On
n'avait rien compris. Le débarquement de Nicole Bricq (1) du ministère de l'écologie, à l'occasion
du remaniement, et sa nomination au Commerce extérieur, c'était "une
promotion". Ce doit être vrai, puisque c'est Bricq elle-même, sans doute
encore sous le coup de la joie, qui l'a confié à son amie Cécile Duflot. Ce doit
être encore plus vrai, puisque Duflot, transportée d'enthousiasme, l'a répété à Aphatie sur
RTL (2). Duflot, jeune ministre en
jean et en RER, qui ne mange pas du pain du pouvoir, n'aurait tout de même pas
colporté un mensonge éhonté. Tous les mal-pensants, qui expliquaient depuis la fin de semaine (3) que Bricq avait été débarquée pour
rassurer la Shell, fort inquiète que l'on lui interdise de forer au large de la
Guyane, n'avaient donc rien compris. Débarquée en quelques semaines sur pression
de hauts intérêts, Bricq n'est donc pas le Bockel de Ayrault. Ce haut fait a été
récompensé par une promotion. Ce
qui laisse un goût de pétrole dans la bouche, ce n'est pas le
débarquement de Nicole Bricq. C'est son absurde tentative de camouflage. Après
tout, on peut comprendre que Bricq soit débarquée parce qu'en exigeant que les
permis de forer, accordés à Shell en 2001, soient "remis sur la table", elle
avait adopté une position juridiquement intenable, et donc commis une erreur
politique (si toutefois cette analyse juridique est fondée). On peut même
comprendre que Shell, appuyée sur un code minier dont on découvre à l'occasion
qu'il date de 1906, défende ses intérêts. On pourrait même -voyez jusqu'où l'on
pousse la compréhension- comprendre que le gouvernement se rende aux arguments,
juridiquement fondés, de Shell. Ce que l'on ne peut pas comprendre, c'est après quelques semaines de gouvernement le retour du mensonge, du mensonge le plus insolent, le plus épais, comme fond de sauce du discours du pouvoir. On devrait pourtant être habitués. Que NKM, ancienne porte-parole du candidat Sarkozy, explique aujourd'hui que son voisin de bureau, le conseiller Buisson, voulait "faire gagner Maurras", cela ne choque pas: ce sont les règlements de compte d'après défaite et, circonstance atténuante, c'est la droite. On voulait croire que la gauche du normal Hollande, de l'honnête Ayrault, aurait une autre pratique de la langue du pouvoir. Mais le mensonge s'est résinstallé dans ses meubles. Et il faudra attendre que Duflot soit, comme aujourd'hui NKM, revenue à la vie civile, pour qu'elle livre le fond de sa pensée, si toutefois ce fond est encore repérable par les bathyscaphes. Certains
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