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II. Egypte : quelle révolution ? La harangue du colonel Hassan...

publié le 28 août 2012, 10:06 par Jean-Pierre Rissoan
 13/02/2011  

    Les chaînes d’info en continu ont passé en boucle ces images incroyables où l’on voit un officier égyptien s’adresser, porte-voix à la main, à la foule de la place Tahrir. Il supplie Moubarak de partir tout en lui disant qu’on ne lui obéit déjà plus. Mais le contenu de son adresse au peuple est bien plus solide encore. Voici davantage de détails relevés par le Grand-reporter Pierre Barbancey -qui eut maille à partir avec la police de Moubarak aux débuts des évènements.

La harangue du colonel Hassan - il n'a pas voulu révélé son nom - montre à elle seule le rôle joué par l'armée lors de cette révolution. Le colonel Hassan explique : « La révolution a réussi. Mais pour garder votre victoire vous devez vous doter de véritables délégués, de personnes qui sauront vous représenter et qui sont assez éduquées pour pouvoir intervenir sur différents sujets (…) La lutte pour la liberté-signifie aussi que les jeunes doivent être prudents et acquérir un certain savoir-faire pour ne pas se faire dépouiller; pour ne pas se faire voler ce formidable mouvement».

Paroles étonnantes encore du colonel Hassan, qui révèle peut-être un certain malaise au sein des officiers secondaires et qui a aidé à ce que l'armée ne bascule totalement dans le camp présidentiel comme on a pu le penser un temps, lorsqu'elle ne s'est pas interposée entre les pro- et les anti-Moubarak : « La loi n'existe que par le peuple. Rien ni personne ne peut contrôler le peuple ». Pour le colonel Hassan, « le métier de l'armée est de protéger le peuple et le pays. L'armée va jouer son rôle dans la transition jusqu'à la stabilité et la construction d'une nouvelle Egypte».

Bel exemple d’officier authentiquement républicain qui a parfaitement intégré la notion de souveraineté populaire. Au fond, il est dans la lignée de ses grands ancêtres de 1952 Que j’évoquais dans l’article précédent. Et il y a là un grand motif d’espoir.

En revanche, les caciques du Conseil supérieur des armées, comme le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dispose maintenant du pouvoir suprême, grand ami et fidèle compagnon de Moubarak en personne, ne laissent pas d’inquiéter. Ainsi que l’écrit le service international de L’Humanité « l’armée, tout au moins dans sa haute hiérarchie, reste un joker sûr pour Washington ».

Tout cela exprime l’ambivalence des évènements.

Le peuple égyptien a raison de rester mobilisé.

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