Japon et Chine sur le continent africain (7° TICAD)

publié le 3 sept. 2019, 10:24 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 21 juin 2021, 01:58 ]
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Outre l’Asie, Tokyo entend concurrencer la Chine sur le continent africain.

Les ambitions africaines du Japon

Vendredi, 30 Août, 2019

    Dans la novlangue entrepreneuriale, on appelle cela un deal flow. En clair, de nouvelles opportunités d’investissement offertes sur un plateau. Il en aura beaucoup été question lors de la 7e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad), l’opération de séduction des ­dirigeants africains qui se tient depuis ­mercredi au Japon. Organisée par l’ONU, la Banque mondiale et l’Union africaine, la session vise, sous couvert de développement, à concurrencer la présence chinoise en Afrique. Comme c’est déjà le cas en Asie, où Tokyo a repris l’idée chinoise de ­corridors économiques rivalisant avec les « nouvelles routes de la soie ». Seulement, Pékin a pris une sérieuse avance en Afrique puisque, depuis le premier sommet Ticad en 1993, le Japon a consacré une enveloppe de 47 milliards de dollars au continent quand la Chine y investit 60 milliards par an. Le Japon fait néanmoins preuve d’activisme : 796 de ses entreprises sont présentes en Afrique, contre 520 en 2010.

    Les services nippons mis en avant

    Pour marquer sa différence avec la Chine, le premier ministre japonais Shinzo Abe a mis l’accent sur la « qualité » des services nippons. En une référence claire au rival chinois, le but affiché par Tokyo n’est pas de faire couler l’argent à flots mais de déve­lopper les « ressources humaines », quand la Chine est accusée d’avoir recours à ses propres ouvriers et de faire peu de cas des droits humains et de la protection de l’environnement. À l’issue de la Ticad, Tokyo devrait ainsi annoncer un prêt de 3,4 milliards d’euros pour l’extension d’équipements éoliens en Égypte et des unités géothermiques au Kenya ou à Djibouti.

    L’autre grief concerne l’endettement massif causé par les « nouvelles routes de la soie ». Fin avril, à Pékin, le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, dont le pays accueille la seule base militaire chinoise à l’étranger, s’est inquiété du fardeau du prêt du chemin de fer Djibouti/Addis-Abeba et du doublement de la dette en cinq ans (89 % du PIB). À elle seule, la Chine détiendrait près de 20 % des dettes publiques du continent. « Si des pays partenaires sont profondément endettés, cela gêne les efforts de tout le monde pour entrer sur le marché », martèle Shinzo Abe. À l’horizon 2022, le Japon envisage de former des experts à la gestion des risques financiers et de la dette publique dans trente pays. Loin de toute philanthropie, c’est à la promotion de ses propres dispositifs de financement et d’assurance que le premier ministre japonais œuvre désormais.


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