Dans la
novlangue entrepreneuriale, on appelle cela un deal flow. En clair, de
nouvelles opportunités d’investissement offertes sur un plateau. Il en aura
beaucoup été question lors de la 7e Conférence internationale de Tokyo sur
le développement de l’Afrique (Ticad), l’opération de séduction des dirigeants
africains qui se tient depuis mercredi au Japon. Organisée par l’ONU, la
Banque mondiale et l’Union africaine, la session vise, sous couvert de
développement, à concurrencer la présence chinoise en Afrique. Comme c’est
déjà le cas en Asie, où Tokyo a repris l’idée chinoise de corridors
économiques rivalisant avec les « nouvelles routes de la soie ». Seulement,
Pékin a pris une sérieuse avance en Afrique puisque, depuis le premier sommet
Ticad en 1993, le Japon a consacré une enveloppe de 47 milliards de
dollars au continent quand la Chine y investit 60 milliards par an. Le
Japon fait néanmoins preuve d’activisme : 796 de ses entreprises sont présentes
en Afrique, contre 520 en 2010.
Les services
nippons mis en avant
Pour marquer sa différence avec la
Chine, le premier ministre japonais Shinzo Abe a mis l’accent sur la
« qualité » des services nippons. En une référence claire au rival chinois, le
but affiché par Tokyo n’est pas de faire couler l’argent à flots mais de développer
les « ressources humaines », quand la Chine est accusée d’avoir recours à ses
propres ouvriers et de faire peu de cas des droits humains et de la
protection de l’environnement. À l’issue de la Ticad, Tokyo devrait ainsi
annoncer un prêt de 3,4 milliards d’euros pour l’extension d’équipements
éoliens en Égypte et des unités géothermiques au Kenya ou à Djibouti.
L’autre grief concerne l’endettement
massif causé par les « nouvelles routes de la soie ». Fin avril, à Pékin, le
président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, dont le pays accueille la seule base
militaire chinoise à l’étranger, s’est inquiété du fardeau du prêt du chemin de
fer Djibouti/Addis-Abeba et du doublement de la dette en cinq ans (89 % du
PIB). À elle seule, la Chine détiendrait près de 20 % des dettes publiques
du continent. « Si des pays partenaires sont profondément endettés, cela gêne
les efforts de tout le monde pour entrer sur le marché », martèle Shinzo Abe. À
l’horizon 2022, le Japon envisage de former des experts à la gestion des
risques financiers et de la dette publique dans trente pays. Loin de toute
philanthropie, c’est à la promotion de ses propres dispositifs de financement
et d’assurance que le premier ministre japonais œuvre désormais.