VI.Sénatoriales, Présidentielle, implantation locale: le cas de la Moselle

publié le 26 sept. 2011, 08:42 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 11 sept. 2015, 06:39 ]

Il y a déjà de nombreux articles relatifs à la Moselle sur ce site. On sait que c’est un des départements français les plus lepénistes.

Les élections sénatoriales qui viennent d’avoir lieu concernent ceux que l’on appelle les « grands électeurs », c’est-à-dire les citoyens qui ont été désignés par leur conseil municipal pour aller à la préfecture-hôtel du département et voter pour l’élection des sénateurs du département.  

                                

Le collège électoral des sénateurs est composé, dans chaque département, des députés, des conseillers régionaux, des conseillers généraux et des délégués des conseils municipaux, qui représentent environ 95 % des 150 000 grands électeurs participant à l'élection des sénateurs.

Le nombre de délégués municipaux dépend de la taille de la commune : 1 délégué pour les communes de moins de 500 habitants ; 3 délégués pour les communes de 500 à 1 499 habitants ; 5 délégués pour les communes de 1 500 à 2 499 habitants ; 7 délégués pour les communes de 2 500 à 3 499 habitants ; 15 délégués pour les communes de 3 500 à 8 999 habitants ; dans les communes de 9 000 habitants et plus, tous les conseillers municipaux sont délégués ; dans les communes de plus de 30 000 habitants, 1 délégué supplémentaire par tranche de 1 000 habitants au-dessus de 30 000.

Ainsi, 100 communes de 100 habitants fournissent 100 délégués, 1 commune de 10.000 habitants en fournit 33[1].


Les sénateurs sont donc élus, surtout, par les représentants des communes. Les résultats de leurs élections montrent par conséquent quelle est l’implantation locale des partis politiques. En Moselle, où le F.N. obtient des résultats spectaculaires au suffrage universel, quels sont ses résultats aux sénatoriales ? Lors de la présidentielle de 2002, on se le rappelle, l’extrême-droite FN + MNR obtint 27% des suffrages exprimés.


Libellé

Voix

% exp.

Sièges

Droite

1479

53,18

3

Gauche

1076

38,69

2

Verts

  139

  5,00

--

F.N.

    87

  3,13

--

Total

2781*

100

5

*98,16% des inscrits.

 Ainsi, le F.N. n’a guère que 87 grands électeurs alors que les Verts ont été représentés par 139 délégués. Pour donner une idée du rapport de forces entre ces deux partis, disons qu’aux Régionales de 2010, les écologistes représentèrent environ 10% des suffrages exprimés et l’extrême-droite presque 21%. Le F.N. n’est pas un parti de militants, n’est pas un parti d’élus qui se consacrent à la gestion de la collectivité territoriale la plus proche des habitants : la commune.

Voici la carte par canton (2) des résultats du Front national aux élections régionales de 2010. cette carte renvoie évidemment au premier article de la série I. Vote F.N. et vote ouvrier : le cas de la MOSELLE


Dans les cantons teintés de noir, le FN dépasse le score de la présidentielle de 2002 (en termes de suffrages exprimés). Même dans ces cantons, ce parti ne réussit pas à présenter des listes municipales capables d’obtenir quelques élus.

Conclusion : le vote LePen est un vote plébiscitaire, bonapartiste dirait - peut-être - René Rémond, sans enracinement local.



[1] Extrait du dossier « Les sénatoriales, mode d'emploi », Le Monde.fr,| 19.09.11.

(2) pour la nomenclature des cantons, je suggère ce lien : http://tresordesregions.mgm.fr/


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