LE COMBAT DE STACEY ABRAMS QUI A BOULEVERSÉ LA GÉORGIE "La course au poste de gouverneur de Géorgie n’a jamais
été aussi serrée. La réputation conservatrice de l’État sudiste
d’Autant en emporte le vent est pourtant presque proverbiale. Le mérite
en revient à Stacey Abrams, 45 ans, ancienne présidente du groupe
démocrate à la chambre d’État, avocate, romancière et progressiste
assumée. Soutien de Bernie Sanders lors des primaires 2016, sa stratégie
est claire : pas de louvoiements centristes, un programme à gauche
(avec notamment l’opposition à la peine de mort et la réforme du système
de justice criminelle) ; pas de tentatives de récupérer des
républicains modérés, mais la mobilisation des électeurs « naturels » du
camp démocrate (jeunes, femmes et minorités). La Géorgie est un État en plein changement démographique
avec l’arrivée de jeunes Africains-Américains en provenance des grandes
villes du Nord-Est et du Midwest, où leurs aînés étaient allés chercher
du boulot entre les années 1910 et 1950. Cette « nouvelle grande
migration » favorisera-t-elle l’élection historique d’une gouverneure
africaine-américaine au pays de Scarlett O’Hara ?", Christophe DEROUBAIX, grand reporter. "Stacey Abrams, the Democratic nominee, is hoping to become the first African-American woman to be elected governor anywhere in the United States. Brian Kemp, the Republican nominee and the secretary of state, wants to keep his party in power in the Capitol. The race has been among the country’s most expensive and vitriolic, and it is a test of whether sophisticated efforts to attract and mobilize new voters can help Democrats win in a fast-changing Georgia". Voici comment le New York Times présentait les enjeux de l’élection du nouveau gouverneur de l’Etat de Géorgie lors des élections de milieu de mandat de novembre 2018. Les résultats officiels définitifs montrent que cet évènement qui eût été historique était d’abord réalisable :
Il
s’en est fallu de 54.723 voix soit 1,4% de différence. Et Mme Abrams a mis dix
jours à reconnaître ces résultats, nous verrons pourquoi. Dans les travaux
préparatoires précédents, nous avons vu ce que représente historiquement la
Géorgie. Nous avons vu son formidable dynamisme, incarné par sa métropole
Atlanta. Nous allons voir maintenant le comportement électoral des Géorgiens
devant cette échéance dont le résultat, décevant pour les Démocrates et les
démocrates[1], n’est, espérons-le, que
partie remise. Après avoir présenté les
aspects généraux de la confrontation, j’observerai les points forts des
Démocrates puis… les autres. NB. la couleur traditionnelle des Démocrates est le bleu, rouge pour les Républicains.
I. UNE ÉLECTION AIGUISÉE
Généralement, la participation
électorale est faible lors des élections de mi-mandat et sensiblement plus
élevée pour la présidentielle. En 2018, elle fut exceptionnellement forte dans
tous les Etats-Unis et notamment en Géorgie. Malheureusement, les chiffres dont
nous disposons (tirés du New York Times, de Wikipédia, de publications internet) ne donnent
jamais le chiffre des électeurs INSCRITS. Seules les comparaisons des
élections, d’une convocation à l’autre, permettent de saisir les évolutions. Voici les résultats des trois
dernières élections du gouverneur de Géorgie dont le mandat, renouvelable, est
de 4 ans. Par rapport à 2014, il y eut
1.399.528 suffrages exprimés supplémentaires : plus 55% ! Stacey Abrams
progresse de 785.209 suffrages mais les Républicains se sont aussi mobilisés
progressant de 637.247 voix. Le candidat libertarien, extrême-droite, disparait
devant le "danger" démocrate (et noir), votant pour le Républicain. carte n°1. (plus bas : carte de la densité de population).
Si l’on compare maintenant à l’élection présidentielle de 2016, on a le tableau suivant qui montre que les électeurs se sont mobilisés à hauteur égale pour les deux élections qui sont pourtant de nature différente :
Trump et Clinton obtenaient respectivement 51,3% et 45,6% des suffrages géorgiens en 2016 mais Républicains et Démocrates obtenaient 50,2 et 48,8 en 2018. Mme Abrams gagne +3,2% et plus de 86.000 voix sur Clinton et Kemp ne fait pas le plein des voix du GOP. Stacey Abrams a donc fait une magnifique campagne. Les suffrages exprimés sont en nombre quasiment égal à celui de la présidentielle, ce qui, je le répète, est extrêmement rare. Les résultats par comté – la Géorgie en compte 159, ils sont l’équivalent de nos départements – indiquent 29 comtés en faveur de Stacey Abrams dont 15 urbains. Le Républicain en a par conséquent gagné 130 ! Il y a donc eu une claire concentration géographique des voix Démocrates et c’est Atlanta lato sensu qui fut derrière Stacey Abrams. Il y a une analyse encore
plus fine : la carte des comtés selon la progression des votes par rapport
à la présidentielle de 2016. Cette carte est délicate à lire : les comtés
bleus ne sont pas ceux où Ms Abrams a battu M. Kemp mais ceux où elle a
progressé par rapport au vote Clinton de 2016. C’est une carte pour les
militants Démocrates : elle leur ouvre des perspectives pour 2020 [2] . carte n°2. Les bastions Démocrates hors-Atlanta sont les vieilles villes noires cotonnières, fiefs de la NAACP : avec Albany, on a Columbus, Macon, Augusta et Savannah. Ces villes ont comme secrété leur doublet, leur doublet Blanc avec ghetto de riches (white flight ?), comme Columbia, Houston et Effingham qui figurent dans le top10 des comtés de Géorgie pour le revenu médian par ménage (Median Household Income). On y vote donc fortement Républicain. Cf. tableau ci-dessous. Le fait nouveau est que Ms Abrams a fait progresser sensiblement le parti Démocrate dans ces bastions Républicains (surlignés en jaune ; les chiffres romains renvoient à la carte). Ms Abrams fut donc une excellente candidate grignotant toujours plus l’électorat blanc.
1
= % Républicain en 2018 ; 2 = Dém. ; 3 = %White dans la population totale 4 =Median Household Income pour le comté (en $). 5 = gain Démocrate sur 2016 II. LES POINTS FORTS DES DÉMOCRATES La carte électorale de l’État de Géorgie n’a pas changé depuis des lustres. A. ATLANTA Le député de la ville
d’Atlanta – 5°congressionnel district - n’est autre que John Lewis, l’un des six
leaders historiques du Civils rights movement.
Le vote Démocrate a toujours, à Atlanta en tout cas, un parfum militant. Comparée à celle des densités
de population par comté on aperçoit immédiatement le rôle joué par
l’agglomération d’Atlanta. J’ai dit la difficulté à circonscrire cette
agglomération qui peut, selon certains, intégrer 30 comtés. Ce qui est sûr
c’est que le noyau est constitué des 5 comtés suivants : Fulton – comté
qui a pour chef-lieu Atlanta city -, Dekalb, Cobb, Gwinnett et Clayton. Avec 5
autres comtés, autour, nous avons une agglomération de dix comtés qui forment l’Atlanta
Regional Commission (ARC). C’est
le véritable cœur urbain. Plus périphériques les autres comtés sont rurbains
voire ruraux. Pour les comtés de
l’ARC les résultats sont les suivants :
* Atlanta Regional Commission * en 2011 Un simple calcul montre que Stacey Abrams obtient plus de 60% de ses voix dans ces 10 comtés ! devançant son adversaire de 530.000 voix. Kemp, lui, en obtient 31,7%. C’est donc dans les 149 autres comtés qu’il va remporter sa victoire. Les 5 comtés historiques sont nettement en faveur de Ms. Abrams alors que la "première couronne" est plus partagée, plus inégalitaire, plus âgée, plus blanche. On a déjà l’opposition classique avec Clayton vs Fayette. D’un côté, un comté noir, jeune et pauvre ; de l’autre, un comté blanc, vieux et riche. La "richesse" du comté de Fulton – il s’agit du PIC : per capita income, le revenu par tête –, au fort coefficient de Noirs, s’explique par la présence, en ses murs, de la ville de Sandy Springs, ghetto blanc au PIC de $70.000 pour près de 100.000 habitants (census de 2010). Cela influe nécessairement sur la moyenne générale de Fulton. Rajoutons qu’Atlanta a su générer une classe moyenne noire. Observons que la première couronne ne donne pas la majorité à Stacey Abrams. Un comté comme Cherokee, très blanc, riche et âgé, et très Républicain – dans un rapport de 3 pour 1 - annonce les conditions que l’on trouvera dans les seconde et troisième couronnes. B. LES AUTRES BASTIONS DEMOCRATES "Beyond Atlanta, areas of Democratic strength in Georgia are limited to the state’s midsize cities, like Augusta and Athens, and the Black Belt, a stripe of majority African-American counties running from south of Columbus in western Georgia to Augusta in the east"[3] : en dehors d’Atlanta, les zones de force du parti Démocrate en Géorgie sont limitées aux villes de taille moyenne, comme Augusta et Athens, et à la Black Belt, cette bande de comtés de majorité Afro-américaine qui va du sud de Columbus, à l’ouest, jusqu’à Augusta à l’est de l’Etat. Cette citation serait excellente si elle n’omettait pas la place-forte Démocrate de Savannah dont les pages précédentes ont montré le rôle historique dans la lutte pour les droits civiques et le rôle économique tout à fait contemporain dans la maritimisation de l’économie géorgienne. La bande de comtés carte n°1 qui va de Columbus à Augusta via Macon correspond à la région du Classic heartland, chaque ville étant un foyer de l’industrialisation textile, c’est un chapelet ininterrompu de peuplement noir –reliquat du Black Belt de Baulig -, les comtés qui votent Républicains sont roses davantage que rouges car la majorité y est faible. Mais le vote Démocrate est souvent majoritaire grâce à la vigueur et aux succès de la lutte des années 60’ qui empêchent beaucoup de Noirs d’aujourd’hui de sombrer dans l’obscurantisme évangélique. Athens est une antenne universitaire, intellectuelle et culturelle d’Atlanta. Le vote Démocrate y est ancré. La région environnant Albany est toujours majoritairement Démocrate. Malgré les efforts des charcutiers électoraux, la circonscription – les Américains disent district – de Columbus-Albany ne peut échapper au parti pour la représentation à Washington. L’agglomération de Savannah Savannah est en plein développement. Elle appartient à la Combined Statistical Areas de Savannah–Hinesville–Statesboro qui compte 544.000 hab. (estimations 2017). Je présente ici le tableau des cinq comtés qui encadre administrativement cette aire statistique avec les résultats de l’élection.
Les résultats électoraux sont bons : en 2010, le vote Démocrate représentait 71% du vote Républicain, même Chatham – le comté de Savannah – avait voté pour le GOP ! en 2016, le vote Démocrate représente 93,4% du vote adverse et, en 2018, 98,4. Progrès mais pas victoire. C’est que les Républicains sont très actifs ici aussi…
71% 93,4% 98,4% III. LES QUARTIERS RÉPUBLICAINS Les Républicains sont électoralement puissants dans les villes et comtés riches de l’agglomération d’Atlanta ; dans le nord de l’Etat de Géorgie et dans le sud. Paradoxalement, ils sont puissants aussi dans des régions pauvres. La carte du vote Démocrate (© David Leip 2016 All Rights Reserved) indique, en creux, les zones de force du parti Républicain.
A. LE NORD DE L’ÉTAT Dans le nord de la Géorgie, M. Kemp a gagné chaque comté d’au moins 30 points de pourcentage et le plus souvent avec un écart de 50 à 60 points. Les lacs et les montagnes de la région en font une destination de choix pour les maisons de vacances et les collectivités de retraités. La région est majoritairement blanche. Les Hispaniques, et non les Noirs, forment le groupe minoritaire le plus important, attirés par les emplois du nord de la Géorgie dans les petites entreprises manufacturières et agro-industrielles[4]. NB. = PVI = partisan voting index.
Aujourd’hui, le nord de l’Etat est représenté par les 9° et 10° circonscriptions qui délèguent un député à la Chambre des Représentants à Washington. Ces deux circonscriptions ont des caractéristiques communes[5] : elles sont très rurales et le pourcentage de Blancs est très élevé. Les Hispaniques sont à plus de 12%, cela est corrélé avec l’industrie de l’élevage avicole[6]. NB. Le PVI signifie "Partisan Voting Index" ce que je traduis par Indice de vote partisan. C’est un indice américain original calculé en fonction des résultats antérieurs du territoire, en fonction des résultats des territoires comparables ailleurs dans l’Union, etc… L'index est mis à jour après chaque cycle électoral [7]. Avec un PVI de R+27 et de R+31, ces deux circonscriptions sont des bastions Républicains. A contrario, le 5° district – Atlanta - est un bastion Démocrate avec D+31. Avec un pourcentage de cols bleus très élevé, la 14° circonscription de Géorgie est l’une des plus ouvrières de l’ État, la 9° la suit de près. Ces districts appalachiens ont une population blanche européenne qui vient d’abord des tout premiers pionniers. Populations très fières de leurs racines récentes et très attachées au souvenir de leur participation à la Guerre de Sécession. Cela explique la longue fidélité au parti Démocrate anti-Yankees mais la direction nationale du parti de l’Âne basculant du côté des Noirs et de leur Civils Rights et penchant du côté des droits des LGBT – ce que le fondamentalisme religieux des pionniers (venus avec la Bible dans une main et l’épée dans l’autre) interdit dogmatiquement – a provoqué le passage de ces électeurs WASP dans les rangs Républicains avec armes et bagages. Le texte de Baulig (lien :Géorgie : études électorales (mid-term 2018) ) indique que la vie régionale fut vite obérée par les difficultés de communication et les Appalaches furent un isolat. Et ce fut une région aidée, subventionnée, chose rare aux Etats-Unis. Ce fut notamment le cas pour la mise en place des réseaux routier et autoroutier[8]. Une nouvelle population blanche se superpose : les upper class d’Atlanta qui viennent s’installer sur les versants des premières collines appalachiennes, boisées voire forestières. Là le vote Républicain est un vote de classe (cf. le comté évoqué de Cherokee). Nouvelle couche à partir des années 1990 surtout : celle liée à l’industrie de la volaille, la fameuse poultry belt. Cadres venus du Nord-Est des Etats-Unis, main-d’œuvre venue de l’étranger : les Hispaniques et Latinos[9]. Berceau de l’ agro-business avicole. La ville de Gainesville dans le comté de Hall est maintenant la "Poultry Capital of the World" après avoir été la Reine des cités des Appalaches… Elle est la ville de naissance de Jesse Jewell (1902-1975) qui est le créateur de l’industrie de la volaille. J. Jewell est un ancien du Georgia Institute of technology. C’est lui qui a eu l’idée de fournir des poussins aux fermiers alentour, ainsi que des aliments industriels et de récupérer le poulet à viande d’abattoir. L’abattoir et l’usine de conditionnement c’est Jewell qui les établit. "He pioneered vertical integration" écrit la New Georgia Encyclopedia[10]. Il innove en embauchant des travailleurs noirs, mal payés. D’ailleurs, il y eut un vif épisode social : la tentative de syndicalisation à l’AFL-CIO fut combattue, au sens propre, par une foule excitée au sein de laquelle on a signalé des membres de la direction de J. D. Jewell Incorporated (cf. l’article cité). C’était au début des années 50’, en pleine chasse aux sorcières. Patron de combat, il est à l’origine du syndicat professionnel de la volaille, aujourd’hui National Chicken Council, installé à Washington pour le lobbying et qui finance officiellement le parti Républicain à 88% et le parti Démocrate à 12%[11]. Comme dans un district industriel, l’initiative de Jewell a essaimé un peu partout et les entreprises de volailles industrielles pullulent. Dans les années 1990, les entreprises de transformation de la volaille et des viandes ont commencé à beaucoup recruter dans les communautés hispaniques des États-Unis, ce qui a contribué à stimuler la migration vers les zones de transformation de la volaille[12]. En 10 ans, de 1990 à 2000, les comtés de Gilmer et de Gordon sont devenus les 4° et 10° comtés des Etats-Unis pour le nombre de population hispanique, avec des augmentations de 1500%. A Gainesville, Hispaniques et Latinos représentent 40% de la population (census de 2010) et 6 sur les 10 plus gros employeurs qui ont leur siège social dans la ville sont des volaillers intégrés. Le comté de Hall–Gainesville est connecté à Atlanta par l’Interstate Highway system, il vote Républicain à 72,7% en 2016 et à 73,3 en 2018. Les éléphants font de la résistance. B. LE SUD Il
faut distinguer l’intérieur rural et le littoral atlantique.(ci-dessous : carte des densités de population par comté). a) L’intérieur Le sud de la Géorgie, où sont cultivés des cacahuètes, du tabac et du coton, est principalement voué à l’agriculture et la popu-lation y est moins dense et aussi plus dispersée. Le sud-est est presque aussi solidement Républicain que le nord (Micha Cohen).
Le tableau ci-contre donne quelques statistiques qui permettent de brosser un portrait rapide de ces comtés (les lettres en début de noms renvoient à la carte n°2) : Blancs très majoritaires, plutôt âgés sauf Jeff-Davis – qui doit héberger une industrie de la volaille -, faibles revenus par tête. Et un vote Républicain quasi unanimiste. Nous sommes ici dans le Deep South très profond. Je renvoie le lecteur à la carte qui figure dans l’article de Micha Cohen, que j’ai souvent cité, disponible sur le net, et qui donne la configuration des districts pour la Chambre des représentants à Washington. Il s’agit de l’ancien découpage mais le district n°1 de 2012 circonscrit assez bien cette partie de la Géorgie la plus obscure –sauf le littoral évidemment -. L'importance de l'agriculture "marginale" aux Etats-Unis est soulignée par G. Dorel dans son travail sur les régions des USA (GU Hachette-Belin). Il est amené à évoquer à la fois les Appalaches et le Vieux Sud. "Sur les 2 327 000 exploitations officiellement recensées, presque 7 sur 10 sont considérées comme marginales : leur chiffre d'affaires annuel, inférieur à 40 000 dollars, ne permet guère de dégager une marge notable d'investissement ; il autorise un certain mode de vie, mais non une activité économique normale, dans un pays développé. Beaucoup de ces "exploitants" sont soit des retraités, vivotant dans quelque vallée reculée des Appalaches, soit encore les derniers représentants de ces métayers noirs qui, longtemps, ont constitué le fonds de population rurale du Vieux Sud. Tous ne sont pas misérables ; ce microfundium américain soutient une classe très hétérogène de retraités, d'anciens fermiers qui ont dû se résoudre à exercer une autre activité, ou de "rurbains", ces citadins qui ont découvert les avantages, notamment fiscaux, de la petite ferme". Ce paragraphe est exploitable aussi bien pour le Nord de la Géorgie que pour son Sud où ont été transplantées les fermes d’élevage du poussin au poulet, travail effectué par le fermier rémunéré par l’industriel. Au cœur de la Géorgie évangélique Le tableau suivant (source wiki) montre que les Évangéliques sont devenus largement majoritaires, beaucoup plus encore qu’au plan de l’Union : 38% de soumis en Géorgie au lieu de 25,4% sur l’ensemble des États-Unis.
Voici de larges extraits d’un article du Monde diplomatique, toujours bien renseigné, qui rapporte les constats d’un envoyé spécial dans le Sud lors de la campagne d’Obama, en 2012[13]. Les enseignements sont les mêmes aujourd’hui. L’auteur montre que la déferlante évangélique crée un monolithe politique définitivement républicain. "(En) Géorgie — comme (en) Alabama, Caroline du Sud, Mississippi ou Arkansas (…) les démocrates ont peu de chances de s’imposer. "Mis à part Atlanta, c’est un Etat pauvre, rural, religieux", analyse M. Mitchell pour expliquer les défaites à répétition de son parti. "Les gens sont très conservateurs : il s’agit du cœur de la Bible Belt [la ceinture de la Bible] ". L’appellation n’est pas usurpée : à eux seuls, la Géorgie et ses dix millions d’habitants totalisent plus de douze mille églises (et plus de trois millions de membres actifs). Méthodistes, baptistes, presbytériens, pentecôtistes, épiscopaliens : le visiteur arpentant les villages de cet Etat n’est pas certain d’apercevoir un bâtiment public, mais il croisera à coup sûr une pléthore d’édifices religieux. Rien qu’à Darien[14], on en compte une dizaine. La plupart combattent le "péché" — l’avortement, la contraception, l’homosexualité, les paris — mais jouent aussi un rôle important dans la vie sociale, en distribuant de la nourriture aux pauvres, en s’occupant des personnes âgées, en assurant des cours de soutien scolaire pour les enfants, etc. Le tout à bas prix, grâce au travail de bénévoles et à l’argent donné par les paroissiens". b) Le littoral Le littoral
océanique de la Géorgie semble maintenant bien aménagé. A bien des égards et mutatis mutandis, bien entendu, il fait
penser au Languedoc : un littoral traversé – que l’on songe à l’I-95 - par
un flux massif de transit : les snow birds qui vont de Nlle-Angleterre/NewYork en Floride et
que l’on tâche d’arrêter par une offre touristique conséquente. Sea Island
est une île
de l'archipel
des Sea Islands
(cf. carte[15]).
Île de Géorgie relevant administrativement du comté de
Glynn, elle a accueilli en 2004 le 30e sommet
du G8. On imagine les infrastructures de toutes sortes (hôtelleries,
aéroports, internet, GPS, restaurations rapide et non rapide, services médicaux
d’urgence, j’en oublie) indispensables pour recevoir une telle conférence
d’importance mondiale.
A cela s’ajoutent les parcs naturels continentaux, la mise en valeur de l’histoire locale : Fort McAllister State Park (vestige intact de la Confédération), Savannah - Savannah fonde une partie de sa réputation sur ses parcs aménagés, ses calèches et son architecture Antebellum (cad d’avant la guerre de Sécession). Son quartier historique regorge de places pavées et de parcs comme le Forsyth Park, ombragé par des chênes couverts de mousse espagnole -, les parcs naturels maritimes (wildlife refuge). Fort Stewart est une base de l’armée américaine (11.000 habitants recensés en 2000). La région regorge de militaires vétérans au pouvoir d’achat substantiel, qui ont leur propre hôpital militaire, et certains habitent les gated golf communities [16] alimentées en leur temps par les vols blancs : l’exode devant les majorités noires de Savannah (ou des villes du Nord-Est). Ces Blancs évangéliques pratiquent la compassion avec méthode : La soupe populaire "Food for the Soul", basée à l'église méthodiste unie de Richmond Hill et gérée par dix églises séparées, se relayant toutes les semaines, distribue plus de 350 repas chauds aux familles dans le besoin à Richmond Hill. The "Way Station", un autre programme d’évangélisation dans de nombreuses églises, est en place depuis plus de vingt ans et fournit de la nourriture, des vêtements et d’autres objets qui améliorent la vie des familles de la communauté.(Wikipaédia). Brunswick (comté de Glynn Hill) is located in southeastern Georgia, approximately halfway between Jacksonville and Savannah. The city is located at the apex of the bight of the Georgia coast, the westernmost point on the Atlantic seaboard, and is naturally sheltered by two barrier islands, Jekyll and St. Simons. Après un sommet à 21.000 hab. en 1960, la ville n’a cessé de perdre de la population. On note une reprise depuis 2010…Le comté de Glynn, en revanche, est passé de 19400 à 92.620 hab. en 2017.
La fraude : je l'ai dit, Ms ABRAMS a attendu 10 jours avant de reconnaître que son concurrent "sera déclaré élu". On pourra lire cet article du Monde, écrit le jour du vote : le New York times aborde plus franchement la question : https://www.nytimes.com/2018/11/07/us/kemp-abrams-georgia-governor-elections.html la sénatrice E. Warren a carrément mis les pieds dans le plat : https://www.nytimes.com/2018/12/14/us/politics/elizabeth-warren-president.html : "Senator Elizabeth Warren, Democrat of Massachusetts and a possible contender for the 2020 presidential race, spoke to graduates of Morgan State University, a historically black college in Baltimore, about racial discrimination and wealth inequality". la seconde partie de ce travail a montré que le droit de vote pour les Noirs au Sud des États-Unis a été une vraie bataille et cela continue. à preuve cet article du Monde diplomatique écrit bien avant la bataille de 2018, en octobre 2014 : https://www.monde-diplomatique.fr/2014/10/MOCK/50886 (Retour feutré de la discrimination électorale : MD. octobre 2014). Tout cela avec des relents de racisme qui rappelle que la Géorgie demeure en convalescence... la performance de Ms Tracey ABRAMS est d'autant plus remarquable.
Voici un document que j'ai reçu (16 mai 2019) de la part de Stacey ABRAMS qui a créé une association pour combattre les discriminations exercées à l'encontre du simple droit d'inscription sur ls listes électorales en Géorgie :
[1] Par cette coquetterie, je veux distinguer les membres et électeurs du parti Démocrate américain et les démocrates de tous pays qui partagent les valeurs universelles de la déclaration universelle des droits de l’homme. [2] A blue ‘tsunami’ in Atlanta’s suburbs reshapes Georgia politics, lien : https://politics.myajc.com/news/state--regional-govt--politics/blue-tsunami-atlanta-suburbs-reshapes-georgia-politics/2ql9OSD5w2v06TEWndEDZP/[3] https://fivethirtyeight.com/features/presidential-geography-georgia/ par Micha Cohen, "Presidential Geography : Georgia" [archive], sur fivethirtyeight.com, 29 juin 2012. [4] À part le nom de Kemp qui remplace celui de McCain, ce texte est un copier/coller de celui de Micha Cohen, extrait de https://fivethirtyeight.com/features/presidential-geography-georgia/ "Presidential Geography : Georgia" [archive], sur fivethirtyeight.com, 29 juin 2012. [5] Chacune des 14 circonscriptions actuelles (reconstruites en 2013) a sa page Wikipaédia ; lien : Congressional districts of Georgia (U.S. state) [6] https://www.propublica.org/article/case-farms-chicken-industry-immigrant-workers-and-american-labor-law [7] Voir la page en français de Wikipédia Cook Partisan Voting Index. Le district congressionnel le plus démocrate des États-Unis est le 15e district de l'État de New York, situé dans le Bronx, avec un PVI de D+44. Le district le plus républicain est le 13e district du Texas à R+33. Pour les États pris comme un ensemble, le Wyoming et l'Utah sont les plus républicains à R+25 et Hawaï est le plus démocrate à D+18. [9] Les Hispaniques, selon les Américains, descendent des Européens, ce sont donc des Blancs, alors que les Latinos ont du sang mêlé. [12] D’après le site PROPUBLICA https://www.propublica.org/article/case-farms-chicken-industry-immigrant-workers-and-american-labor-law qui expose le phénomène en même temps qu’il dénonce les allures esclavagistes de ce transfert de population. [13] « Géorgie et Caroline du Nord, les deux Sud », par B. Bréville, MD, n° Octobre 2012. [14] Comté de McIntosh, littoral atlantique. 1800 habitants environ. [16] Communautés fermées recrutées sur niveau de vie, emmurées (gated) donc protégées, pratiquant l’entre-soi (comme la pratique du golf). |