Dans l’article précédent consacré au Cher, j’avais annoncé
les chances du candidat FG-PCF dans le canton de Mehun-sur-Yèvre. Pronostic qui
tenait davantage du souhait que de la certitude étayée par les résultats. Mais
j’avais montré aussi la bonne santé du PCF dans ce département qui passait de
16,8% (2004) à 20,2% des exprimés. Le gain du siège de Mehun -détenu depuis
quarante ans par la droite indique le correspondant du journal Le Monde - est le reflet de cette montée
en puissance.
Je vais dans un premier temps, présenter les résultats dans
trois cantons limitrophes, qui appartiennent à la zone d’emploi de Vierzon,
carrefour ferroviaire et fief industriel bien connu. Ce fut longtemps une
municipalité communiste avec une longue parenthèse entre 1990 et 2008, depuis
2008, c’est à nouveau une municipalité à majorité communiste avec à sa tête N.
Sansu.
Les trois cantons montrent la capacité de rassemblement des
candidats FG-PCF arrivés en tête au premier tour. Dans les trois cantons, il y
a duel. J’appelle "voix disponibles"
les voix des candidats éliminés qui ont ou non appelé à voter pour un candidat
resté en lice et les voix des votants du second tour, abstentionnistes au
premier.
Dans le canton de Vierzon-1, on dénombrait 955 voix
disponibles à gauche, 444 à droite et 328 votants supplémentaires, soit 1727 voix
qui se répartirent entre le candidat communiste Sansu et le candidat FN. Elles
se distribuèrent de la façon suivante : 1097 pour le FG-PC, 393 pour le FN
et 237 nuls&blancs.
Dans le canton Vierzon-II, les voix disponibles pour le
second tour sont de 1386 à gauche, 265 à droite et 245 votants supplémentaires,
soit 1896 v. Elles se distribuèrent de la façon suivante : 1272 pour le
FG-PC J.-P. Pietu, 533 pour l’UMP et 91 nuls&blancs.
Dans le canton de Chârost il en va un peu différemment car
il y a 54 votants en moins. Les voix disponibles sont de 1064 à gauche, 987 à
droite moins 54 soit 2105 v. à se partager entre le FG-PC J. Roger et le FN.
Ces voix se distribuent de la façon suivante : 1228 pour le candidat
communiste, 367 pour le FN et 402 qui sont nulles ou blanches.
Pour ces trois cantons, on constate que le nombre de
blancs&nuls augmente fortement si le duel du second tour oppose le FN et le
PC : les voix de droite s’abstiennent en grande partie. Vierzon-II
présente la démonstration du contraire : le duel oppose PC et UMP et
l’augmentation des voix N&B est modique. Mais la configuration finale du
vote est la même dans les trois cantons = tableau
|
AN&Bl.*
|
Fg-PCF
|
Ins.
|
FN
|
Ins.
|
UMP
|
Ins.
|
Vierzon-I
|
62,7
|
72,7
|
27,1
|
27,3
|
10,2
|
|
|
Vierzon-II
|
62,8
|
71,8
|
26,7
|
|
|
28,2
|
10,5
|
Chârost
|
60,0
|
71,8
|
28,8
|
28,2
|
11,3
|
|
|
·
AN&Bl. =
abstentions, nuls et blancs (par rapport aux inscrits).
·
Sources :
établi à partie du Berry républicain et du Monde.fr
En gros, les trois cantons montrent un rapport de forces
gauche-droite (voix exprimées) de 72/28 que le candidat de droite soit UMP ou
FN.
C’est une nouvelle fois la preuve que le parti communiste
est parfaitement intégré dans la nation française. Loin d’être victimes d’un
phénomène de rejet, les candidats du FG-PCF sont parfaitement capables de
rassembler les électeurs derrière eux. A la sempiternelle déclaration du FN et
de EELV qui disent que ces élections sont pour eux les plus difficiles, il faut
rétorquer qu’il en fut de même pour le PCF qui, longtemps, a dû former des
cadres issus de la classe ouvrière, les présenter aux électeurs ; élus
ouvriers ou paysans qui ensuite devaient faire la démonstration de leur
capacité à gérer les affaires publiques. Il en va tout autrement pour le FN
-qui présente aux élections des membres de la bourgeoisie patronale- et pour
EELV qui présente des petits bourgeois de l’intelligentzia diplômés des
universités.
Il faut recadrer les choses.
La victoire de Mehun
Dans ce canton, les choses se présentaient de la manière
suivante à l’issue du 1er tour :
ANBl.*
|
PCF
|
PS
|
EELV
|
SE
|
FN
|
54,4%,
|
27,1
|
14,9
|
08,3
|
34,2
|
15,5
|
·
par rapport aux
inscrits (le reste par rapport aux exprimés)
Soit 50,3% et 49,7 pour la droite -détentrice du siège-, le
candidat de droite est nettement en tête, bref une grande incertitude. D’autant
qu’en 2004, c’est le PS qui défendait les couleurs de la gauche au second tour
et avec les émotions créées par EELV qui refuse de se désister dans certains
cantons, on ne peut être sûr du report des voix de ce parti. Mais le candidat
PCF-Front de gauche était dans une belle dynamique : il passe de 899 v.
(18,7% des exprimés 2004) à 1070 voix (27,1%).
Dans ce canton, les voix disponibles pour le second tour
sont de 914 pour la gauche, 612 venant du FN et 290 votants supplémentaires,
soit 1816 v.. Elles se sont distribuées de la manière suivante : 1116 v.
pour le candidat communiste, 606 pour le candidat de la droite et 94
nuls&blancs supplémentaires. Le candidat P. Tournant recueille presque le
double de voix disponibles que son concurrent de droite. Il est élu avec 52,8%
des exprimés (50,3 au premier tour). C’est une victoire incontestable. Il
obtient la majorité absolue dans 3 communes sur les 5 du canton mais c’est le
vote de sa commune -il est maire du village porcelainier de Foëcy- qui est
décisif : il y obtient pas loin de 80%...