II. CHAVEZ : L’EXPERIENCE VENEZUELIENNE SANS CONCESSION

publié le 28 août 2012, 09:00 par Jean-Pierre Rissoan   [ mis à jour : 28 août 2012, 09:03 ]
publié le 2 juil. 2011 11:43 par Jean-Pierre Rissoan
  15/02/2011  

Comme j’ai commis un article sur le Venezuela[1], article décortiquant un texte de M. Nierdergang qui montrait bien les immenses difficultés auxquelles pouvaient être confrontés H. Chavez et ses amis, et qui visait à stigmatiser les bourgeoises de Caracas manipulant leurs casseroles, je me dois de publier ce texte qui fait une mise au point sur la situation actuelle dans ce pays. Il s’agit du compte-rendu de Michel Rogalski, directeur de la revue RECHERCHES INTERNATIONALES, d’une analyse paru dans la revue Imprecor[1].

VENEZUELA : LABORATOIRE DU SOCIALISME DU XXI° siècle ?

La revue d'information et d'analyse publiée sous la responsabilité du bureau exécutif de la IV° Internationale consacre son dossier central à l'étude fouillée de l'expérience vénézuélienne en cours depuis plus d'une décennie. L'analyse est menée par Sébastien Brulez et Fernando Esteban, tous deux journalistes résidents au Venezuela depuis plusieurs années.

Le bilan tracé est sans concession et présente derrière un discours souvent haut en couleur une démarche velléitaire confrontée à un mouvement d'opinion qui marque le pas ainsi qu'en ont témoigné les .dernières élections. D'après les auteurs, les causes résident clans le flou idéologique du projet qui reste à définir et dans l'accumulation d'échecs dans des secteurs sensibles pour la population. Ainsi, le régime n'a pas su rompre avec le clientélisme et la corruption, malaises récurrents du pays. Ni non plus avec l'insécurité urbaine qui s'est aggravée alors même que des succès ont été remportés en matière de lutte contre la grande pauvreté. La délinquance policière est de plus en plus pointée du doigt lorsque l'on évoque l'insécurité. Fait nouveau, la drogue transite massivement par le pays avec ses effets délétères de corruption et de violence. Alimentation, logement et énergie constituent des secteurs qui nourrissent le mécontentement. Jamais le poids de la production agricole n'était tombé aussi bas dans le PIB total (moins de 4 %). Dans ces conditions l’autonomie alimentaire reste une chimère. Urbanisée à plus de 92 %, la population aspire à sortir de l'habitat précaire qui reste le lot de tous ceux, nombreux, qui vivent dans les barios insalubres. L'importante sécheresse de l'an dernier, doublée d'une vague de chaleur inhabituelle a révélé les failles du système énergétique qui dépend à 70 % de la production hydroélectrique. Les grands barrages du bassin de l'Orénoque n'ont pu suffire à assurer les besoins et le gouvernement a dû rationner et procéder à des coupures d'électricité et d’eau. Les missions sociales dans le domaine de la santé qui se sont développées, en dehors du système institutionnel, avec l'aide de médecins cubains ont déjà aidé plus de huit millions de personnes. Mais il reste urgent de refonder le système national de santé publique.

Les interrogations les plus fortes du dossier portent sur le sens de l’évolution générale en cours. En effet, peut-on parler d'avancée socialiste alors même que le poids du secteur privé s'est renforcé, passant de 64 % en 1998 à 71 % en 2008 ?

Les auteurs saluent les efforts d'intégration régionale menés par le Venezuela. Déroute de l'Alca, mise sur pied de l'Alba (8 pays membres)[1] et au niveau continental de l'Unasur[1] dont les Etats-Unis ont été écartés. Le projet de lancement d'une V° Internationale tarde à être mis en orbite et se heurte aux réticences de tous ceux qui ne veulent la penser que comme indépendante de quelque gouvernement que ce soit. Bien que discret sur la politique pétrolière du pays, ce dossier très complet présente des faits incontestables avec une grande lucidité. Il contribue à nourrir la réflexion nécessaire « afin que le chemin vers le socialisme du XXI° siècle ne se convertisse pas en une chimère de plus ».

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