Les chiffres utilisés dans le tableau ci-dessous proviennent soit du site lemonde.fr soit du journal local La Voix du Nord. J’ai choisi de comparer les résultats des Régionales 2010 et la présidentielle d’aujourd’hui. C’est un choix discutable, je l’admets bien volontiers. Ce n’est pas le même type de scrutin ; la participation au vote est fort différente : plus de la moitié des inscrits se sont abstenus aux Régionales, des étiquettes sont présentes à l’une mais pas à l’autre élection. Mais les performances de huit partis pouvaient être comparées pour avoir été présents aux deux élections. Et en 2010, le Front de Gauche était sur les rangs, sous la dynamique direction d’A. Bocquet, maire de St-Amand-les-Eaux : on peut donc voir l’impact de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon sur la région N-PDC déjà « travaillée » deux années auparavant. Compte tenu de l’ampleur de l’abstention lors des Régionales 2010 (52%), il n’était pas possible de travailler sur la base des électeurs inscrits : pour tous les partis l’écart eût été trop grand. Le lecteur aura donc à l’esprit l’importance du chiffre des votants quand il lira les résultats de la présidentielle 2012.
Plusieurs éléments se distinguent : - concernant le vote Front de Gauche, le progrès au niveau de la région est de +1,4%. Ce progrès est bien plus sensible dans le département 62 (+2,6%) que dans le 59. Déjà le score de 2010 avait été considéré comme un succès pour le FDG-PCF. Que dire alors du chiffre de 2012 ? On passe de 132.000 voix à 271.000. Les progrès sont particulièrement forts dans les grandes villes (Lille, Dunkerque, Arras…). A Hazebrouck, capitale de la Flandre intérieure pétrie de catholicisme, le Front de Gauche double son score en pourcentage et passe de 362 voix (2010) à 1310 (Mélenchon). Cela montre que l’influence du FDG va au-delà de celle du PCF. Cela dit, ces fortes progressions urbaines ne sont pas confirmées dans les petites villes et villages puisque la progression d’ensemble (+1,4) est somme toute modeste. Le résultat à St-Amand, ville administrée par le communiste Bocquet -où le Front de Gauche obtient un score élevé- montre que la présidentielle est vécue comme la recherche d’un homme sûr d’être élu quelle que soit par ailleurs l’appréciation que l’on porte sur le parti qui dirige la commune ou le département. F. Hollande a bénéficié du vote utile au détriment du FDG. Globalement, toutefois, le Front de Gauche peut se montrer satisfait. - concernant le Front national (FN). Il progresse de 5% au niveau régional. LePen obtient un score très élevé dans son département 62. À Hénin-Beaumont, elle ne confirme pas ses 39% des régionales mais, là encore en tenant compte de la participation, elle peut être satisfaite de ses 35% à la présidentielle. Les électeurs UMP ont à l’évidence voulu lancer un avertissement lors des Régionales. Observons la courageuse résistance du Front de Gauche dans cette ville surmédiatisée à cause des prétentions du leader du FN. Autre phénomène relevé par les observateurs, en France entière, le FN réussit moins bien à Lille (où le FDG le dépasse) ou à Arras, bref, dans les grandes villes. Dunkerque est un exemple contraire, mais les problèmes de désindustrialisation doivent y être exploités à fond. La région est en passe d’être perdue par le parti socialiste qui n’a pas tenu compte du fort courant d’hostilité à l’Europe «de la concurrence libre et non faussée» y compris dans ses rangs. Même Lille a voté « non » au TCE ! lien : Milieux populaires et vie politique. - concernant justement le parti socialiste. Apparemment, il maintient son influence (niveau régional). Il semble en perte de vitesse dans le 62 où de graves problèmes de gestion de la fédération socialiste sont apparus au grand jour (-3,4% entre 2010 et 2012). Ce qui est inquiétant pour ce parti est la quasi disparition de son allié EELV. Si le vote Hollande est la somme du vote PS + EELV, alors l’audience est en baisse de 9 points ! La colonne du tableau consacrée au vote EELV montre des résultats désastreux. Sauf à considérer, ce qui est vraisemblable, que les électeurs écologistes ont voté Hollande dès le premier tour. Mais alors, répétons-le, le bilan est lourdement déficitaire. Seul, le Front de gauche progresse de manière significative (même le NPA et LO prennent l’eau) et permet à la gauche « en général » de ne pas s’effondrer totalement. En 2010, la somme des pourcentages obtenus par les listes de gauche[1] est de 54,7% au niveau régional. Ce 22 avril 2012, il est tombé à 44,2%. - concernant l’UMP. Le parti du président n’atteint pas le quart des votes exprimés. Il fait mieux qu’aux régionales qui ont été utilisées par ses électeurs comme un vote sanction. Malgré un redressement, le score du 22 avril - très inférieur au niveau national - n’est pas digne d’un parti gouvernemental pour une région d’une telle importance. D’autant que l’UMP résulte de la fusion de trois courants traditionnels de la vie politique du pays (gaullistes, centristes, indépendants). - pour le MODEM, le phénomène observé est inverse à celui de EELV. En effet, le score obtenu aux Régionales est piteux. La stratégie a été mal élaborée. En revanche, Bayrou redresse assez bien la situation avec plus de 7% le 22 avril dans la région N-PDC. C’est la survivance d’un christianisme social et républicain toujours présent dans le Nord.
Cette analyse est à compléter et vos avis sont les bienvenus. [1] Liste PS + FDG + EELV + NPA + LO. |