Zeev Sternhell est un immense
historien dont j’ai abondamment
utilisé les travaux pour la rédaction de mon livre. Son dernier livre
paru s’intitule
« les anti-Lumières »[1],
ce titre est tout un programme : il s’agit de dénoncer aussi bien les
adversaires contemporains de la Révolution français que les
« révisionnistes »
d’aujourd’hui qui s’attaquent avec virulence à la Révolution pour mieux
faire
avaler la soi-disant révolution conservatrice. Sternhell est donc un
homme des
Lumières et c’est tout naturellement que, israélien, professeur émérite à
l'université hébraïque de Jérusalem, il se prononce pour la création
d’un État
palestinien.
« Cette exigence des
Palestiniens est d'une légitimité sans faille. Le droit à
l'autodétermination,
à la souveraineté, à l'indépendance est un droit universel. Si nous, les
Israéliens, avons droit à un État, à nous gouverner nous-mêmes, ce même
droit
doit s'appliquer aux Palestiniens. Cette reconnaissance ouvrirait aussi
une possibilité
à l'ONU de jouer un rôle plus grand dans ses efforts envers les deux
côtés pour
parvenir à un règlement du conflit. Je suis convaincu que Palestiniens
et
Israéliens ont besoin d'une intervention forte des États-Unis et de
l'Union
européenne (UE). Malheureusement, l'UE n'existe pas en politique
extérieure et,
pour les États-Unis, le problème israélo-palestinien n'est pas en haut
de leur
échelle de priorités. L'essentiel dans cette déclaration est donc son
côté
symbolique, moral. Pour beaucoup d'israéliens, l'accession des
Palestiniens à
l'indépendance n'est pas seulement une chose bonne et juste en
elle-même, ils y
voient aussi leur intérêt que se crée un État avec qui ils puissent
construire
un avenir commun. Parce qu'il n'y a pas d'autre avenir qu'un avenir
commun »[2].
Une
soixantaine de personnalités
ont déjà souscrit à un texte du Mouvement des jeunes communistes de
France pour
la reconnaissance de l’ État Palestinien à l'ONU la semaine prochaine[3].
La
mobilisation pour un État
palestinien se poursuit. Le Mouvement des jeunes communistes de France
(MJCF) a
initié un appel, rendu public hier, pour la reconnaissance par la France
et
l'Union européenne (UE) d'un État palestinien dès « la prochaine
Assemblée
générale de l'Organisation des Nations unies ». Le texte a été signé par
de
nombreuses personnalités. Mardi, l'Autorité palestinienne officialisera
sa
demande de reconnaissance d'un État pour les Palestiniens. « Le but de
notre
appel est d'accompagner la reconnaissance de l'État palestinien à
l'ONU »,
indique le secrétaire général du MJCF, Pierric Annoot « Pour cela, nous
avons voulu un appel large. Nous en appelons à la communauté
internationale
pour qu'elle prenne ses responsabilités » précise le dirigeant
communiste. Les
signataires, qualifiés de « citoyens engagés pour la Paix », soutiennent
« les peuples palestinien et israélien et leur droit de vivre en paix
dans
des États libres et souverains aux frontières sûres ».
Plus d'une
cinquantaine de personnalités ont signé. Parmi elles, plusieurs
responsables
venant de toute la gauche. On trouve ainsi Laurianne Deniaud, présidente
du
Mouvement des jeunes socialistes, ou Gérard Filoche, inspecteur du
travail, lui
aussi socialiste, José Bové, député européen d'Europe Écologie. Sont
signataires les premiers dirigeants des trois forces fondatrices du
Front de
gauche (PCF, PG, GU), l'ensemble des eurodéputés FG, plusieurs
parlementaires
nationaux tel Jean-Paul Lecoq (PCF, qui avait participé à la flottille
pour la
paix.
On trouve
aussi plusieurs militants anticolonialistes, tels Henri Alleg, Patrick
Farbiaz.
Plusieurs intellectuels et artistes, tels le comédien Christophe
Alévêque,
l'avocate Gisèle Halimi, l'ancien résistant Stéphane Hessel. Salah
Hamouri,
citoyen français prisonnier politique en Israël, soutenu par notre
journal,
fait partie de la liste des signataires.
Autres signataires : Mouloud
Aounit (Mrap), Gérard Aschieri,
Marie-George Buffet, Didier Daeninckx, Robert Guédiguian, Pierre Laurent
(PCF).
Jean-Luc Mélenchon (PG), Christian Picquet (GU), Elie Hoarau (secrétaire
PC
réunionnais), Yvan Le BolIoch (comédien), Didier Le Reste
(syndicaliste),
Emmanuel Zemmour (UNEF), Georges Séguy (syndicaliste), Yvon Quiniou
(philosophe), Nils Tavernier (acteur).
(NB. Liste entière disponible
lundi sur :
www.jeunes-communistes.org)
[1]
« Les anti-Lumières », du XVIIIe siècle à
la guerre froide,
(Fayard).
[2]
Propos recueillis par Fabien Perrier, l’Humanité du 16 septembre 2011.
On peut
lire aussi une ITW complémentaire dans l’Humanité-Dimanche datée du 15
septembre.
[3]
Article de Gaël De Santis, dans l’Humanité du 16 septembre.