L’Allemagne
est le premier client
et fournisseur de la Grèce. L’Allemagne absorbe le quart (25%) des
exportations
helléniques et fournit 16% de ses importations commerciales. Mais les
achats
grecs sont bien plus élevés que les ventes (rapport de 4 à 1). En
dollars -les
chiffres qui suivent ont valeur approximative mais cela ne change pas la
problématique- les achats aux Allemands ressortent à 3,4 milliards et
les
recettes des ventes à 1,4 Md. Soit un déficit de 2 milliards de US$
chaque
année à l’égard du géant européen.
La Grèce
achète des
machines-outils, du matériel de transport, des produits alimentaires,
des
produits chimiques et pétroliers. A part les produits alimentaires, ce
sont
autant de secteurs où l’Allemagne est forte. La Grèce vend surtout (par
ordre d’importance)
des fruits et légumes, de l’huile d’olive, des produits textiles et de
l’acier,
du ciment et de l’aluminium, quelques produits manufacturés comme les
vêtements.
Nul
besoin d’être grand clerc
pour deviner qu’il y a là un échange parfaitement inégal entre les deux
pays. Combien
faut-il de travail humain grec dans les fruits et huile d’olives pour
acheter
une machine-outil allemande ?
Le
déficit est profond entre les
deux pays. Et il est ancien.
Pour équilibrer autant que faire se
peut, sa balance des paiements, la Grèce compte sur ses rentrées
touristiques, ses ventes de services maritimes et les envois effectués
par la diaspora grecque du monde entier. mais l'équilibre est rarement
obtenu. La Grèce est largement parcourue par les touristes allemands et
cela lui procure des rentrées précieuses mais on sait bien la situation
de dépendance que procure un tourisme excessif.
Dans un
livre publié en 1988[1],
J.-F. Drevet écrivait déjà que la situation entre ces deux pays « est
conforme à l'idée qu'on se fait des
rapports nord-sud » sic.
Cet auteur établissait une
comparaison entre ce que chaque-pays-membre
donne au budget communautaire ou ce qu’il en reçoit, d’une part, et le
solde de
sa balance commerciale avec les autres pays -membres d’autre part. Et il
pouvait écrire : Pour la Grèce et la RFA,
la situation est très contrastée,
et conforme à l'idée qu'on se fait des rapports nord-sud. Pour la
première, le
déficit commercial structurellement important est partiellement couvert
par un
flux budgétaire en provenance de Bruxelles (3.2 milliards d'ECUS de
déficit
commercial pour un avantage budgétaire de 1.3 milliard). Inversement la
RFA «
achète » son avantage commercial (9.5 milliards d'excédent) par 3.3
milliards
de contributions nettes aux finances communautaires.
Autrement
dit, et cela dure depuis
des décennies, l’Allemagne est certes contributrice nette au budget
européen
(elle verse plus qu’elle ne reçoit) mais l’échange inégal qu’elle a avec
les
autres pays de l'Europe de Bruxelles compense largement cette
contribution. L’Allemagne n’a pas à se plaindre
du fonctionnement de l’Europe. Loin de là.
[1]
« Les régions françaises en tre l’Europe et le déclin », éditions
SOUFFLES, Paris, par J.F. DREVET, chargé de mission à la DATAR.