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Syriza, la conscience de la Grèce.. par Respublica

publié le 6 janv. 2015, 07:23 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 6 janv. 2015, 07:24 ]
publié le 28 août 2012 19:15 par Jean-Pierre Rissoan
     Après la percée de Syriza, la coalition de la gauche radicale, aux dernières élections législatives grecques (voir notre analyse sur les résultats des élections en Grèce), nous voilà repartis comme prévu pour de nouvelles élections en juin 2012. Nous avons montré dans cet autre article que la gauche de gauche (celle qui est en rupture avec les politiques néolibérales, c’est-à-dire Syriza et KKE) pouvait déjà « empocher » le bonus de 50 députés donné à celui arrivé en tête de la consultation, à la place de la droite néolibérale (ND, Nouvelle démocratie), soit un écart de 100 députés entre les deux lignes contradictoires au profit de la gauche de gauche. Mais le KKE (parti communiste néo-stalinien), qui ne veut s’allier avec personne, a permis que ce bonus aille à la droite néolibérale. Il reste donc au peuple grec à donner à Syriza les 3 % supplémentaires lui permettant d’« empocher » seule le bonus du premier parti. Ce n’est pas insurmontable.
    Aujourd’hui, à Respublica, nous sommes tous des Grecs soutenant Syriza ! C’est aujourd’hui, sur le plan politique, la pointe avancée de la gauche de gauche en Europe. Mais honte au KKE, ce parti qui ne veut débattre avec personne ! Comme l’a fait le PCUS dans les années 20, il préfère favoriser la droite au pouvoir que de participer à une alliance de la gauche de gauche. Sur son site, il qualifie Syriza de gauche opportuniste alors que ce collectif a une position de rupture envers les politiques néolibérales de droite et de gauche. Le KKE, comme certains groupuscules en France, considère qu’il peut seul conduire à la victoire et ne discutera donc pas avec Syriza qui affirme qu’on ne peut sortir de l’euro demain matin sans le rapport des forces nécessaire.
    Sur la question de la sortie de l’euro, le KKE, comme certains groupuscules en France, crée une prééminence alors que l’alternative ne peut être que globale, sans prééminence. D’autant que la sortie à froid de l’euro, outre qu’elle demande un rapport des forces impossible actuellement, aurait des conséquences immédiates pour le peuple difficille qu’un gouvernement de gauche de gauche pourrait difficilement assumer. Cette solution est un mirage, mais le statu quo est une impasse.
    
    Devant la réalité de la construction européenne, il n’y a pas d’autre solution que d’avancer avec un modèle politique et culturel alternatif et global en engageant au sein de la zone euro (et non en dehors) une ligne gauche de gauche opposée aux néolibéraux de droite comme de gauche. Cette stratégie doit être multiforme et, notamment, pratiquer des formes de désobéissance : d’une part menacer de refuser de voter des décisions qui demandent l’unanimité des Etats et d’autre part faire adopter par le parlement national une loi organique (ou une modification de la Constitution) qui déclare les décisions nationales supérieures dans la hiérarchie des normes aux décisions de l’Union européenne. Cela permettrait permettrait que l’Etat puisse donner des directives à sa banque centrale, par exemple de financer la bonne dette de son État à un taux inférieur à 1 % au lieu de financer les banques privées à but lucratif pour les actionnaires.

    Revenons à Syriza. Cette force politique de la gauche de gauche non seulement à une ligne anticapitaliste intransigeante contre les politiques d’austérité, mais compte en plus rompre avec la dépossession des citoyens et des salariés que le modèle politique néolibéral a organisé. Il faut bien sûr comprendre que le capitalisme n’est pas seulement lié à l’exploitation salariale mais aussi aux formes de domination qui organisent la dépossession des citoyens et des salariés par la privatisation, le recul des droits sociaux, la marchandisation de la nature, la fiscalité antiredistributive et les « cadeaux » qui l’accompagnent, la prolétarisation de masse, l’absence de liaison avec les mouvements laïques, féministes, antiracistes, etc. C’est parce qu’il faut articuler la lutte contre l’exploitation mais aussi contre les phénomènes de domination et de dépossession que le modèle politique de la république sociale est crédible. Comme l’ont dit récemment Cédric Durand (Paris XIII) et Razmig Keucheyan (Paris 4) « nul axe ne peut être subordonné à un autre et tous participent de la résistance à la logique du système. La construction d’un projet politique commun suppose de penser l’articulation de ces combats. »
    Alors que pour la presse people et les “bobos” des couches moyennes supérieures, la seule actualité grecque est l’entrée des néonazis dans le Parlement grec, nous disons ici que le meilleur antidote à la droite et à l’extrême droite, c’est le développement de la gauche de gauche en lieu et place des partis néolibéraux de droite et de gauche. Car on ne traite pas un problème sans agir sur ses causes. Laissons la presse people et les “bobos” des couches moyennes supérieures déclarer qu’ils vont s’attaquer aux conséquences. Nous, nous appelons à agir sur les causes de la triple crise et de la poussée d’extrême droite. C’est facile, ce sont les mêmes!

    Vive Syriza, vive la révolution citoyenne et républicaine, pour l’alliance des couches populaires et des couches moyennes intermédiaires !

    RESPUBLICA, 16 mai 2012.
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