Comment s’est comportée l’Alsace-Moselle lors de cette présidentielle, elle qui constitue un bastion du Front national ? Dans un tableau, j’avais montré le différentiel de comportement électoral entre les trois départements et le reste de la « patrie républicaine » comme dit merveilleusement J.-L. Mélenchon, et qui est souvent dénommé « l’Intérieur » par nos compatriotes excentrés. Je reprends ce tableau et présente celui de la campagne 2012. Je rappelle que le vote MNR de 2002, pour Bruno Mégret, ancien n°2 du Fn et schismatique, ce vote donc fait partie intégrante de l’extrême-droite. Tous les politologues ajoutent les scores LePen et Mégret pour effectuer leurs analyses.
Vote de l’Alsace-Moselle en 2002 :
Sources : établi à partir
des chiffres du ministère de l’Intérieur. Vote de l’Alsace-Moselle en 2012
Sources : établi à partir des chiffres du monde.fr
Malgré une augmentation de 268.383 v. du chiffre des suffrages exprimés entre 2002 et 2012, en Alsace-Moselle, le FN ne gagne que 4362 voix. C’est une stagnation et, en termes de pourcentage des électeurs INSCRITS, une baisse de 1,6%. Concernant les exprimés, la baisse est de 4,4%. Conclusion : l’influence du FN baisse dans son bastion alsacien-mosellan. On peut établir le tableau suivant (tous chiffres en rapport avec les INSCRITS) (Alsace seulement)
* Abstentions, bulletins nuls et blancs. ** somme FN + MNRen 2002 Ainsi qu’on peut le lire, l’extrême-droite alsacienne ne retrouve pas son niveau de 2002. Elle récupère une bonne partie de l’électorat Sarkozy que celui-ci avait capté par ses promesses sur « le travail » en 2007. En 2012, la chute est lourde pour la droite qui perd quasiment 13%. En revanche, la Gauche fait mieux qu’en 2002. Cette année est toujours vécue comme calamiteuse par les Républicains, pour la raison que l’on sait, mais en France, la Gauche, toutes tendances confondues, était majoritaire et un affrontement Chirac-Jospin aurait certainement donné la victoire à ce dernier. Quoiqu’il en soit, la gauche progresse en 2012 alors qu’elle présentait deux candidats de moins. Le score de Jean-Luc Mélenchon est une authentique et bonne surprise : l’ignorant se gaussera des chiffres - 7,3% des exprimés ; 5,7% des inscrits - mais en réalité c’est une progression spectaculaire car le Front de Gauche surgit -presque- du néant en Alsace. Dans le canton strasbourgeois de la Gare, il obtient 15,2% des suffrages exprimés et 1221 voix ; son point d’appui de 2007 était pourtant bien maigre : 229 voix [1]. Ce cas n’est pas isolé : 12,9% des exprimés à Strasbourg-6 ; 13,9% à Strasbourg-3. Sur l’ensemble de la commune de Strasbourg, Mélenchon obtient 11,4% des suffrages exprimés. C’est historique. Dans les campagnes protestantes, le Front-de-Gauche dépasse les 5% des exprimés, sans plus. Mais rappelons que pour les Luthériens, la révolution, « c’est le péché ». Et, en 2007, Mme Buffet y évitait de justesse le 0%... Dans le Haut-Rhin, Jean-Luc Mélenchon obtient quasi 11% des exprimés dans la ville de Sainte-Marie-aux-Mines, 10,21% dans le canton. En 2011, lors des élections cantonales, Serge Jaeggy, candidat du Front de Gauche (sic) avait obtenu 43,3% au second tour dans le canton de Munster et la majorité absolue dans trois communes. Le soleil se lève à l’Est. En revanche, pour ce qui concerne la France de « l’intérieur », le gain du FN est de 0,77% des inscrits. Cela explique la diminution du « différentiel » entre l’Alsace-Moselle et le reste du territoire. Cette progression relative à l’ « intérieur » peut être mise en valeur par l’exemple breton (région administrative de Bretagne, hors Loire-Atlantique) et par les départements de la région Champagne-Ardenne. Nous y reviendrons. .
[1] Cumul des M.G.Buffet (PCF) et J. Bové (alternatifs). Bové n’était pas EELV à cette date mais soutenu par des forces qui ont constitué ultérieurement le Front de Gauche. |