Je l’ai signalé dès hier matin, au saut du lit,
agacé par ce
bombardement médiatique sur la soi-disant "percée" du Front national.
Qu’est-ce qu’une percée - outre celle du vin jaune- ? Il y a percée
lorsqu’un parti augmente de façon significative son nombre de voix, le
nombre
de citoyens et citoyennes qui ont délibérément choisi de voter pour lui.
Or que
constate-t-on ?
Tableau
Comparaison des résultats FN
obtenus sur les mêmes cantons
2004-2011
|
Ins.
|
Vot.
|
Voix
FN
|
%Ins.
|
%Exp.
|
2004
|
20.053.956
|
63,9
|
1.490.315
|
7,4
|
12,1
|
2011
|
20.587.561
|
44,3
|
1.379.971
|
6,7
|
15,6
|
Sources : ministère de
l’Intérieur.
Autrement dit, cette percée est un reflux. Le FN est moins
dangereux aujourd’hui qu’en 2004 puisqu’il perd des voix : plus de
110.000
et des points en termes de pourcentage des inscrits : 0,7%.
Cette soi-disant "percée" ne
tient qu’à
la hausse des exprimés mais cela ne veut pas dire grand-chose. Je le
répète,
lorsqu’en 1972, le NON communiste au referendum sur l’élargissement de
l’Europe
a obtenu 32% des exprimés est-ce que LE MONDE a fait un éditorial sur la
percée
communiste de plus de 12% ?…
Tout cela n’est guère sérieux.
On peut faire dire aux chiffres ce que
l’on veut. Il est vrai qu’en Moselle, le FN augmente ses voix sur
l’ensemble du
département. « En Moselle, le FN réalise 23,33 % (des exprimés, JPR). A Saint-Avold, en
Moselle, le
candidat FN est au second tour, avec plus de 30 % des voix ». Mais le
journaliste -Alexandre Piquard- auteur de ces propos
aurait pu choisir les cantons voisins de
Forbach et de Stiring-Wendel où le FN
perd en voix et en pourcentage des inscrits.
« A Metz, la candidate du Front national, Françoise
Grolet (26,4 %), arrive même en tête devant le maire PS Dominique Gros
(26,1
%), devancé de neuf voix. En 2004, le candidat FN n'atteignait que 15
% »
(même auteur). Mais
dans le canton voisin de Metz2, le FN perd en voix et en pourcentage des
inscrits.
« Le FN partait avec de nombreux handicaps : sans
moyens financiers, sans réelle implantation locale, cette élection de "notables" est "la plus difficile",
affirmaient les dirigeants du parti. La nouvelle barre des 12,5 % des
inscrits
pour se qualifier au second tour lui rendait la tâche encore plus
difficile » (Abel Mestre, article
paru dans l'édition du 22.03.11). Quelle force ce FN ! Handicapé
-va-t-il
falloir verser à une souscription de soutien financier ? - il arrive à
des
résultats du domaine du grandiose.
En réalité, le FN a parfaitement
contourné cet obstacle. Foin des notables ! la circulaire électorale
était
une immense photo de la présidente de ce parti qui écrasait totalement
le
candidat minuscule. Autrement dit, le Fn a transformé cette pratique
essentielle de la République qu’est la démocratie locale en un plébiscite
bonapartiste à portée nationale. C’est scandaleux et n’a été
souligné par personne.
Mais le mal est fait. Un grand quotidien national demande
sur son portail d’entrée : que retiendrez-vous de ce premier tour des
cantonales ? Quatre solutions sont proposées : deux tiers (65%) des
votants répondent la "percée du Front National".
Qui
a intérêt à mettre ainsi en avant le
rôle du F.N. ? Veut-on faire voter les Français en 2012 sous la peur et
la
contrainte ?