Routes de la soie du XXI° siècle (selon Les Echos)

publié le 13 juin 2019, 07:22 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 9 sept. 2019, 03:05 ]

    
Le journal Les Échos publie un article intéressant sur les ambitions constructives de la Chine-Pékin afin de trouver des solutions alternatives à la saturation le détroit de Malacca : point (très) sensible de la planète.de la voie maritime qui conduit à l'Inde, le Moyen-Orient, le canal de Suez et, donc, l'Europe. J'ai déjà reproduit les articles de l’Humanité qui traitent de la même question.La route maritime du nord-est, Chine - Europe via l'Océan arctique, et aussi Routes de la soie du XXI° siècle, Chine - Europe.

    Voici la carte des Échos :




- on remarquera la place de Shanghai -lato sensu - "plus important marché de gros du monde avec plus de 200.000 fournisseurs" Puissance chinoise : le Shangaï ...du monde
- la route du nord est déjà en place mais demande l'amélioration de points singuliers.
- il y a des départs -surtout japonais - au départ du port de Lianyungang
- Ce que Les Échos appellent "l'ancienne route de la soie existe toujours et est une artère maitresse pour le futur essor de l'Iran
- sur la droite, sortent de la gueule du dragon les chiffres du commerce international avec quelques pays d'Europe

    Voici le texte de l'article publié dans Les Échos le 16 décembre 2015, signé Muryel JACQUE :

    C'est un projet monstre imaginé par la Chine, à même de bouleverser les marchés des matières premières dans les années à venir. Surnommée « La Ceinture et la Route » (« One Belt, One Road »), cette initiative, présentée par le président Xi Jinping fin 2013 et lancée officiellement en mars, veut favoriser les connexions entre les continents asiatique, européen et africain, et les mers et océans voisins, en redynamisant d'anciennes routes commerciales terrestres et maritimes. Elle signe la renaissance des routes de la soie, façon XXIe siècle.

    Ce projet chinois pharaonique estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars, aussi économique que politique, englobera quelque 900 projets dans une soixantaine de pays, de l'Asie du Sud-Est à l'Europe du Nord en passant par des pays très riches en ressources naturelles comme le Kazakhstan. Pour la Chine, il s'agit de sécuriser l'accès aux matières premières, et de limiter les coûts de transport des marchandises. "L'objectif plus large est d'améliorer le commerce régional, le développement de l'investissement et des infrastructures, garanti par plus de 140 milliards de dollars de financement via des institutions régionales nouvelles ou existantes", explique-t-on chez Morgan Stanley. C'est aussi un moyen de jouer un rôle plus important dans le système financier international.

    Pékin entend évidemment trouver de nouveaux débouchés pour les entreprises du pays : une nouvelle source de revenus à l'international pour les constructeurs de rails, les transformateurs de métaux, les fabricants de pipelines, etc., qui permettrait de compenser la baisse des ventes locales. "L'évolution structurelle de son économie a aussi laissé le pays face à des surcapacités massives dans de nombreuses industries lourdes", ajoute Nic Brown, responsable de la recherche matières premières chez Natixis. "Mais la solution pourrait être à portée de main si la nouvelle initiative, La Ceinture et la Route, parvient à soutenir la demande asiatique au cours des prochaines années".

    Cela pourrait changer la donne pour les matières premières. Notamment pour l'acier, dont le pic de production pourrait bien être repoussé... Si ce grand projet entraîne une hausse de la construction d'infrastructures, la demande mondiale d'acier devrait augmenter plus que prévu, estime-t-on chez Morgan Stanley. Bloomberg estime qu'il pourrait effectivement doper les besoins pour l'alliage de 272 millions de tonnes d'ici à 2020, soit près d'un quart de la production chinoise de 2014. « Cela amènerait alors certainement la Chine à exporter davantage d'acier, et renverserait nos projections actuelles d'une baisse de la production en Chine au cours des trois prochaines années », avance Joël Crane, analyste matières premières au sein de la banque.

     De nombreux soutiens

    Au cours des derniers mois, de nombreux acteurs dans les matières premières ont manifesté leur soutien à l'initiative stratégique chinoise. Dans le secteur maritime, CMA-CGM a signé un partenariat avec le groupe China Merchants, indiquant que "One Belt, One Road" était « sans doute le plus grand projet au monde de développements d'infrastructures ». L'opérateur Baltic Exchange, la bourse du fret maritime mondial, a décidé de collaborer avec l'opérateur Ningbo Shipping, dont les tarifs sont désormais disponibles gratuitement sur son site. Fin octobre, la Bourse des métaux de Londres, le London Metal Exchange (LME, qui appartient à la Bourse de Hong Kong) a, elle, signé un protocole d'accord avec plusieurs institutions financières chinoises et britanniques "Nous rendons la tâche plus facile aux participants chinois qui s'impliquent dans le processus de détermination des cours afin que la présence significative de la Chine dans les métaux se reflète mieux dans les prix mondiaux", a ainsi expliqué le patron du LME, Garry Jones.

    Cet immense projet pose évidemment encore de nombreuses questions. « Certains pays concernés sont à la fois contents et inquiets », note ainsi Jean-François Lambert. Ce spécialiste du financement des matières premières évoque en particulier la lutte anti-corruption menée depuis des mois par la Chine, qui créée, selon lui, « une incertitude terrible ».


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