5.08.2011
"Yes, We can !" Qui ne se
souvient de ce slogan mobilisateur et enthousiasmant du candidat Obama
lors de
la campagne 2008 de la présidentielle des Etats-Unis. Aujourd’hui, avec
la
crise de la dette -liée pour l’essentiel aux Républicains qui depuis
Ronald
REAGAN ont laissé filer les déficits, réduits sans honte les impôts des
plus
riches -richissimes- citoyens des Etats-Unis et maintenu leur budget
militaire à
des sommets improbables. Mais, "oui,
on le pouvait ", on pouvait
penser que Barak Obama allait sinon inverser la tendance, en tout cas
infléchir
légèrement vers la gauche la politique irresponsable des Américains. Il
n’en a
rien été. Au contraire, on n’entend parler que du Tea party, cette espèce de Droite
populaire américaine ultra-réactionnaire qui veut encore faire baisser
les impôts
des plus riches et réduire les budgets sociaux ! Comme si les États-Unis
étaient
le temple de l'État-Providence ! et à gauche ? combien de
manifestations ? Voici le texte d’un universitaire américain qui fait le
point sur la situation sociale et politique des États-Unis.
Jean-Pierre RISSOAN
BANQUEROUTE
FISCALE ET FAILLITE IDÉOLOGIQUE
Scott HILEY,
Professeur
NORTHWESTERN
UNIVERSITY de CHICAGO.
"La crise
budgétaire américaine semble grave. Dix ans de guerre, le sauvetage à
pelletées
d'or des banques spéculatrices, et surtout le cumul depuis trente ans de
cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux plus riches ont laissé en
désordre les finances publiques. L’impasse sur le plafond de la dette
vient
d'amener le pays au bord de la banqueroute ; même résolue, elle fera
peser la
menace d'une dégradation du crédit américain. Cette crise en masque
pourtant
une autre, celle d'une réponse mal gérée à la crise financière de 2008.
Bien
que les entreprises affichent des gains record, et que la Bourse ait
plus que
rebondi, le bilan du peuple reste inchangé : chômage massif, précarité
de plus
en plus répandue, services publics sous le couperet, austérité et
sacrifice en
mots d'ordre. Cette autre crise, la lente agonie du peuple américain,
rend
d'autant plus scandaleuse la faillite morale et idéologique des leaders
des
deux camps.
Chez les
républicains : outre le sempiternel désir d'éviscérer les programmes
sociaux et de mettre les grandes fortunes à l'abri du fisc, volonté de
bloquer
toute issue d'une crise que Barack Obama aura à endosser lors des
prochaines
élections. Chez les démocrates : fausse sagesse d'un discours
conciliateur,
vantant tous les compromis pour montrer que ce parti n'est pas
l'appareil
stalinien dénoncé par les commentateurs d'extrême droite. Qu'en est-il
alors de
la gauche, la vraie gauche, celle des syndicats, des chômeurs, des
précaires et
des laissés-pour-compte ? L’on peut citer des exemples d'opposition
organisée,
notamment le Rassemblement législatif progressiste - Congressional Progressive Caucus, CPC - regroupant
nombre de
sénateurs et de députés, et son Budget populaire (People's
Budget), un projet de réforme
fiscale où priment la réduction du chômage et la protection des acquis
sociaux.
En outre, Richard Trumka, président du plus grand rassemblement syndical
du
pays, vient de proclamer que le soutien des syndicats aux candidats
démocrates,
longtemps considéré comme acquis, dépendra désormais de leurs
engagements
politiques.
Derrière ses
remarques se profile le trou noir de la politique américaine : la
présidentielle de 2012. Obama se rapproche de la droite pour attirer les
indécis, aux dépens d'un électorat de gauche de plus en plus indigné et
dont
l'abstention dégoûtée en 2010 a permis aux républicains de reprendre la
Chambre
des représentants. Pour empêcher une deuxième victoire de l'extrême
droite, la
vraie gauche s'apprête à avaler une potion bien amère : se réunir et se
battre
pour Obama, devenu au terme d'une farouche opposition républicaine le
candidat
des élans dissipés, des allégeances reniées et des promesses non tenues.
Le
suivre ? Il n'en est plus question. Si les forces de gauche se
regroupent
derrière lui, ce sera pour l'empêcher de reculer, ou même, soyons
réalistes,
demandons l'impossible, pour le pousser dans la bonne voie".
PS. lecture complémentaire : Articles > 6. Histoire d'ailleurs
> États-Unis
> OBAMA, Clémentine AUBRY et la LUTTE DES CLASSES…