Par un manifeste, paru dans Le Parisien Libéré, 300 personnalités prétendent lutter contre l’antisémitisme.
En contradiction flagrante avec les conclusions des travaux
commandés par la Commission nationale consultative des droits de
l’homme, les signataires utilisent les mots manifestement outranciers de
« terreur » et d’« épuration ethnique ». Ils tendent à faire de l’islam
radical la cause principale de l’antisémitisme, ce qui est ignorer non
seulement l’antisémitisme traditionnel, mais, au-delà de causes
religieuses ou idéologiques, la désespérance provoquée par les
discriminations de toute nature qui frappent les jeunes de banlieue
comme l’attestent les travaux du Défenseur des droits.
Quant à la dénonciation d’un supposé antisémitisme de la gauche
radicale, on cherche en vain dans ses principales composantes, qu’elles
soient communiste, insoumise ou écologiste, le moindre fait concret
permettant d’étayer une pareille accusation infâme.
L’assimilation entre antisionisme et antisémitisme, ne distinguant
même pas la légitime critique de la politique du gouvernement israélien,
relève de la même infamie outrancièrement simplificatrice. Opérant un
parallèle fallacieux avec la modification d’une prière catholique
abrogeant la mention du « juif perfide », ces signataires n’hésitent pas
à demander, de façon totalement absurde, non pas la modification d’une
prière, mais la suppression de textes du Coran, alors même qu’en
l’absence d’autorité hiérarchique propre à l’islam, une pareille demande
est dénuée de sens.
Le conflit israélo-palestinien est le grand absent de ce texte
alors que l’instauration d’une paix juste au Proche-Orient contribuerait
grandement à éradiquer l’antisémitisme.
L’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) remercie
les signataires du Manifeste de vouloir lutter contre l’antisémitisme.
Elle reste convaincue que la méthode adoptée est la pire de celles à
disposition. Car la lutte contre l’antisémitisme, par des méthodes
éducatives autant que répressives, est vouée à l'échec si elle est
dissociée de la lutte contre tous les racismes.
Jacques Lewkowicz, Président de l’UJRE.
28 avril 2018