile, en l’occurrence ici du vote utilitariste : avoir un député qui appliquera sagement la politique du président Hollande peut ramener quelques miettes à la circonscription : c’est la servitude volontaire.

    Ensuite, l’UMP a mené une campagne scandaleuse sur le thème Front national = Front de Gauche = vote extrémiste. Cela a forcément joué sur quelques pourcentages d’électeurs de droite. La colonne 11 du tableau montre la fonte électorale de l’UMP dans ces circonscriptions (en suffrages exprimés, différence entre colonne 9 et colonne 10). L’UMP perd parfois la MOITIE de son influence. Où sont passés ces électeurs ? Abstention ? Sans doute ; vote FN ? Possiblement, mais les progrès de ce parti d’extrême-droite ne couvrent jamais les pertes d’ensemble de l’UMP. En vérité, les électeurs votent de façon opportuniste : ils vont "à la soupe" comme eût pu dire le général de Gaulle, ils veulent être le plus près possible de "l’assiette au beurre". Et dans ce scrutin de mare aux canards, le PS sera toujours mieux placé que le PCF. Le PS peut obtenir des voix centristes ou carrément de droite qui permettent d’évincer le candidat communiste ou soutenu par le parti communiste.


Il n’est pas impossible d’écrire que ces députés du Front de Gauche ont été battus par le jeu politicien de l’UMP.

Vote opportuniste et vote stratégique ont conjugué leurs effets pour donner une (toute petite) longueur d’avance aux candidats du PS. Madame AUBRY savait ce qu’elle faisait en refusant un accord électoral avec le Front de Gauche AVANT le premier tour des législatives.

 

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