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Mais d'où vient Syriza ?

publié le 27 janv. 2015, 03:41 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 31 janv. 2015, 05:29 ]


Une progression indexée sur la colère du peuple

Stéphane Aubouard


Athènes, envoyé spécial.

 

    Depuis 2010, la gauche radicale grecque s’est implantée puis renforcée dans le paysage politique, sur la base d’un discours clair et audible.

 

  Lorsqu’en février 2010 la troïka (BCE, FMI, Commission européenne) demande au premier ministre Georges Papandréou d’accélérer les coupes budgétaires, Syriza n’est encore qu’une petite coalition de gauche composée d’ex-communistes, de socialistes, d’écologistes et autres dont le poids électoral ne dépasse pas les 4%. Et lorsque le 27 février de la même année les syndicats du privé et du public appellent à la grève générale envoyant 30.000 personnes dans les rues d’Athènes, le message politique de Syriza ne porte pas encore dans le peuple. Mais l’année 2010 avec, en mai, la signature par le gouvernement Pasok (socialiste, membre de l’Internationale socialiste, JPR) et la troïka du premier mémorandum mettant le pays sous la coupe de cette dernière, puis l’année 2011, avec en octobre la signature d’un second mémorandum, vont être le théâtre d’un brusque rapprochement entre le peuple et la coalition de la gauche radicale. Le discours d’Alexis Tsipras, malgré le filtre des médias dominants, arrive peu à peu aux oreilles des Grecs qui subissent baisse de salaires, baisse des pensions, baisse des minima sociaux et casse des services publics… Les mots sont simples et offensifs : refus des politiques menées, refus des mémorandums, annulation de la dette, réforme des statuts de la Banque centrale européenne…

EN 2012, 100 000 GRECS DANS LES RUES D’ATHÈNES

    Depuis lors, les scores électoraux de Syriza seront proportionnels à la colère mêlée d’espoir nouveau du peuple grec. En 2011, les manifestations se multiplient et atteignent leur apogée en février 2012 où quelque 100.000 Grecs descendent dans les rues d’Athènes… Trois mois plus tard, Syriza, dont le discours est de plus en plus audible, atteint aux premières législatives le score de 16,78 % des voix obtenant 52 sièges et devenant la seconde force à la Vouli (Parlement grec)… Mieux encore, pour la première fois depuis 1958, un parti de la gauche radicale devient la seconde force politique du pays. Un mois plus tard, lors de nouvelles législatives, le parti d’Alexis Tsipras atteint la barre des 27 %… Depuis, le nouveau premier ministre de la Grèce, qui n’aura eu de cesse de mettre le Pasok devant ses contradictions, s’attaquera à la droite qui tiendra les rênes du pays dans la foulée… Alexis Tsipras avait en ce temps déjà marqué son territoire face à celui qu’il vient désormais de remplacer, Antonis Samaras, martelant lors d’un face-à-face télévisé : "Il ne peut pas y avoir un gouvernement de salut national avec la droite qui a signé des mesures de rigueur et que le peuple a rejetées. ". Dimanche soir, le peuple a, cette fois-ci, fait les bagages des partisans des vieilles recettes, rejetant définitivement la politique Pasok/Nouvelle Démocratie des trente dernières années, en jetant son dévolu sur celui qu’il ne voyait pas, il y a trois ans à peine.

    SYRIZA, UN PARTI HÉRITIER DU MOUVEMENT SYNASPISMOS CRÉÉ DANS LES ANNÉES 1990

    Synaspismos (Coalition de la gauche, des mouvements et de l’écologie, SYN) est un mouvement créé en 1991 par des communistes exclus du Parti communiste grec (KKE) parce qu’ils étaient favorables à l’intégration européenne de la Grèce. Aux législatives de 2004, le SYN s’allie avec plusieurs petits partis dans le cadre d’une coalition appelée Syriza. En juillet 2013, Syriza devient un parti en fusionnant ses différentes composantes, seule possibilité de toucher le bonus de 50 députés accordé au parti, et non pas à la coalition, arrivé en tête d’une élection législative. Le Synaspismos est alors dissous (1).


Mardi, 27 Janvier, 2015 , L'Humanité


(1) en fait, SYRIZA est l'acronyme de Synaspismós Rizospastikís Aristerás. JPR

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