Dominique
de Villepin a fait acte
de candidature à la présidence de la République. On peut faire de sa
présence à
Matignon un bilan négatif sans forcer la note. Mais il existe une
hiérarchie
dans les faits et gestes d’un gouvernement. Celui de Dominique de
Villepin restera
dans les annales comme celui qui fit applaudir - fait inouï dans
l’enceinte du
Conseil de Sécurité de l’ONU où la retenue (restreint)
du gentleman
anglo-saxon est la norme - les décisions de la France contre
celles des Etats-Unis d’Amérique à propos de la seconde
guerre d’Irak.
Cette
position courageuse remonte
à notre tradition révolutionnaire où - seule et même isolée en Europe -
la France
régla l’affaire d’Avignon à coup de suffrage universel[1].
Cette
affaire d’Avignon eut un
retentissement considérable. Pour la première fois, on demandait son
avis au
peuple concerné par un conflit de souveraineté. La volonté des princes
passait
après la volonté des peuples. C’est la révolution ! C’est, selon la
formule consacrée, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
.La
fibre gaulliste
Cela
est le patrimoine commun à
tous les héritiers de la Révolution française. Bafoué en 1815, bafoué par Bismarck en 1871, mais revendiqué malgré tout.
Néanmoins,
on sait comment et combien le général De Gaulle exploitera à bonnes fins
ce
principe fondamental du droit des gens pour résoudre le problème
algérien. Et
auparavant, il l’aura mis en œuvre pour appeler les Français à
poursuivre le
combat le 18 juin 1940. Car la soumission de Pétain et de
tous les défaitistes est
le contraire du droit à disposer librement de soi-même, que l’on soit un
individu ou que l’on soit une nation. La sortie de la France du
commandement
intégré de l’OTAN en 1966 relève de la même logique. « Il
faut que la défense de la France soit
française. Un pays comme la France, s’il lui arrive de faire la guerre,
il faut
que ce soit sa guerre » déclarait-il dès 1959.(2).
Cette
tradition gaulliste a
perduré jusqu’à J. Chirac et Dominique de Villepin. On sait le
retentissement
du discours du ministre des Affaires étrangères au Conseil de sécurité
de l’O.N.U., le 14 février 2003. Ce jour-là, la France fit
comprendre au monde que cette
guerre en Irak que les va-t-en-guerre
anglo-saxons voulaient à tout prix n’était pas sa guerre. Avec le
sarkozysme nous sommes dans une autre logique
politique. La France rentre dans le rang.
Le lecteur
habitué à ce site ne peut ignorer l’orientation délibérément
FRONT DE GAUCHE de son auteur. Néanmoins,
le respect de la tradition française et du génie national exige que le
courant
gaulliste soit présent à la future élection présidentielle.
Si l’on pense
que les assauts meurtriers dont est victime l’Euro
actuellement ont pour origine les Etats-Unis - qui malgré leur 14.000
milliards
de dollars de dette se permettent par ailleurs de donner des leçons -
Etats-Unis
qui veulent garder à leur monnaie la qualité de monnaie de réserve et de
moyen
de paiement international (ce dont les Chinois commençaient à se
détourner en
optant pour l’Euro), si l’on pense cela, que dire des gesticulations de
N. Sarkozy
qui, au sommet du G20 à Cannes tenait absolument à se montrer aux côtés
de B. Obama ?
où est passé la fierté nationale ?et même sa lucidité ?
Villepin : « Faire croire que nous sommes en guerre est un piège »
[1]
Masculin. Grossièrement, il s’agissait de demander aux Avignonnais et
Comtadins
s’ils désiraient restés Romains (au pape) ou devenir Français.
[2]
Cité par William SERMAN, dans sa
communication au colloque de 1992 (bicentenaire de la proclamation de la
République) sur « l’exception française », communication intitulée
« l’influence de la Ière république
sur la conception gaullienne de la défense nationale ». Actes, pp.
452-456.